Encore un matin (partie 4)

Lorsque maman Eun-Byul m'a glissé qu'il serait "peut-être temps de rencontrer ce Kinsue dont tu nous parles tant" la semaine dernière au petit-déjeuner, j'ai failli m'étouffer avec mes céréales. Pas parce que j'ai pas envie de le présenter, hein ! Juste parce que j'ai oublié, en fait. Ça fait trois mois que je lui dis que je vais lui présenter ma famille, à Kinsusu, et au final rien du tout. En même temps, ma maison elle est dans l'est de la France, et lui il vit au Japon, donc c'est compliqué de faire ça autrement qu'en vacances. 

Du coup voilà mon chéri en route pour the baguette nation parce que je l'ai appelé en urgence et baragouiné que ma famille voulait absolument le rencontrer dans l'instant et que c'était vraiment important et que j'étais désolée de lui gâcher ses vacances comme ça et- il a accepté avant même que j'aie fini mon monologue embrouillé. C'est du moi tout craché, ça… Je remercie toutes les entités divines existantes pour sa patience d'ange, franchement. 

Maman Caroline a déjà briefé Jihae et Hyejin, pour ne pas qu'elles l'embêtent, mais franchement… Dire ça à des jumelles de dix ans qui ont besoin de stimuli en permanence et qui n'ont aucun respect pour l'espace vital ? C'est pas très très utile. Après je m'en fous, elles sont rigolotes et jamais méchantes, je voudrais juste pas qu'elles fatiguent monsieur l'ultime babysitter, qui sera sûrement trop gentil pour leur refuser quoi que ce soit.

J'ai pris le train seul.e pour aller le récupérer à Roissy, le pauvre était complètement cuit et a dormi sur mon épaule pendant tout le trajet jusqu'à ma petite ville d'Isère. Pas que je m'en plaigne, huhu.

Sans surprise, les jumelles lui ont sauté dessus à peine le seuil de la maison franchi. Et il s'est tout de suite mis à les patpater. Déformation professionnelle couplée à son amour des enfants, sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Maman Caro l'a super bien accueilli, l'a chouchouté, complimenté ses cheveux (COMME TOUT ÊTRE PERTINENT SE DOIT DE LE FAIRE), l'a bourré de nourriture jusqu'à ce qu'il demande grâce... Rien de bien surprenant jusque-là.

L'attitude de Maman Eun est moins évidente à cerner par contre. Elle a été polie et courtoise, mais ça s'est arrêté là. Son regard glisse sur nous par moment, alors qu'elle se tient à bonne distance, mais elle adresse à peine quelques mots à Kinsue. Pour avoir moi-même vécu en Corée, je sais à quel point il faut être pudique, ne pas trop faire étalage de ses sentiments, ou de ses opinions, mais... Ça n'a jamais empêché maman de nous couvrir de tendresse et d'attention. Et je sais qu'elle a encore du mal à se faire au fait que je sois PolyA… mais parfois, j'aimerais qu'elle me dise clairement ce qu'elle pense plutôt que me regarder de loin avec son regard indéchiffrable.

Ces pensées dépitées envahissent mon esprit alors que je chipote dans mon assiette et que ma jambe tressaute sous la table. Je réponds distraitement aux babillages de mes sœurs, alors que leurs mots sont autant de purée à mes oreilles que celle dans mon assiette. 

Puis je sens une main se poser sur la mienne. À ma gauche, Kinsue vient de poser sa main sur mon bras. Un geste discret pour une inquiétude qui l'est moins. Il devine toujours tout, ça ne cessera jamais de m'émerveiller. Peut-être est-ce parce qu'il est très transparent lui-même, tant que je peux lire sa question dans ses yeux.

"Tu veux en parler ?"

Je hoche la tête, doucement, et me lève de table dès l'autorisation maritale obtenue. 

Au final, nous gardons tous les deux le silence, debout dans le jardin, pieds nus dans l'herbe dorée par le soleil d'août. Mon corps tente d'absorber chaque sensation pour calmer mon cœur. Le vent dans mes cheveux, le chatouillement de l'herbe entre mes orteils, la main de Kinsue dans la mienne. La vibration de mon portable dans ma poche, qui me fait sursauter.

C'est maman Eun. Elle m'envoie une photo de Kinsue et moi, de dos, debout dans l'herbe. Une photo prise à l'instant. Et en dessous, une petite légende. Pas grand chose. Quelques mots. 

"Vous êtes beaux, tous les deux."

… Raah, je me sens idiot. J'aurais dû lui faire confiance, à elle et à son jugement silencieux qui se montre toujours juste, malgré tout.

– … Tu vois, signent quelques doigts dans le coin gauche de ma vision.

Mes yeux humides se tournent vers le visage de mon partenaire, encadré de cheveux aussi bleus que le ciel, alors que mes lèvres éclosent en un sourire. Il me le rend, accompagné d'un léger rougissement.

Maman Eun, je sais que tu penses que mes partenaires ont de la chance de m'avoir, plus que l'inverse. Mais si moi je n'avais pas Kinsue, est-ce que je serais vraiment capable de sourire de la sorte ? Pas si sûr.e. ce message, cette photo, ils me prouvent que tu t'en rends bien compte.

Alors regarde, maman. Regarde-moi bien. Regarde à quel point ton enfant est heureux.se. Et à quel point iel en est reconnaissant.e.

***

Il était une fois un chevalier à l'armure toute cabossée, enfermé dans un grand donjon carré, blanc et vide. L'armure était toute abîmée, et le corps du chevalier, fissuré de partout, ne pouvait plus bouger sans risquer de tomber en morceaux. Il ne pouvait rien faire.

À part attendre que quelqu'un vienne le sauver. Le réparer.

Il n'eut pas à attendre bien longtemps, car une princesse intriguée passa un jour le seuil du donjon blanc et carré. Cette princesse n'était pas facilement effrayée, surtout pas par les fissures dont sa peau était elle aussi zébrée.

 Elle ne resta pas si longtemps. Juste assez pour montrer au chevalier qu'il avait toujours eu devant les yeux le tube de colle nécessaire à sa réparation, et pour lui offrir son amitié. Un soutien non négligeable dans la quête du jeune blessé.

Le jour où elle eut réparé ses propres fissures, la princesse dut s'en aller. En voyant les larmes du chevalier, elle lui confia un long fil rouge, dont il tenait un bout, et dont elle tenait l'autre.

"C'est un fil magique", expliqua-t-elle. "Un jour, il nous réunira. En attendant, garde-le précieusement et je serais toujours avec toi."

Réconforté, le chevalier pu la laisser partir le cœur plus léger. La princesse avait dit vrai ; grâce au fil, ils n'étaient jamais vraiment séparés. 

Cet artefact fit son office, et les réunit de nouveau, de nombreuses années après leur première entremise. Les fissures du chevalier n'avaient jamais vraiment disparu ; mais il avait appris à les comprendre, à défaut de les apprécier, et tout semblait lui sourire.

Tout, ou presque, car le chevalier ne pouvait s'empêcher de se demander : Sa princesse, pourquoi ne souriait-elle jamais ? 

Sa question restait sans réponse, et le chevalier se trouva désemparé alors qu'il ne pouvait que regarder son amie la plus chère se couvrir d'écailles de dragon et cracher du feu en direction de quiconque tentait de l'approcher. 

Comme il était la seule exception, il s'approcha avec prudence, et découvrit ce qui se cachait sous les écailles : le cœur de la princesse était lézardé de fissures. Des fissures qu'on ne pouvait pas réparer avec un peu de colle.

Alors il prit une décision. Celle de déposer ses armes, pour rester auprès d'elle. De s'assurer que le temps et l'affection soigneraient ce cœur blessé. Ce cœur fragile, relié au sien par un seul fil. 

– MJ, regarde moi ce petit bijou que j'ai trouvé, il faudra qu'on le lise ensemble !

– Allez, MJ, tu sais bien que je ne peux pas jouer à Assassin's Creed sans toi, j'ai besoin de tes yeux ! 

– MJ… bien sûr que tu peux me faire écouter ton morceau, je vais pas me moquer ! Je laisse ça à d'autres.

Le chevalier prétend fermer les yeux alors que sa princesse laisse glisser ses doigts sur son instrument.

Mais en vérité, il ne compte pas se reposer.

Parce que cette fois, c'est à son tour de l'aider.

***

Je suis en avance. J'avais tellement peur d'arriver en retard, qu'au final je suis là dix minutes trop tôt. Me voilà donc à poireauter devant le studio de tournage, en sueur à cause de la chaleur et de ma course effrénée pour arriver jusqu'ici. Je retirerai bien mon hijab mais je crois que mes cheveux me tiendraient tout aussi chaud, alors à quoi bon… Je peux bien supporter quelques minutes d'attente en plein soleil.

Et moins que je ne le pensais d'ailleurs, car la porte s'ouvre seulement cinq minutes après mon arrivée, sur un homme de grande taille, cigarette et briquet en main. Son regard se pose sur moi. Un frisson passe le long de ma colonne vertébrale, un vieux réflexe mal placé. Heureusement, il se détourne bien vite et repasse sa tête à l'intérieur pour crier.

– Eh ! Himekawa, tu ferais mieux de te magner parce que ta copine poireaute devant l'entrée !

Le son d'une cavalcade effrénée se rapproche de mes oreilles, et l'homme est brutalement évincé par une demoiselle tout sourire, dont la voix claironne joyeusement mon nom. Virginie, qui me renverse presque par terre alors qu'elle me saute dessus pour un câlin. 

Et nous voilà quelques minutes plus tard à la terrasse d'un café, devant une limonade, alors qu'elle me raconte sa journée avec force détails. "Force" est le mot, d'ailleurs. Parce que je vois bien qu'elle se force à me sourire et à paraître enjouée.

– Virginie, je l'interromps doucement. Tu n'as pas besoin de prétendre que tout s'est bien passé, tu sais… parle-moi.

Son sourire oppose une vague résistance pendant quelques secondes, avant de s'affaisser. À voix basse, je l'entends murmurer qu'elle n'a fait que regarder, comme toujours. Qu'ils auront besoin d'elle pour certaines scènes, mais que comme d'habitude, ça ne sera pas son nom que l'on retiendra sur l'affiche. Qu'elle en a assez d'être la roue de secours. Assez de n'être qu'un remplacement. Assez d'être la Doublure ultime.

Je reste silencieuse, quelques minutes, le temps de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir lui répondre. Je ne peux pas lui promettre qu'un jour, son visage sera à l'écran plus de quelques minutes, ou que dans le futur elle ne passera pas des heures sur une chaise à attendre qu'on lui fasse signe.

La seule chose que je peux lui assurer sans hésiter, c'est mon amour. Ma main traverse l'espace créé par la table pour se poser sur sa joue.

– Tu ne seras jamais un remplacement pour moi, chérie.

Peu importe l'ultime. Dans mon cœur, Virginie Himekawa aura toujours l'un des premiers rôles.

***

Lucie me cache quelque chose.

Je suis pas aussi conne que j'en ai l'air, et surtout je suis observatrice ; ses mains n'arrêtent pas de trembler depuis ce matin, elle me parle par monosyllabes et se force à me sourire. Pour l'instant, j'ai moi aussi fait comme si tout allait bien. À quoi ça sert de lui demander si ça va de toute façon ? Elle me répondra toujours oui, pourquoi se fatiguer…

Non non non, à la place, je vais moi-même chercher ce qui ne va pas. Une fois mise devant le fait accompli, elle ne pourra pas me mentir.

Maintenant, par où commencer ? Je soupire alors que Lucie part dans notre chambre, "faire une sieste", soi-disant. Mon cul sur la commode, oui. 

J'allume mon téléphone.

… La réponse est juste devant mes yeux, sur les actualités. 

L'annonce de la mort des deux parents Vanberg. 

....

Putain. Et c'est pour ça qu'elle est dans cet état ? Pour ces deux salauds qui ont fait de sa vie un enfer, ruiné sa confiance en elle et probablement traumatisée à vie ? Je pige pas. Pourquoi se morfondre sur de tels connards…

… Peut-être parce que même si elle a pris mon nom, Lucie a été élevée une bonne partie de sa vie en tant que Vanberg, et ça je ne peux pas le lui enlever. Je comprends toujours pas pourquoi ça la met aussi mal, malgré tout. J'ai jamais été très douée avec l'empathie. 

Mais ça ne veut pas dire que la voir comme ça ne me touche pas, alors… il faut que je fasse quelque chose. 

Je frappe à la porte, pas de réponse. J'entre, Lucie est en boule au pied du lit, ses épaules secouées par de petits spasmes. 

Mon cœur se serre désagréablement dans ma poitrine. Ces putains de connards, ils tiennent donc tant que ça à la faire souffrir, alors même qu'ils sont en train de bouffer les pissenlits par la racine ? Je ne sais pas ce qu'en pense Lucie, mais moi je ne pourrai pas leur pardonner. Jamais.

Je m'agenouille à ses côtés, et la prend dans mes bras, avec toute la douceur possible.

– … Ils sont partis tranquillement, tes parents, Lumine. J'ai senti leurs âmes quitter la terre. T'en fais pas pour eux, ils sont bien là où ils sont… et nous aussi.

C'est un énorme bobard, évidemment. J'ai rien senti du tout, c'est pas dans mon champ d'action et j'ai pas envie que ça le soit, vous imaginez les emmerdes ? Lucie le sait très bien, je pense. Elle est loin d'être idiote. Mais ça ne l'empêche pas de se serrer contre moi, et de fondre silencieusement en larmes alors que je caresse son dos.

Pleure, Lucie. Pleure tout ce que tu peux. Je ne vais pas m'en aller. Je ne vais pas t'abandonner, moi. Parce que tu es une femme incroyable.

S'ils sont partis sans le savoir, tant pis pour eux.

C'est pas grave de pleurer pour des gens qui ne te méritent pas, tant que tu restes avec ceux qui t'aiment vraiment.

***

Maman a sorti toute la belle vaisselle, aujourd'hui. Ça faisait un moment, tiens – notez l'ironie… Quelques mois, quelque chose comme ça. Il faut dire que Noelle a ramené plus de gens à la maison en six mois qu'en dix-neuf ans de vie. Pas que je m'en plaigne, cela dit… ça fait plaisir de voir ma petite sœur chérie se décoincer un peu. Je ne peux pas obtenir le titre de la tatie sympa si je n'ai pas de petits neveux et nièces avec la quadruple nationalité franco-coréo-américano-brittanique, enfin.

"Non, je ne suis pas nerveuse, c'est le café" m'a dit Noelle lorsque je lui ai fait remarqué que ses mains tremblaient beaucoup pour quelqu'un qui ne cesse de répéter qu'elle n'est pas stressée. Au bout de la troisième fois, tu ne trompes personne, ma belle. 

Voilà la sonnerie qui retentit, et elle se précipite vers la porte avec moi sur ses talons. Ça me fait rire, de jouer la grande sœur collante pour faire peur à ses copaines alors que tant que ma Noelle est heureuse, je ferais pas de mal à une mouche.

La porte s'ouvre sur sa copine. Héloïse, si je me souviens bien. Une française, camarade d'école, c'est tout ce que j'ai réussi à soutirer comme informations. Maintenant que je la vois, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Elle est trop mignonne, avec ses lunettes et sa petite tête toute rouge alors que Noelle s'écarte pour la laisser entrer. J'ai pas le cœur de la taquiner, elle a l'air à deux doigts d'exploser, donc un petit salut suffira.

Papa et maman l'accueillent avec de grands sourires émerveillés, comme ils font avec tous les gens qu'on ramène. Héloïse a au moins l'air de se détendre un peu en réalisant que nos parents ne semblent pas vouloir la crucifier. Et nous voilà donc à table, en train de discuter de l'ultime de la nouvelle venue, malgré la gêne assez visible de celle-ci. On n'aime pas trop être le centre de l'attention, par ici, à ce que je vois… Heureusement que Noelle lui tient la main de manière très peu discrète sous la table, hmmm ?

Elle n'a pas à s'en faire, en tout cas. Je vois bien les regards qu'elles s'échangent, les petits sourires que Noelle donne sans qu'Héloïse ait besoin de les lui arracher, le pouce de l'une qui caresse la paume de l'autre. Ça crève les yeux, qu'elles sont folles amoureuses.

– Du coup, quand est-ce ce que je pourrai connaître la joie d'être appelée tata ?

Et hop, la petite remarque qui les fait rougir jusqu'aux oreilles et qui me vaut une serviette dans la figure ainsi qu'un "AMBER" scandalisé de la part d'une Noelle toute flustered.

Que Noelle profite de ses adorables partenaires, d'accord. Mais sans la grande sœur chiante dans l'équation, ça serait beaucoup moins drôle, non ?

***

– Je vais pas y arriver, Salimeh…

Les mains de Lisa serrent les miennes avec force, alors que le reste de son corps tremble comme une feuille, et pas à cause de la température de l'eau. Mais je lui ai fait la promesse de lui apprendre à nager à nos dernières vacances, et je compte bien la tenir.

– Mais si ! Ne t'inquiète pas, on va juste faire la planche, et je te tiens. En plus tu as pied. Tu me fais confiance ?

Elle aquiesce d'un hochement de tête peu assuré, et je l'aide à faire la planche en plaçant doucement ma main sous son ventre. Je la vois rougir, et je prie de toutes mes forces pour qu'elle ne remarque pas que je fais de même. Contrôle ta gayness, Salimeh, now is not the time. Jennifer me lance un regard éloquent depuis sa serviette de plage, et je détourne vite le regard. Plus taaaard on a dit.

– Maintenant tu plies les jambes, comme une grenouille, tu les écartes, tu les ramènes, et tu recommences. Après on essaiera avec les bras ! Et ne t'en fais pas, je te tiens toujours. 

L'heure passe, Lisa progresse doucement, prend un peu d'assurance. J'ai l'impression de revoir Inaya quand elle était toute petite… Adorable. Elle est si concentrée qu'elle ne remarque même pas que j'ai arrêté de la soutenir. 

– Lisa, je l'appelle avec un sourire aux lèvres. Tu nages toute seule.

Elle cligne des yeux, réalise que je ne la tiens plus, et se remet immédiatement debout dans l'eau.

– D-Depuis combien de temps ?

– Oh, au moins cinq minutes pleines… C'était trop mignon. On aurait dit une petite grenouille, je réponds en rigolant.

La voilà qui rougit de nouveau, et s'approche de moi aussi vite que la mer le lui permet.. pour me faire un énorme câlin. Seigneur heureusement que je porte une combinaison de bain complète, je suis trop gay pour supporter sa peau contre la mienne actuellement. Oh et si Jennifer pouvait arrêter de sourire comme ça, vraiment ça m'aiderait.

– Merci, souffle Lisa contre mon épaule. Merci, Salimeh.

Je balbutie un "de rien", tout en lui rendant son étreinte, le cœur battant. Puis je murmure quelque chose, à son oreille, rapidement. Elle rougit et ouvre la bouche pour me répondre, mais… Un cri venant de la plage m'interrompt.

– VOUS ÊTES PD !

Mes joues s'enflamment alors que j'aperçois l'auteure de ce cri, aka MJ, s'enfuir à toute allure en direction de Marekiura. Elle sait qu'on est pas tout.e.s seul.e.s sur cette plage au moins ?! Je sors en trombe de l'eau pour la poursuivre… sauf que cette fois c'est un cri dans mon dos qui me stoppe dans ma course.

– MOI AUSSI JE T'AIME, SALIMEH !

….

Je me retourne lentement, pour découvrir Lisa, de l'eau jusqu'aux cuisses, rouge comme une pivoine et déjà essoufflée par cette simple phrase, qui me fixe avec dans ses yeux l'attente d'une réponse.

Un sourire se dessine sur mes lèvres, et je reviens sur mes pas en courant, les bras tendus. Deux minutes plus tard, nous voilà tout emmêlées sur le rivage, en train de rire aux éclats. Lisa a des bouts d'algues coincés dans ses cheveux et du sable collé à la peau, mais elle est plus belle que jamais.

… MJ a raison, on est quand même très pd.

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