Je ne me souviens plus exactement quand est-ce que j'ai attrapé le cancer. Ni quand j'ai commencé à nouer des relations amicales avec le personnel de l'hôpital. Parce que l'hôpital était devenu ma maison. Je dormais, mangeais et riais entre ses murs blancs et dénués de toute émotion. C'est aussi dans cet endroit que j'ai embrassé mon premier garçon et que j'ai découvert que, finalement, j'aimais les filles. Cet endroit m'a fait rêver d'aller marcher sur la lune et d'aller toucher les étoiles. Même si, bien sûr, c'était impossible.

Je ne me souviens plus exactement quand est-ce que je me suis mise à observer les étoiles pendant des heures et des heures dans le télescope bon marché que le personnel médical m'avait acheté pour mon anniversaire. Pour mes seize ans.

Je ne me souviens plus exactement quand je me suis mise à dessiner, à tracer des lignes de toutes les couleurs sur des feuilles blanches et rugueuses. J'ai dessiné ma souffrance, ma colère et ma tristesse à travers des crayons de couleurs dont la mine se cassait souvent.

Mais je me souviens du jour où le médecin m'a annoncé qu'il n'y avait plus d'espoir pour moi. Pour que je retrouve mes cheveux bruns. Pour retrouver la couleur rosée de ma peau autrefois si douce. Pour retrouver une vie normale et heureuse.

Je ne me souviens pas avoir pleuré. Au fond de moi, je le savais. Comme si les étoiles me l'avaient dit. Je me souviens avoir dessiné une colombe aux plumes d'un blanc immaculé. Je me souviens avoir tracé le contour d'une lune entourée d'étoiles et d'une nuit parsemée de petits points blancs et scintillants.

Je me souviens du jour où j'ai perdu la dernière étincelle d'espoir qui sommeillait en moi. On avait retiré de mes yeux mes ultimes étoiles.