Chapitre 12

— Alors ? Comment étais ta rentrée ?

Je fixe l'écran de mon téléphone sur lequel s'affiche le visage de Léna.

— Atroce.

— Tant que ça ? Tu ne connais personne ? Ils parlent anglais tout le temps ? Tu as ton prof de maths comme prof de maths ?

— Pour la langue, je suis au lycée français Charles de Gaulle donc je n'ai pas de problème. Non, ce qui m'est arrivé est pire que tout réun.

— Qu'est ce qui peut être pire que...

Elle s'interrompt soudain et écarquille les yeux.

— Oh non.

— Si.

— Déjà ?

— Oui.

Elle regarde quelque chose qui se trouve derrière la caméra et que je ne pas apercevoir.

— Les enfants, l'heure est grave.

Le brouhaha que j'entendais en fond sonore depuis le début de l'appel vidéo disparait soudainement et ma meilleure amie prend un visage sérieux.

— Cassy me dit que c'est l'alerte rouge.

Tout à coup, le bruit reprend et le portable de mon amie bouge dans tous les sens comme si quelqu'un essayait de s'en emparer. Au bout d'une vingtaine de secondes, l'image se stabilise et je remarque que les têtes de Camille, Bella et Paul ont remplacé celle de ma soeur de cœur.

— Vous allez bien ?

— Non ! s'exclame Paul avec véhémence, tu ne vas pas bien ! Comment veux-tu que je le sois ?

Je ne trouve rien à répondre.

— Tu as lancé un code rouge !

Il se tourne vers Bella et essaye sans succès de chuchoter pour ne pas que j'entende.

— Ça veut dire quoi code rouge déjà ?

— Aucune idée, demande à Léna, c'est elle qui l'a dit.

— Ça signifie qu'elle a le mal du pays bande d'idiots ! crie une voix que je reconnais comme étant celle de Yaël.

— Ah oui mince ! Sache que si on te manque trop, tu as obligation de revenir vivre ici. Tu nous manques trop ! me dit Camille.

Bientôt, je vois presque tout mon groupe d'amis apparaitre sur mon écran.

— Avec qui je regarde mes films préférés quand tu n'es pas là ? demande Yaël.

— Avec qui je délire toutes les deux minutes ? fait Camille.

— Avec qui je goûte des goûts de glaces différents à chaque fois ? dit Joseph.

— Avec qui je me dispute à longueur de journée ? prononce Paul du bout des lèvres comme si il avait honte de reconnaitre que je lui manquais.

— Avec qui je peux me faire comprendre sans même parler ? ajoute Léna.

— Et qui me donne des conseils pour tout ? conclut Bella en me faisant un clin d'œil qui me noue l'estomac quand je repense à son béguin pour Léo.

— Personne, répondent-ils à leur propre question d'une manière peu synchronisée.

Je les détaille tous du regard et quelque chose me saute brusquement aux yeux.

— Léo n'est pas là ?

— Non, il ne t'a pas dit qu'il s'occupait de Falakhi ?

— Euh non... depuis que je suis partie, on ne se parle plus trop.

Un silence suit ma déclaration.

— Pardon ? finit par dire Camille.

Je n'ose pas répéter.

— Tu ne vas vraiment pas bien. Depuis combien de temps ça dure ?

J'hésite un instant avant de répondre en fermant les yeux pour ne pas voir leur réaction.

— Notre dernière conversation remonte à environ une semaine.

— Quoi ?

Cette fois, le mot est prononcé de manière simultanée, montrant le désarroi de mes interlocuteurs.

— Oh non, soupire Léna et je comprends automatiquement qu'elle savait et qu'elle connait la raison de notre manque d'échange.

— Qu'est ce qu'il y a ? l'interroge l'un de nos amis.

— Je viens de me rendre compte qu'elle ne lui a pas posé personnellement de question sur le groupe où on est à trois depuis quelques jours aussi...

— Donc là, ça veut dire que tu ne sais rien de ce comment s'est déroulée sa rentrée ?

— Oui.

— N'importe quoi. Je refuse d'y croire.

— Dis moi immédiatement pourquoi vous ne vous parlez plus.

Je jette un regard de détresse à mon amie d'enfance qu'elle comprend aussitôt.

— Oh non ! Ne me dis pas que c'est à cause de ce à quoi je pense ?

Mal à l'aise, je regarde à droite et à gauche dans l'espoir de trouver un prétexte qui me permettrait de mettre fin à cette situation embarrassante.

— Et à quoi tu penses ? s'enquiert Joseph.

— Ils se sont un peu provoqués sur le groupe la dernière fois, elle a dit à Léo qu'il ne serait pas capable de s'occuper de Falakhi et il a dit que quand elle reviendra il le préférera à elle du coup après elle s'est moquée de lui en disant qu'elle était sûre qu'il lui enverrait rapidement un message pour lui dire qu'il abandonnait.

— Ils ne se parlent plus... à cause de ça ? s'exclame Bella interloquée.

— Euh... oui... fais-je intérieurement époustouflé par la facilité de Léna à inventer des mensonges cohérents en quelques millièmes de secondes.

Ils doivent prendre mon malaise pour de la honte car ils gobent facilement la fable.

— Vous êtes vraiment immatures tous les deux. Quand est-ce que vous vous décidez à grandir ?

— Gamines et fières de l'être, s'exclame Léna en levant le poing.

Je l'imite en éclatant de rire mais au fond je ne pense qu'à mon autre ami qui, c'est le cas de le dire, manque à l'appel.

— Cassy ! Come here ! I'm hungry and I wanna eat now !

Je regarde mes amis d'un air désolé.

— Pardon, vous avez dû entendre, je dois aller manger.

— Un peu qu'on a entendu ! Ton père a crié tellement fort que les personnes qui habitent à Calais doivent entendre sa voix !

— Bien sûr Paul... décidément, tu ne sais pas faire dans la nuance, je pense que c'est l'une des rares choses qui ne me manquera pas : ton exagération à toute épreuve.

— Tu dis ça alors que je sais que dès que tu raccrocheras, tu te mettras à sangloter parce que je te manque trop.

J'ai un rictus.

— Crois le si cela te fait plaisir, après tout, qui suis-je pour détruire tes rêves ?

Nous échangeons encore quelques paroles avant de nous quitter.

En rejoignant mon père pour le repas, je ne suis plus aussi nostalgique de mon pays d'origine qu'à la fin de mes cours.

"Qui sait ? Peut être que je parviendrai à aimer cette ville ?"

***

Hello !!!

What's up ?

Moi je vais bien !!!!

À l'occasion de mon wattyversaire, je vous publie ce petit chapitre même si je m'étais dit que je ne publierai plus avant le 3 Juillet (mes exams sont lundi et mardi et j'ai le concert de mon orchestre le 2 Juillet)

En espérant que vous vous souvenez encore de mon existence 🥺😢😭

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