7.2 - deuxième acte

Violet de l'abandon


Michael chantonnait les paroles d'une chanson qui passait dans ses écouteurs, toujours près de sa fenêtre où il avait décidé de s'asseoir sur le rebord, les jambes ballotant et tapant contre le mur extérieur de la maison. Il suffirait qu'il glisse pour que sa vie se finisse là ; et il n'aurait sûrement pas de seconde chance. S'il se plantait, se serait définitivement sa fin et cette idée lui plaisait. Sa vie ne tenait qu'à un fil, qu'à sa peur du vide ou de laisser sa génitrice toute seule dans ce monde de brutes et de salauds tel que son père.

Michael soupira lâchement une épaisse fumée de nicotine de sa bouche avant de reporter le bout du cylindre à ses lèvres. Si sa mère savait qu'il fumait, avant le départ de son père, elle l'aurait sûrement tué et passer un savon alors que maintenant que cet homme ne vit plus dans cette maison, elle s'en fout totalement. Elle a délaissé son fils parce qu'elle avait peur de la solitude et d'un amour absent, mais aussi, elle tenait son fils pour responsable de l'acte du père. Elle tenait le jeune homme pour responsable du départ parce que l'homme le lui avait dit clairement cela.

Michael laissa tomber son bras droit mollement, dont la main tenait le cylindre enflammé à son autre bout. Il regardait devant lui, trouvant cette situation totalement stupide. Son père avait très clairement dit à sa génitrice qu'il était responsable de son départ, mais à lui, il était partit sans rien dire du tout, même pas un simple au revoir. Il en avait un pincement au cœur et secoua la tête pour se ressaisir. Il s'était juré au départ de son paternelle de ne plus jamais rien ressentir vis-à-vis de lui, de totalement le rayer de sa vie comme s'il n'avait jamais existé.

Michael laisse échappé une nouvelle nappe de fumée blanche après l'avoir gardé une à deux minutes dans la bouche. Il regardait le ciel, se demandant si quelqu'un l'attendait là-haut, si Dieu allait être en accord avec son geste où s'il allait l'envoyer se faire voir royalement. Il se posait tellement de questions qu'il n'arrivait même pas à voir le vrai du faux et le faux du vrai. Il ne savait plus quelle était les questions censées et celles qui était totalement dénuées de sens. Il ne voyait même plus le noir du blanc et le blanc du noir.

Michael souriait comme un imbécile quand il vit quelqu'un marcher dans une crotte de chien. Il aimait voir les personnes s'énerver parce que les traits de leur visage étaient tellement tirés qu'ils ressemblaient à des chinois. Il aimait cela parce qu'il n'aimait pas les chinois et les avait toujours trouvé hilarant avec leur accent et leur yeux bridés. Il n'était raciste qu'avec les chinois, même pas les japonais ou autre asiatique, juste les chinois. Il avait eu une embrouille avec un chinois et depuis lors c'était ainsi. Il était tellement catégoriquement que cela était devenu ainsi. Il avait beaucoup de préjugés.

Michael fixa un nuage qui avançait au rythme du vent, c'est-a-dire très lentement. Il n'y en avait presque pas pour une journée d'été ensouillée et pas trop chaude, en plein mois de juillet. Il pensait à son anniversaire qu'il passait seul avec ces cigarettes et ses reptiles qui faisaient leur sieste. Il aimait bien ses serpents, déjà parce que c'était les siens et aussi qu'il avait l'impression que l'amour qui leur portait était réciproque, une impression qu'il n'avait pas du tout avec les humains. Il aimait plus ses serpents que des personnes qu'il côtoie tous les jours, qu'il « aime ».

Michael retira son regard du nuage pour le porter à son bras gauche. Il y sentait un tremblement et vit que tout son bras tremblait. Ses crises de panique étaient constantes et il allait en avoir une nouvelle sans vraiment de raison. Il n'était pas vraiment prêt du vide puisqu'il avait les jambes jusqu'aux genoux qui étaient contre l'appui de fenêtre. Le creux de ses genoux se superposait avec le bord de l'appui. Il sentait sa respiration se saccader et qu'elle allait bientôt devenir insuffisante. Il fourra le cylindre entre ses lèvres pour s'aider mais c'était beaucoup de risque.

Michael savait que s'il ne se retournait pas dans sa chambre, ou bien il aurait la chance de tomber vers l'avant sans le faire par lui-même, ou bien il aurait le malheur de tomber vers l'arrière et de retourner dans son monde fermé et dur, où il se sent totalement emprisonné et coincé. Il aimerait sauter pour voir s'il arriverait à voler tel un oiseau, mais se serait sûrement une erreur d'essayer de croire à une telle chose puisque c'est techniquement impossible à moins d'avoir la tenue de la chauve-souris, ce qu'il n'a pas du tout.

Michael soupire sa fumée en essayant de contrôler les tremblements de tout son corps. C'était passer de son bras gauche pour aller jusqu'à la partie gauche de son corps et commençait à aller jusqu'à son côté droit. Son souffle est de plus en plus sifflant ce qui n'est pas vraiment un bon signe mais il essaye de garder son calme parce qu'il a encore une chose qu'il doit faire dans sa vie avant de mourir ; dire à son père tout ce qu'il pense sur lui. Il s'est juré de le faire et ne devait pas faillir à sa tâche, pas maintenant qu'il a enfin son numéro de téléphone et son attention.

Michael sent son cœur battre beaucoup trop rapidement et se dit « Merde, non ! Ce n'est pas le moment, putain ! ». Mais il n'a pas vraiment le choix de l'heure de sa mort, ni du jour, ni de l'instant. Surtout vu la maladie qu'il a au cœur et dont il n'est même pas au courant, comme le reste du monde. Il n'y a que l'organe en question et l'intérieur du corps du jeune qui le sait, sauf que ceux-ci ne parlent pas et ne pouvaient donc pas prévenir le jeune homme. Le médecin légiste qui fera son autopsie pourra marquer sur sa feuille ;

« Michael Kipymrot

mort le : 19 juillet 2016 à 16h15

cause du décès : arrêt cardiaque et une leucémie située en plan dans le cœur. »

Et non

« Michael Kipymrot

mort le : 19 juillet 2016 à 16h15

cause du décès : suicide. »

Comme le croyait les policiers venus sur place pour prendre le corps avec les enquêteurs.

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