20.


— Nom de Dieu ! Mais que s'est-il passé ici ? s'écria Cassie en voyant les meubles de sa chambre dispatchés dans le couloir de l'étage.

— Zut, tu es déjà rentrée ! pesta Hayden en apparaissant devant elle vêtu d'un bleu de travail tâché de peintures.

— Tu as repeint ma chambre ?

Ébahi devant la surprise qu'il lui avait faite, Cassie tenta de jeter un coup d'œil à l'intérieur de la pièce, mais Hayden se planta volontairement devant elle pour lui barrer le passage.

— Hey c'est une surprise ! Ton cadeau de Noël. N'entre pas tant que ce n'est pas fini ! expliqua-t-il en la faisant reculer de quelques pas.

— Je ne m'attendais pas à cela, je suis sans voix lui avoua-t-elle émue de cette attention.

— Tu me pensais incapable de tenir un pinceau ? Bon, j'avoue sans ton père qui m'a aidé je ne sais pas si j'en aurait vu le bout.

Cassie comprit qu'il y avait passé la journée. De mémoire, personne ne lui avait consacré autant de temps dans le seul but de lui faire plaisir.

— Je peux emprunter tes clés de voiture ? J'ai une course à faire.

Encore sous le choc, Cassie confia ses clés à Hayden sans lui poser de questions.

— N'en profite pas pour rentrer dans ta chambre ! lui ordonna-t-il pleinement satisfait par sa réaction avant de s'éclipser.

Cassie attendit qu'Hayden soit arrivé au rez-de-chaussée pour avancer d'un pas vers sa chambre. C'est à ce moment-là que son père en sortit, vêtu de la même tenue qu'Hayden bien que contrairement à lui, cette blouse ne le mettait pas vraiment en valeur.

— C'est un bon garçon. Tu devrais te dégoter un Anglais ma fille ! Le même sans les tatouages ! plaisanta-t-il sur un ton potache. Tu devrais t'habiller, ta sœur vient d'appeler pour une fois son avion n'a pas eu de retard, elle ne devrait plus tarder à présent.

Enchantée par cette nouvelle, Cassie s'empressa de trouver une tenue dans son armoire échouée au milieu du couloir. En temps normal, elle ne prenait jamais la peine de se mettre sur son trente-et-un même pour le réveillon de Noël. À quoi bon ? Elle n'avait jamais eu l'ambition de briller lors des repas de famille et quand bien même elle l'aurait souhaité le faire, face à sa sœur débordant de perfection c'était cause perdue.

Cette année, tout lui semblait différent, Hayden était là et elle se plaisait à imaginer le sourire qu'il pourrait lui adresser si elle faisait un effort vestimentaire. Elle espérait qu'il la trouverait jolie et qu'il lui jetterait une nouvelle fois ce regard qui la faisait tant chavirer.

Elle choisit une robe bustier qui épousait parfaitement son corps et releva ses cheveux dans un chignon à l'effet décoiffé. Face au miroir, elle eut de la peine à se reconnaitre, pour la première fois depuis des années, elle osa se trouver jolie.

À peine eut-elle fini de se préparer, que déjà raisonnait dans la maison une voix familière : celle de sa sœur Élisabeth que tout le monde appelait Lisa.

— Cassie !

C'est avec empressement qu'elle dévala les escaliers pour le retrouver. Elle était là plus belle que jamais, même les vingt-quatre heures d'avion qu'elle venait de s'enfiler n'avaient pu mettre à mal sa beauté. Seul son teint hâlé trahissait le fait qu'elle venait de l'autre bout de la planète. Cassie aux anges lui sauta dans les bras et salua de manière plus formelle Éric son fiancé qui l'accompagnait.

Si toutes les deux étaient très proches, cela n'avait pas été toujours le cas. Aussi étrange que cela puisse paraître, elles n'avaient pas vraiment grandi ensemble. Sa sœur dès son plus jeune âge s'était consacrée à la natation. Incontestablement douée, sa mère l'avait toujours encouragé dans sa passion la poussant à s'entraîner encore et encore, l'accompagnant et la coachant dans chacune de ses compétitions. Elle y avait placé tous ses espoirs laissant inévitablement Cassie de côté.

C'est de cette façon que Cassie avait grandi, loin de sa sœur. Elle ne s'était jamais plainte de cette situation, ayant toujours admiré le fait que Lisa puisse nager plus vite que n'importe quel garçon de leur école. C'était sa grand-mère Grâce qui avait pris le relais de son éducation. Une éducation libre qui valorisait son imagination, une éducation à mille lieues de celle de sa mère.

Celle-ci l'avait directement accusé lorsque Cassie s'était trouvée être une enfant introvertie, rêveuse, racontant des tas d'histoires invraisemblables. Lorsque les problèmes de Cassie avaient été jugés plus graves au début de son adolescence, sa mère et sa grand-mère ne s'adressaient déjà plus la parole et Cassie fut séparée de celle-ci ce qui ne fit qu'aggraver la situation.

Cette histoire faisait partie de ces nombreux sujets dont on ne parlait pas sous ce toit. Sa sœur partie dans un centre de formation avait été tenue à l'écart de tous ces drames. Elle ne l'apprit bien trop tard et regrettait encore de ne pas avoir été là pour la soutenir. Depuis, elle s'était jurée de la protéger du mieux qu'elle le pourrait malgré ses obligations. Elle s'entraînait maintenant en Australie, mais même à l'autre bout du monde l'une de l'autre, les deux sœurs gardaient contact grâce à internet.

* * *

Quand Hayden rentra de son escapade et qu'il rencontra le reste de la famille, il fut frappé par la ressemblance des deux sœurs. Si toutes deux possédaient un joli visage légèrement arrondi, leurs silhouettes présentaient tout de même de nombreuses différences. Lisa était plus élancée, son corps de nageuse lui donnait une allure filiforme et des épaules carrées qu'Hayden n'appréciait pas spécialement. Tout le long de la soirée, il préféra contempler le corps de Cassie, la robe qu'elle portait dévoilait des grains de beauté dans son décolleté. Un détail, qui lui avait jusque-là complètement échappé. Rien d'étonnant à cela, lui-même comprenait à présent, qu'il avait été toute sa vie incapable de voir les plus belles choses que lui offrait ce monde.

Comme s'ils étaient liés, sans qu'il lui adresse un mot, Cassie lut dans le regard d'Hayden toute l'admiration qu'il portait pour elle. Elle lui envoya un sourire timide, satisfaite de la réaction qu'elle produisait sur lui.

Le repas du réveillon se passa sans encombre majeur. Étonnamment, Hayden et Éric s'entendaient parfaitement, bien qu'ils soient d'un âge et d'un milieu complètement différents. Comme dans toutes les réunions de famille, la tablée eut droit à son lot de sujets polémiques, les discutions tournèrent de la réélection de Bush, de la crise économique, la légalisation du cannabis, la guerre en Irak. Sur tous ces sujets, Hayden ne se démonta pas et bien qu'il n'était pas très au courant de l'actualité, la finesse de son jugement et son réel intérêt pour ce qu'il avait à dire faisaient de lui quelqu'un de bonne compagnie. Cassie comprit qu'Hayden était habitué à voir du beau monde, de se rendre dans des soirées mondaines et de faire la conversation à n'importe qui, contrairement à elle qui se jugeait incapable d'imposer ses opinions en public.

Comme chaque personne sur cette terre, Patricia adorait sa petite-fille Lisa qu'elle voyait comme un modèle de réussite. Elle lui réserva toute son attention, n'adressant aucun regard à Hayden ou Cassie, ce qui arrangea bien cette dernière.

— Qui vient au sermon de minuit pour la Messe de Noël ? Adressa Alan à l'ensemble de la tablée à la fin du repas. Ho peut-être que tu n'es pas religieux, chacun fait comme bon lui semble ici tu peux très bien rester ici précisa-t-il à Hayden avec bienveillance.

— Bien sûr, qu'il l'est, il a un ange gravé sur la main remarqua Ellen.

— C'est un tatouage Maman ! nota Lisa amusée par cette remarque.

— Lisa a raison maman, ça ne veut rien dire, si tu savais le nombre de bestioles qu'il a de gribouillé sur le torse, je ne pense pas qu'elles sont là parce qu'il les idolâtre plaisanta Cassie sans se rendre compte de ce qu'elle venait involontairement d'avouer devant toute sa famille.

Lisa fut la seule à extrapoler ce que sous-entendaient les paroles de Cassie. En réalisant ce qu'elle imaginait, Hayden sourit jusqu'aux oreilles et échangea un regard complice avec Lisa.

— Ha bon, tu as eu l'honneur de voir son torse ? lança celle-ci d'une voix soutenue.

Sa phrase eut bien l'effet recherché puisque tous se tournèrent du côté de Cassie et Hayden, attendant une révélation croustillante.

— Ben, je... rougit Cassie ne sachant plus où se mettre.

Hayden loin de paniquer éclata de rire. Un rire communicatif qui se propagea aux autres. Rire, c'était une réponse facile et efficace Cassie s'en voulut de ne pas y avoir pensé.

— Pour répondre à votre question, je viendrais avec vous à la messe avec plaisir annonça poliment Hayden.

Surprise, Cassie se demanda si son invité croyait en Dieu. C'était une question personnelle bien qu'ils étaient proches, ils n'en avaient jamais parlé. Beaucoup de choses sur sa vie lui étaient inconnues et elle réalisa que le peu de temps qui leur resterait avant son départ ne suffirait sans doute pas pour y remédier.

Le moral plus bas que terre, Cassie annonça de son côté qu'elle préférait ne pas y aller. Habituellement, elle n'avait pas le choix, son père avait dit cela pour être poli envers Hayden et elle était bien décidée à en profiter.

— Ça ne m'étonne pas lança durement Patricia.

Hayden qui avait vu le visage de Cassie s'assombrir sans qu'il n'en devine la raison changea d'avis et exprima son souhait de rester auprès d'elle. En entendant cela, Cassie quitta la table et rejoignit la cuisine. Alors qu'Hayden se leva dans l'idée de la rejoindre, Lisa le pria de se rassoir :

— J'y vais. Je crois qu'une petite conversation entre sœurs s'impose...

Hayden approuva réalisant qu'il aurait tout le temps de lui parler lorsque tout le monde sera parti.

Lisa dans un état de surexcitation s'empressa de rejoindre sa sœur. Elle mourait d'envie d'avoir plus de détails sur la relation que sa sœur entretenait avec Hayden.

— Waouh alors c'est le grand amour ! dit-elle en lui adressant un clin d'œil complice.

Loin de partager son enthousiasme, Cassie lui répondit d'une voix enraillée :

— Il va partir. Il n'est pas d'ici.

— Vous pouvez toujours rester en contact.

— Trop loin... ça ne sera pas possible répliqua-t-elle abattue.

— Il veut absolument rester en Angleterre ? Qu'est-ce qui le retient là-bas ? Qu'a-t-il à pars sa famille ?

— Là-bas, il peut vivre de la musique.

Voulant réconforter sa sœur, Lisa remarqua avec humour :

— Bon sang, il n'a jamais entendu parler du rêve américain ?

— Il a tout là-bas : son groupe, ses amis, sa carrière... Je ne peux pas lui donner l'équivalent tout ce qu'il a chez lui. Je suis qui pour lui prendre son rêve et l'arracher à sa vie ?

— Dans ce cas-là, pars avec lui, chuchota-t-elle dans son oreille.

Cassie eut un mouvement de recul en entendant ses mots. Était-il seulement possible qu'elle puisse partir avec lui ? Elle n'avait jamais envisagé cette option possible et quand bien même elle s'imaginait mal devenir la fiancée du leader des Sound Evidences. Sa vie était de toute évidence incompatible à la sienne. Face à sa tristesse, Lisa lui fit part d'une seconde stratégie :

— S'il t'aime, il restera. Fais-lui aimer la vie à New York. Faites des trucs dingues, des choses qu'il n'a pas la possibilité de faire chez lui. Fais-le regretter son choix.

Cassie réfléchit un instant. Elle lui avait promis de l'aider à partir, mais elle n'aurait pas à le faire s'il changeait d'avis. Son cœur se remplit d'espoir. Après tout Noël n'était-il pas le jour idéal pour croire aux miracles ?

— Tu sais, en amour comme pour tout le reste je crois que si on s'en donne les moyens, tout est possible. Peu importe la distance, après tout nous avons tous les mêmes étoiles au-dessus de la tête.

* * *

Comme prévu, toute la famille de Cassie se rendit à l'Église laissant Cassie et Hayden seuls dans la maison familiale. Le son de la télévision qui raisonnait depuis le salon accompagnait le bruit de la vaisselle qui s'entrechoquait. Cassie lavait les verres à vin tandis qu'Hayden aidait à les essuyer. Bien qu'ils ne manquaient pas de se jauger tous deux du regard avec insistance, durant de longues minutes aucun des deux n'osa prendre la parole jusqu'à ce qu'Hayden lui avoue finalement :

— J'ai un cadeau pour toi.

— Ho, mais je croyais que mon cadeau était ma chambre.

— Ouais, mais techniquement tu ne pourras pas en profiter avant que cela ne soit sec alors, j'ai pensé à autre chose pour te faire patienter. Mets ta veste, on va dehors indiqua-t-il en agitant devant son nez les clés de la voiture de Cassie qu'il ne lui avait toujours pas rendue.

Intriguée, Cassie s'empressa d'enfiler son manteau alors que mille suppositions fusaient dans sa tête au sujet de la destination qu'il allait prendre. Où qu'ils aillent, l'idée qu'ils se retrouvent tous deux confinés dans sa voiture suffisait à lui faire penser qu'elle n'allait pas regretter cette soirée.

Ils s'installèrent dans le véhicule et Cassie remarqua instantanément l'autoradio flambant neuf qui trônait sur le tableau de bord.

— Il lit les CD. Dis bonjour à la technologie moderne ! Adieu veilles chansons de malheur !

Sur ces mots, Hayden jeta par la fenêtre la cassette audio de Cassie.

— Regarde : Beatles, Pink Floyd, Rolling Stones, énuméra-t-il en lui désignant les disques qu'il lui avait achetés.

— Toi qui critiquerais mes vieilleries de chansons, ces groupes sont loin d'être de dernière génération... s'amusa Cassie.

— Ce sont des légendes ! Leurs chansons sont hors du temps et ces artistes immortels... Il y a de quoi rêver. Est-ce que ça te plait ?

— Oui, bien sûr, mais tu n'aurais pas dû...

— Ne t'inquiète pas. C'est un cadeau totalement intéressé, de cette façon je pourrais refaire ton éducation musicale lorsqu'on ira chercher tes affaires à New York. Regarde, c'est ici qu'on l'allume.

Cassie fut prise d'un fou rire incontrôlable.

— Visiblement ça ne marche pas. Es-tu sûr d'avoir bien branché tous les fils ?

— Pour qui me prends-tu ? Il marchait tout à l'heure. Peut-être en tapant dessus. Merde, je vais devoir trouver autre chose pour t'impressionner.

Hayden réfléchit un instant puis fit le tour de la voiture pour ouvrir la portière de Cassie à la manière d'un gentleman d'un autre temps. Il l'emmena au jardin derrière la maison et l'invita à s'asseoir sur la balançoire à côté de lui et scruta le ciel avec déception.

— Même mon plan B tombe à l'eau. Je voulais t'offrir les étoiles, mais le ciel est nuageux. C'est loupé pour ce soir, mais ce n'est que partie remise. Je te les offrirai un jour promis.

— Je ne vois pas comment tu pourrais m'offrir les étoiles...

Elle examina le ciel, pour chercher leur présence, mais Hayden avait raison il n'y en avait aucune.

— On ne les voit pas, mais elles sont toujours là, quoi qu'il arrive.

— Dommage dans ce cas que tu n'en sois pas une...

Cassie devina la réponse qu'il s'apprêtait à lui faire et le devança avant qu'il n'ait pu s'exprimer :

— Non Hayden, en être une sur Hollywood boulevard ne compte pas !

— Je n'en suis pas encore là, mais je vais tout faire pour.

L'imaginer là-bas, fit trembler Cassie. Elle avait vu sur son visage l'état de fatigue dans lequel il se trouvait le soir où il avait débarqué au café. Elle ne doutait pas que le train de vie qu'il menait là-bas n'était pas des plus sains ni des plus équilibrés. Et si Hayden n'avait pas été conduit ici par hasard, mais pour qu'il puisse échapper au pire ? Une seconde chance qu'il refusait de saisir. Consciente de ne pas être objective sur la question, elle se contenta de se renseigner sur ses intentions :

— Hayden, honnêtement, qu'est-ce qui se passera quand tu seras là-bas ?

— Comment ça ?

— Le club des 27... Ils ont connu un succès incroyable, mais ils étaient tous aussi et surtout sacrements amochés par cette gloire. Et si on t'avait envoyé ici pour que tu ne connaisses pas le même destin tragique ? Tu ne m'as pas beaucoup parlé de ta vie là-bas, mais je m'inquiète pour ta santé physique et mentale.

— J'étais un peu surmené, mais je t'assure je n'ai jamais bu à l'excès quant à la drogue ; s'il y en avait autour de moi, je n'y ai jamais touché. Ce n'est pas une vie de rêve, mais je n'ai jamais souri par obligation. J'aime cela, j'aime cette vie. Je n'ai rien à voir avec le club des 27. Et puis cette théorie est surement fausse, pourquoi j'en ferais partie je n'ai pas 27 ans et j'ai peut-être un ego surdimensionné, mais je sais que je n'ai pas de la carrure de toutes ces légendes !

— Peut-être que ce n'est qu'une question de temps. Tu as un talent extraordinaire.

— Tu ne m'as jamais vu sur scène, ni même entendu chanter...

— J'ai...

Cassie qui voulut lui expliquer cette vision dans laquelle elle l'avait vu devant son public, mais consciente que cela ne ferait que dévier la conversation, celle-ci se ravisa :

— Je t'imagine juste très bien sur scène et puis ça va au-delà de cela et tu le sais. Promets-moi de faire attention, d'être toi-même aussi souvent que tu le peux, sinon tu te perdras et cette magnifique âme que je vois en toi disparaîtra.

— Depuis que je suis ici, j'ai changé. Je m'intéresse aux gens, je leur pose des questions, avant je ne voyais pas plus loin que mon nombril. Quand tu m'as hébergé, je ne savais même pas ton prénom, je l'avais seulement remarqué sur ta veste de travail. Avant, je n'aurais jamais posé de questions à ton sujet, je ne me serais jamais préoccupé de ta personne. À présent, j'ai envie de te protéger et tout savoir sur toi. Quels sont tes rêves et tes peurs ? Qu'est-ce qui te fait sourire le matin ? Si tu es plus sucrée ou salée ? Et toutes ces débilités.

Cassie l'obsédait, toutes ces questions en faisaient une évidence. Pire, elles en amenaient d'autres : qu'avait-elle de plus que les autres ? Pourquoi la voulait-il à ce point ? Était-ce seulement dû au fait qu'il s'interdisait de l'embrasser ou de faire en sorte qu'ils s'aiment ?

Si sa théorie était exacte, cette attraction incontrôlée se basait sur le fait qu'il ne pouvait pas l'avoir, chose à laquelle il n'était pas habitué. La solution lui paraissait alors simple : il lui suffisait de craquer et aller jusqu'au bout avec elle pour se défaire de l'emprise qu'elle exerçait sur lui.

— J'ai une idée de cadeau que tu pourrais me faire... ajouta-t-il sur un coup de tête.

Sur ses mots, il s'approcha de son visage pour lui murmurer lentement à l'oreille :

— Passe la nuit avec moi.

Cassie crut qu'il plaisantait, mais le regard d'Hayden plongé dans le sien et sa main qui s'accrochait à la sienne lui prouvaient le contraire.

Tout se bouscula dans sa tête. Souhaitait-il qu'ils restent là sous les étoiles toute la nuit ? Voulait-il qu'ils fassent ensemble le marathon d'une série télé ou qu'ils passent la nuit à discuter dans sa chambre jusqu'à s'endormir l'un contre l'autre ? Mieux, désirait-il plus que cela ?

« Passe la nuit avec moi » il n'existait rien de plus ambigu au monde. Aucun dictionnaire ne pouvait l'aider à décrypter ses intentions. Dans un même temps, elle ne voulait pas savoir et préféra se laisser bercer par cette phrase qui raisonnait dans sa tête.

— De tout de façon, tu n'as pas le choix ta sœur dort ici, n'est-ce pas ? Ta chambre n'est pas praticable alors, c'est soit ma chambre, soit le canapé.

Cassie était tiraillée entre cette impression qu'Hayden était la meilleure chose qui lui était arrivée et ce pressentiment qu'il allait l'emmener vers ce qu'elle s'était efforcée de fuir toute des années. Depuis qu'il était à ses côtés, tout avait recommencé d'une manière totalement nouvelle, car elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Seuls ses cauchemars qui se multipliaient lui rappelaient que le pire pouvait la rattraper.

— Non lança-t-elle fermement après quelques secondes de réflexion.

Hayden qui ne s'attendait pas à une réponse aussi ferme de sa part, la regarda avec étonnement et n'osa plus bouger craignant d'avoir commis un faux pas. Avec Cassie, il ne savait jamais sur quels pieds danser. Sa proposition avait été directe, il avait toujours agi ainsi et Hayden s'en voulait aujourd'hui de ne pas avoir pris l'habitude de procéder avec plus de délicatesse avec les filles qu'il convoitait.

— Non, répéta-t-elle d'une voix plus douce. Parce que j'ai trop envie d'enfreindre notre règle : on ne se touche pas, on ne s'embrasse pas.

— D'où sors-tu ces foutues règles ? Je n'ai rien décidé de tout ça.

— Tu veux vraiment qu'on...

— Ouais répond-il en hochant lentement la tête.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il est illogique d'essayer de te rejeter alors que j'ai juste envie de te serrer contre moi. Je suis loin d'être d'un héros, mais j'aimerais être celui qui te protège. D'un autre côté tu le sais bien, je suis un putain d'égoïste et une partie de moi s'en fout de te faire du mal quand je partirai. Alors pourquoi pas ?

Alors qu'il parlait, leurs yeux restèrent comme vissés l'un à l'autre. À chacun de ses battements, le cœur de Cassie semblait ricocher entre ses côtes. Sa tête se mit à tourner doucement comme si elle était légèrement enivrée. Elle aimait cette sensation et ne résista pas à l'envie d'utiliser cette force qu'il provoquait en elle.

Cassie prit délicatement la main d'Hayden et exposa la face de celle-ci vers le ciel. Hayden la regarda avec interrogation tandis qu'elle songea que ces minutes passées avec lui sous les étoiles valaient bien tous les orages du monde qu'ils pourraient provoquer en défiant l'équilibre naturel des choses.

— Il faut savoir être égoïste parfois. Moi aussi, j'ai envie d'enfreindre les règles et pourquoi pas de t'offrir les étoiles... lui souffla-t-elle en levant la tête vers le ciel.

Hayden l'imita croyant que les nuages au-dessus d'eux s'étaient dissipés, mais il n'en était rien. Ceux-ci plus nombreux que jamais, cachaient à présent la lune.

Leurs têtes se rabaissèrent simultanément pour suivre la chute délicate et légère d'un flocon de neige. Sorti de nulle part, celui-ci vint se poser dans la main d'Hayden que Cassie retenait toujours paume contre ciel. Au contact de sa peau, cette toute petite chose glacée prit la forme d'une étoile des plus complexes et finit par se désintégrer en fondant progressivement sous leurs yeux.

— Je... poussa Hayden absolument abasourdi.

— Chut, répliqua Cassie. Regarde.

Des centaines de flocons tombaient à présent autour d'eux. Était-ce réel ? Il devait avoir une explication logique. La neige dansait ici et là d'une façon qu'Hayden n'avait encore jamais connue. Comment pouvait-il le nier ? Ce qu'il avait devant les yeux était des plus magiques.

Aucun des deux ne parla. Les mots pour exprimer ce moment leur semblaient dérisoires d'autant plus que le silence de la nuit ne faisait que sublimer l'intensité de cet instant.

Seule la main tremblante de Cassie qui soutenait encore la sienne, ramena Hayden la réalité. La croyant frigorifiée, il insista pour qu'ils rentrent à l'intérieur.

Mais Cassie n'avait pas froid, sa main dans la sienne, rien ne pouvait l'atteindre : ni le froid, ni la peur, ni même l'idée qu'ils allaient faire une bêtise. Elle se laissa guider, tandis qu'il l'entraîna à l'étage. Sentir le bras d'Hayden derrière son dos et sa main posée sur sa taille, doublait sa nervosité au point qu'elle se sentait presque incapable de tenir sur ses pieds. Heureusement, ils arrivèrent rapidement devant la chambre d'invité. Hayden la laissa entrer en premier. Cassie entendit la porte claquée derrière elle et devina qu'il l'avait refermé derrière eux.

Chacun d'entre nous traverse au cours de sa vie des moments cruciaux, certains ne sont visibles qu'avec le recul. Parfois, nous en prenons pleinement conscience alors même qu'ils se présentent à nous. Dans ces moments, nous savons que notre choix marqua notre vie à jamais, que nous choisissions un chemin ou bien un autre. La nuit du 24 décembre 2004 représenta pour Hayden et Cassie un moment crucial dans leur histoire et Cassie contrairement à lui en prit pleinement conscience.

Impressionnée, elle ne se retourna pas immédiatement vers Hayden qui se tenait de toute évidence derrière elle. Son regard scruta la pièce. Vêtements sales, serviettes roulées en boule jonchaient le sol.

— Ta déco fait très rock star dans une chambre d'hôtel, poussa-t-elle pour détendre l'atmosphère.

— Si t'es venue pour critiquer, tu peux retourner d'où tu viens, plaisanta-t-il en se jetant dans le lit.

— Non, j'adore, bien que cela soit légèrement cliché...

Il soupira. Un soupir long et amusé. Il attrapa Cassie qui s'était assise sur le lit et la poussa contre lui. Elle se laissa tomber sur la couverture et se retrouva couchée dos à lui. Elle aurait voulu voir son visage, pour pouvoir une fois de plus l'admirer sous toutes les coutures. Elle songea à se retourner, mais Hayden ne bronchait pas tandis qu'elle sentait son souffle chaud dans son oreille. Son parfum l'enveloppa alors que ses lèvres effleuraient à présent son cou. « Le faire rester » elle n'oubliait pas ce que lui avait conseillé sa sœur « Fais-lui faire des trucs dingues, des trucs qu'il n'a pas la possibilité de faire là-bas »

Le sexe aurait pu faire partie de ces trucs, mais Cassie ne se sentait pas à la hauteur. Hayden n'avait jamais nié les incessantes occasions qui s'offraient à lui dans ce domaine grâce à son statut de célébrité. À cela, s'ajoutait la maigre expérience de Cassie avec Isaac qui lui laissait croire qu'elle n'arriverait pas à le satisfaire de cette façon.

Elle devait trouver autre chose...

— Je me disais qu'on pourrait rester quelques jours à New York. Fêter le Nouvel An là-bas et visiter la ville comme des touristes normaux lui proposa-t-elle d'une voix hésitante en se retournant sur le dos.

Hayden était tout aussi tendu que Cassie, mais contrairement à elle, celui-ci savait parfaitement dissimuler ses émotions. Couché face au plafond, le corps de Cassie s'était écarté d'Hayden, bien que cela n'empêcha pas le jeune homme de continuer à passer ses doigts dans ses longs cheveux dorés. Si Cassie voulait parler, lui gardait d'autres idées en tête, néanmoins il décida de ne pas insister conscient qu'il était préférable d'y aller en douceur. Après tout relativisa-t-il, ils avaient toute la nuit devant eux et quelques jours encore si nécessaire.

— Que sous-entends-tu par "comme des touristes normaux" ?

— Pas de tours en hélico, emprunter les files d'attente interminables à chaque lieu touristique qu'on visitera...

— Mon Dieu, je ne rêve que de cela depuis toujours ! plaisanta-t-il alors que Cassie convaincue par cette idée retourna se blottir contre lui en posant sa tête contre son torse.

Elle se laissa bercer un moment par les battements de cœur qui résonnaient contre la cage thoracique d'Hayden alors que ses doigts redessinaient les contours du papillon qu'il portait tatoué en bas de son cou.

— On pourrait passer voir Zoey et Anna, je comptais leur envoyer un cadeau pour les remercier pour les dessins qu'elles m'ont faits.

— Quels dessins ? s'étonna Cassie.

— Ceux que j'ai trouvés dans ta chambre en la débarrassant.

Cassie releva soudainement la tête, s'assit au bord du lit et adressa à Hayden un regard que celui interpréta à tort comme reflétant de la colère.

— Ho, ils étaient sur ton bureau je n'ai pas fouillé j'ai seulement déplacé tes meubles ! Se défendit-il.

Cassie secoua la tête, pour lui faire comprendre que ce n'était pas le problème :

— Pourquoi penses-tu que c'est leurs dessins et qu'ils te sont destinés ?

— Ben, il y a marqué Hayden et c'est les dessins de mes tatouages. Rien d'étonnant, elles étaient plutôt impressionnées en les voyants, ce détail a dû les marquer.

Cassie lui souffla que c'était impossible. Hayden persuadé du contraire récupéra les dessins qu'ils avaient rangés dans sa table de nuit et les lui tendit.

— Regarde ! Le papillon, la rose, le bateau... Ce sont mes tatouages... Et là, on est toi et moi près d'une balançoire. Tu as une baguette magique et moi un chapeau de pirate. Bon, il faut de l'imagination, mais c'est tout de même reconnaissable !

Cassie resta subjuguée. Jusque-là, elle n'avait prêté aucune importance à tous ces détails. Il avait raison, si on faisait chevaucher les feuilles d'une certaine façon "Hayden" apparaissait au crayon de couleur rouge.

— C'est moi qui les ai dessinés lâcha-t-elle subitement en essayant de trouver une explication rationnelle à tout cela.

Les dessins étaient les mêmes que ses tatouages certes, mais cela relevait assurément du hasard, un papillon un bateau une fleur... C'était des sujets récurant dans tous les dessins d'enfants. Quant à cette écriture, celle-ci était à peine visible.

Bien qu'elle l'aurait souhaité, Cassie ne crut pas un instant à cette théorie, même si celle-ci se trouvait être la plus censée parmi toutes celles qui s'entassaient dans sa tête.

Cassie l'auteur de ces dessins ? Hayden se retint difficilement de rire, tant la blague de Cassie manquait de crédibilité :

— Tu penses vraiment pouvoir me faire gober tout ça ? C'est des dessins d'enfants !

— Je... oui, tu as raison c'est le dessin de Zoey, bafouilla-t-elle maladroitement.

La voix tremblante de Cassie alerta Hayden et le rire de celui-ci disparut brutalement au profit d'un visage des plus graves :

— Qu'est-ce qui se passe ? Dis-moi la vérité.

— Ne me demande pas ça.

Redoutant l'issue de cette conversation. Cassie lui tourna le dos et avança jusqu'à la fenêtre. La nuit glacée avait embué la vitre. Elle tenta de faire disparaître les traces de condensation, mais le givre collant à la paroi de la vitre extérieure ne lui permit pas de voir quoi que ce soit. À croire que ni la lune ni les étoiles n'étaient disposées à l'aider dans cette situation délicate.

— On fait équipe non ? J'ai le droit de savoir. Jusque-là, je ne t'ai posé aucune question, mais ne crois pas qu'elles ne sont pas toutes dans ma tête : qui m'a dessiné ? Comment as-tu su que j'étais sur le pont de Brooklyn ? Comment vas-tu me ramener là-bas ? Où passes-tu tes journées ?

— C'est mieux ainsi, je ne veux pas t'accabler de tout ça.

— Cassie. Je veux être là pour toi, tu n'as pas à porter ça toute seule ! Donne-moi des réponses. Qui a fait ses dessins ?

— Moi, je suppose à environ 6 ans. Je ne me rappelle pas du moment où je les ai faits, mais je dessinais beaucoup à l'époque et je sais que ce sont les miens. Il y a quelques jours, dans la maison de ma grand-mère, j'ai trouvé un colis. Il était enveloppé de tous ces dessins et contenait un carnet qui m'était adressé par ma grand-mère.

— Un carnet ?

Cassie alla chercher son sac à main où elle l'avait précieusement rangé, puis montra l'objet en question à Hayden qui le feuilleta assez sceptiquement.

— Regarde, c'est une sorte de journal. Il y a notamment le croquis de cette pierre identique en tout point à celle que ma grand-mère m'avait montrée enfant. C'est cette pierre qui pourra te ramener chez toi.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu veux dire que ce caillou... attends, tu as conscience de ce que tu me racontes là ?

Évidemment la réaction d'Hayden était prévisible. Cassie s'étant déjà imaginé cent fois cette scène avait tout prévu bien qu'elle redoutait à présent de ne pas arriver à le convaincre. Hayden avait un esprit pragmatique, il lui fallait des preuves pour croire quoi que ce soit, consciente de cela Cassie avait pris soin d'en regrouper des tas.

— Laisse-moi t'expliquer. Regarde, tout est écrit là.

Cassie lui sortit plusieurs feuilles synthétisant les recherches qu'elle avait faites ces derniers jours. Il y avait tout un tas d'illustrations, de schémas et d'articles tirés de revues scientifiques sérieuses, mais surtout de sites internet à la crédibilité plus ou moins douteuse.

Consciente que le pire pourrait arriver si elle n'arrivait pas à convaincre Hayden, Cassie prit une grande inspiration et commença son explication la peur au ventre :

— Les minéraux émettent tous naturellement une "résonance" ou "vibration". C'est sur cela que se base la lithothérapie, l'art de soigner par les pierres. Il est connu par exemple que l'ambre apaise les douleurs.

Hayden regarda alternativement Cassie et les pages qu'il avait sous les yeux. Il se souvint que sa mère avait offert un collier d'ambre au fils du voisin en disant que cela l'aiderait à calmer ses douleurs de pousser dentaires. En apprenant cela, il avait ri de son incrédulité, n'ayant jamais cru à ce type de croyance populaire. À présent, il ne savait plus trop quoi penser et se contenta d'écouter dubitativement les explications de Cassie :

— La pierre de lune est appelée ainsi, car sa puissance de vibration énergique est équivalente à celle de la lune.

— La lune ?

— C'est scientifiquement prouvé qu'elle exerce une attraction sur terre, une force capable d'influencer la puissance des marées. Certaines études établissent aussi qu'elle influe sur les êtres vivants dans de multiples domaines comme la fertilité l'humeur, la croissance et le sommeil...

— Mais où veux-tu en venir ?

— Les pierres de lune sont des porte-bonheurs, on dit qu'elles peuvent exaucer les vœux. C'est de cette façon que tu pourras partir d'ici. Autrefois, j'en ai tenu une entre mes mains, j'en suis sûre. J'ai oublié beaucoup de choses avec les pilules qu'ils m'ont fait avaler ces années, mais cette image est restée en moi !

Hayden regarda Cassie avec stupeur ; elle semblait pleinement convaincue de ce qu'elle racontait. Lui était effrayé à l'idée que ses chances de retour reposent sur un grigri perdu Dieu ne sait où. Que devait-il en penser ? C'était invraisemblable, mais Cassie lui avait fait confiance et avait cru à son histoire. À présent, c'était à son tour de la croire. Tout cela était tordu, mais après tout ce n'était pas si fou en comparaison du fait qu'il avait changé de monde comme Elvis et compagnie.

— Le carnet parle aussi d'une carte, je suppose qu'elle doit indiquer où la pierre se trouve. Mais je n'ai aucune idée d'où elle peut-être...

Cassie soupira en essayant une fois de plus de creuser dans chaque souvenir qu'il lui restait de cette période de sa vie :

— Si seulement ma grand-mère était encore de ce monde pour nous aider... Tout ce qu'il me reste d'elle, c'est ce carnet et sa maison en ruine que j'ai fouillée de partout. J'essaie désespérément de me rappeler d'un détail qui pourrait m'aider, mais il me reste si peu de souvenirs que je ne connais les traits de son visage uniquement grâce à une photo.

— Le cliché dans ta chambre ?

Voyant Cassie approuver d'un geste de la tête Hayden s'empressa d'aller la chercher. Cassie avait déjà examiné la photo et celle-ci ne dévoilait aucun indice. Une fois le cadre photo entre ses mains, Hayden secoua l'objet et l'ouvrit.

— Mais comment tu as su ? s'étonna Cassie alors qu'ils découvraient qu'une carte avait été glissée à l'intérieur du cadre.

— Je crois que je l'ai toujours su, comme si je l'avais déjà vu... expliqua Hayden sans trop réaliser ce qui venait de se passer.

— Tu as souvent ces impressions de déjà-vu ?

— Comme tout le monde... dit-il en haussant des épaules

Contrairement à Cassie qui resta ébahie qu'Hayden ait pu trouver aussi facilement cette cachette. Hayden ne se posa pas plus de questions, préférant déplier la carte pour découvrir ce qu'elle indiquait. Une croix rouge était apposée en plein milieu.

— C'est une carte forestière, on doit y aller ! Maintenant !

— On ne peut pas se balader là-bas en pleine nuit, remarqua Hayden

Bien que Cassie insista, celui-ci réussit à lui faire entendre raison en lui rappelant qu'il faisait nuit et qu'il neigeait abondamment dehors. Ils décidèrent de programmer leur recherche au lendemain.

Ils se couchèrent l'un contre l'autre, mais l'ambiance n'était plus la même ayant soudainement pris conscience que cette histoire les dépassait.

Cassie n'arrivait pas à fermer les yeux. Si le problème de la pierre de lune était probablement résolu bien qu'il n'était pas sûr que la carte les conduise à elle, un autre mystère demeurait :

— Comment j'ai pu te dessiner...

— Peut-être que tu as rêvé de moi à cette époque... supposa-t-il assez sceptiquement.

— Un rêve prémonitoire ? C'était sans doute l'explication la plus logique... La première fois que je t'ai vu au café, j'ai eu cette drôle d'impression, celle de t'avoir déjà vu... Pas en rêve, en vrai... Ça ne te l'a pas fait à toi aussi ?

Hayden se tendit, il essaya de se rappeler. Est-ce que Cassie l'avait intrigué ? Pas vraiment. Il préféra ne pas répondre à sa question.

— Est-ce qu'il t'est déjà arrivé des choses étranges hormis le fait d'avoir atterri ici ? insista-t-elle.

— Non, qu'est-ce que tu vas imaginer ?

Cassie n'insista pas même si elle était persuadée que l'histoire d'Hayden ne se limitait pas à lui changeant de monde. Quelque chose de plus fou se cacher indiscutablement derrière cela.

Comment avait-elle pu dessiner Hayden à 6 ans ? Avait-elle pu se connecter à lui enfant ? Impossible et quand bien même, à cette époque Hayden était lui aussi qu'un gosse et il ne portait aucun tatouage.

Et si Hayden lui avait menti ? Peut-être qu'il n'était pas chanteur et que ses intentions n'étaient pas si innocentes que cela. D'un autre côté, elle n'oubliait pas cette vision plus réelle que jamais où elle l'avait vu sur scène...

Elle se tourna face à lui qui dormait à présent aussi paisiblement qu'un bébé. Une mèche de ses cheveux retombait sur ses yeux, elle replaça celle-ci derrière son oreille pour dégager son visage. Il avait l'air indiscutablement innocent et heureux tandis que de son côté des larmes coulaient silencieusement le long de ses joues.

Comment pouvait-elle douter de lui ? Elle espérait qu'ils puissent tous deux trouver des réponses pour comprendre où tout cela devait les mener. Quel que soit ce destin qui les attendait, elle se jura d'être forte et de se tenir prête à y faire face.

C'est à cet instant qu'elle décida de devenir ce qu'elle avait toujours redouté d'être, en acceptant ce qu'elle avait toujours été au plus profond d'elle. C'est ce choix qui allait bouleverser sa vie et indirectement celle d'Hayden.

Elle n'était pas spécialement courageuse, pas plus que n'importe lequel d'entre nous, mais elle l'aimait et pensait qu'il n'y avait pas meilleure raison de faire cela.

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