IV.02

Il ne travaillait pas ce matin. Enfin... Il ne commençait qu'aux environs de une de l'après-midi. Autant dire qu'il s'était un peu laisser allé dans le lit.
Sincèrement, après les événements de la veille, il avait été à deux doigts d'aller faire le footing de l'année avant que ses pensées coupables ne prennent trop le dessus. Jay avait réalisé un de ses rêves, l'une des plus désirés depuis son enfance. Mais à quel prix ? Il détestait les chats ! Et même s'il lui affirmait que ça allait, qu'il était absolument ravi de lui faire plaisir, Jungwon pensait complètement l'inverse.
Il câlinait coupablement Plume sur l'oreiller de son blond parti à neuf heures au travail. Il avait embarqué MucheMuche avec lui, lui laissant du temps à foison pour apprendre à connaître la petite boule de poil blanche qui s'ajoutait maintenant à la famille. À vrai dire, c'était lui qui lui avait amené ce matin, en même temps qu'un croissant encore chaud et un verre d'eau. Il ne sut pas trop pourquoi il méritait tout ça, mais il avait eu l'impression de tomber une nouvelle fois amoureux de ce garçon qui avait souris de toutes ses dents. Baiser sur le front avant de filer, lui promettant de ne pas rentrer tard.
L'animal, endormi près de son visage, s'était enroulé autour de lui-même comme réconfort. Il ronronnait par rythme régulier alors que le garçon dessinait des arabesques sur son pelage. Il était aussi distrait qu'il donnait toute son attention à la nouvelle Plume.
Jay lui avait affirmé avoir choisi celui-ci, avec sa grand-mère, parce qu'il savait qu'il lui correspondrait. De son avis, si cela était par rapport à sa couleur immaculée, elle n'était pas idéale pour lui. Il se voyait plutôt gris tournant vers le noir. Mais un blanc, comme les anges, non jamais.

"- Qu'as-tu dans la tête, Jay ?, murmurait-il doucement, ressentant le besoin de le dire à voix haute."

Puis, ne voulant pas réveiller la petite créature sur l'oreiller, il s'arrêta de la caresser. La fixant quelques instants, se pinçant doucement la peau de son poignet pour s'assurer ne pas rêver, une nouvelle fois. Mais non, c'était bien réel, et la douleur désagréable.
Délicat, il se retira lentement des draps, sans bruits, avant de filer avec l'assiette contenant sa pâtisserie du jour. En vérité, c'était plutôt rare que Jay se lève si tôt pour acheter quelque chose en boulangerie. Ils se couchaient toujours tard, alors le réveil piquait souvent un peu trop. À force de l'habitude, Jungwon connaissait les heures de ses réveils par coeur : 9h, 9h10, 9h20, et un à 25 parce qu'il avait toujours espoir que cinq minutes de plus seraient assez. Pour qu'au finale, l dernier soit à quarante et qu'il bougonne à se détacher de son oreiller chéri. Généralement, Jungwon entendait le premier et se levait à celui-ci, sauf aujourd'hui où il avait fait la sourde oreille jusqu'à ce que le blond lui touche doucement le pommette pour le réveiller et lui dire au revoir pour la journée.
En arrivant dans la cuisine, pieds nus, il trouva un petit post-it sur le frigo, juste en dessous du calendrier, avec juste un "passe une bonne journée, chaton" marqué dessus. Ça aussi, ce n'était pas si habituel, et voir son écriture élégante de bon matin était un plaisir pour les yeux. Il formait les 'o' de façon unique et il reconnaitrait sa patte entre dix. Il le décolla du frigo pour le poser sur la table derrière.
Fesses posées sur la chaise haute, téléphone en main, il surfait sur le net avec autant d'envie que se dire qu'il allait devoir allé au travail en laissant le chaton seul à la maison. Prévoyant, Jay avait quand même acheté pas mal de jouets pour qu'il s'occupe seul.
News du jour, bonne ou mauvaise, il les survolaient seulement pour se tenir informé de comment le monde se porte depuis le levé du soleil. Une grande entreprise automobile venait d'investir des millards le projet d'une fortuné qui prévoyait d'envoyer des gens dans l'espace pour tenter de créer une civilisation spatiale. Planète détruite, ils en convoitaient d'autres pour survivre après leur bêtises. Enfin... Il était mauvaise langue. Quand il avait quatre ans, il rêvait d'exploration spatiale et de découverte de l'Univers. Ça s'était atténué avec le temps et maintenant, il n'avait plus besoin de chercher les merveilles de la galaxie. La plus belle habitait avec lui et avait le même bijou à l'annulaire depuis quelques temps.
Une bonne nouvelle, des scientifiques venaient de trouver une solution à l'extinction de certaines races menacées, des parcs de sauvegardes amenaient en soins les plus fragiles avant de les relâcher pour qu'elles recommencent à vivre leurs vies.
Un romancier venait d'être récompenser pour un de ces romans à "retourner le cerveau". Ceux dont la critique saluaient le talent sans être à court de mots. Le nom disait quelque chose au brun qui se demandait s'il n'avait pas déjà lu un de ces manuscrits auparavant. Peut-être au lycée ? Ça ne l'étonnerait pas, il était polyvalent et s'était essayé tous les styles. Romancier des temps modernes, il était habile des mots, selon l'énoncer de l'article.
Le suivant parlait de Jay. Celui-ci, il s'y était arrêté. C'était un des gros journal du pays qui saluait son charisme et son talent sur scène. Le blond avait participé à un défilé récemment, un peu loin d'ici, un de plus auquel Jungwon n'avait malheureusement pas pu assister. La photo était très belle et il la capturait dans son cellulaire, souvenir du magnifique garçon dessus. Le bras tendus vers le ciel, son visage suivant la direction de ses mains, il paraissait pleurer. De la comédie évidemment, il était incroyable. Depuis qu'il avait commencé son tournage, il y a quelques jours, il transmettait les émotions avec plus de puissance et d'intensité qu'auparavant. Paraissait-il que ses collègues acteurs l'aidaient beaucoup. Jungwon ne les avaient pas encore rencontré, par faute de temps.
En lisant l'article, il sourit malgré lui en voyant les louanges s'entasser sans s'arrêter dans des phrases plus belles les unes que les autres. De toute façon, quand ça parlait de Jay et que c'était positif, Jungwon était toujours on ne peut plus fier. À la fin de sa lecture, il avait envoyé le lien à son blond avant de quitter la page internet et de faire un tour sur les réseaux.
Surprise numéro un : il avait photographié Jungwon de dos, portant le chat dans son bras en lui faisant un énorme câlin. "Si vivre signifie le voir heureux, alors je vis bien", en description. Simple et efficace, ça avait fait rosir les joues du brunet.
Surprise numéro deux : il avait mit le fameux cliché comme fond d'écran. Comment il le savait ? Jay venait de republier une identification de son collègue acteur qui l'avait filmé en lui demandant comment il sentait la journée aujourd'hui. Il l'avait évidemment taquiné en répliquant "si tu ne te foires pas une fois dans ta réplique, ce n'est pas une bonne journée", suivit d'une offusquation bruyante du concerné qui jetait une serviette bleu marine en direction du garçon. L'extrait s'arrêtait là. Mais en quittant l'application de son téléphone quand son copain avait commencé à filmer, il avait vu la fameuse photo.
Touché, Jungwon sourit en mordant la lèvre. Parce qu'il se trouvait agaçant d'avoir la banane jusque aux oreilles pour si peu.
Plume, quelques minutes plus tard alors qu'il trainait sur une application de vidéos courtes, était venue réclamer des câlins avec de petits miaulements, qui avaient fait fondre elle jouer du jeune homme. Immédiatement, il avait tout lâché pour lui porter toute son attention. Assis à même le sol, il grattait son menton, massait son dos de ses ongles courts, embrassait son bout du nez et de lui parler comme l'être le plus gaga de la planète entière. Heureusement qu'il était seul à la maison, Jay se serait moqué de sa voix si aiguë.
À contre-coeur, il était parti se doucher. Laissant quand même la porte entre-ouverte pour que Plume ne se sente ni exclus, ne seule. Une heure plus tard, il sortait enfin de chez lui. Les "à plus tard" s'étaient enchainés par dizaines et il avait bien mis trente minutes à quitter l'appartement en lui promettant de rentrer le plus vite possible. Ça avait été déchirant d'entendre ses miaulements d'appels, mais il avait du travail.
Il était arrivé en retard, pas surprenant au vue de l'heure à laquelle il était parti. Lucy s'était immédiatement tourné en entendant le carillon de la boutique. Tandis que des habituées saluaient le patron, le jeune fille avait levé un sourcil, un rire sur le bord des lèvres.

"- Quoi ?, demandait-il en passant derrière le comptoir.

- Vous avez oublié de vous lever ?, préparant un café

- C'est pire que ça.

- Monsieur Jay vous a retenu en otage ?"

Il l'avait regardé quelques instants en imaginant la matinée incroyable qui se serait passé s'il était resté avec lui au lit. Mais il secouait la tête, non il n'était même pas à la maison ce matin.

"- Vous avez été pris dans les bouchons ?"

Non la route avait été accessible aujourd'hui, surement que le temps grisallant d'une pluie certaine y était pour quelque chose. Personne ne sortait par un temps pareil.

"- Non, soupirait-il en fixant un tablier sur ses reins, Jay m'a fait une surprise... improbable.

- Il vous a accroché au lit et vous avez perdu la clé ?, le plus sérieux du monde.

- Lucy ! Il y a des clients !, la reprit-il doucement en lui tapant doucement l'épaule.

- Mais c'est ça ?, un sourire complice aux lèvres.

- Non, je ne marche pas comme un pingouin aujourd'hui, jusqu'à preuve du contraire, nettoyant des tâches faites par mégarde.

- Vous gagnez un point, admit-elle, avant de mettre de la chantilly sur le dessus de la boisson."

Restant quand même professionnel, elle quitta d'elle-même la conversation pour apporter un plateau soutenant deux boissons chaudes et une part de gâteau au chocolat noir. Embarrassé qu'elle l'ait dit à haute voix, il se sentait mal-à-l'aise, ayant l'impression que certaines clientes le regardaient en se demandant quelle vie intime palpitante il devait avoir. Mauvaise influence de Jay, c'était certain, elle aurait restreint sa voix auparavant.
En revenant, la jeune fille bousculait amicalement l'épaule de Jungwon avant de demander :

"- Alors pourquoi vous n'arrivez que maintenant ?"

Il soupirait, elle ne lâcherait pas l'affaire de toute façon, essuyant ses mains d'un petit torchon blanc à moitié sale, se tournant vers elle pour lui dire :

"- Jay et sa grand-mère m'ont offert un chat.

- Mais non ?, hurlait-elle presque dans le café, de surprise."

Il ferma fortement les yeux face à sa maladresse totale.

"- Je vais te virer, Lucy.

- Pardon, pardon, la voix réduite au possible, c'est juste que c'est... surprenant.

- N'est-ce pas ?"

Même lui n'en revenait pas. Il essorait l'éponge spéciale après l'avoir rincé lorsqu'il soupirait.

"- J'ai eu beaucoup de mal à quitter la maison ce matin du coup, abattu rien que de penser que le chaton était en ce moment-ci seul chez eux.

- Mais, je pensais que monsieur Jay n'aimait pas les chats ?, nettoyant la machine à café, méticuleusement, fronçant les sourcils.

- Figure-toi que moi aussi."

Il avait ensuite attrapé le paquet de grain non moulu dans le placard juste en dessous de l'évier lorsque Lucy ouvrit la machine pour remplir les stocks, un silence prenant place quelques instants tandis que le brouhaha calme du café les entouraient. La faible musique d'une playlist aléatoire sur le téléphone de la jeune fille s'entendait à peine, il fallait vraiment tendre l'oreille pour ne serait-ce qu'entendre un instrumental.

"- Il a passé sa soirée à jouer avec, à lui gratter la tête, se remémorait-il quand Lucy se mit. ses côtés pour essuyer des tasses, prises dans la machine à laver derrière eux, je ne comprends pas d'où vient la mouche qui l'a piqué et qu'est-ce qu'elle lui a fait.

- Ça veut dire que vous avez un chat chez vous, maintenant ? Et Truc-Muche ?

- Un chaton, blanc comme la neige, la reprit-elle doucement, et apparement MucheMuche n'est pas dérangée par celui-ci.

- Et il a un p'tit nom ?, curieuse.

- Plume, Jay m'a laissé le choisir à ma guise."

Lucy ne dit plus rien. Plus d'interrogation sur le pourquoi Jay avait fait une telle chose, pourquoi lui qui n'aimait pas les chats venait d'en adopter un soudainement. Rien, elle nettoyait ses verres tranquillement. Sauf que son manque de parole mit la puce à l'oreille qu'elle se perdait dans ses pensées un peu trop loin.
Jungwon tourna son regard vers elle, la trouvant en train de fixer le vague en essuyant à peine le verre qu'elle avait en main.

"- Quel romantique, au bout de quelques secondes.

- J'ai plus l'impression de l'avoir contraint malgré moi, grimaçant.

- Comment ça ?, haussant les sourcils dans sa direction.

- J'ai toujours rêvé d'un chat, admit-il en baissant la tête, sur son alliance brillant, je croisais toujours le même en rentrant du lycée, Grenade que je l'appelais, avec un sourire nostalgique, tu aurais vu la distance entre l'animal dans mes bras et Jay à l'époque, c'était impressionnant.

- Un chat errant ?

- Non, après quelques secondes de silence, d'un ancien ami à lui."

Parler de Heeseung, même après autant de temps, c'était douloureux. Il s'était même découvert une haine profonde pour le chiffre 5. Explication non nécessaire, il était complètement révulsé par le garçon en question, et il n'avait jamais aimé que son chat. Chat qui n'aimait pas non plus son propriétaire, il se demandait bien pourquoi. Ironiquement.

"- Vous en faites une tête, se moquait Lucy gentiment, vous ne l'aimez pas ?

- Pas plus que les pimbêches qui s'approchent de Jay à tous les défilés."

Evidemment au courant, la jeune fille pouffait. Ce n'était un secret pour aucun des deux, il serrait fortement les dents à chaque fois qu'il voyait les célibataires endurantes venir converser avec le blondinet. Professionnel, il ne disait jamais rien. Avec leurs cheveux trop parfaits et leurs visages de sirènes, elles en charmaient plus d'un. Dommage, l'hypnose ne fonctionnait pas sur lui. Ni sur Jungwon qui grinçant des dents avant de s'enfiler sa coupe d'une traite, lorsqu'il assistait aux défilés.
Décolletés par-ci, et voilà que sa touche son bras en riant faussement, agrippant son bras s'il allait saluer d'autres personnes influentes. Il n'était pas méchant dans ses mots, mais elles tiraient toujours une tronche pas possible quand il se dégageait dès que l'occasion se présentait. Et vas-y qu'elles lui envoyaient des messages droit au but par les réseaux, qu'elles se collaient à lui quand elles le pouvaient. Ça faisait hérisser le poil du brunet qui n'arrivait pas à détacher ses yeux d'eux.
Jungwon tenait à son anonymat par simple raison de ne pas vouloir finir par se faire reconnaitre partout où il allait comme le "mari lambda du célèbre mannequin en vogue". Les premiers temps, quand il venait aux défilés, il finissait par disparaitre de la réception pour aller retrouver la fraicheur agréable de l'extérieur. Sauf que là aussi, il en entendait des choses. "Tu as vu ? P. Jay est venu ! Il est encore plus beau en vrai, j'en ferais bien mon quatre heures"; "J'ai entendu dire que P.Jay était célibataire. Comment est-ce même possible ? Ah oui, je sais. Il ne m'a pas encore rencontré"; et il en passait. Toujours suivit de gloussements affreux qui lui agressaient les tympans.
Il n'avait pas voulu en parler à Jay, dans les premiers temps. Parce qu'il avait eu peur d'altérer son travail à cause de sa jalousie invalide. Or, fidèle à lui-même, le garçon en question lui avait tiré les vers du nez par un quelconque subterfuge qu'il avait déjà utilisé auparavant. Le sagouin. C'était à ce moment-là que Jungwon avait entendu la première fois qu'il n'aimait pas vraiment fréquenter les banquets d'afters, tout simplement parce qu'il y avait toujours une sangsue accroché à sa veste ou sa chemise. Il avait rassuré le brunet un million de fois à propos de ceci. Juste en lui disant "ce qu'elles sont agaçantes quand elles ont une idée en tête", alors qu'ils quittaient la fête.
Leurs retrouvailles à la maison était toujours... comment dire.. fantastiques ? Des moments à étouffer la fraicheur de la pièce en un rien de temps.

"- Il est si horrible que ça ?

- Ce n'est pas le pire de tous, avouait-il, mais si je pouvais rester loin de lui jusqu'au bout de ma vie, je ne m'en porterais que mieux.

- Il y a donc vraiment des gens que vous ne portez pas dans votre coeur.

- C'est si surprenant que ça ?, replaçant les gâteaux dans la vitrine pour faire encore plus envie aux clients.

- Hum hum, hochant la tête, je ne vous ai jamais vu détester quelqu'un."

Il la fixait tel un merlan frit. Jungwon ? Le aimer tout le monde ? Il y avait erreur sur la personne. Pour citer Jay, il y a des années auparavant "tu feules comme un chat face aux inconnus"; ainsi que "j'osais pas venir te parler parce que tu m'impressionnais en seconde".
Alors il rit doucement.

"- C'est l'effet Jay, dit-il doucement avant de se taire complètement."

Une cliente venait de se présenter au comptoir, porte-monnaie en main. Il avait cette expression des personnes adorables dans la vie. Il la saluait tandis que Lucy lui demandait ce qui lui ferait plaisir. Un morceau de la forêt noire et un carrot cake pour son amie. Déjà devant la vitrine, Jungwon s'en charge tandis que la serveuse l'encaissait en lui demandant comment avait-elle trouvée les boissons fraîches, les nouveautés de la saison. Une fraise banane, avec un ingrédient mystère. Sa copine avait apparemment prit une création de Jungwon : Kiwi ananas. Délicieux et savoureux d'après ses dires et son grand sourire. Fier, Jungwon le lui rendit.
Allez savoir pourquoi, elle avait gloussé doucement, le rouge aux joues avant de filer à petits pas vers sa table. Peut-être que dire les compliments directement au patron devait l'avait rendu timide. Ça arrivait parfois.

"- L'effet Jay ? C'est quoi ?, rangeant la monnaie en ordre dans la caisse.

- Disons qu'il a réussi à adoucir mon caractère de solitaire acharné, plissant les yeux."

Ils rirent doucement en choeur.

"- J'ai du mal à vous imaginez autrement que le gros nounours qui me sert de patron.

- Si tu n'avais pas de potentiel copain, j'aurais presque pu prendre ça pour de la drague, mistinguette.

Amusée, elle tirait la langue avant de mettre à laver les verres rapportées par la jeune fille.

"- En parlant de potentiel copain, comment va Josh ?"

Elle se figeait quelques instants. Verres posés de manière rassurante sur le plan de travail avant de se retourner, rouge comme une tomate. Il sursauta presque en voyant son embarras visible comme son nez au milieu de son visage.

"- Quoi ?, essuyant inutilement ses mains dans le torchon laissée par Lucy.

- Il... Il m'a dit que j'étais belle."

Si ça avait été quelqu'un d'autre, il aurait pensé qu'elle en faisait tout un patacaisse pour rien. Or, c'était de Lucy dont il était question. La plus fleur bleue des personnes qu'il connaissait.

"- Et il m'a embrassé la joue en me ramenant à la maison, se rattrapant au plan de travail derrière elle.

- C'est bien, s'enthousiasmait-il, on avance !

- Monsieur Jungwon, vous ne comprenez pas."

Ah pour ne pas comprendre, il ne comprenait pas. Elle avait toujours espérée prendre son temps avec quelqu'un qu'elle appréciait vraiment et voilà qu'elle semblait dire le contraire. Alors non, il ne voyait pas le problème ici.
Perdu, il haussa un sourcil.

"- Il m'a embrassé la joue !

- Et du coup ?, pas plus éclairé que précédemment.

- Là, désignant la fin de sa joue, près de son oreille, plus près de sa pommette que sa bouche.

- Mais encore ?

- J'ai fais un malaise en arrivant chez moi ! Ma mère s'est affolée, attrapant son visage de ses mains.

- Lucy tu es au boulot, lui rappelait-il, va te laver les mains."

Encore dans tous ses états, elle s'exécutait sans hésiter.
Si elle s'évanouissait pour si peu, qu'est-ce que ça serait quand ils échangeront leur premier baiser ? Il l'aurait bien charrié sur ce point mais le sien lui avait été volé par Jay, de manière offusquante qui plus est.
Le carillon venait de sonner. Automatiquement, Jungwon avait relevé les yeux sur le nouveau client. Et quel client, il fit les gros yeux.

"- Bonjour, dit-il d'un ton cordial."

Professionnelle au possible, Lucy salua aussi la personne en s'essuyant les mains. Il aurait rigolé en entendant son souffle s'éteindre derrière lui tandis qu'il souriait au garçon. Le fameux Josh venait de pénétrer dans la boutique.

"- Josh, qu'est-ce que tu fais ici ?, se précipitant vers le caisse.

- Je passais dans le quartier, dit-il, une main dans la poche, à la cool, je me suis dit que ça serait sympa de venir te voir."

Il fallait voir la panique de Lucy à cet instant précis, même les pivoines n'étaient pas aussi colorées.

"- Et comme j'ai du temps, je vais me poser un peu, j'ai vu une table dans le fond qui est libre.

- O... Oh, d'accord, appuyant inutilement sur l'écran, faisant genre d'être impliqué dans son travail plus que dans la discussion, qu'est-ce que tu aimerais ?

- Hum... Un café latté, comme ça je prends mon temps."

Lucy se serait liquéfiée si cela était possible. Elle hochait seulement la tête tandis que Josh, séducteur à fond, payait comme de rien. Avant de se détourner, il lui sourit avec un sourire en coin qu'il connaissait bien sur Jay. Il flirtait ouvertement.
Quelques dizaines de secondes plus tard, elle se tourna vers Jungwon qui se retenait de rire tant la situation était à mourir de rire.

"- En parlant du loup, rigolait-il doucement alors qu'elle commençait déjà le café.

- Il fait une chaleur à mourir, vous ne trouvez pas ?, changeant de sujet en remontant les manches fluides de sa chemise, un peu plus haut.

- Non, ça va, haussant les épaules."

Le regard fusillard qu'elle lui lançait dit sourire le brun qui levait les mains en l'air comme pour dire qu'il n'avait finalement rien dit.

"- Tu crois que tu arriveras à lui apporter ?, taquin.

- Je sais faire mon boulot, râlait-elle doucement.

- Fais gaffe, il pourrait t'embrasser l'autre joue."

Le coup dans le bras ne se fit pas prier. Et il rigolait encore lorsqu'elle parti lui apporter sa boisson.

L'amour d'adolescence, quelle chose amusante.

















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[PAS RELU]

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