(Halfkit : Petit Nuage
Lunacykit : Petite Folie) 
NDA : il peut y avoir des incohérences dû au fait que ces personnages ont existé il y a... longtemps, surtout en tant que chatons, avant que Petite Folie ne devienne la paria. 

     Il y avait cinq chatons, se tenant plus compagnie d'eux-mêmes, au milieu des histoires. La nuit tombait avec l'ennui sur ce petit groupe. Ils aimaient s'inspecter entre eux. 

     —  Je pense que si on faisait un concours de grimace, Petite Folie gagnerait tout le temps, dit Petite Ficelle. 
     —  Non, je peux faire mieux, rétorqua Petit Lion. 
     —  Je parie aussi sur Petite Folie, affirma Petit If, droit sur ses pattes. 
     —  C'est trop facile, Petite Folie gagne tout le temps. 

       Petit Nuage souriait avec confiance, elle se plaça du côté de sa sœur à langue pendante. 

     —  Mais... fit cette dernière. Cz'est pas zjuste, Petit Lion doit avoir sza chsance. 
     —  Trois contre deux, alors ? proposa Petite Ficelle, comme Petit If changeait d'avis.

       Pfft, ils vont se faire postillonner dessus ! pensa Petit Nuage. Elle fut déconcentrée par un regard complice de sa compère. 

       —  A trois... Un, deux, trois, décompta Petite Ficelle. 

        Le trio d'en face essaya des froncements et des sourires exagérés, qu'ils ne purent tenir à la vue de leurs adversaires. Petite Folie léchait la joue de Petit Nuage, lui donnant l'air prêt à vomir. 

      —  Mais, qu'est-ce que tu fais ! crissa-t-elle en lui cognant la truffe. 
      —  Jze voulais que cz'est toi qui gagne, Nuagze ! lui postillonnait-elle. 
      —  Haha, Petit Nuage, fais attention tu vas être contaminé ! gloussa Petit Lion.  
      —  Rah mais non ! Lâche-moi euh ! 

       A chaque fois, Petit Nuage finissait par devoir la rejeter, parce qu'elle se retrouvait plus dégoûtante qu'elle... 

     —  On a gagné, non ? bavait cette dernière. 
     —  Nan, je veux jouer à autre chose, clama Petit Nuage, s'approchant du reste de sa fratrie. 
     —  Eew, non ! M'approche pas espèce de contagieuse ! criait Petit Lion. 
     —  Aaaah ! fanfaronna Petite Ficelle, s'agrippant à une branche de buisson. 
     —  Mais ! Je suis pas contaminée, c'est Petite Folie qui—
     —  Accuse pas Petite Folie, c'est pas sa faute si t'es moche et qu'elle veut te laver, la railla Petit If. 

      Elle voyait rouge, elle aimerait tellement pouvoir s'amuser, mais c'était toujours Petite Folie qui gâchait tout ! 

      —  Cz'est méchzant, les z'écoute phas, tu es jzolie ! 

       Cette exclamation lui cingla à la figure en même temps que Petit Nuage lui heurta la sienne. Elle se moquait d'elle en plus, elle n'arrêtait jamais ! 

      —  Qu'est-ce qu'il se passe ? bâilla une voix adulte ; leur mère, Étoile Sanglante. Soyez gentils avec Petite Folie, c'est votre sœur, elle est comme vous, d'accord ? 
      —  Oui maman ! répondit Petit If.

      Il bordait les racines, imitant une expression de vomi à Petit Nuage. Et elle ? Ils ne devaient pas être gentils avec elle ? 

      —  Vous devriez faire moins de bruit et aller dormir, il est tard, murmurait la cheffe. 

      Petit Lion, Petit If et Petite Ficelle se rassemblèrent dans la pouponnière, et la noiraude fatiguée attrapa Petite Folie pour l'y ajouter. Petit Nuage dût rentrer d'elle-même alors que sa génitrice ressortait. Elle se demanda, est-ce que c'était de sa faute qu'elle ne dormait pas avec eux ? Petit Nuage n'avait rien fait, elle... En fait, la vérité était que, c'était Petite Folie le problème auquel ils étaient tous aveugles, c'était dans son nom, sa salive, sa langue de serpent, son pelage collant... 

      La jeune féline se roula dans son coin, elle jurait de trouver un moyen de leur ouvrir les yeux. Elle, elle ne méritait pas d'être seule... Elle se frotta son visage dégoulinant, gonflant ses joues pour se retenir de régurgiter. Cette odeur nauséabonde se dissipait à peine qu'elle perçut des murmures. 

      Petit If et Petite Folie s'étaient assis, Petite Ficelle écoutait, et le dernier était couché, bien qu'il devait aussi s'intéresser à la conversation. 

     —  Haha, c'est trop cool ta langue là, tu ressembles à une vipère, admirait Petit If. 
     —  Çza fzait peur, une vzipère... murmurait-elle. 
     —  Non, c'est trop beau ! Tu as des taches pareilles, je suis presque sûr. Petit Nuage pense que tu es moche, mais elle devrait se voir avec sa tronche coupée en deux. 
     —  Mzais... commença-t-elle d'un léger amusement. 
     —  Tu penses quoi de ma cicatrice toi ? Personne dit jamais rien, mais je vois personne avec une cicatrice aussi grande. Je sais même plus comment c'est arrivé ! 
     —  Oh, jze pense zc'est jolzi. Cz'est, z'euh... a l'air doux. Tu as mal jze crfois ? 
     —  J'y pense beaucoup parce qu'elle fait un peu mal, elle me tire le cou et le ventre, des fois... mais j'espère qu'elle est jolie ! 
     —  Z'oui ! En fzait cz'est comme moi, ma mâchzoire fait mal z'aussi. 
     —  Je crois que les adultes ont dit un truc du genre, il faut souffrir pour la beauté. C'est ça en fait ! 

     Les grands yeux de Petite Folie brillèrent, elle tut son enthousiasme dans le torse blessé de son frère, y passant une caresse pour qu'il soit moins douloureux. 
     Elle a qu'à être sa copine, si elle est si jolie ! 
     Si elle n'existait pas, Petit Nuage pourrait être à sa place, elle serait belle, mignonne, remarquable, avec un cœur vif et léger, rempli d'amour. Mais comme ils le disaient, elle l'avait contaminée, rendue malade, elle le sentait dans ses tripes. Oh, elle n'allait pas se gêner pour lui rendre ce qui lui appartenait.