Chapitre 20 - Allyne


Aujourd'hui je n'ai pas le choix que d'aller au studio. Mon book complètement terminé pour la collection, mon patron a validé le tout. Je lui avais déjà montré mes premières esquisses puisque j'ai pu commencer la confection des robes. J'ai apporté avec moi mes premières créations, il a observé et à sourit. Le modèle n'est jamais le même en vrai que sur le papier et mon patron aime tout voir de A à Z.

J'ai exposé mes premiers modèles dans la grande salle, réceptionné par la responsable. Dorothée, qui est celle qui range tous les modèles, enregistre, s'assure qu'il n'y ai pas la moindre erreur ou le moindre défaut. Elle est stricte, mais gentille, je l'apprécie beaucoup. Il nous est déjà arrivé de déjeuner ensemble.

Evidemment, avec la chance que j'ai, je croise Justin dans le couloir alors que je prenais la direction de la sortie. A croire qu'il a un radar quand je suis dans les locaux, car son étage est au cinquième, nous sommes au troisième.

Je ralentis le pas, il me sourit, s'approche, relève la main et me caresse le bras. J'ai un mouvement de recul, son regard s'assombrit, son sourire se fait plus petit, mais ça ne dure que quelques secondes. Cependant, assez pour que ça me déstabilise. Je n'aime pas quand son visage se ferme ainsi, c'est à chaque fois lorsqu'il est contrarié. C'est très court, durant un laps de deux secondes à peine, mais assez pour me faire flipper.

— Allyne, ça me fait plaisir de te voir.

Je garde mes lèvres pincées. Dimanche, il ne s'est pas joint à ma famille et j'en avais été soulagé, jusqu'à ce que mes parents ne parlent que de lui, me rabâche sans cesse les oreilles de mon « couple » avec Justin. Et encore une fois, ils ne m'ont pas laissé placer un mot et je n'ai pu prendre le courage de leur dire ce que je pense, ce que je ressens vraiment et ce que je désire. Je n'ai que Flynt à l'esprit et c'est ce qui m'aide à supporter tout ce foin. Je ne veux plus tenter quoi que ce soit avec Justin qui lui, semble vouloir reprendre notre histoire. Et je ne comprends pas pourquoi !

Samedi a été idyllique. Et très passionnel. Je crois n'avoir jamais fait autant l'amour sur une journée ! On est resté chez Flynt et j'ai beaucoup aimé la simplicité et la complicité entre nous. Au soir, nous ne sommes pas aller à l'Eden, mais ce n'est pas pour autant qu'on n'a pas été tactile. Dimanche matin est vite arrivé et bien que je n'avais pas envie de le quitter, j'en étais obligé, avant d'encore décevoir mes parents. Il n'a rien dit, mais j'ai bien remarqué que ça ne lui plaisait pas. Pas que j'aille voir mes parents, mais qu'on dicte ma vie à ma place. Flynt est contre ce précepte. Moi aussi, mais je n'ai pas la force de me dresser contre ma famille, je suis toute petite face à eux.

Je cligne des yeux, tente un pas de côté.

— Je dois y aller, soufflé-je.

— Déjeunons ensemble.

Il ne le demande pas, il l'impose, comme il l'a toujours fait. Jusqu'à maintenant, je n'avais jamais réalisé cet état de fait, je m'étais toujours plié à ses exigences. A présent, ça m'agace.

Il s'avance même, entrant dans mon propre espace. Je me recule à nouveau. Ses sourcils se froncent, mais il reste souriant et tends à nouveau le bras vers moi. J'esquive son touché et me recule encore.

— Je dois y aller !

Rapidement, je passe à côté de lui. Il m'attrape le poignet, m'arrêtant dans mon élan. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine.

— Attends ! dit-il plus durement. Je t'emmène déjeuner !

Son ton est sans appel, mais je ne veux pas. Je n'ai pas envie de passer ne fut-ce qu'une minute avec lui, encore moins lorsqu'il est autoritaire de la sorte. Si son côté mielleux m'insupporte, celui-là c'est pire !

Par chance, un collègue l'interpelle. Il est obligé de me lâcher, j'en profite pour prendre la fuite.

Mon pouls bat frénétiquement. Mon souffle est erratique. J'ai peur.

Il me fait peur.

Toute tremblante, j'entre dans ma voiture. Je ne mets pas directement le contact et serre le volant de toutes mes forces et tente de me calmer.

Bon sang, j'aimerais tant lui dire : va au diable !

Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir le récupérer alors qu'il m'enferme comme dans une cage, me rendant impuissante, prisonnière.

Sa prisonnière.

Encore une fois, Flynt m'a ouvert les yeux sur plusieurs aspects de ma vie dont je n'avais pas pris conscience avant notre rencontre.

Mon téléphone sonne, me sortant de ma torpeur angoissante. Toujours aussi fébrile, j'extirpe mon mobile de mon sac, un léger sourire, même si un peu crispé, orne mes lèvres en voyant qui tente de me joindre.

— Flynt, soufflé-je en décrochant.

— Bonjour mon petit ange, me salue-t-il de sa voix suave.

Des frissons s'écoulent le long de ma colonne vertébrale rien que sous ce timbre.

— Je ne te dérange pas ? me demande-t-il.

— Non, je viens de quitter le studio et d'amener quelques-unes de mes créations.

— Tout va bien ?

— Oui... je...

— Allyne, que se passe-t-il ?

— Ça va, je t'assure, soufflé-je.

— On déjeune ensemble ?

— Euh... si tu veux.

— J'ai envie de te voir, dit-il d'une voix rauque.

Je souris. Moi aussi !

— On se rejoint où ?

— A l'Alouette, tu sais où ça se trouve ? Je peux aussi très bien venir te chercher.

— Ça ira, je connais le restaurant.

— Parfait, je démarre, on se rejoint là-bas.

— A tout de suite.

Je coupe la communication et mets enfin le contact, quelque peu calmé de mon altercation avec Justin un peu plus tôt.

Environ une demi-heure plus tard, je rejoins Flynt au restaurant. Assis en terrasse, lorsqu'il m'aperçoit, il se lève tout en me souriant. Subitement, j'ignore comment agir. C'est la première fois qu'on se rencontre ainsi en public – en dehors de l'Eden. Cependant, je n'ai pas à me poser la question bien longtemps, car dès que je suis près de lui, il pose une main sur la joue et m'embrasse les lèvres avec douceur. Ensuite, il m'invite à m'asseoir.

— Tu es magnifique, chuchote-t-il.

Mes joues s'enflamment sous ce compliment. J'ai vêtu ce matin une robe de couleur cerise assez simple : la jupe s'arrête au-dessus de mes genoux, à manches courtes au niveau de mes épaules, le décolleté est en V et laisse apercevoir le haut du galbe de mes seins.

Avant Flynt, je n'osais pas me montrer de la sorte, mais il a ouvert mon esprit, m'a fait aimer cela. Je me sens plus femme. Plus belle. Désirable.

Nous passons commande, nos boissons nous sont rapidement apporter et dès que le serveur s'éloigne, Flynt pose sa main sur la mienne.

— Et si tu me disais ce qui te tracassait lorsque je t'ai appelé.

J'aurais dû me douter qu'il reviendrait là-dessus, il l'a tout de suite perçu !

— Ce n'est rien, je t'assure. J'ai croisé Justin et il m'a... un peu acculé.

— Que te voulait-il ?

— Qu'on déjeune ensemble. Mon refus l'a un peu contrarié, il a tenté de m'imposer ce déjeuner. Si l'un de nos collègues ne l'avait pas interpellé, j'ignore comment j'aurais pu me soustraire à cette pression dont il faisait preuve.

— Il faut que tu trouves le moyen de lui tenir tête, tu ne peux pas te laisser faire de la sorte.

— Je sais.

— Je suis sérieux. Il n'a pas à t'imposer quoi que ce soit. Quand c'est non, c'est non !

Je lui souris, un peu contrite.

Nos assiettes arrivent. Le sujet dévie sur autre chose et petit à petit, je me détends complètement. La compagnie de Flynt est si agréable que ça ne peut aller autrement. Il m'apaise.

— Tu me rejoins ce soir, à l'Eden ?

— Je ne peux pas aujourd'hui, j'ai promis à Charlotte de passer la soirée avec elle.

— Il n'y a aucun souci. Vous avez prévu quoi ?

— On compte aller boire un verre au Splint, c'est un bar où on va de temps en temps. Et promis, pas d'alcool pour moi cette fois !

— Je ne m'en fais pas. Envoie-moi un message quand tu es rentré. J'aurais l'esprit tranquille, ainsi.

— Je serais sage, je t'assure ! Il n'y a qu'avec toi que...

— Tu ne l'es pas ?

— En fait, si, je le suis, c'est toi qui ne l'es pas ! ris-je.

Il sourit, caresse mes doigts des siens. Ce simple geste, si tendre, m'ébranle. On agit comme un couple alors qu'on ne l'est pas vraiment. Mais ça m'est égal.

Je n'ai pas envie que ce délicieux moment s'arrête trop vite.

***

Je m'observe une dernière fois avant de rejoindre Charlotte à notre bar. La robe que j'ai enfilée est sobre. Noir, ni trop longue, ni trop courte. Pas de décolleté plongeant – ce n'est réservé qu'à mon amant ! –, et j'ai relevé mes cheveux dans un chignon bouffis.

J'attrape un gilet, mon book, car je désire montrer mes derniers croquis à ma meilleure amie, mon sac, et je vais la rejoindre.

Le Splint est déjà bondé alors qu'il est à peine 21 heures. En m'apercevant, de la table où Charlotte est installée, elle me fait de grands signes. Je la rejoins, le sourire aux lèvres. L'embrasse sur la joue, prends place et nous passons commande.

— Alors, ton amant torride me laisse la place, ce soir ?

— Ne l'appelle pas ainsi, soufflé-je, les joues déjà en feu.

— Quoi, il n'est pas torride ?

Je m'enflamme davantage et elle se met à rire.

— Je le savais ! Vous l'avez enfin fait ! Ce n'est pas trop tôt ! Depuis le temps qu'il te travail au corps !

— Tu sais, une vie sexuelle, c'est personnel...

— Oh allez ! Dis-moi au moins s'il t'a fait grimper au rideau ?

Je roule des yeux, elle n'est vraiment pas possible !

— Oui ! Satisfaite !

— Seulement si tu remets ça avec lui ! Je ne t'ai jamais vue autant épanouie !

— C'est déjà fait, soufflé-je.

— Oh purée ! Mais ma parole, il est en train de te dévergondée ! Fini la Allyne sage !

Je baisse les yeux, très mal à l'aise.

— Hey ! C'était pour plaisanter ! Je trouve cela vraiment bien ! Ça à l'air d'être vraiment un mec bien !

— Il l'est. Très attentionné aussi, à l'écoute.

— Vous êtes ensemble ?

— Non, je ne pense pas qu'on peut utiliser cet intitulé. On se voit et on vit le jour le jour en apprenant un peu plus à se connaître au fil du temps.

— Et il n'y a pas de mal à ça ! Tant que tu es bien et heureuse, moi ça me va ! Et j'adore comment tu te métamorphose !

— Mes parents ne sont pas du même avis...

— Ils sont trop preux, c'est pour ça ! Et tu veux trop leur plaire alors tu ne peux pas être toi-même avec eux. On en a déjà parlé, Allyne.

— Je ne veux pas les décevoir... C'est un peu tendu avec ma mère. Mon père ne dit rien, mais je remarque bien son regard désapprobateur.

— Laisse les dire et vit ta vie !

— Justin est d'accord avec eux... j'ai même l'impression qu'ils se liguent contre moi et je me rends compte que ça a toujours été le cas.

— Une minute ! Rembobine un peu ! Que vient faire ton ex dans cette histoire ? Tu veux toujours le récupérer ?

— Non ! Il s'est fait inviter à déjeuner par mes parents et il à sous-entendus qu'il aimerait bien qu'on se remette ensemble.

— C'était ce que tu désirais, il y a encore quelques semaines...

— Je sais, quand tu m'as parlé de l'Eden, c'était ce que j'avais à l'esprit, mais depuis, Flynt m'a aidé à ouvrir les yeux sur plusieurs choses et faits. Je crois que je me suis attaché à Justin car il me portait de l'intérêt, moi, une fille si insignifiante !

— Tu ne l'as jamais été ma belle, c'est ton entourage qui t'a fait te sentir de la sorte. Et donc, il veut que toi et lui...

— Oui, et que je le laisse faire certaines choses avec moi.

— Et c'est quoi, ces choses ?

— Peut-être les expériences qu'il a connu à l'Eden ?

— Tu parles du BDSM ?

— Je ne sais pas. J'ignore ce qu'il attend de moi, mais ce dont je suis consciente, c'est que je n'ai plus envie qu'il me touche. Je ne veux plus rien avec lui. Il m'a imposé de déjeuner avec lui, mais je n'ai pas voulu, je me suis dérobé.

— J'ai vu le bon comme le mauvais dans votre relation et je peux te dire que ce n'est pas un homme pour toi.

— Pourtant tu n'as pas hésité de me parler de l'Eden !

— Parce que je voulais que tu voies de tes propres yeux ses penchants, ce qu'il est réellement. Tu ne m'aurais pas cru si je te l'avais simplement expliqué. Parfois, il faut être devant le fait accompli ! Ne m'en veux pas.

Elle pose une main sur la mienne. Je lui souris pour la rassurer.

— Ce n'est pas le cas. Si tu ne m'avais pas parlé de ce club, je n'aurais jamais rencontré Flynt.

— Tu es mordu, dis donc !

— Je ne sais pas. J'aime seulement ce que je partage avec lui.

— Et bien fonce ! Suis tes désirs, tes envies !

— Parlant de désir...

— Quoi ? Tu ne vas quand même pas me dire ce que tu as envie dans le sexe ?!

— Mais non ! Je voulais te montrer mes derniers croquis qui sont... différent de ce que je dessine habituellement.

— Montre-moi ça !

Je lui tends mon book, mais avant qu'elle ne l'ouvre, au repère dans notre bar Amanda. Immédiatement, Charlotte lui fait de grands signes tandis que moi je souris à notre amie qui nous rejoins.

— Bonsoir, les filles, nous dit-elle.

— Bonsoir ! Que fais-tu là ? la questionne Charlotte.

— J'avais un rencart, mais il m'a posé un lapin, nous répond Amanda en haussant des épaules.

— Assieds-toi avec nous ! propose ma meilleure amie.

— Vous êtes sûres ?

— Oui, affirmé-je.

On recommande une tournée et Charlotte ouvre mon book.

— Qu'est-ce que c'est ? demande Amanda.

— Les esquisses d'Allyne.

— Oh, je veux voir ! J'ai adoré la robe que tu as confectionnée !

Mes joues chauffent à nouveau et je les laisse observer mes dessins. Je gigote un peu sur mon siège, mal à l'aise. C'est nouveau ce que j'ai épanché sur les feuilles, et je dois bien avouer que je doute beaucoup.

— Mon Dieu, tes dessins sont magnifiques ! s'extasie Charlotte ! J'aimerais tant voir celle-ci en vrai !

Elle me la montre et je m'empourpre davantage. J'ai laissé parler mes désirs en songeant à Flynt...

— Je suis tout à fait d'accord, tu devrais la créer ! Tu n'as jamais pensé à avoir ta propre ligne ?

— Mon patron n'accepterait pas...

— Eh bien, mets-toi à ton compte ! Tu as de l'or en main !

— Je ne sais pas si je pourrais me mettre à mon compte, je n'y ai jamais pensé et puis, je ne dois pas avoir toutes les qualifications requises pour cela.

— Ce n'est pas compliqué, m'affirme Amanda, tu dois juste connaître toute les ficelles et bien t'entourer. Tu peux ouvrir une boutique de prêt-à-porter en indépendant, tu crées donc tout de A à Z. Ou signer un contrat avec une enseigne nationale, mais ce n'est pas ce que je préfère. Acheter un fonds de commerce, ce qui veut dire que tu fais l'acquisition d'un magasin existant avec son enseigne, sa clientèle, son stock et son personnel. Tu peux aussi développer sur internet une boutique physique et un e-commerce.

— Ça à l'air compliqué, soufflé-je. Tu sembles bien connaître le sujet.

— J'ai créé ma boutique de A à Z. Tu peux aussi faire un partenariat avec une boutique existante pour te lancer. Oh, j'ai une idée ! Pourquoi on n'essaierait pas ?

— Quoi ?

— Mais oui ! On pourrait devenir associé ! J'avais déjà dans l'idée d'élargir mon magasin, ce serait une opportunité en or !

— Je ne sais pas trop...

— Ecoute, tu y réfléchis et si tu as besoin de plus de conseils, peu importe ce que tu pourrais décider, viens me demander conseil, je t'aiderais avec plaisir !

— Ça vaut le coup d'y réfléchir, ajoute ma meilleure amie. Tu pourrais créer ce que tu veux, sans devoir rendre de compte à qui que ce soit. Travailler de chez toi, est un élément important, ne plus croiser ton ex ! Tu aurais la paix et tu t'épanouirais davantage.

— Je vais y réfléchir.

L'idée n'est pas mauvaise, mais jusqu'à présent, je n'avais jamais songé à me mettre à mon compte ou être en partenariat avec un magasin. Et je n'aurais jamais envisagé qu'Amanda me demande d'être son associé.

C'est subitement trop d'uncoup, mais une idée bien alléchante...

********************

Coucou mes chatons ♥

Justin n'est jamais bien loin... heureusement, Allyne a pu se soustraire à sa prise et est en bien meilleure compagnie avec Flynt, vous ne trouvez pas?

Un petit moment avec les filles et qui a toute son importance. D'abord entre Charlotte et Allyne, et ensuite avec Amanda.

Des bisous ♥

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