Chapitre 11 - Allyne
Flynt m'accueille en bas des escaliers dans un sourire craquant. Il m'invite à le suivre jusqu'à la terrasse, à l'arrière de la villa. L'endroit est splendide avec la vue sur la piscine, les rayons du soleil se reflétant dessus. Je l'avais déjà aperçu l'autre jour du grand balcon de sa chambre, mais vu de plus près, c'est encore mieux ! On s'installe sur des sofas où un petit festin nous attend sur la table. La brise est chaude, mais il ne fait pas étouffant pour autant.
Il me sert une tasse de café, puis me tend son téléphone.
— Pour appeler tes parents, ça les apaisera sûrement.
— La messe n'est pas encore terminée, les déranger maintenant ne fera qu'empirer la situation, soupiré-je.
— Pas de problème, tu pourras les contacter un peu plus tard. Mais dis-moi, pourquoi est-ce si important pour toi de les accompagner si tu n'es pas croyante ?
— On n'était pas censé parler de moi, pour une fois.
— C'est vrai, mais j'aimerais quand même savoir.
Je souffle, bois une gorgée.
— Mes parents m'ont élevé comme cela. Être droite, aller à l'église, prier, être parfaite.
— Personne ne l'est. Leur as-tu déjà dit que tu n'étais pas croyante ?
— Non ! Ils en seraient très affectés ! Je ne veux pas les décevoir.
— Je comprends, mais tu ne dois pas vivre pour eux, mais pour toi. On déçoit toujours quelqu'un, mais ne pas être soi, c'est se mentir à soi-même plus qu'à son entourage.
— Je ne me mens...
— J'ai mal formulé. Tu ne dois pas agir pour les autres, mais pour toi. Ton entourage doit t'accepter comme tu es, et pas comme ils voudraient que tu sois. Et ça inclus tes parents.
— Tu ne les connais pas, soufflé-je.
— Non, mais je saisis un peu la teneur depuis qu'on se côtoie. Savent-ils que tu côtoie quelqu'un d'un club libertin ?
— Seigneur, non ! Ils en auraient une crise cardiaque ! lancé-je en écarquillant les yeux. Je ne veux pas dire que j'ai honte de m'afficher avec toi, c'est que...
Je m'empourpre, ne sachant pas comment formuler ma phrase.
— Je ne dis pas le contraire, c'est le contexte. Leurs esprits sont fermés, et c'est pour cela que le tien l'est également. Tu as eu une éducation droite, mais la vie peu t'offrir plein de belles choses, même dans un club libertin. Assumer ses choix, ses désirs, ses espérances, c'est ce que je veux te démontrer depuis le début. Tu n'as pas atterri dans mon club pour rien, tu recherchais quelque chose, tu avais compris qu'il te manquait un petit truc et tu avais envie de le découvrir. La vie est faite ainsi ; se découvrir par des expériences. Si tu n'en fais pas, tu ne peux pas connaître tes limites, ce que tu aimerais ou non.
— Tu n'as pas tout à fait tort, soufflé-je. Bon, changeons de sujet !
— On y reviendra, m'assure-t-il dans un clin d'œil.
Je me sens rougir jusqu'aux oreilles et me met à grignoter pour reprendre contenance.
— Tu voulais en savoir plus pour Cece.
— Oui.
— Ce que je vais te raconter, doit rester entre nous.
— Bien sûr !
— Quand j'avais 15 ans, mes parents ont eu un accident de voiture mortel.
— Oh.
— Cyndelle n'avait que 5 ans, à l'époque. Elle ne se souvient pas de ce jour fatidique. Elle n'a pas eu grand-chose, moi j'étais gravement blessé. Je suis resté dans le coma durant six mois et j'ai dû attendre ma majorité pour la prendre sous mon aile, je ne pouvais pas avoir sa tutelle tant que je n'étais pas majeure. Nous n'avons pas été dans la même institution pour les orphelins. J'ai dû vite mûrir et prendre toutes les responsabilités nécessaires pour valoir mes droits. J'ai triplé mes cursus, fait de petits boulot pour avoir un appartement et avoir de quoi l'accueillir à mes 18 ans.
— Et tu as pu avoir sa garde ?
— Oui, je l'ai élevée à partir de ses 8 ans. Malheureusement, le vide qu'a laissé la présence de nos parents l'ont beaucoup atteinte et elle a fait de mauvais choix et à fréquenter des personnes qu'elle n'aurait pas dû. Peu importe tout ce que je pouvais lui offrir, ça ne suffisait pas. J'ai grandement les moyens, j'ai acheté cette maison pour qu'elle s'y sente chez elle, en sécurité, mais ça n'a pas suffi.
— Que s'est-il passé ?
— Elle est tombée dans la drogue.
— Oh mon Dieu ! Et elle va bien ? Elle est encore...
— Vivante, oui, mais ça a été très dur pour qu'elle s'en sorte. J'ai dû agir en conséquence, pour la sauver. Aujourd'hui, elle va très bien, mais j'ai dû l'envoyer en Suisse, après un sevrage difficile. A présent, elle va beaucoup mieux, mais ça restera ses démons. Un combat constant. C'est comme pour un alcoolique, il peut arrêter la boisson, mais il devra combattre l'envie à tout instant. Pour Cece, c'est pareille.
— Pourquoi l'appeler Cece ?
— Elle ne supporte pas qu'on l'appelle autrement, sourit-il. Depuis l'adolescence, tout le monde la surnomme ainsi.
— Et elle ne t'en veut pas d'être loin de toi ?
— Au début, c'était le cas, plus maintenant. Je prends régulièrement de ses nouvelles et une fois par mois, elle vient en France. Pendant son séjour, je me déleste un peu de mon club et me préoccupe que d'elle. Je veux être le plus présent possible pour elle. Je ne suis pas constamment sur son dos, mais on rattrape le temps où on n'est pas ensemble.
— Et elle sait dans quoi tu travailles ?
— Bien sûr, mais je ne l'y emmène pas.
— Parce que tu ne veux pas qu'un homme lui fasse ce que toi et moi on fait ?
— J'estime qu'à son âge, elle n'a que 20 ans, il y a d'autres lieux propices pour s'amuser. Elle aime sortir, je préfère l'emmener en boîte ou dans un café pour un karaoké. C'est plus son style. Si elle veut se découvrir sexuellement, ça doit être par ses choix, et non les miens. Toi et moi, c'est différent, à un autre degré.
— C'est vrai, si j'avais une petite sœur, je n'aimerais pas non plus l'emmener dans un club libertin.
— Tu es enfant unique ?
— Oui, mes parents ne voulaient pas d'autres enfants. Mais je n'en suis pas malheureuse pour autant, j'ai Charlotte !
— Qui est-ce ?
— Ma meilleure amie, et mon opposée ! ris-je.
— Parle-moi d'elle.
— Elle travaille en boîte de nuit et adore faire la fête ! Elle est souriante, à l'écoute et un peu folle parfois. Elle n'a aucun sujet tabou et pas de problème niveau sexualité ! Elle me tire souvent de ma monotonie, me pousse à faire des expériences, à aller vers les autres.
— Ah tiens, je l'aime déjà !
— Très drôle ! Pour tout te dire, après qu'on ce soit vu la première fois, je ne voulais pas donner suite. Je lui ai raconté ma venue à l'Eden, elle a ri et ma tiré chez ton amie. Après, voilà, on s'est revue, toi et moi...
— Eh bien, je suis bien content qu'elle t'ai poussé dans ce sens !
Je rougis et repousse mon assiette.
— J'ai envie de tenter d'autres expériences avec toi, susurre-t-il dans mon oreille.
Mes joues chauffent davantage.
— De quel style, murmuré-je.
— Es-tu prête ? Assez ouverte d'esprit ?
— Ne l'ai-je pas été jusqu'à présent ?
— C'est vrai, tu m'as agréablement surpris hier. Que dirais-tu...
Il repousse mes cheveux, effleure ma gorge de son nez. Un frisson me saisit, ainsi que du désir qu'il éveille déjà en moi.
— Qu'on passe à un autre niveau...
— De quel genre ?
Ma voix n'est que murmure, mais il arrive déjà à m'exciter. C'est fou ça !
— Me fais-tu assez confiance ?
— Oui, déclaré-je en le fixant.
Et c'est vrai. Depuis le départ, sans que je ne m'explique pourquoi.
— Qu'as-tu en tête ?
— C'est une surprise, dit-il dans un clin d'œil.
— Je ne peux même pas avoir un indice ?
— Non. L'anticipation t'élèvera à un degré que tu n'as pas encore atteint. Ce soir, l'Eden. Tu travailles demain ?
— De chez moi.
— Parfait !
— Que dois-je mettre ?
— Comme d'habitude, mon petit ange.
— Il faut que je passe par chez moi.
— Pas la peine, je vais contacter Amanda.
Il se lève et débarrasse la table tandis que mon cœur bat à coup redoublé. Je sens que la soirée à venir sera une fois de plus mémorable.
Qu'a-t-il en tête ? Je ne cesse de me poser la question, et il a raison, l'anticipation me rend nerveuse, mais aussi impatiente.
Je profite de son absence pour enfin appeler mes parents. Je souffle un bon coup et passe le coup de fil.
— Allô ?
— Maman, c'est moi.
— Allyne ! Mais où es-tu ? Ton père et moi on est mort d'inquiétude !
— Je suis désolée...
— Tu as raté la messe ! me coupe ma mère. C'est impardonnable ! Tu vas devoir te repentir auprès de Dieu !
Je ferme un instant les paupières. Mes parents ne jurent que par lui. Elle ne me laisse même pas le temps de m'expliquer ! Mais que pourrais-je lui dire ? Je ne vais quand même pas lui raconter que j'ai passé la soirée et la nuit dans un club libertin auprès d'un homme qui m'a fait jouir pendant des heures ! Elle en tomberait dans les pommes !
— J'ai eu un imprévu, soufflé-je, et je n'avais pas mon portable sur moi.
C'est la moitié d'une vérité, au moins.
— Tu vas devoir aller en confessionnal, ma fille !
Tout sauf ça !
Je déteste cela ! Je n'ai pas allé me faire pardonner mes pêchers auprès d'un prêtre. Je n'ai pas fauté, bon sang !
— Maman...
— Nous t'attendons pour le repas ainsi que tes explications !
— Je... ne peux pas venir aujourd'hui, lancé-je alors que Flynt revient vers moi.
— Comment ça ? Je t'ordonne de nous rejoindre à la maison ! Justin est là aussi, et il ne comprend pas ton absence ! Je vais finir par croire qu'il a raison...
— Quoi ? Que fais Justin avec vous ?
— Il est soucieux de ton bien-être et s'inquiète pour toi depuis que tu l'as quitté ! Sur cela aussi, tu nous dois des explications !
De mieux en mieux !
— Je ne peux pas aujourd'hui, maman. Embrasse papa pour moi. Je dois couper.
— Allyne !
Je ne lui laisse pas le temps de rajouter quoi que ce soit que je raccroche. Je n'avais encore jamais coupé la communication ainsi avec elle, mais là, c'est trop !
Je serre le téléphone dans mes mains et pose mon front dessus, en proie à une forte angoisse.
Que fais Justin avec eux ?
Pourquoi leur a-t-il menti ? C'est lui qui m'a quitté et non l'inverse ! Qu'est-il allé leur raconter, bon sang ?!
— Eh, ça ne va pas, Allyne ?
Assis à côté de moi, Flynt glisse un bras autour de mes épaules et me presse contre lui. Cette étreinte, aussi légère soit-elle, me fait quelque peu du bien, mais n'efface pas complètement l'émoi dans lequel je suis plongé, encore moins les questions qui fusent dans mon esprit.
— Ça s'est mal passé ?
— On peut dire ça.
— Raconte-moi.
Je relève mon regard vers lui, légèrement embué par les larmes qui s'amoncellent sous mes cils.
— Mon ex est avec eux et il semblerait qu'il leur raconte n'importe quoi.
— Qu'est-ce qu'il fait avec eux si vous êtes séparés ?
— Je l'ignore. Il leur a dit qu'il était inquiet pour moi depuis que je l'ai quitté, il a forcément rajouté d'autres mensonges. C'est lui qui a rompu car je ne le satisfaisais pas !
— Vous avez été en couple longtemps ?
— Durant six mois, mais mes parents ont toujours bu ses paroles. Il a toujours eu des mots envers eux... comment dire... ? C'est l'homme bien par excellence, avec un bon vocabulaire, un physique bien sous tour rapport, le gendre idéale ! Tu vois ? Celui qui veille sur la fille de ses beaux-parents...
— Il te faisait passer pour une moins que rien auprès d'eux ?
— Non, je ne crois pas. Il était plus du style a dire qu'il devait me conseiller pour mes vêtements, la nourriture que je mange, pour qu'elle soit équilibré, des trucs comme ça, et ils étaient d'accord avec lui, que sans lui, je ne pourrais pas prendre soin de moi... des petits détails de ce genre-là.
— C'est une manière de dénigrement et ça joint ce que tu m'as déjà dit sur lui, la réflexion qu'il a faite sur la robe que tu portais l'autre jour, par exemple.
— Justin est ainsi et si mes parents l'idole, moi il me blessait souvent.
— C'est à cause de lui qui tu es venue à mon club la première fois.
— Oui, je voulais voir ce que les femmes là-bas avaient, et moi non.
— Dans un club libertin ?
— Il fréquente ton établissement.
— Quel est son nom ?
— Justin Delmore.
— Je vais me renseigner. Si comme tu le penses, il vient régulièrement, le videur doit le connaître.
— Hum...
— Allez, ne pense plus à tout ça, dit-il en glissant ses pouces sous mes yeux. Et ne pleure pas pour ce genre de mec, il ne mérite pas tes larmes.
— C'est que... j'ai la sensation qu'il œuvre dans mon dos et j'ignore pourquoi. Ni ce qu'il recherche en faisant ça.
— Tu en sauras plus lorsque tu en discuteras avec tes parents quand tu iras les voir.
— Oui, tu as raison.
— En entendant, n'y pense plus, ça te minera le moral sinon.
Je lui offre un sourire crispée et il m'embrasse le front pour ensuite me prendre véritablement dans ses bras. Je ferme les yeux tout en savourant cette étreinte.
J'apprécie la compassion de Flynt, ce qui me conforte dans la pensée qu'entre lui et moi, même si on n'est pas ensemble, ce n'est pas qu'une question de plaisir.
On est amis, également. Uneamitié spéciale, hors du commun, mais que j'aime de plus en plus.
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Hello mes chatons!
Je suis vraiment désolée pour mon absence, mais j'étais très occupé! Entre mon boulot, les enfants, l'écriture, les corrections... j'avais de quoi faire! Je suis en pleine préparation de la sortie de mon prochain roman ♥
Mais je ne vous ai pas oublié! Voici la suite des aventure de Flynt et Allyne, j'espère que ça vous plaît ♥
Des bisous ♥
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