➵ Chapitre 96 ~ Mike - partie 2/3
Le cœur battant, Mike ferma la porte de sa chambre. Il ne sut pas pourquoi mais il fut incapable de regarder Thomas dans les yeux pendant les cinq premières minutes et s'affaira dans toute la pièce, déplaçant certains objets, tentant de donner à sa chambre un aspect plus rangé, mais il n'y avait rien à faire, Mike avait toujours été bordélique. L'ordre, et parfois même la propreté, l'effrayaient.
— Ma cousine avait l'air terrifiée, tu crois que ça va aller ? questionna Thomas, l'air inquiet
Mike s'arrêta dans son mouvement. Il tenait une figurine à l'effigie du capitaine Albator dans une main, et une d'Hydargos dans l'autre.
— Je pense qu'elle serait encore plus affolée si elle n'était pas avec lui en ce moment, répondit Mike, de dos
— Elle l'aime encore.
Ce n'était ni une question ni une affirmation. C'était un constat. Mike soupira.
— Je sais.
Il posa les figurines à leur place et se tourna vers Thomas qui s'était assis sur son lit défait.
— Je ne le vois pas d'un très bon œil, avoua le jeune homme en regardant Mike droit dans les yeux
Mike déglutit. Il évita encore le regard de Thomas.
Il mentirait s'il clamait ne pas comprendre le point de vue de Thomas. Luke avait brisé le cœur d'Emilie à plusieurs reprises. D'un autre côté, Luke était son meilleur ami, et même s'il lui échappait en ce moment, il le demeurait tout de même. Des émotions contradictoires se noyaient dans son estomac, rendant ses yeux fiévreux. Il voulait plaire à Thomas, mais sans porter préjudice à son meilleur ami.
— Je comprends, finit par murmurer Mike. Mais Luke est... euh ...
— Indécis ? suggéra Thomas. J'ai l'impression qu'il ne sait pas ce qu'il veut, et il est hors de question que ma cousine en fasse encore les frais.
— Je suis d'accord, affirma Mike. Je pense que Luke ne mesure pas la portée de ses actes, mais ce soir ce n'était pas de sa faute.
Comprenant qu'il faisait allusion au baiser d'Eileen, Thomas répondit :
— Il pouvait la repousser. Il ne l'a pas fait.
— Au bout du compte, si, objecta Mike.
Il ne savait pas pourquoi il éprouvait autant le désir de défendre son meilleur ami, alors qu'il savait parfaitement que Thomas avait mis en avant un argument pertinent.
— Pas tellement. Je pensais qu'il voulait se rapprocher d'elle, et la façon dont ils se sont embrassés m'avait convaincu. Cependant, je me suis trompé.
— Je t'avoue que moi aussi, grimaça Mike.
Il finit par affronter les yeux profonds et rassurants de Thomas, et crut oublier de respirer en s'y immergeant. Pris d'un élan de courage, il traversa sa chambre et s'assit à côté de lui sur le lit.
Il garda ses yeux rivés au sol.
— Mais tu as raison, il a l'air complètement perdu. Je vais essayer de lui parler pour l'aider.
— L'aider à quoi ? grogna Thomas. Il lui a assez fait de mal.
— Et il continuera s'il n'est pas au clair avec lui-même, rétorqua Mike.
— Les beaux mecs sont toujours compliqués, soupira Thomas
— Ou inaccessibles, marmonna Mike. Peut-être qu'il a peur de ce qu'il ressent, songea-t-il, tout haut. Encore.
Thomas haussa les sourcils d'un air sceptique.
— La peur a bon dos. Ce n'est pas une raison pour se comporter comme ça.
— Je vais lui parler, répéta Mike, le regard vide.
Thomas soupira.
— Si tu pouvais lui dire d'arrêter de se comporter comme un con, et s'il pouvait le faire, ça arrangerait tout le monde. Il n'a aucune idée ce qu'elle et Alice ont traversé entre temps.
— En effet, admit Mike. Je ne sais pas si le savoir changerait vraiment les choses, ajouta-t-il, gravement.
— Alors il ne la mérite pas, répliqua durement Thomas.
Mike ouvrit les yeux ronds.
— Je... Je n'ai jamais imaginé Luke être avec quelqu'un d'autre qu'Emmy et inversement. Ils se correspondent bien, depuis toujours. Tellement qu'être seuls avec eux est parfois pénible.
— Moi je pense qu'au contraire cette histoire finira mal, et puis qu'un jour, elle se rendra compte qu'elle mérite mieux. Ce sera elle qui partira, affirma Thomas, d'une voix assurée
Mike avala péniblement sa salive.
— Je ne veux pas qu'elle parte, chuchota-t-il. Elle est la sœur que je n'ai jamais eue.
Thomas lui jeta un regard ébahi.
— Je n'ai pas dit qu'elle te laisserait toi. Elle t'aime trop pour ça. C'est Luke qu'elle laissera. Elle lui brisera le cœur. Chacun son tour, fit-il en haussant les épaules
— Tu sais, ça n'a pas été facile pour lui non plus, contesta Mike
Thomas balaya sa remarque d'un geste.
— C'est lui qui l'a quittée. Il connaissait les conséquences.
— J'ai bien peur que ce ne soit pas si simple, riposta doucement Mike. Tu as déjà dû quitter quelqu'un ?
— Non, c'est lui qui est parti, répliqua Thomas d'un ton sec. Et toi ?
— Oui, souffla Mike, tête baissée. Oui. Et crois-moi, il n'y a pas plus déchirant.
Il poussa ses lunettes du bord de son nez.
— Je ne suis pas aveugle, Michael. Je vois comment tu me regardes.
Mike oublia toute gêne et se redressa, son cœur tambourinant entre ses côtes.
— Comment ça ? questionna-t-il, les mains moites et le souffle coupé
Le regard de Thomas était neutre, lointain.
— Tes yeux s'éclairent quand tu me vois. C'est quelque chose que tu ne peux pas cacher.
Les lèvres de Mike commencèrent à trembler. Il avait oublié à quel point désirer Thomas le rendait nerveux et lui volait toute sa capacité à réfléchir. Sa peau était en train de fondre, il sentait chaque parcelle brûler et se liquéfier, ses lèvres gonflaient d'envie, mais pas un seul mot n'avait le courage d'en franchir les remparts.
— Je ne peux pas te donner ce que tu attends de moi.
Mike eut l'impression qu'on lui labourait le cœur. Il revint subitement à lui.
— Hein ? fit-il en clignant des yeux, incrédule
— Je préfère être honnête, expliqua calmement Thomas en se levant pour lui faire face. Tu me plais aussi, mais je n'ai pas oublié mon ex. Je n'ai plus la force nécessaire pour construire quelque chose avec toi. Ça te fera trop de mal, et ça m'en fera aussi.
— Je..., commença Mike, déboussolé.
« Tu me plais aussi » c'était ce qu'il avait dit, non ? Il n'en était pas sûr : peut-être que son cerveau névrosé par l'éros ne lui avait joué un tour.
— Je ne veux rien de sérieux, poursuivit Thomas, comme s'il ne s'était pas aperçu de la déconnexion de Mike. Je veux quelque chose sans prise de tête, sans attache, et c'est tout ce que tu n'as pas besoin.
A milles lieues de la pièce, Mike se regarda se lever, le regard droit et vide. Son menton tremblait et l'air de la pièce avait des odeurs oniriques. Les ombres sur le visage de Thomas lui parurent plus chaudes, plus accueillantes.
— Je peux m'en contenter, s'entendit-il dire.
Thomas lui jeta un regard mi-attristé mi-compatissant.
— Ce n'est pas le mieux pour toi, répéta-t-il d'une voix fatiguée
— Tu as dit que je te plaisais, non ? remblaya Mike en se levant à son tour, les yeux plein d'espoir
— C'est ce que j'ai dit, oui, confirma Thomas en le jaugeant d'un air songeur
— Ça me suffit, assura le jeune homme d'un ton confiant.
Son cœur tambourinant lui permit de marcher jusqu'à Thomas, dont le visage semblait être tout droit sorti d'un songe, dont les yeux brillaient comme des planètes. Mike sentit le souffle de Thomas sur son visage, semblable à la brise légère d'été qui venait parfois sécher ses larmes.
— Tu en es sûr ? questionna Thomas, d'une voix rauque
Il avait perdu toute son assurance. Crispé, il lui sembla tout d'un coup très vulnérable et si Mike avait été honnête, il aurait répondu que non, il n'était pas sûr et que c'était tout sauf une bonne idée. Mais Mike n'était plus vraiment là, il était ballotté par les vagues de désir qui s'écrasaient contre ses orbes émeraudes.
— Totalement, chuchota-t-il, le sang pulsant contre ses tempes.
Il n'avait qu'une vie, qu'une chance de pouvoir embrasser Thomas, de pouvoir avoir plus qu'une relation cordiale et amicale, et même si ce n'était que le temps d'une étoile, qu'un battement de cils de l'univers moqueur, il la prendrait à pleines mains. Ils n'étaient que des comètes, et tôt ou tard, leur chevauchée s'arrêterait et leur traînée disparaîtrait. Et Mike sentait qu'il ne laisserait pas ça arriver sans avoir caressé les douces lèvres de Thomas.
— J'avoue que je ne m'attendais pas à ça, souffla le jeune homme
Mike embrassa du regard la courbe gracieuse de son menton, sa mâchoire et ses pommettes, remarqua les trois grains de beauté qui parsemaient sa joue gauche, qu'Emmy était la seule à ne pas avoir écopé. Ses cheveux bruns, bien plus courts que ceux de Luke, étaient plaqués contre ses tempes par la sueur.
Pour la première fois de sa vie, Mike prit les devants, comprenant ce que Luke lui avait confié un jour, que quand on désire réellement quelqu'un et qu'il est clair que c'est réciproque, on oublie toute timidité. Il posa sa main sur la joue de Thomas, où l'ombre d'une barbe apparaissait sous son toucher aérien.
— Si tu veux la même chose que moi, murmura Thomas d'une voix enrouée, alors je peux te l'apporter.
Mike renversa sa nuque en arrière et soupira fiévreusement, presque douloureusement, avant de réduire au néant l'espace entre leurs deux bouches. L'explosion du volcan qu'était devenu son cœur rendit chacun de ses gestes plus ardents, lui brûla tout le corps, au point qu'il en oublia de respirer. Mais plus rien d'autre ne comptait que Thomas et ses lèvres enivrantes. Peu importe le reste, peu importe les autres, peu importe sa respiration saccadée.
Avec un gémissement, Thomas plaqua le corps de Mike contre le sien, qui recula et bascula sur le lit. La moiteur de la nuit fit monter la tension d'un cran supplémentaire, et leurs vêtements ne devinrent plus qu'une barrière dérangeante entre leurs deux corps. L'on n'entendait plus que les murmures de la nuit et l'air qui portait les traces de leurs émotions. Mike se sentit plus haut qu'une montagne, plus haut qu'il ne le serait jamais.
~
Bonsoir ! Comment ça va ?
Que pensez-vous de cette partie : la discussion de Mike et Thomas au sujet d'Emmy et Luke ? Et surtout, la fin ? 😏
J'ai adoré écrire cette partie, en tout cas ! ☺️
On se retrouve samedi prochain pour la partie suivante !
Prenez soin de vous ! 🖤
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