➵ Chapitre 86

Aujourd'hui, deux spectateurs s'étaient ajoutés à nos entraînements : Antoine et Clara. Concernant cette dernière, je n'avais émis aucune objection et me contentais de l'ignorer royalement, même quand elle avait mentionné avoir dormi chez Luke, ce qui avait fait lever les yeux au ciel l'intéressé.

  La nouvelle chanson sur laquelle nous travaillions, choisie par Mike, s'intitulait Amaranthine du groupe Amaranthe. Je n'arrêtais pas de penser à ce qu'Alice m'avait confié à son sujet, sans voir de signes de sa part. J'avais du mal à voir ce qui lui permettait d'affirmer ça, étant donné que tout était clair dans ma tête.

Vu la cacophonie qui avait régné dans la pièce toute la matinée, je me demandais comment aucun de nous ne pouvait avoir la migraine. Ce n'était que depuis cette après-midi que c'était plus ordonné, sans doute parce que nous commencions à nous approprier la chanson. J'étais toujours fascinée par notre évolution, par la façon dont nous franchissions les obstacles.

— Vérifions une dernière fois les paroles, proposa Luke. Ensuite, on verra demain ou après-demain pour continuer.

Nous acquiesçâmes et le piano commença à chanter.

[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]

— Time
Is the reason why we fight to stay alive
Until the morning comes
It's a strife
But the shimmer in your eyes just makes me know
That you and I belong
And you can light the dark all by your own
So let us show the world our love is strong, commençai-je en luttant pour ne pas avoir les yeux rivés sur Luke

Alice prit la suite avec le refrain :

— Like a sign
Like a dream
You're my Amaranthine
You are all I needed, believe me
Like we drift in a stream
Your beauty serene
There's nothing else
In life I ever need
My dream, Amaranthine !

   Il allait falloir que je trouve une solution pour ne plus qu'il m'aimante autant... Ce serait sans doute plus simple s'il n'était pas aussi hypnotisant, surtout quand il chantait.

— Time
Goes by as day and nights are turning into years
But I'm lying in your arms
It's the place
Where I know that I am closest to your heart
When the dark is torn apart ! enchaîna Luke

Trop tard, mes yeux étaient plongés dans les siens. Je ne savais ce qu'il voyait dans les miens. Y voyait-il une myriade d'espoirs brisés ou au contraire une kyrielle d'étoiles scintillantes sous un ciel d'argent ? Le vent souffle sur les braises qui jadis brûlaient mon coeur, le brasier reprend, ne le vois-tu pas ?

— I know you feel the same as I inside
It feels like in a dream where we can fly ! chantai-je, avec Luke

   Mon coeur se fissura quand je me rendis compte que je n'étais plus capable de lire en lui, et qu'il ne voyait rien de plus en moi que la traînée d'une comète qu'il avait choisie de laisser partir. Je rompis la connexion en première et reportai mon regard scintillant d'éclats de chagrin vers le mur gris.

— Like a sign
Like a dream
You're my Amaranthine
You are all I needed, believe me
Like we drift in a stream
Your beauty serene
There's nothing else
In life I ever need
My dream, Amaranthine ! reprîmes Luke et moi

J'avais fermé les yeux pendant le refrain, préférant m'isoler dans ma bulle. Il était peut-être temps que je rende visite à mes amis elfiques, non ? Un dragon rôde encore au-dessus de leurs forêts, après tout.

— It's a strife
But the shimmer in your eyes
Just makes me know
You're my amaranthine ! s'exclama Mike

Armée de mon carquois et de mon arc, je pourrais peut-être déloger une de ses écailles, ou alors le dresser pour qu'il devienne mon ami. Quoique, il est trop vaniteux pour ça. Non, il vaut mieux lui tirer une flèche...

— Like a sign
Like a dream
You're my Amaranthine
You are all I needed, believe me ! répéta doucement Caitlin

Je me reconcentrai sur la musique, puisque c'était moi qui devait jouer le solo de guitare électrique. Je croisai le regard de Luke, qui était encore posé sur moi. Mes joues brûlèrent et mon cœur sursauta.

— Like a sign
Like a dream
You're my Amaranthine
You are all I needed, believe me
Like we drift in a stream
Your beauty serene
There's nothing else
In life I ever need
My dream, Amaranthine ! terminâmes-nous, tous ensemble

Je baissai les yeux vers mes chaussures, le corps parcouru d'électricité.

— Je trouve qu'on s'en sort plutôt bien, commenta Caitlin. On aura bien mérité notre soirée !

— Oh oui, ça va vous faire un bien fou, appuya Clara

À côté de moi, Alice lâcha un soupir las, que tout le monde sauf moi interpréta pour de la fatigue simple. De la fatigue, oui, mais de Clara.

— Bon, je peux emmener quatre personnes avec moi, informa Luke. Battez-vous.

Clara me jeta un regard noir.

— Moi je marche, affirmai-je

« Ne t'en fais pas, je ne comptais pas être entre vous deux, même pour dix minutes. » pensai-je

— Ah bon, t'es sûre de ne pas avoir d'ampoules ? lança Luke, un sourire narquois aux lèvres

— Et toi, t'es sûr de savoir conduire ? répliquai-je avec une moue moqueuse

— Moi aussi j'y vais à pied, décida Caitlin

— Avant qu'on y aille, on va prendre des boissons, décréta ensuite Mike. Ce n'est pas ce qui manque, ici !

Luke haussa un sourcil.

— Quoi ? fit Mike. Tu n'imaginais quand même pas qu'il n'y aurait pas d'alcool !

— De un, pourquoi pas. De deux, je n'ai pas très envie de te traîner aux toilettes pour que tu vomisses, comme la dernière fois, rétorqua Luke

— Promis, je ferai attention ! En plus, tu peux parler, la dernière fois que tu étais ivre, tu m'as embrassé ! rappela Mike, en croisant les bras d'un air boudeur

— Ah ça, c'est de la faute de Caitlin ! affirma-t-il en se tournant vers elle

— Ah non, moi j'avais dit ça pour rire, tu n'étais pas obligé de le faire ! se défendit cette dernière

— Si tu fais attention, c'est d'accord. Je te tiens à l'œil de toute façon, accepta Luke

— OK, eh bien moi, je vais là où vont les boissons, informa mon cousin

— Bienvenue, plaisanta Luke

Quelques minutes plus tard, Mike avait mis quelques boissons dans le coffre et moi, Caitlin et Antoine partions à pieds. Je trouvais étrange qu'Alice et Antoine ne restassent pas ensemble, mais ne fis aucune remarque. Il me semblait qu'ils n'avaient jamais été séparés par un fossé si grand.

— Rappelle-moi, Thomas a quel âge ? questionna Antoine, alors que nous venions de nous mettre en chemin

— Vingt-et-un ans, répondis-je

   Je m'abstins à grande peine de le questionner au sujet d'Alice. Elle avait peut-être de bonnes raisons de ne rien dire à personne.

— OK, et donc, Luke sort avec Clara, maintenant ?

— Non, répondit Caitlin, pas du tout.

— Tant mieux, affirma Antoine d'une voix soulagée

Je m'esclaffai légèrement et échangeai un regard avec lui.

— Tu ne l'aimes pas non plus ? demanda Caitlin, les sourcils froncés par l'incompréhension

— Disons que je tolère sa présence et que je peux lui parler. Elle a fait des choses que je ne cautionne pas, expliqua-t-il

— C'est-à-dire ? insista Caitlin

— C'est parti d'un problème avec Lise. Ça aurait dû rester entre elles, mais Clara en a décidé autrement, lui confiai-je

— Donc elle a tout raconté à notre groupe, en exagérant beaucoup de trucs et en en omettant d'autres. Elle a accusé Lise d'avoir dit et fait des choses qu'elle n'avait jamais faites, et qu'elle n'aurait jamais faites, poursuivit Antoine

— Clara a photoshoppé des conversations avec Lise pour lui faire dire des horreurs à notre sujet, ajoutai-je. Alice et moi nous en sommes rendues compte, et donc quand ça a explosé on a pris le parti de Lise, puisqu'elle avait tout le monde contre elle qui l'accusait de tous les maux du lycée, sans vouloir écouter ce qu'elle avait à dire. En bref.

— Sympathique de la part de quelqu'un qu'on pense être son amie, commenta Caitlin

— Exactement, appuya Antoine. Moi, je suis resté en dehors de tout ça, mais pas Emmy et Alice, puisque Clara les y a mêlées elle-même.

— Il s'en est passé des choses à Sainte-Cécile, soupira-t-elle

— Si tu savais, soufflais-je, les yeux fixés sur un fantôme

— En plus, dit-elle en plissant les sourcils, une élève est morte, non ?

Quelques pierres du mur que j'avais difficilement construit autour de moi se fracassèrent au sol.

— Oui. Solange, confirma Antoine. On était là.

Caitlin s'arrêta net et tapa sa main sur son front. Mon regard s'assombrit.

— Oh, mais oui, quelle idiote ! s'exclama-t-elle. Pourquoi je n'y ai pas pensé ?

Elle prit mon bras et je croisai son regard désemparé.

— Ma pauvre Emmy ! Pardon de ne pas avoir compris, s'excusa-t-elle avant de me prendre dans ses bras.

Un instant, son parfum à la violette me réconforta. Je me pris à rêver de champs de fleurs et de sourires. Et puis, la réalité me rattrapa. Une larme coula.

— Tu la connaissais, hein ? demanda-t-elle d'une voix douce

J'opinai de la tête.

— Elle était mon amie, murmurai-je en reniflant

— Antoine, tu as dit... « On était là » ? questionna-t-elle d'un ton hésitant

— On était à cette soirée. Clara aussi. On... on a essayé de la réanimer, avoua-t-il

— Sa peau était froide à cause de l'hypothermie, me souvins-je, une boule dans la gorge

— C'est horrible ce qui est arrivé, souffla-t-elle. Le genre de choses qu'on n'oublie pas.

Elle ponctua sa phrase d'un regard obscurci par les souvenirs.

— Mike est au courant, non ? interrogea-t-elle

J'hochai la tête.

— Et Luke ? demanda Antoine

Je fis non de la tête.

— Tu veux que je lui en parle ? questionna Caitlin, un pli soucieux barrant son front

— Non... Non. Je le lui dirai moi-même. Un jour, répondis-je d'une voix troublée par la peine

— D'accord. Tu n'en auras peut-être pas besoin... S'il réfléchit, il trouvera, assura-t-elle d'une voix réconfortante. Si tu as besoin de quelqu'un pour parler, ou juste d'une épaule pour pleurer, tu peux compter sur moi, ajouta-t-elle en me regardant droit dans les yeux

— Merci, dis-je, simplement

   Un silence se fit. J'observai les bâtiments baignés de soleil, la grand-mère qui tenait la main de son petit-fils, les fleuristes qui réordonnaient leurs fleurs. Le vent soulevait mes cheveux pour me conter des bonheurs que le temps avait ternis.

— On est bientôt arrivé ? questionna Antoine

— On peut prendre le métro si tu veux, proposa Caitlin. On en a encore pour un petit moment.

— Oui, je veux bien.

Après avoir payé nos tickets, nous patientâmes encore un peu avant de pouvoir nous mêler aux new-yorkais. L'air climatisé me fit du bien et je reportai mon attention sur Antoine qui était absorbé dans la contemplation des arrêts. Je manquai de m'écrouler sur Caitlin lorsque l'engin freina à l'arrêt où nous devions descendre, ce qui la fit éclater de rire.

Caitlin nous guida jusqu'au bâtiment et sonna.

— Non mais pousse-toi, Thomas ! résonna la voix de Mike. Oui ?

— C'est nous ! répondit Caitlin

— Déjà ? s'étonna Thomas

— Cache ta joie, surtout ! m'exclamai-je, alors que le bruit d'ouverture de la porte retentissait

Nous nous glissâmes dans le bâtiment et montâmes les escaliers. Luke nous ouvrit la porte.

— Vous avez pris le métro ?

Caitlin hocha la tête.

— Vous avez bien fait, ça se couvre.

Effectivement, le ciel s'était assombri et était couvert de nuages pluvieux. J'observai tout autour de moi et vit que Mike était en train de griffonner des noms sur des gobelets. Mon cousin, à côté, se moquait de son écriture maladroite.

  Je restai à proximité de Caitlin et observai de loin Alice et Antoine. J'avais la sensation que quelque chose clochait, mais il m'était impossible de mettre le doigt dessus.

  Très vite, nous fûmes rejoints par Emma, Eileen et Glenn, sans John puisqu'il avait déjà quelque chose de prévu. Une fois les pizzas commandées et livrées, nous nous assîmes tous autour, ou du moins essayâmes :

— Pousse-toi Emmy, tu prends toute la place ! s'exclama Glenn en me poussant sur Luke

— Tes cheveux ne sentent pas du tout la pizza, constata-t-il après avoir retiré mes mèches de sa bouche

— T'as déjà vu un shampooing qui sent la pizza ? répliquai-je en décollant ma tête de son épaule

— On devrait l'inventer, objecta-t-il tandis que je me redressais et replaçais mes cheveux derrière mes oreilles

Me mettre entre lui et Glenn n'était peut-être pas la meilleure idée que j'avais eue, mais au moins je pourrais avoir de la pizza, pas comme Alice qui était à côté de Mike. J'avais même réussi à oublier la présence de Clara. C'était plus facile quand elle ne minaudait pas. Et puis, je devais admettre que la voir me regarder de travers parce que j'étais à côté de Luke me faisait rire, ce qui faisait que je m'esclaffais parfois toute seule sans aucune raison apparente. Et si elle prit ma place quand je me levai pour remplir mon verre, j'eus tout de même droit à mon lot de consolation :

— Non ! Ne prends pas de jus d'orange, c'est pour les cocktails ! s'exclama Mike, scandalisé

   Il me prit la brique des mains avant même que je n'ai eu le temps d'esquisser le moindre geste.

— Mais, t'as fini ? s'écria Luke en lui arrachant la brique des mains. Tout le monde n'a pas envie de boire tes mélanges discutables.

— Eh bien, vous avez tort, affirma Mike en remplissant son verre

   Luke soupira et prit mon verre, effleurant ma main au passage, suffisamment doucement pour que je pense avoir rêvé, mais assez pour qu'un feu d'artifice explose dans mon coeur. C'est donc l'âme en effervescence que je l'observai verser du jus d'orange dans mon verre.

— Tiens, dit-il en me le tendant. Et n'écoute pas Mike.

— Merci, murmurai-je dans un sourire.

Au moment où je reprenais mon verre, ses doigts se refermèrent sur les miens. Mon coeur bondit dans ma poitrine et mes joues rougirent.

— Je ne te déteste pas, déclara-t-il, d'une voix rauque, son regard perdu dans le mien

« Je ne déteste pas. »

— J'espère bien, parce que ça serait bizarre de monter un groupe avec quelqu'un qu'on ne peut pas voir en peinture, répondis-je en riant nerveusement

Quelle imbécile ! J'aurais dû lui demander ce qu'il voulait dire par là...

— C'est vrai, admit-il en lâchant ma main

Sur un petit nuage, je retournai m'asseoir, à côté d'Alice, cette fois.

— Alice ! chuchotai-je. Ça veut dire quoi quand un mec me dit qu'il ne me déteste pas ?

— Qu'il ne te déteste pas, j'imagine, répondit-elle

— Ça m'aide beaucoup, grognai-je

— Emmy, qu'est-ce qu'il y a dans ton verre ?

— Du jus d'orange.

— D'accord, et celui d'avant ? questionna-t-elle

— Euh... demande à Mike.

— Je vois, dit-elle en souriant. Et celui encore d'avant ?

— Du coca. Alice, qu'est-ce qui se passe avec Antoine ? marmottai-je. Vous êtes hyper distants, c'est bizarre !

Ce n'est qu'en remarquant le silence autour de nous que je constatai avoir parlé très fort. Oups. C'est toujours quand je dois être discrète que je ne le suis pas.

— Oui, en fait on doit en parler, c'est pour ça que je suis venu, annonça Antoine en reposant son verre vide. J'ai rencontré une londonienne.

  Le visage d'Alice se décomposa et le mien perdit toutes ses couleurs. Ma meilleure amie se leva et l'attrapa par le bras :

— Viens, dit-elle d'un ton peu amène.

Elle le tira jusqu'à la porte d'entrée et je pris ma tête entre mes mains, me demandant sérieusement ce que je venais de faire.

— Ne t'en fais pas, ça devait bien arriver, me rassura Luke

Je relevai la tête vers lui. Il avait prit la place d'Alice.

— Ça fait quelques jours qu'elle n'est pas bien, poursuivit-il. On sait maintenant à cause de quoi.

— Je vais aller l'attendre près de la porte, décidai-je, alors que les conversations reprenaient

Je me levai en écoutant distraitement Thomas et Mike parler de comics.

— Moi aussi, affirma Luke en se levant à son tour

  Ne sachant pas vraiment ce qu'il fallait faire dans ce genre de situation, je m'adossai au mur de l'entrée, Luke en face de moi.

— Je sentais qu'un truc clochait, soupirai-je, qu'elle ne me disait pas tout, mais je ne m'attendais pas à ça.

— Eh bien, moi, ça ne m'étonne pas. Elle avait l'air tellement stressée hier quand je l'ai emmenée que je me suis dit qu'il y avait un problème entre eux, expliqua-t-il

— Je voulais juste lui poser la question en privé... Tu peux m'expliquer pourquoi j'ai parlé si fort ? déplorai-je

— De toute façon, Antoine t'aurait forcément entendue. Quoiqu'il arrive, il aurait rebondi dessus, objecta Luke. J'ai l'impression qu'il attendait qu'on lui tende la perche.

Un soupir franchit mes lèvres.

— La pauvre, murmurai-je, les yeux fixés sur mes pieds

— C'est sûr que ça va être compliqué à digérer, commenta-t-il

   Je relevai la tête vers lui. Je me mordis la lèvre : ce n'était peut-être pas le bon moment pour ma question... Pourtant, croiser ses prunelles indéchiffrables me convainquit :

— Qu'est-ce que tu voulais dire, avant ?

Il eut l'air décontenancé.

— Comment ça ?

Les battements de mon cœur s'accélèrent lorsque je répondis, les joues brûlantes :

— Tu m'as dit que tu ne me détestais pas. Je sais maintenant que tu n'as pas envie de m'étrangler à chaque fois que tu me vois, mais c'est un peu flou, non ?

— J'imagine que je t'apprécie, dit-il en s'approchant, un léger sourire aux lèvres. Et toi ?

— Je crois que moi aussi, murmurai-je tout d'un coup très mal à l'aise à cause de notre proximité soudaine

— Et je crois que j'ai très envie de t'embrasser, ajouta-t-il à mi-voix, son souffle sur mon visage

Tout en sachant que je regretterai ça d'ici demain, je penchai ma tête en arrière.

— J'imagine que moi aussi.

   Je clignai des yeux et ses lèvres effleurèrent d'abord doucement les miennes. Son anneau froid jura avec le brasier sur ma bouche. Mes yeux se noyèrent dans les siens, sa main repoussa délicatement une mèche persistante derrière mon oreille et, n'y tenant plus, je fermai les yeux et pressai passionnément mes lèvres contre les siennes.

Mes bras s'enroulèrent autour de son cou et il me sembla que le torrent dans mon coeur n'avait jamais été aussi violent. Ses mains descendirent jusqu'à ma taille et me plaquèrent contre lui. Les battements affolés de mon coeur résonnaient comme un tambour au creux du sien.

Un instant, nous nous séparâmes et je repris mon souffle, mon visage à quelques centimètres du sien. Puis, je recollai ma bouche contre la sienne, comme si être loin de lui m'était trop douloureux. Cette fois, il passa ses mains sous mes cuisses et j'enroulai mes jambes autour de sa taille, mes doigts dans ses cheveux soyeux. Mon dos heurta doucement le mur derrière moi.

J'ignorai le grincement de la porte qui s'ouvrait et posai ma main sur sa joue, n'entendant plus que sa respiration saccadée.

— JE LE SAVAIS ! cria la voix d'Alice, si soudainement que je sursautai

Nous nous séparâmes aussitôt, hagards et il ne me resta de ce baiser qu'un goût sucré sur la bouche.

— MANGE TES LOUBOUTINS DICFEM, répliqua Luke, son regard brillant encore posé sur moi, les joues rougies

Je détournai les yeux la première et déglutis face au visage brisé par la douleur d'Alice. Elle passa entre nous deux, droite comme un i, suivie par Antoine dont les joues étaient livides.

— Quoi ? lança-t-elle aux autres qui s'étaient tus pour observer la scène. On a rompu si c'est ce que vous voulez savoir, lâcha-t-elle d'un ton sec

Et puis, elle attrapa une bouteille d'alcool. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de l'ouvrir, Luke la lui arracha des mains.

— Mauvaise idée, dit-il, simplement

Je sortis enfin de ma torpeur et rejoignis ma meilleure amie. Désemparée, je réfléchis à toute allure à ce que je devais faire.

— Tu veux t'asseoir ? demandai-je. Tu veux de l'eau ?

Elle refusa de la tête, le regard terne.

— Je crois que je vais rentrer, annonça Antoine d'une voix neutre

— Je t'accompagne, proposa Thomas

   Luke les raccompagna jusqu'à la porte, et la seule chose que je parvins à faire fut de prendre ma meilleure amie dans mes bras. Au moment où la porte se referma, son cœur craqua et elle se brisa en sanglots.

~

Hello ! Comment allez-vous ? 🙈

J'étais surexcitée à l'idée de publier ce chapitre, c'est l'un de mes préférés ! Qu'en pensez-vous ? Le début, la discussion avec Caitlin, la rupture d'Alice et Antoine ? Et bien-sûr, le baiser entre Luke et Emmy ? Vous y attendiez-vous ? 🙊

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! 🖤

On se retrouve samedi prochain pour le prochain chapitre ! 🎶

Prenez soin de vous ! 😊🧡

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top