➵ Chapitre 80

Les premières fois ont toujours quelque chose de magique. D'une certaine façon, elles sont inoubliables, parfois maladroites, expérimentales ou stressantes, parfois merveilleuse parce qu'on est confiant, confiant envers l'avenir. Mais, les dernières fois sont encore mieux, parce qu'on ne sait quand est-ce que c'est la dernière fois. C'est pour ça qu'il faut vivre chaque instant comme si c'était le dernier. Le dernier show, la dernière chanson, la dernière soirée, le dernier baiser, le dernier regard. Tout est éphémère.

Si j'avais su que tout déraperait ce jour-là, le vendredi 17 novembre 2017, j'aurais tout fait pour qu'on reste au lycée. Seulement, le pire ne prévient jamais, alors la seule chose à laquelle je pensais ce jour-là, c'était me détendre et m'amuser. Je ne sais pas ce qui était le plus terrible : que nous ne soyons pas tous rentrés ou que ça se soit passé sous nos yeux.

Je me souviens que la semaine avait été stressante, que j'avais très peu dormi et que la promesse d'une soirée entre amis avait sonné comme le glas de la délivrance. C'est pourquoi, Rachelle et Solange étaient venues dans notre chambre pour se préparer et discuter entre filles. On n'était rien de plus que des ados normaux.

— Bon, toi et Ludovic, vous en êtes où ? demanda Rachelle à mon attention. Parce que c'est flagrant, là.

Si j'avais eu autre chose que ma guitare entre les mains, ce serait tombé. Je croisai son regard curieux.

— Comment ça, c'est flagrant ? répliquai-je en me levant de mon lit

— Bah...

— Il t'aime bien, tu sais, lança Solange en ouvrant son mascara. Même beaucoup.

— Je sais, avouai-je en rougissant

Alice écarquilla les yeux et je me mordis la lèvre pour ne pas rire.

— Quoi ? Tu sais ? s'étonna-t-elle. Il te l'a dit ?

— C'est possible, admis-je aussi amusée que gênée

— Et tu ne nous l'as pas dit ? s'exclama-t-elle, les poings sur les hanches. Traîtresse !

— Ah, moi je savais qu'il te l'avait fait comprendre. C'est lui qui me l'a dit. J'attendais juste que tu nous le dises, dit tranquillement Solange en refermant son mascara

Elle se tourna vers moi et m'offrit un sourire innocent.

— Tu l'aimes bien ? questionna-t-elle en prenant son tube de rouge à lèvre

— Le truc c'est qu'il plait à Lucie, commençai-je, décidée à me livrer, et-...

— Non mais on s'en fiche de Lucie ! De toute façon, il lui a mis un râteau, coupa Rachelle en s'asseyant sur le lit d'Alice

— Et en plus ce n'était pas la question, appuya Alice

— Par ta stratégie d'évitement de la question, j'en déduis que oui, conclut Solange. Alors ? Tu confirmes ?

— Je... OK, je confirme, avouai-je, embarrassée

— Ah, tu vois quand tu veux ! se réjouit Alice

— Alors, qu'est-ce que tu attends ? Le déluge ? demanda Solange en croisant les bras

— Ce n'est pas juste vis à vis de Lucie, expliquai-je

— Et alors ? répliqua-t-elle. Ne t'en occupe pas ! Sinon, je t'assure que tu vas le regretter plus tard. Ça serait dommage de passer à côté de ça, tu ne crois pas ?

— Je n'ai pas envie de la blesser, confiai-je. Ce n'est pas mon genre de faire ça.

— Elle est déjà blessée par le stop qu'elle a reçu, objecta Rachelle. En plus, je suis sûre qu'elle t'a cramée.

— Et puis dans la vie, on fait les choses – ou on ne les fait pas – pour soi et pas pour les autres. Parce que si tu fais tes choix en fonction des autres, tu peux être sûre qu'ils vont être mauvais, affirma Solange en s'asseyant à côté de moi. Alors fais-moi plaisir et tente le coup ! Je sais que c'est ce que tu veux.

— Bon, d'accord, capitulai-je. Après tout, je n'ai rien à perdre.

— Exactement ! confirma Alice

— Merci, dis-je, ne sachant pas vraiment ce que je pourrais dire d'autre

— De rien ma belle ! On a tous besoin d'une Solange dans sa vie ! s'exclama-t-elle en me faisant un clin d'œil. Je suis prête ! ajouta-t-elle en se relevant.

— Bon, eh bien allons-y, décida Alice

— Je récupérerai mes affaires toute à l'heure, informa Solange en parcourant la pièce du regard

— Comme tu veux, répondit Alice en s'effaçant pour nous laisser sortir

   Elle ferma la porte et je vérifiai dans mon sac à dos si j'avais toutes mes affaires : porte-feuille, téléphone et surtout mon carnet et mon stylo. On ne sait jamais ; l'inspiration ne prévient pas.

— Je suis sûre que tout le monde nous attend déjà, fit Alice en descendant les escaliers

— Tout le monde ? répéta Rachelle. Ça m'étonnerait, Clara est toujours en retard.

— Mais le futur copain d'Emmy, Antoine et Judickaël sont sûrement déjà là, nuança Solange en me tirant la langue

Un soupir m'échappa, mais je souris tout de même.

— Laisse-la tranquille, la pauvre ! me défendit Rachelle, dont les mèches courtes se soulevèrent dès l'instant où Alice ouvrit la porte donnant sur la cour

— Ah, merci ! dis-je en riant

   Elle me sourit en retour, ses yeux noisettes illuminés. En fait, je ne la connaissais pas très bien. Je ne savais pas si elle aimait les papillons, les coquelicots ou les violettes. Je me promis de passer plus de temps avec elle dans le futur.

  En sortant à mon tour, le vent glacial souleva les mèches de cheveux qui s'étaient échappées de mon chignon temporaire – il n'y a rien de pire que les écharpes pour créer des noeuds – et je m'aperçus que Solange avait tort : tout le monde était déjà là.

— Voilà les retardataires, nous accosta gentiment Judickaël

— Comment tu fais pour nous voir avec la buée sur tes lunettes ? le taquina Solange

— L'habitude, j'imagine. On y va ? proposa-t-il en essuyant les incriminées avec son écharpe

Nous déposâmes nos cartes de sortie, la surveillante nous rappela qu'on devrait être rentrés avant minuit et nous ouvrit la porte. La première opération fut d'aller acheter des sandwichs et des sodas que nous mangeâmes sous les rires sinistres des corbeaux et les roucoulements des pigeons dans un parc non loin de là.

— Heureusement que je n'ai des corbeaux que la couleur des plumes, bougonna Solange en observant d'un œil mauvais un corbeau.

En guise de réponse, il croassa dans sa direction.

— Non, pas touche à mon sandwich ! s'exclama-t-elle. Ne va pas croire que parce que ma couleur de cheveux est identique à ton plumage nous sommes amis !

— Le corbeau et Solange, se moqua Antoine

— Je suis sûre que cette fable est divinement drôle, excellente et moralisatrice, répliqua-t-elle en riant

— Lise te l'écrira, m'esclaffai-je

— Évidemment ! Et plus tard, tous les écoliers devront l'apprendre par cœur, affirma-t-elle en jaugeant l'oiseau du regard

— Et ce sera quoi, la morale ? demanda Clara qui avait déjà fini son sandwich

— Mmh, voyons voir... toute ressemblance ne débouche pas sur une amitié ? suggéra-t-elle

— Ça fait beaucoup de syllabes, ça, commenta Ludovic

— Tu as une meilleure idée ?

— Non, je ne suis pas écrivain, moi ! protesta-t-il en riant

— Tout le monde peut écrire une fable, non ? objecta Clara

— Théoriquement, oui, mais tout le monde n'a pas une appétence pour les mots, arguai-je. De plus, écrire en vers n'est pas donné à tout le monde, personnellement je n'y arrive pas.

— C'est bizarre pour quelqu'un qui veut faire de la musique, lança-t-elle

— Pas tellement. J'ai l'impression que c'est plutôt une question de sonorités. Si tu regardes les paroles de tes chansons préférées, toutes ne riment pas, et elles ne sont pas moins bien que les autres, affirmai-je

— Et puis les textes se travaillent, on chante rarement un premier jet, ajouta Ludovic en me souriant, ce qui eut pour effet de me faire rougir

— C'est vrai, admit Clara

— Bon, fit Solange en s'étirant. J'ai dit à Harry et Abdel qu'on serait là vers vingt heures, et il est vingt heures donc je propose qu'on y aille.

— OK ! Et tu leur as bien dit qu'on repartirait tôt ? demanda Judickaël en se levant

Solange balaya sa remarque d'un geste.

— Mais oui !

Tout le monde se leva et nous rassemblâmes les emballages avant de les jeter à la poubelle. Alors que les autres commençaient à partir, je m'attardai un peu, les yeux fixés sur l'endroit où nous étions avant. Un lampadaire éclairait l'endroit d'un halo étrangement doré dans la nuit tombante.

— Tu viens ? me demanda Ludovic

— Oui, dis-je en m'arrachant à ma contemplation, oui.

Je lui emboitai le pas et me retournai encore, troublée.

— Tu as l'air un peu perdue, tout va bien ?

— Oui... Je... Je me suis juste fait la réflexion que c'était comme si on n'avait jamais été là. Pourtant, les rires et les sourires étaient bien réels.

— Que c'est joyeux, commenta-t-il

— Il faudra t'y faire, répondis-je, amusée

— Comment ça il faudra que je m'y fasse ? répéta-t-il en me jetant un regard intrigué

— Eh bien..., murmurai-je

   Je me tournai vers lui, lui pris le bras pour qu'il s'arrête et me mis sur la pointe des pieds avant de délicatement poser mes lèvres sur les siennes. Mon coeur bondit dans ma poitrine quand il me rendit mon baiser.

— Je vois, dit-il une fois que je me fut reculée

Je lui souris, le visage en feu et le coeur cognant à toute allure.

— Je crois qu'il faut rattraper les autres, soufflai-je, à mi-voix, en désignant nos amis à quelques dizaines de mètres de là

Il suivit ma main des yeux.

— Bonne idée, je te suis. Ça serait dommage de se perdre, plaisanta-t-il

— Très, ironisai-je en accélérant le pas, souriant tout de même

— J'espère qu'il y aura des softs, songeait tout haut Alice, au moment où j'arrivai à sa hauteur

— Bien-sûr, répondit Rachelle, il y en a toujours. On ne peut pas faire de cocktails sinon !

— Tout juste, appuya Solange en réajustant son cache-oreille

— Sinon, il y a toujours de l'eau, objectai-je, joyeusement

   Soudainement, je me sentais plus légère, comme si plus rien d'autre n'avait d'importance que le fait d'être en vie, à ressentir la joie d'être bien entourée.

— Eau, qui je le rappelle a la même couleur que la vodka, répondit-elle sur un ton tranquille

— Mais ça serait quand même bien que personne ne soit éméché quand on rentre, argua Antoine

— Tout à fait, appuya Judickaël

— Ne vous en faites pas ! les rassura Rachelle

   Solange nous entraîna dans une rue adjacente puis une autre et encore une autre avant de s'arrêter devant un immeuble.

— Voilà, annonça-t-elle en appuyant sur la sonnette

  Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur Abdel. Nous le suivîmes jusqu'au premier étage où des rires retentissaient jusque dans le couloir. Harry nous accueillit, visiblement éméché au vu de la cravate qu'il avait nouée autour de la tête.

— Ne me jugez pas, c'est un gage ! s'exclama-t-il à la seconde où il nous vit

   Il s'écarta pour nous laisser entrer et je pus voir que tous les meubles du salon avaient été poussés contre les murs et que la table faisait office de buffet.

  Il nous présenta à tout le monde – c'est à dire une vingtaine de personnes dont j'oubliai très vite les noms – et nous donna un gobelet rouge à chacun sur lequel il griffonna nos noms au marqueur.

   Solange remplit son verre d'alcool et de jus de fruit et me fit un clin d'œil avant de se mêler dans la petite foule qui dansait et Rachelle disparut dans la cuisine.

— Bon, quelqu'un veut du jus d'orange ? questionna Antoine en ouvrant une des briques posées sur la table

— Moi ! affirma Judickaël en tendant son verre

   Alice remplit mon verre et celui de Clara de coca, avant de rejoindre ceux qui jouaient aux cartes dans un coin du salon, suivie par Clara, Antoine et Judickaël, me laissant seule avec Ludovic.

— Comment ils font pour être aussi sociables ? interrogeai-je

— Alors là, aucune idée ! Demande-leur !

— Vous voulez du gâteau ? intervint Abdel, un plateau à la main. C'est Harry qui l'a fait donc si c'est mauvais, vous saurez pourquoi. C'est à la carotte.

— Oh oui, acceptai-je en prenant un morceau, qui s'avéra très bon. Tu es mauvaise langue, ajoutai-je à son attention

— La dernière fois, je t'assure que c'était immonde. C'est le roi des expériences culinaires ratées, répondit-il en repoussant une mèche de cheveux noirs

— Rater un gâteau, à part en le cramant, c'est impossible, affirmai-je

— Il l'a fait, grimaça-t-il. Il a mélangé deux recettes qui n'avaient rien à voir...

— Ah... Eh bien c'est embêtant, commentai-je

— Bon, je vous laisse, je vais en proposer aux autres.

Il tourna les talons et alla voir d'autres invités.

— Ça fait du bien d'être ici, tu ne trouves pas ? demandai-je. Loin des khôlles, de M. Wiener, des maths et de la physique.

— Ce n'est pas trop ton truc, les sciences, répondit Ludovic

— Non, en effet.

— Tu n'aimes pas ?

— En fait, ça ne m'intéresse pas. J'admire vraiment les gens qui sont passionnés par ça, avouai-je

— Franchement, il n'y a pas grand monde dans notre classe qui soit vraiment passionné par ça. Tout le monde veut faire carrière dans la musique, la danse, la littérature, le graphisme ou même la mode, avança Ludovic en me souriant d'un air rassurant

— Alors, déjà il y a Newton et-...

— Et il porte en prénom le nom d'un des plus grands physiciens, coupa-t-il

— Pas faux. Mais ce que je voulais dire, c'est que tout le monde ne pourra pas réaliser ses rêves, expliquai-je

Il fronça les sourcils.

— Pourquoi, tu penses que tu ne pourras pas ?

— Je ne sais pas, confiai-je

— Si tu veux mon avis, je pense que tout le monde ne pourra pas réaliser ses rêves à la sortie de Sainte-Cécile, mais je crois qu'avec du travail et en s'accrochant, tout le monde peut y arriver. Toi y compris. Et puis, peut-être que tu feras partie des chanceux qui seront contactés à partir d'avril pour signer un contrat dans une maison de disques.

— Peut-être, relevai-je, amusée. De toute façon, je fais un dossier pour Juilliard School. Et je demande la fac de lettres.

— Bonne idée.

— En tout cas, j'ai la sensation que ça fait des lustres que je ne me suis pas sentie aussi légère, repris-je avec entrain

  Et c'était vrai, j'avais l'impression que le stress, les khôlles, les contrôles n'étaient que de simples poussières sur la terre. Au fond, est-ce que ça compte vraiment ?

— Je vois ça, s'esclaffa Ludovic en se penchant vers moi.

   Je me perdis dans l'éclat citrine de ses yeux, et cette fois, quand j'approchai mon visage du sien, je compris que ce moment était comme un papillon fugace dont j'aurais effleuré l'aile. Je nouai mes bras autour de son cou, il posa sa main sur ma joue et de mes lèvres je touchai le bonheur.

J'oubliai tout autour de moi, les gens, la musique, les rires. Plus rien d'autre ne comptait. Puis je repris mon souffle et me reculai, le regard aimanté par le sien.

— Ah, bah enfin ! Je vois qu'on suit mes conseils ! s'exclama Solange

Je tournai immédiatement la tête vers elle. Elle n'était qu'à une vingtaine de centimètres de nous, et ses cheveux étaient en bataille.

— Il faut croire que tu avais raison, lui dis-je en rougissant

— Évidemment, j'ai toujours raison, affirma-t-elle en s'avançant

Elle s'affala à moitié sur Ludovic et se rattrapa sur ses épaules.

— Ouh là, désolée ! fit-elle

— Ça va ? lui demanda-t-il en haussant un sourcil

— Ouais ! Je me suis pris les pieds dans ce fichu tapis, grogna-t-elle en désignant le bord du tapis

— Tu as bu combien de verres, Solange ? m'inquiétai-je

— Ah ! Aucune idée ! s'exclama-t-elle en riant. Mais je n'ai même pas la tête qui tourne !

— Mouais, fis-je en lui prenant son verre (vide) des mains.

Je le remplis d'eau et le lui tendis. Elle le porta à ses lèvres.

— Quoi ? Pourquoi tu m'as mis de l'eau ?

— Ça déshydrate, l'alcool, répondit Ludovic

— Bon, d'accord.

Elle le but d'une traite et le remplit à nouveau d'alcool avant même que je ne puisse esquisser le moindre geste.

— Euh... Tu devrais peut-être te calmer sur l'alcool, intervint Alice qui s'était approchée

— Ne t'en fais pas, ça va !

— Le prochain verre, c'est de l'eau, poursuivit ma meilleure amie en se servant un verre de limonade

— Elle m'en a déjà fait boire, protesta Solange en pointant un doigt accusateur dans ma direction

— Très bien, Emmy ! répondit Alice en claquant des doigts

— Bon je vais aux toilettes, à tout de suite ! annonça-t-elle en partant vers le couloir

Quelques minutes plus tard, elle avait reparu et avait à nouveau rempli son verre. De loin, je la vis sourire et danser avec Abdel. Et puis soudainement, elle l'embrassa à pleine bouche sous mes yeux écarquillés.

— Tu vois Emmy, ça c'est ne pas perdre de temps, lâcha Alice. Vous voulez jouer au Times'up avec nous ?

   Sa boutade me fit rire et nous acceptâmes. Libérée du poids de tout ce qui s'était passé ces derniers temps, je me joignis à l'équipe d'Alice. J'oubliai tout le reste et bientôt plus rien d'autre ne compta que de s'amuser. Portée par les effluves de la soirée, je ne vis pas le temps passer. Il me semblait que tout irait toujours bien.

— Wiener ! s'exclama Alice

« Quel mot pourrait-elle nous faire deviner avec ça ? » songeai-je

— Professeur ? proposai-je

— Musicien ? suggéra Antoine

— Moustache ? demanda Clara

— Il n'en a pas, lui appris-je

— Ours ?

— Oui, Ludo ! fit Alice. Marinette !

— Coccinelle ! répondis-je aussitôt

— Stop ! Temps écoulé ! s'écria Harry tandis qu'Alice et moi nous faisions un high-five

— Alors... Comptons les points, murmura Clara en comptant les cartes. 22 ! Et vous ?

— 11, répondit quelqu'un

— Nous gagnons haut la main ! s'écria Alice en passant son bras autour de mes épaules.

— Oh là là ! Il est onze heures passées, il va falloir qu'on décolle, gémit Antoine en regardant sa montre

— Oui, tu as rai-...

— AAAAAAAH ! cria subitement une voix féminine

   Alice ne finit pas sa phrase. Harry se leva d'un bond et coupa la musique. Un terrible silence nous tomba dessus.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? questionna Harry

— Ça venait de ta chambre, non ? demanda Abdel

— Harry, c'est dans ta chambre, quelqu'un est par terre dans son vomi ! s'exclama une fille en courant dans le salon

— Quoi ?! paniqua-t-il avant de traverser la pièce à toute allure, Alice, moi, Clara, Ludovic, Antoine et Judickaël sur ses talons

— Oh mon Dieu ! Mais qu'est-ce qu'elle fait là ?

   Un cri d'horreur franchit mes lèvres en découvrant que le corps allongé était celui de Solange. Ludovic nous bouscula pour passer, les cheveux dans les yeux.

— Judickaël, appelle les secours ! Emmy, viens m'aider. Alice, prends son pouls ! dicta fermement Ludovic en s'agenouillant. Antoine, appelle le lycée.

   Comme un robot, je m'avançai et m'agenouillai de l'autre côté de mon amie, dont les yeux étaient fermés. Je touchai sa peau. Elle était glacée.

— Sa peau est glacée ! m'épouvantai-je

— Elle est sûrement en hypothermie, répondit Abdel en attrapant la couverture posée sur le lit

  Pendant ce temps, Ludovic lui avait pris la main et lui avait demandé de la serrer si elle l'entendait. Alice, qui pâlissait à vu d'œil s'exclama brutalement :

— Elle n'a pas de pouls, je ne sens rien !

— Ils disent de la mettre en PLS et de lui mettre une couverture, ils arrivent ! annonça Judickaël, livide

— Elle ne respire plus ! s'affola Ludovic

— Elle ne respire plus ! répéta Judickaël d'une voix tremblante. Massage cardiaque, vite !

  Abdel me poussa et Clara me tira en arrière. Hébétée, j'observai Abdel tenter de sauver notre amie et Clara me serra contre elle, pâle comme la mort.

— Je ne sais pas Madame ! On a appelé le SAMU, ils disent qu'ils arrivent, là il lui fait un massage cardiaque..., parlait très vite Antoine. Où on est ? Euh, euh...

Harry lui arracha son téléphone des mains et donna l'adresse.

— Oui, exact, oui. Oui, je suis majeur. D'accord à tout de suite.

  Au loin, dans la nuit, le son d'une ambulance retentit. Le visage criblé de larmes, j'observai mon amie qu'Abdel n'arrivait pas à réanimer. A cet instant, j'ai compris que je m'étais fourvoyée sur toute la ligne. Je n'irai plus jamais bien. Elle était morte.

FIN DE LA PARTIE 2.

~

Hello !

Et voilà, vous savez tout au sujet de Solange ! 😅 J'avoue avoir eu un mal fou à écrire ce chapitre... Très sincèrement c'est l'une des scènes les plus difficiles que j'ai eu à écrire... J'ai conscience que cette fin de chapitre (et de partie 2) est un peu brutale, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Vous comprenez un peu mieux pourquoi Emmy est aussi mélancolique quand elle pense à Solange, dans la partie 1 :)

N'hésitez pas à me donner votre avis sur cette partie, c'est important pour moi de savoir !

Mercredi, je mettrai en ligne le nom de la partie 3 avec la playlist, et tout !

On se retrouve Samedi 19 décembre 2020 pour le chapitre 81, qui reprendra là on s'était arrêté au chapitre 20 !

(Pour rappel, Émilie s'était endormie chez Luke après qu'il l'ait tirée in extremis des pattes de gars malintentionnés, à New-York :) )

Voilà, à très vite !

Bonne semaine ! (Plus qu'une à tenir bon ;) ) 🖤

Prenez soin de vous et de vos proches ! 🧡🧡

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