➵ Chapitre 76
— Oui, bien-sûr, acceptai-je en lui souriant
— Alors à toute à l'heure ! nous salua Alice
Elle et Antoine disparurent dans le dédale de couloirs. Je me tournai vers Lucie, un sourire encourageant aux lèvres.
— De quoi tu voulais me parler ? questionnai-je
— On peut aller prendre l'air ? demanda-t-elle en retour
J'acquiesçai de la tête. Dans un silence quelque peu oppressant – je n'avais aucune idée de ce dont elle voulait me parler – nous descendîmes les escaliers et nous nous retrouvâmes dans la fraîcheur du début de l'automne.
Lucie s'assit sur un banc et je l'imitai. Ses cheveux noirs et lisses tombaient sur son visage comme un grand rideau. L'été avait donné une teinte orangée à sa peau, à moins que ça ne soit le soleil tombant.
— Je t'écoute.
— Les soirées se rafraîchissent, tu ne trouves pas ? dit-elle en réponse
Un sourire fendit mon visage.
— Lucie, ça m'étonnerait que tu aies voulu me voir toute seule pour me parler de la pluie et du beau temps. Alors dis-moi tout. Peu importe ce que c'est, je ne te jugerai pas.
— C'est gentil à toi. En fait, je m'étais dit que tu pourrais peut-être m'aider et me conseiller, commença-t-elle
— Vas-y, je t'écoute, répondis-je, le vent soulevant mes cheveux. Dis-moi comment je peux t'aider.
— Eh bien en fait, il y a quelqu'un qui me plaît et je ne sais pas comment m'y prendre pour le lui faire comprendre, avoua-t-elle
— Eh bien, avant toute chose, il faut que tu arrives à déceler si c'est réciproque ou pas. Tu pourrais essayer de passer du temps seule avec cette personne pour voir ce que ça donne, si il y a des signes ou quelque chose comme ça, conseillai-je
— Le truc, soupira Lucie, c'est que je ne le connais pas très bien, ça ferait bizarre si tout d'un coup je me mettais à lui demander de passer du temps avec moi.
— La question à te poser, c'est est-ce que ça vaut le coup de prendre le risque pour toi ? Tu ne sais pas ce que tu pourrais manquer, répondis-je. Tu ne perds rien à tenter le coup.
— Tu n'as pas tort, admit-elle. C'est quoi les signes, par exemple ? demanda-t-elle
— Ça dépend, chaque personne est différente. Par exemple, Thomas me faisait pleins compliments. Non, oublie c'est un mauvais exemple, me rendis-je compte avec un rire nerveux. Hum. Luke. Lui, il était... assez tactile, je dirais. Il me portait des attentions qu'il ne portait pas aux autres. En fait c'est ça le truc, il faut que tu arrives à voir s'il te traite différemment des autres, d'une manière ou d'une autre tant que c'est respectueux, expliquai-je. S'il ne te respecte pas, là par contre tu devras fuir.
— Et par respectueux, tu entends quoi ? Pas d'insultes, c'est ça ?
— Et pas de mauvaises remarques ou de cassage de sucre dans le dos, complétai-je en hochant la tête.
— Ah oui, logique. Il n'a pas l'air d'être de ce genre-là.
— Tant mieux. Mais on ne sait jamais, conclus-je en lui souriant affectueusement.
— T'as pas tort. On l'a bien vu avec Tommy l'abruti, affirma-t-elle en souriant. Bon alors, assez parlé de moi ! Toi, quoi de neuf ?
— Moi ? Rien, répondis-je
— Personne en tête ? demanda-t-elle
L'image de Ludovic surgit dans mon esprit. Je la chassai tout de suite.
— Personne en tête, confirmai-je, les yeux rivés sur le ciel orangé
— Tu n'as toujours pas oublié Luke, devina-t-elle
— En fait si, confiai-je. Ou peut-être bien que non. Je ne sais pas. Tout ce que je peux te dire, c'est que je n'y pense plus autant qu'avant, que ça fait moins mal et que si je suis amenée à le recroiser un jour, il m'entendra. En fait, je n'ai pas de problème avec le fait qu'il ait rompu, je lui reproche de ne pas m'avoir répondu et d'avoir refusé la discussion. Mais j'en viens à me dire que ce n'est pas grave si je ne le revois jamais, il est en train de partir de ma tête pour de bon, je le sens.
— C'est une bonne chose, il ne faut pas s'accrocher au passé. C'est juste dommage pour votre groupe, vous auriez pu aller loin.
— Je sais, soufflai-je. Ça m'embête beaucoup. J'y croyais, moi, à notre groupe.
— Je suis sûre que tu trouveras une nouvelle chose en laquelle tu croiras encore plus, me réconforta-t-elle. Tu as encore des nouvelles de Mike et Caitlin ? Je sais que Caitlin tient à toi.
— Pas vraiment, déplorai-je, on est en train de perdre contact. C'est de ma faute, on a tellement de travail, je ne réponds à personne, même pas à mes parents.
— C'est dommage, constata-t-elle, simplement
J'opinai de la tête. Le fardeau de la tristesse revint me piquer le cœur.
— Rejoignons les autres, proposa-t-elle en se levant
— Bonne idée ! attestai-je en me levant à mon tour. Lucie ? hélai-je en lui prenant le bras
— Oui ?
— Qui est-ce ? demandai-je, innocemment
— Tu ne le répéteras pas ? questionna-t-elle, ses yeux sombres plongés dans les miens
— Non, promis ! Je serai muette comme une tombe, assurai-je
— C'est Ludovic, confia-t-elle
J'ignorai la surprise qui ceignit mon esprit et le fait que mon coeur avait écarquillé les yeux.
— Bonne chance, j'espère que tu vas y arriver, lui souhaitais-je, sincèrement.
🎶🎶🎶
Il fallait que je m'éloigne de lui. De toute évidence, il était temps que j'arrête de fermer les yeux là-dessus : Ludovic me faisait de l'effet. C'était un fait contre lequel je ne pouvais rien. Bien-sûr, je pourrais faire comme si de rien n'était et continuer à me rapprocher de lui – en en étant consciente cette fois-ci – mais ce serait trahir Lucie, et ça il n'en est pas question. Je dois donc tout faire pour étouffer ce début d'attirance, pour Lucie, mon amie.
Cela passait par faire attention à ne pas paraître trop proche de lui et à proposer à Lucie de rester avec nous dès qu'elle le pouvait. Volontairement, je m'éloignais de lui et Lucie se rapprochait. Solange et Alice ne m'aidaient pas vraiment dans ma démarche :
— Il se passe quoi avec Lucie et Ludo ? demanda Alice, alors qu'elle, moi et Solange nous rendions à la machine à café
— Je ne sais pas. Je pensais qu'il était sur Emmy ! répondit Solange
— Vous vous êtes faits un film à partir de rien, c'est tout, commentai-je, amusée. Ils sont mignons, vous ne trouvez pas ?
— Si, bien-sûr, affirma Solange. Pourtant, il avait un truc dans le regard, il s'éclairait dès qu'il te voyait.
— Maintenant il est terne, c'est bizarre, renchérit Alice.
— Tu as raison, c'est vrai. Tu sais quoi ? Je vais lui demander, décréta Solange
— Vous n'êtes pas croyables, déplorai-je en appuyant sur le bouton des latte noisette
— Réalistes ! nuança Alice. Et toi, Solange, toujours personne à l'horizon ?
— Mon coeur n'appartient qu'à moi, répondit cette dernière. J'ai embrassé Judickaël l'autre jour.
— Quoi ? m'écriai-je, mon café en main. Et tu ne nous l'as pas dit ? Je veux TOUT savoir !
— Je m'étais bien dit qu'il y avait un truc entre vous quand tu l'as tiré pour danser la dernière fois ! s'exclama Alice
— Calmez-vous, dit-elle en appuyant sur le bouton des mocaccino. Ça n'ira pas plus loin. On n'a pas cette... ce... euh...
— Lien ? suggérai-je. Connexion ?
— Oui, c'est ça connexion ! On est trop différents.
— Ma fanfiction préférée n'aura pas lieu, geignit Alice
— Ne t'en fais pas, il te reste encore Ludemmy ! la rassura-t-elle
— Quoi ? m'écriai-je, embarrassée
— Judilange avait l'air d'être mieux parti, soupira-t-elle. Mais oui tu as raison, il m'en reste une !
— Vos noms de couple, c'est hideux, bougonnai-je sur le chemin du retour
— Ouh, tu rougis ! me taquina Alice
— Oh, mais oui ! C'est un signe ! s'exclama Solange
— Non, c'est un pigeon, râlai-je en désignant l'oiseau en question qui passait tranquillement à côté de moi
Toutes deux éclatèrent de rire et je ne pus m'empêcher de sourire.
— Mais je maintiens qu'il y a un truc, reprit Solange
— Et moi, je pense qu'il n'y a rien, affirmai-je, mon poing gauche sur la hanche
— En tant qu'amies, on voit des choses que toi tu ne vois pas, rétorqua Alice. On voit tous les signes !
— A mon avis, vous faites erreur, les embêtai-je en retour
— De toute façon, j'en aurai bientôt le coeur net, répliqua Solange en ouvrant la porte du bâtiment. Bien-sûr Alice, je te tiendrai au courant.
Je levai les yeux au ciel et passai devant elle, souriant tout de même.
— J'espère bien ! répondit cette dernière en nous rejoignant
Je soufflai sur mon café et y trempai mes lèvres, me brûlant la langue au passage.
— De toute façon, j'ai toujours raison, continua Solange tandis que nous montions les escaliers
— Moi aussi ! Je ne suis pas aveugle. Pour Lucie, c'est peut-être une technique un peu nulle, proposa Alice
— Vous êtes un tout petit, petit, petit peu lourdes, signalai-je en mimant le geste de la main
— Chut, maintenant on est dans le couloir, on change de sujet, lança Solange
Je soupirai et passai devant elles.
— Tu crois que c'est parce qu'elle se rapproche de lui qu'elle accélère ? chuchota Solange
— Ça ne peut être que ça. La distance devient insupportable, répondit Alice à voix basse
— Je vous entends, leur rappelai-je en étouffant un rire
J'ouvris la porte de la salle pour trouver nos amis en train de travailler dans un silence étonnant.
— Pouah, ça pue le sérieux, ici ! s'écria Solange, derrière moi. Il était temps qu'on revienne !
Ludovic releva la tête :
— Parce que tu ne travaillais pas, avant ?
— Tu étais trop déconcentré pour faire attention, répondit-elle en tirant la langue
Je m'assis à ma place et relus le début de ma rédaction d'allemand.
— Oh, ça sent la noisette, c'est toi ? demanda Ludovic
Je relevai la tête et croisai son regard braqué sur moi. J'acquiesçai.
— Il n'y a qu'Emmy qui boit ce truc, lança Solange
— Ça a l'odeur du Nutella ! me défendis-je, tandis que j'observais Ludovic se pencher par dessus l'épaule de Lucie.
Je suis sûre que ce n'est pas un geste anodin ; pourquoi ni Solange ni Alice ne voient jamais ça ?
— C'est dé-goû-tant, rétorqua Solange en détachant chaque syllabe
Pour toute réponse, je lui fis les gros yeux pour qu'elle regarde dans leur direction. Elle tourna la tête puis haussa les épaules.
— Tes goûts sont discutables, dis-je alors avant de me reconcentrer sur mon devoir d'allemand.
Il n'y a rien que je ne puisse faire pour la stopper, cette épine de jalousie non justifiée qui me transperce la poitrine. Elle ne devrait pas être. Cette situation ne devrait pas me rendre triste. En fait, elle ne devrait pas exister.
Je n'éprouve qu'une attirance, qu'est-ce que ça serait si j'étais amoureuse ? Ou pire, si je tombais amoureuse. Non, mieux vaut ne pas trop y penser ; ça n'arrivera pas. Pas maintenant, pas avec quelqu'un qui ne s'intéresse pas à moi. Ce serait une mauvaise chose. J'aurais trop mal.
Je ne suis même pas émotionnellement engagée, comment puis-je par avance me sentir mal en point ? A moins que mon esprit torturé ne préfère penser que c'est cela, plutôt que mon incapacité à aller bien et à me suffire à moi-même.
Et si j'arrêtais d'y penser et que je me concentrais vraiment sur l'allemand ? Oui, bonne idée.
— Tu fais de l'allemand ?
J'étouffai un petit cri de surprise. Ludovic m'avait fait peur.
— Je te fais peur maintenant ? s'étonna-t-il, amusé
Il s'assit sur la table à côté de la mienne.
— J'étais concentrée, protestai-je
— Sur de l'allemand ? répondit-il. Qui se concentre sur cette langue affreuse ?
— C'est une belle langue ! Bon d'accord, pas quand on entend notre prof parler, mais si on écoute des Allemands parler, c'est très joli !
Il rit et secoua la tête.
— Il n'y a que toi pour dire ça. Bref, l'allemand c'est pour vendredi. Tu ne veux pas plutôt faire la physique ? C'est pour demain, précisa-t-il
— Oh, fis-je. J'avais oublié. Du coup, oui je veux bien, ajoutai-je en me levant, prenant ma trousse et mes feuilles en même temps
Cherchant des yeux Lucie, je me souvins qu'elle avait une colle d'économie. Je m'assis à côté de lui, sentant les regards de mes deux amies, qui j'en suis sûre n'en manqueraient pas une miette...
— Bon alors, il en a donné 5, se rappela Ludovic en feuilletant son agenda. Le 11, 13, 18, 22 et 24.
— C'est parti pour le 11, annonçai-je en prenant son livre sur la table et en le mettant entre nous deux
Nous travaillâmes une bonne heure puis Lucie revint. Elle s'installa non loin de nous, silencieuse. J'entendis Solange lui demander comment ça s'était passé et Lucie lui répondre qu'elle n'avait pas eu de soucis.
Ludovic me tapota l'épaule :
— J'ai trouvé pour le 22. Regarde.
Il m'expliqua son idée, qui s'avéra très bien fonctionner.
— Franchement, je ne sais pas comment tu fais pour être aussi fort, lui dis-je tout à trac
— C'est gentil, mais je ne crois pas que ça m'aide à signer dans un label, répondit-il en souriant
— Ça..., éludai-je en haussant les épaules, c'est une autre histoire.
🎶🎶🎶
— Je n'ai pas encore pu lui poser la question, râla Solange. Il faudrait que j'arrive à le voir en privé, mais il n'est jamais seul, Lucie lui tourne autour comme un vautour autour de sa proie !
— Un vautour ? répétai-je, de mon lit. C'est méchant !
— Non ! Enfin si, peut-être, répondit-elle en s'asseyant sur le lit d'Alice.
C'était vendredi soir, et nous avions décidé de faire une petite soirée pyjama. L'occasion parfaite pour discuter entre filles... et surtout me faire embêter par mes deux amies...
— De toute façon, on a bien vu qu'il était plus tactile avec toi, rétorqua Alice. Il t'a touché l'épaule !
Je m'étouffai de rire avec ma propre salive.
— Mais Alice ! Ça ne veut rien dire ! m'exclamai-je entre deux éclats de rire
— Oh, Emmy, j'ai trouvé la réponse, regarde ! s'exclama Solange en caressant l'épaule d'Alice
— Oh, Ludovic, t'es trop fort ! s'écria Alice en portant dramatiquement sa main sur son front
— Vous êtes gênantes..., soupirai-je, embarrassée
Mortes de rire, elles se firent un high-five.
— Bon. Pour être honnête, je suis d'accord avec toi. Toucher l'épaule, ça ne veut absolument rien dire, reprit Solange une fois calmée.
— On est d'accord, confirmai-je en souriant
— Je finirai bien par tirer tout ça au clair de toute façon, affirma-t-elle, désinvolte.
— Oh ! s'exclama Alice, nous faisant sursauter. Saint-Mathew a mis en ligne le dernier show ! J'ai promis à Caitlin que je le regarderais, ça vous tente ?
— Allez, oui ! fis-je en me levant.
Au moins, j'aurai peut-être le coeur net concernant quelque chose de mon côté...
— Tu n'es pas obligée, Emmy. Je peux le regarder toute seule de mon côté, suggéra Alice.
— Mais non, ne t'inquiète pas ! Ça va aller ! répondis-je en m'asseyant à côté de Solange
— Bon, OK. Je vais chercher ma tablette.
Elle se leva et revint quelques secondes plus tard. Je l'observai aller sur la chaîne YouTube de leur lycée.
— C'est parti, commenta-t-elle en cliquant sur la vidéo.
Leur professeure apparut sur l'écran. Sa peau couleur onyx scintillait sous les projecteurs et un grand sourire éclairait son visage. Elle souhaita la bienvenue au public, parla un peu des cours et de sa classe puis appela la première élève.
Les élèves défilèrent les uns après les autres, tous plus talentueux les uns que les autres, jusqu'à ce que ce soit le tour de Mike. Sourire aux lèvres, les épaules bien droites, il s'avança sous les projecteurs, sa basse électrique à la main. Ses cheveux rouges et noirs ressortaient à merveille sous la lumière de la scène. Seule quelqu'un le connaissant vraiment bien aurait pu remarquer qu'il serrait très fort son instrument pour empêcher ses doigts de trembler.
— Trop bien ! Ils ont le droit de jouer en live ! m'exclamai-je
— Leur prof' est moins débile que le nôtre ! répondit Solange
Les premières notes grimpèrent jusqu'à nos oreilles, et je reconnus immédiatement la chanson : Supersonic d'Oasis. Mike ajouta ses propres accords à la mélodie. Ça, c'est s'approprier la chanson. Admirative, je me concentrai sur mon ancien correspondant, sachant que je ne serais pas déçue par sa prestation.
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— I need to be myself !
I can't be no one else !
I'm feeling supersonic
Give me gin and tonic
You can have it all but
How much do you want it !
— Là, je reconnais bien Mike, murmurai-je. La chanson colle parfaitement avec sa voix.
— Tout à fait, chuchota Alice.
— You make me laugh
Give me your autograph
Can I ride with you
In your BMW
You can sail with me
In my yellow submarine ! poursuivit Mike sous la mesure du public qui frappait dans les mains.
Sa professeure observait d'un air ravi ses doigts caresser les cordes de sa basse.
— You need to find out
'Cause no one's gonna tell you what I'm on about !
You need to find a way for what you wanna say
But before tomorrow !
'Cause my friend said he'd take you home
Sits in a corner all alone
He lives under a waterfall
Nobody can see him
Nobody can ever hear him call
Nobody can ever hear him call !
— Hé mais il est doué le Mickey ! commenta Solange
— Ce n'est pas mon correspondant pour rien, répondis-je, fièrement.
— You need to be yourself
You can't be no one else
I know a girl called Elsa
She's into Alka Seltzer
She sniffs it through a cane
On a supersonic train
And she makes me laugh
I got her autograph
She done it with a doctor
On a helicopter
She's sniffin in her tissue
Sellin' the Big Issue
When she finds out
No one's gonna tell her what I'm on about !
— Bravo le chapelier toqué ! le complimenta Alice
Un sourire peignit mes traits et je l'écoutai terminer la chanson.
— You need to find a way for what you wanna say
But before tomorrow
'Cause my friend said he'd take you home
Sits in a corner all alone
He lives under a waterfall
Nobody can see him
Nobody can ever hear him call
Nobody can ever hear him call !
Mike joua de la basse jusqu'à la fin, sous la clameur de la foule et sous nos sourires emplis de fierté. Il salua fièrement le public et j'applaudis avec eux avant de lui envoyer un message pour le féliciter.
— Il gère bien son stress en tout cas, dit Solange. Je n'ai rien vu !
— Il empoignait sa basse comme on s'agripperait à un talisman, objecta Alice
— Tu l'as remarqué parce que tu le connais bien, répondit-elle.
Deux élèves passèrent encore, jusqu'à ce que Caitlin soit appelée à la barre. La lumière couvrit sa peau d'un doux halo onyx et ses cheveux d'éclats bleutés, comme des saphirs. Une douce musique au piano s'éleva délicatement sur la scène. Je lui trouvai l'air plus mûr, plus sûre d'elle.
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— Loving you, I thought I couldn't get no higher
Your November rain could set the night on fire, night on fire
But we could only burn so long
Counterfeit emotions only run skin deep
Know you're lying when you're lying next to me, next to me
How did we get so far gone ? commença Caitlin d'une voix douce mais impitoyable.
Elle reprit, en fermant les yeux :
— I should know by now
You should know by now
We should know by now...
Sous le public captivé, elle entama le refrain :
— Something's gotta give, something's gotta break
But all I do is give, and all you do is take
Something's gotta change, but I know that it won't
No reason to stay is a good reason to go
Is a good reason to go, ooh
Une larme discrète coula sur sa joue. Elle enchaîna d'une voix plus rauque, plus émotive, plus fascinante.
— I have never heard a silence quite so loud
I walk in the room and you don't make a sound, make a sound
You're good at making me feel small
If it doesn't hurt me, why do I still cry ?
If it didn't kill me, then I'm half alive, half alive
How did we get so far gone ?
Elle continua avec confiance :
— I should know by now
You should know by now
We should know by now !
Elle répéta le refrain, nous transportant avec elle.
— Something's gotta give, something's gotta break
But all I do is give, and all you do is take
Something's gotta change, but I know that it won't
No reason to stay is a good reason to go
Is a good reason to go !
Elle décrocha le micro et s'avança jusqu'au bord de la scène.
— I should know by now, you should know by now
I think I'm breaking right now, ooh !
I should know by now, you should know by now
I think I'm breaking right now ! s'exclama-t-elle
Aussitôt elle se recula et répéta :
— Something's gotta give, something's gotta break
But all I do is give, and all you do is take
Something's gotta change, but I know that it won't
No reason to stay is a good reason to go
Is a good reason to go, ooh
Something's gotta give !
— Je me demande à quoi elle fait référence, murmurai-je une fois la chanson terminée.
— Elle vient me répondre « A quelque chose de fini », répondit Alice en me jetant un regard incertain
— En tout cas, elle est douée aussi, intervint Solange. On devrait quand même essayer de convaincre Wiener pour utiliser nos instruments en live. Ça rend quand même bien mieux !
— C'est sûr. Mais regarde, Caitlin n'en a pas eu besoin pour nous captiver, lui rappelai-je. Cela dit, je ne suis pas contre un point d'ancrage.
Nous nous tûmes. Caitlin venait de faire la révérence, et leur enseignante appela le prochain élève. Luke. Mes amies ne firent aucune remarque lorsqu'il apparut sur la scène. Mon coeur pulsa aussi vite qu'il le pût, et pour ça je les détestai, moi et mes sentiments. Je n'entendis même pas le titre de la chanson, tant j'étais focalisée sur lui. Il avait repris du poids, ses cheveux étaient plus courts – bien que toujours relevés et plus longs sur le haut –, un sourire sincère étirait ses traits. Il semblait aller mieux.
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D'une voix grave qui sut faire trembler mon coeur, il se lança :
— Everybody's got their demons
Even wide awake or dreaming
I'm the one who ends up leaving
Make it okay.
Moi qui voulais savoir s'il me faisait encore de l'effet, j'étais fixée. Mon coeur cognait si fort dans ma poitrine que mes deux amies devaient forcément l'entendre.
— See a war I wanna fight it
See a match I wanna strike it
Every fire I've ignited
Faded to grey !
Mais curieusement, je n'avais pas envie de pleurer, et je n'étais pas noyée dans un océan de tristesse. Non, c'était autre chose. De la nostalgie ? De la douleur ? De la déception ?
— But now that I'm broken
Now that you know it
Caught up in a moment
Can you see inside ?
Non, en fait, j'avais l'impression de ne rien ressentir du tout, et c'était beaucoup plus vertigineux que de ressentir un cocktail d'amour et de colère.
— 'Cause I've got a jet black heart
And there's a hurricane underneath it
Trying to keep us apart
I write with a poison pen
But these chemicals moving between us
Are the reason to start again !
Il ferma ses beaux yeux bleus avant d'enchaîner d'une voix plus émotive, m'arrachant une larme silencieuse.
— Now I'm holding on for dear life
There's no way that we could rewind
Maybe there's nothing after midnight
That could make you stay !
Je me mordis la lèvre et m'arrêtai aussitôt en voyant qu'il avait eu le même geste que moi au même moment, avant de reprendre :
— But now that I'm broken
And now that you know it
Caught up in a moment
Can you see inside ?
Une deuxième larme, tout aussi discrète que la première s'était échappée.
— 'Cause I've got a jet black heart
And there's a hurricane underneath it
Trying to keep us apart
I write with a poison pen
But these chemicals moving between us
Are the reason to start again !
Une troisième larme dévalait déjà ma joue. Comment puis-je avoir encore autant de larmes à verser pour lui ? Coeur vide, dénué de toute émotion, car voilà bien longtemps que mes larmes l'ont séché pour gagner mes yeux.
— The blood in my veins
Is made up of mistakes
Let's forget who we are
And dive into the dark
As we burst into color
Returning to life !
Oh, si seulement on pouvait recommencer ! Car quoique je fasse, quoique je choisisse de me raconter, il me manque encore. Si j'avais une seconde chance, je ferai mieux, c'est certain.
— 'Cause I've got a jet black heart
And there's a hurricane underneath it
Trying to keep us apart
I write with a poison pen
But these chemicals moving between us
Are the reason to start again !
The blood in my veins
Is made up of mistakes
To start again !
Let's forget who we are
And dive into the dark !
La chanson s'acheva sur les applaudissements du public. Je ne pus m'empêcher de me demander ce qui m'était passé par la tête pour dire à Lucie que penser à lui ne m'était plus aussi douloureux, car même si je ne ressens plus cette peine, les larmes ne mentent pas. Son joli sourire gravé sur mes paupières, je l'observai quitter la scène.
— Eh bien, il est fort. Tu as bon goût Emmy, lança Solange
Elle ne fit aucune remarque sur les larmes qui cerclaient mon visage.
— Évidemment que j'ai bon goût, plaisantai-je.
Bon, j'ai au moins trouvé un élément positif grâce à ce qu'il vient de se passer : ce que j'éprouve pour Ludovic n'est qu'une attirance passagère, parce que si Luke venait à réapparaître je retomberais forcément dans ses bras et j'oublierais bien vite Ludovic. Conclusion : je fais bien de m'éloigner au profit de Lucie, qui elle doit ressentir plus qu'une attirance.
Et M. Dubois a osé écrire sur ma copie que mes raisonnements n'étaient pas clairs ? S'il venait dans ma tête, il verrait son erreur. Deux autres élèves passèrent encore, puis Caitlin réapparut. Elle aida un de ses camarades à installer sa batterie et disparut.
A l'issue de cette prestation, la batterie resta en place. Une élève passa avec sa guitare acoustique, une autre installa un synthétiseur et ses doigts virevoltèrent sur le clavier. Un dernier élève chanta puis la professeure indiqua que c'était l'heure des duos, trios ou même des quatuors. Deux élèves passèrent en duo sur Born This Way, trois autres sur Somebody That I Used To Know, deux autres encore sur We Found Love. Ensuite, Luke, Mike, Caitlin et Zoey, l'ancienne colocataire de Caitlin, débarquèrent sur scène. Luke et Mike branchèrent leurs instruments, Caitlin s'installa à la batterie et Zoey au piano. Leur enseignante annonça Don't Stop Me Now.
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Au micro central, Luke commença à chanter, et au même moment, les doigts de Zoey s'agitèrent sur le piano.
— Tonight I'm gonna have myself a real good time
I feel alive !
And the world, I'll turn it inside out, yeah
I'm floating around in ecstasy, so !
— Don't stop me now ! Don't stop me ! 'Cause I'm havin' a good time, havin' a good time ! chantèrent-ils, tous ensemble
Caitlin et Mike ajoutèrent leurs instruments tandis que Luke poursuivait d'une voix puissante, bougeant partout sur la scène, micro en main, guitare au poing.
— I'm a shooting star leaping through the sky
Like a tiger defying the laws of gravity
I'm a racing car passing by like Lady Godiva
I'm gonna go, go, go, there's no stopping me
I'm burning through the sky, yeah
Two hundred degrees, that's why they call me Mister Fahrenheit
I'm travelling at the speed of light !
— I wanna make a supersonic man outta you ! s'exclamèrent-ils, tous les quatre
— Don't stop me now ! enchaînèrent Mike, Caitlin et Zoey
— I'm having such a good time, I'm having a ball ! s'écria Luke en invitant les spectateurs à frapper dans les mains, chose qu'ils firent avec plaisir
— Don't stop me now ! répétèrent les trois autres
— If you wanna have a good time, just give me a call ! continua Luke
— Don't stop me now !
— 'Cause I'm having a good time !
— Don't stop me now !
Luke était tout bonnement impressionnant. La prestance qu'il dégageait sur scène était incroyable. Il enchaîna avec énergie :
— Yes, I'm having a good time
I don't wanna stop at all, yeah
I'm a rocket ship on my way to Mars on a collision course
I am a satellite, I'm out of control
I'm a sex machine ready to reload
Like an atom bomb about to...
— Oh, oh, oh, oh, oh, explode ! complétèrent les trois autres, avec la voix de Luke
— I'm burning through the sky, yeah
Two hundred degrees, that's why they call me Mister Fahrenheit
I'm travelling at the speed of light ! reprit Luke avant de s'adosser à Mike
— I wanna make a supersonic woman of you ! clamèrent-ils, tous les deux
— Don't stop me, don't stop me, don't stop me ! répétèrent Mike, Caitlin et Zoey
— Hey, hey, hey ! dit Luke d'une voix forte, de nouveau au centre de la scène
— Don't stop me, don't stop me, ooh, ooh, ooh !
— I like it !
— Don't stop me, don't stop me !
— Have a good time, good time !
— Don't stop me, don't stop me !
Luke avait reposé le micro sur son socle.
— Woah ! Let loose, honey, all right !
Luke recula et joua parfaitement le solo de guitare électrique, sous les yeux impressionnés du public. Mike le rejoignit au centre et tous deux jouèrent en se souriant. Luke se ravança et reprit, toujours en jouant de la guitare :
— Oh, I'm burning through the sky, yeah !
Two hundred degrees, that's why they call me Mister Fahrenheit, hey
Travelling at the speed of light !
— I wanna make a supersonic man outta you ! se récrièrent-ils tous
— Yeah, yeah ! s'exclama Mike, en arrière-plan
— Don't stop me now ! répétèrent-ils, tous les trois
— I'm having such a good time, I'm having a ball ! lança Luke
— Don't stop me now !
— If you wanna have a good time, just give me a call ! s'exclama vigoureusement Luke
— Ooh, alright ! Don't stop me now !
— 'Cause I'm having a good time !
— Yeah, yeah ! Don't stop me now ! vocalisèrent une dernière fois Mike, Caitlin et Zoey
— Yes, I'm having a good time !
— I don't wanna stop at all ! s'écrièrent-ils tous ensemble, tandis que tous les instruments exceptés le piano se taisaient.
— Ah, da da da da
Da da ah ah
Ah da da, ah ah ah
Ah, da da
Ah, da da ah ah
Ooh, ooh ooh, ooh ooh ! conclut admirablement Luke, accompagné par le piano.
Sous les tollés des spectateurs et les applaudissements de leur professeure souriante, ils sourirent et Caitlin se leva, rejoignant les trois autres au centre de la scène. Ils s'inclinèrent et le tumulte de la salle reprit de plus belle. La vidéo s'acheva sur leur quatre visages souriant.
— Eh bah ! Il est talentueux le Lulu ! s'exclama Solange, bouche bée. Même sa prof était impressionnée ! Et la bromance avec Michael ! Oh là là, ça va faire jaser tout leur lycée !
— Bromance ? répéta Alice, stupéfaite. Tu ne vas pas un peu loin ?
Solange balaya sa remarque d'un geste.
— Oh, tu sais, les rumeurs partent de rien !
— Ils ont juste joué de la guitare et de la basse côte à côte, objectai-je
— Le jour où tu seras connue et que des rumeurs fleuriront à partir de rien, je t'appellerai pour te rappeler que je te l'avais bien dit ! rétorqua Solange
Je soupirai discrètement, souriant tout de même.
— Ça va Emmy ? demanda Alice. Je t'ai vue pleurer toute à l'heure.
— Il faut croire que je ne l'ai tant oublié que ça, épiloguai-je
— Quand je pense que le jour où on a découvert nos correspondants, je t'ai dit que tu trouverais le mien mignon. Si j'avais su, je n'aurais rien dit, soupira-t-elle
— Tu ne pouvais pas savoir ! argua Solange. Vous savez quoi ? On a qu'à chanter pour penser à autre chose.
— Et qu'est-ce que tu veux chanter ? questionnai-je. Tu dois bien avoir une idée...
— Ben... ma chanson préférée ? proposa-t-elle. Oh, allez, s'il vous plaît ! En plus on pourrait s'enregistrer, comme ça plus tard je la ferai écouter à tous vos fans !
— Bon, si tu veux, accepta Alice. On peut même se filmer si tu veux.
— Ça c'est top, je le montrerai à mes petits-enfants.
— A tes petits-enfants ? Tu vois loin, toi ! remarquai-je, déridée
— Évidemment ! Je peux même déjà te dire que j'aurai un grand chalet au bord d'un lac en pleine montagne ! affirma-t-elle
Elle se leva et sortit son enceinte de son sac. Je m'assis en tailleur sol, à côté d'elle et Alice se mit de l'autre côté.
— Ça tourne ! annonça-t-elle en frappant dans les mains.
Elle tira la lange à sa tablette et Solange lança la musique.
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Elle me fit un signe de tête pour m'enjoindre à démarra puis en fit deux à Alice pour lui indiquer qu'elle chanterait en deuxième.
— So I heard you found somebody else, commençai-je
— And at first I thought it was a lie, continua Alice
— I took all my things that make sounds
The rest I can do without, termina Solange
— I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else, chantai-je
— Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else, enchaîna Alice
— I'm looking through you while you're looking through your phone
And then leaving with somebody else, poursuivit Solange
— No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else, fis-je
— Come on baby
This ain't the last time that I'll see your face, relança Alice
— Come on baby
You said you'd find someone to take my place ! s'exclama Solange
— I just don't believe that you have got it in you 'cause
We are just gonna keep 'doin' it' and everytime
I start to believe in anything you're saying
I'm reminded that I should be getting over it ! m'écriai-je à mon tour
— I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else ! reprit Alice
— Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else ! enchaîna Solange
— I'm looking through you while you're looking through your phone
And then leaving with somebody else ! complétai-je
— No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else ! conclut Alice
— I don't want your body, I don't want your body !
I don't want your body, I don't want your body !
I don't want your body, I don't want your body ! répéta Solange
— Get someone you love ? demandai-je
— Get someone you need ? interrogea Alice
— Fuck that, get money ! solfia Solange
— I can't give you my soul 'cause we're never alone ! m'écriai-je
— Get someone you love ? questionna Alice
— Get someone you need ? insista Solange
— Fuck that, get money ! répondis-je
— I can't give you my soul 'cause we're never alone ! s'exclama Alice
— Get someone you love ? recommença Solange
— Get someone you need ? répétai-je
— Fuck that, get money ! réitéra Alice
— I can't give you my soul 'cause we're never alone ! ressassa Solange
— Get someone you love ? implorai-je
— Get someone you need ? enquêta Alice
— Fuck that, get money ! rétorqua Solange
— I can't give you my soul 'cause we're never alone ! objectai-je
— I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else ! enchaîna Alice
— Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else ! déplora Solange
— I'm looking through you while you're looking through your phone
And then leaving with somebody else ! regrettai-je
— No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else ! acheva Alice
— Ben voilà ! s'exclama Solange, une fois la chanson terminée. Une vidéo qui vaudra des millions quand vous serez connues !
— Et pourquoi pas quand nous serons connues ? demandai-je
— J'approuve ! répondit Alice après avoir coupé la vidéo
— Mon influence sur vous commence enfin à se voir, affirma Solange, toute sourire
🎶🎶🎶
— Vous voulez que je vous autorise à utiliser vos instruments sur scène ? répéta M. Wiener. Ce sont vos capacités vocales qui vous permettront de vous faire connaître ! Comment cette idée saugrenue vous est-elle venue ?
— A New-York, c'est ce qu'ils font, argumentai-je. Pas tous, mais certains !
— Ah, à New-York...
— Oui, regardez ! appuya Alice en lui tendant son téléphone qu'elle avait mis en pause pile avant que Luke, Mike, Caitlin et Zoey ne commencent leur prestation
M. Wiener soupira d'un air excédé.
— Allez, montre-moi.
Alice ne se fit pas prier tandis que Solange croisait les bras d'un air agacé. M. Wiener resta de glace jusqu'à ce que la musique commence et que la voix de Luke sorte du téléphone. Il hocha la tête d'un air approbateur à plusieurs reprises et écarquilla les yeux en entendant le solo de guitare de Luke. Une bouffée de fierté m'envahit et je croisai le regard désolé de Ludovic.
— C'est l'une des meilleures interprétations que j'ai pu voir, avoua M. Wiener en rendant son téléphone à Alice
— Nous aussi on pourrait faire des lives comme ça, rebondit dans la seconde Solange
M. Wiener planta son regard dans le sien.
— Parce que vous pensez être du même niveau qu'eux ? Vous ne jouez pas dans la même cour. Surtout pour le chanteur, il est excellent.
— Vous seriez étonné, rétorqua Solange, lui tenant tête
— Vous débarquez avec une vidéo de gens que vous ne connaissez même pas, auxquels vous n'arrivez pas à la cheville et vous voudriez que j'accepte de vous laisser vous ridiculiser aux prochains shows ?
Je toussotai et il se tourna vers moi, l'air pincé.
A deux doigts de lui répondre que le chanteur en question était mon ancien petit ami et que de ce fait je le connaissais plutôt très bien, je choisis tout de même de me raviser face à son regard sévère. Si je pouvais m'enfuir à dos de furet, là, tout de suite, maintenant, je le ferais.
— Oui ? fit M. Wiener à mon attention
— Elle allait dire qu'il était mon correspondant, répondit Alice, m'empêchant de m'enfoncer encore plus. On les connaît tous les quatre.
— Qu'importe. Chanter et jouer en live, ça ne s'improvise pas. C'est mon dernier mot, conclut-il. Vous feriez mieux de vous mettre en tenue, le show ne va pas tarder à commencer.
Il tourna les talons, nous laissant cois.
— Quel connard, lâcha Alice
— Tant pis, fit Solange. On va lui prouver qu'il se trompe au prochain show.
— Comment tu comptes t'y prendre ? questionnai-je
— En faisant un live qu'il n'est pas prêt d'oublier, répondit-elle
— Ça d'accord, intervint Alice. Mais comment tu veux qu'on emmène tous nos instruments sans se faire prendre ? Une batterie, ce n'est pas très discret.
— Ni un piano, renchérit Judickaël
— Ma sœur a des amis musiciens ici. Je crois qu'il y a batteur, un bassiste et ils ont un synthétiseur, ça devrait faire l'affaire ! Ils nous aideront ! Et puis, Emmy a une guitare électrique.
— Il faudra qu'ils prennent l'ampli', prévins-je
— On se débrouillera, répondit-elle en haussant les épaules. De toute façon, le prochain show est après les vacances, ça nous donnera le temps d'organiser tout ça. Allons nous préparer !
Nous partîmes chacun de notre côté nous changer. M. Wiener verra bien de quoi nous sommes capables ! Je m'enfermai dans les toilettes et enfilai une robe rouge rubis avec des détails en dentelle noire, prêtée par Alice. Revenue dans les coulisses, j'entrepris de brosser mes cheveux. Pour ce troisième show, c'était Tell Me You Love Me.
— Wouah, jolie tenue, me complimenta Judickaël
— Merci, c'est à Alice, répondis-je en lissant les plis
— Elle a bon goût, dit simplement Ludovic
Je lui souris et ignorai le papillon qui se délogea dans mon ventre et voltigea partout.
« Pour le coup, je suis dans un sacré pétrin. » pensai-je, les yeux perdus dans les siens. Quoiqu'en disent Solange et Alice.
Leur arrivée me permit de regarder ailleurs et de me reconcentrer sur ma coiffure et mon maquillage. Et de réussir mon trait d'eye-liner toute seule. Je jetai un coup d'œil à ma montre. Le spectacle avait commencé il y a une dizaine de minutes. Les premiers élèves revenaient déjà. Judickaël venait de partir. Antoine ne tarderait pas à revenir et Alice se faisait déjà une joie de lui raconter notre entrevue avec M. Wiener et surtout le projet que nous avions en tête.
Bien vite, ce fut à mon tour d'aller patienter aux abords de la scène. Mes dents claquaient et je ne savais plus si c'était à cause de mon appréhension, de Lucie ou de Ludovic. C'était d'ailleurs elle qui dansait pendant que je chantais. Elle n'était pas avec moi, elle entrait par l'autre côté.
Je fis les cent pas dans la loge, jusqu'à ce que la musique précédent la mienne ne se termine. C'était à moi. M. Wiener m'appela. J'avais peur. Peur du nom de la personne à laquelle j'allais penser en chantant cette chanson.
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Les premières notes, puissantes et entraînantes retentirent. Les projecteurs s'allumèrent, et je commençai à chanter.
— Oh no, here we go again
Fighting over what I said
I'm sorry, yeah I'm sorry
Bad at love, no, I'm not good at this
But I can't say I'm innocent
Not hardly, but I'm sorry
And all my friends, they know and it's true
I don't know who I am without you
I got it bad, baby
Got it bad !
J'enchaînai avec le refrain, sous une explosion de lumières. J'ignorai l'interdiction de M. Wiener quant à bouger sur scène et décrochai le micro de son socle.
— Oh, tell me you love me ! criai-je en levant bien haut mon bras gauche
— I need someone on days like this, I do
On days like this
Oh, tell me you love me
I need someone
On days like this, I do
On days like this
Oh, can you hear my heart say
Ooohhhh, ooh
No, you ain't nobody 'til you got somebody
You ain't nobody 'til you got somebody !
L'image de Luke, floue par endroit, apparut sur ma rétine. Je reculai de quelques pas.
— And I hope I never see the day
That you move on and be happy without me
Without me !
Tristement, je l'ai vu.
— What's my hand without your heart to hold ? demandai-je en regardant ma main vide
Je poursuivis en regardant le public, l'invitant à frapper dans les mains au rythme de la chanson, chose qu'il s'empressa de faire pour mon plus grand bonheur.
— I don't know what I'm living for
If I'm living without you !
All my friends, they know and it's true
I don't know who I am without you
I've got it bad, baby
I got it bad !
L'image de Luke s'effaça au profit de celle de Ludovic. Pour le coup, je n'étais pas sûre que ça soit une bonne chose, surtout si c'est passager. Et puis, ça ne sert à rien de s'attacher, si c'est pour qu'il parte ensuite.
— Oh, tell me you love me !
I need someone on days like this, I do
On days like this
Oh, tell me you love me !
I need someone
On days like this, I do
On days like this
Oh, can you hear my heart say ?
Ooohhhh, ooh
You ain't nobody 'til you got somebody
You ain't nobody 'til you got somebody
My heart's like
Ooooh, ooh
No, you ain't nobody 'til you got somebody
You ain't nobody 'til you got somebody ! m'écriai-je en me penchant en arrière
J'enchaînai avec le pont sous le rythme des applaudissements et des lumières.
— Everything I need
Is standing in front of me
I know that we will be alright, alright, yeah
Through the ups and downs
Baby, I'ma stick around
I promise we will be alright, alright !
Cette fois, je ne savais pas vraiment à qui je m'adressais. Peut-être à moi-même. Je repris une dernière fois, le plus puissamment possible :
— Oh, tell me you love me !
I need someone on days like this, I do
On days like this
Oh, tell me you love me !
I need someone
On days like this, I do
On days like this
Oh, can you hear my heart say ?
Ooohhhh, ooh
You ain't nobody 'til you got somebody !
You ain't nobody 'til you got somebody !
My heart's like
Ooooh, ooh
Everything I need
Is standing right in front of me
I know that we will be alright, alright, yeah ! achevai-je, le coeur en miettes.
Les spectateurs m'applaudirent et je reposai le micro sur son socle. Je m'inclinai aux côtés de Lucie qui me fit un clin d'œil. M. Wiener m'offrit un sourire crispé et cet éclat de joie ne dura pas car je dus quitter la scène et retourner dans les coulisses.
C'est fou, je n'ai que dix-sept ans et j'ai l'impression que l'amour ne veut pas de moi. Tant pis, l'amitié, elle, sera toujours là.
— Alors, ça a donné quoi ? m'accosta Solange
— Ma foi, répondis-je en cherchant Ludovic des yeux, ce n'était vraiment pas mal !
— C'est à son tour de chanter, indiqua Alice
Je lui jetai un regard abasourdi.
— Quoi ?
— Ludovic, répondit-elle, comme si c'était évident. C'est lui que tu cherchais, non ?
— Non, réfutai-je en ouvrant ma bouteille d'eau
— Tu sais, intervint Solange, la meilleure technique pour oublier quelqu'un c'est de sortir avec quelqu'un d'autre.
— Je ne crois pas qu'une relation « pansement » soit vraiment une solution, éludai-je en refermant ma bouteille
— Ça peut déboucher sur une belle histoire, allégua-t-elle
— Surtout que si tu as des sentiments pour lui, ce n'est pas vraiment un pansement, ajouta Alice. Enfin bon, tu es assez grande pour déterminer quels sentiments tu éprouves.
Toutes deux partirent pour la scène et je m'assis sur la table à ma droite, les jambes dans le vide, méditant leurs paroles.
La porte s'ouvrit sur Ludovic qui revenait de la scène.
— Ça allait ? l'accostai-je
— Très bien, répondit-il en prenant sa bouteille d'eau
Il s'assit à côté de moi et me sourit. Je baissai les yeux, troublée.
— Et toi, ça s'est bien passé ?
— Très ! affirmai-je en lui souriant à mon tour.
Ce n'est pas un peu bizarre de lui sourire ? Est-ce qu'il va mal l'interpréter ? Et Lucie, qu'est-ce qu'elle dirait ?
Il enracina son regard dans le mien.
— Emmy, qu'est-ce qui ne va pas ?
~
Hello ! Comment allez-vous ?
Merci d'avoir lu ce chapitre !
Que pensez-vous de la confidence de Lucie, de la réaction d'Emmy, d'Alice, Emmy et Solange qui regardent Luke, Mike et Caitlin sur YouTube ? Et bien-sûr, le show et la fin ! J'avais tellement hâte de vous poster ce chapitre ahah 🙈
(Désolée pour le retard, je me suis noyée dans mes révisions 😅)
Bref, n'hésitez pas à commenter, ça me fait toujours chaud au cœur de vous lire et de vous répondre ! 🧡🧡🧡
On se retrouve samedi 21 novembre pour le prochain chapitre !
Prenez soin de vous ! 🖤🎶
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