M. Ginsique applaudit en me souriant chaleureusement, suivi par le public. Il me manquerait, l'année prochaine.

— Merci, merci ! dis-je dans le micro, sans réfléchir, ce qui eut pour effet de redoubler les clameurs.

Dans un sourire éclatant de joie, j'ajoutai :

— Merci à mon professeur, M. Ginsique et à son collège M. Wiener de m'avoir entraînée. Sans eux... eh bien ça aurait été horrible. Merci à tous !

  Je reposai le micro et m'inclinai aux côtés de Sofia. Nous quittâmes la scène bruyante.

Je n'aurai peut-être jamais l'occasion de monter sur scène avec Sad Joy mais j'aurai eu l'occasion de le faire seule. Et peut-être que je pourrai chanter mes propres textes, un jour !

   Je rouvris la porte des coulisses et Alice me sauta dessus :

— Oh, Emmy, tu étais épatante !

— Époustouflante ! renchérit Solange

— Merci, mais comment vous savez ? demandai-je

— On s'est glissé aux abords de la scène au moment où tu y entrais. M. Wiener a fait comme s'il ne nous avait pas vus ! répondit Ludovic

— Tout à fait, appuya Lise. On allait quand même pas ne pas te soutenir !

— Merci, dis-je, réellement émue

— Oh mais c'est normal, affirma Solange, toute sourire

  Je lui souris en retour et la scène sembla s'étirer jusqu'à ce que je me rende compte que je devais me changer pour Eyes Closed.

— Je dois me changer !

— Oh, oui ! On passe dans cinq minutes ! s'effara Alice, vite !

   Sans perdre une minute, je fonçai aux toilettes, mes vêtements dans les mains. Deux minutes plus tard, ma tenue était enfilée.

— Parfait ! s'extasia Alice, vêtue d'une tenue identique, mais avec un débardeur bleu foncé

   Solange nous prit vite en photo, avant que nous ne nous engouffrâmes en coup de vent vers la scène. Mon coeur cognait dans ma poitrine. Car cette fois, tous ceux qui me connaissaient sauraient de quoi je parlerais, ou plutôt de qui.

— Tu sais, Emmy, c'est normal de ressentir ce que tu ressens en ce moment. Chacun a sa manière de gérer. Toi, c'est par la chanson. Et à part tes parents, ton frère, tes cousins et ta famille, et nous, tes amis, personne ne saura à qui tu fais référence, murmura Alice

— Et si il s'en rend compte ? questionnai-je

— Tu t'en fiches. Le but, c'est de t'aider toi, répondit-elle, alors les applaudissements finissant la chanson avant la nôtre retentissaient. On va gérer du poulet, ajouta-t-elle, à mi-voix tandis que M. Ginsique remerciait le public

— A présent, accueillons Émilie et Alice pour Eyes Closed !

Alice et moi échangeâmes un dernier regard déterminé. Je glissai un sourire jusqu'à mon visage. Je traversai la scène dans une brume opaque. Je pris mon micro dans ma main.

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— I, I know where to lay. I know what to say. It's all the same, débutai-je, doucement

— And I, I know how to play. I know this game. It's all the same, ajouta délicatement Alice

— Now if I keep my eyes closed he looks just like you ! But he'll never stay, they never do ! expliquai-je, la voix empreinte par l'émotion

— Now if I keep my eyes closed he feels just like you ! But you've been replaced I'm face to face with someone new ! continua Alice, d'une voix assurée

— Would've gave it all for you, cared for you ! So tell me where I went wrong ! laissai-je échapper, vulnérable. Would've gave it all for you, cared for you !

— My lover, my liar ! s'exclama Alice

— Would've trade it all for you, there for you ! So tell me how to move on ! poursuivis-je, mes émotions donnant un ton transperçant à ma voix. Would've trade it all for you, cared for you !

— My lover, my liar ! répéta Alice, avant de reprendre :

— Now if I keep my eyes closed he looks just like you ! But he'll never stay, they never do !

— Now if I keep my eyes closed he feels just like you ! enchaînai-je. But you've been replaced I'm face to face with someone new !

— They don't realize that you're thinking about him ! chanta doucement Alice

— It's nothing new, regrettai-je

— It's nothing new, concilia-t-elle

— Now if I keep my eyes closed he looks just like you ! But he'll never stay, they never do ! Now if I keep my eyes closed he feels just like you ! But you've been replaced I'm face to face with someone new ! conclûmes-nous.

   Ce n'est qu'à ce moment-là que je remarquai que des larmes silencieuses avaient coulé le long de mes yeux. Malgré tout, je souris, et prenant la main d'Alice sous les acclamations du public, je saluai.

Si Alice avait remarqué mes larmes, elle ne m'en tint pas rigueur.

— Wow. Et dire qu'il ne nous reste plus que les trois chansons de la chorale... Ça passe vite ! déplorai-je

— Je suis bien d'accord, soupira Alice

— En tout cas, je suis ravie d'avoir chanté avec toi, lui glissai-je

Elle se tourna vers moi, toute sourire.

— Moi aussi !

Elle me serra contre elle et nous entrâmes dans les coulisses. Solange nous attendait devant la porte, impatiente.

— Alors, comment ça s'est passé ? interrogea-t-elle

— Je ne veux pas paraître trop sûre de moi, mais on a vraiment, vraiment fait un malheur ! répondit ma meilleure amie sous mon rire

   Je bus un peu d'eau avant de partir me changer pour la dernière fois. Même si je commençais à me sentir fatiguée et à avoir mal aux pieds, l'adrénaline prenait le dessus. Je boutonnai ma chemise dans les toilettes en fredonnant Hey everybody des 5SOS. Alice, dans la cabine d'à côté, se mit à hurler les paroles, ce qui eut pour effet de me faire éclater de rire.

   Lorsque nous revînmes en coulisses, où tous nos amis nous attendaient, nous riions encore. Nous prîmes encore quelques photos, immortalisant ces instants de bonheur. Enfin, nous remontâmes sur scène pour clore le spectacle. M. Ginsique annonça d'une voix enthousiaste que nous commencerions par chanter Imagine. M. Wiener, qui avait surgi d'on ne sait d'où nous intima le silence d'un doigt sur sa bouche.

   Puis, mon coeur se serra à l'entente des premières notes. Bien vite, je chassai mes souvenirs de ma tête. Car j'allai en créer des nouveaux, n'est-ce pas ?

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— Imagine there's no heaven. It's easy if you try. No hell below us. Above us only sky. Imagine all the people living for today ! entonnâmes-nous, d'une même voix

Je n'eus pas le temps de retourner un an en arrière, car il fallait poursuivre avec la suite.

— Imagine there's no countries. It isn't hard to do. Nothing to kill or die for. And no religion too. Imagine all the people living life in peace, you !

Maintenant, le refrain.

— You may say I'm a dreamer ! But I'm not the only one ! I hope some day you'll join us. And the world will be as one !

Alice me sourit alors que nous entamions le troisième couplet.

— Imagine no possessions. I wonder if you can. No need for greed or hunger. A brotherhood of man. Imagine all the people sharing all the world, you !

   Trop tard, je voyais en pensée une petite fille blonde que je ne connaîtrai jamais courir en chantant à tue-tête.

— You may say I'm a dreamer ! But I'm not the only one ! I hope some day you'll join us.
And the world will live as one ! conclûmes-nous, tous ensemble

Tout le monde applaudit à tout rompre et M. Ginsique attendit patiemment que la salle se calme pour dire que l'instant « calme » était terminé et que nous repassions à Queen.

— We will rock you, baby ! chuchota Solange, suffisamment fort pour que tous ceux autour d'elle entende

— Et pour cette chanson, continuait M. Ginsique, j'aimerais que vous participiez ! C'est très simple, il suffit de taper deux fois du pied et une fois dans les mains.

Il mima l'action qui se répercuta partout dans la salle.

— Voilà, très bien ! Je compte sur vous !

A ces mots, la musique commença.

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— Buddy, you're a boy, make a big noise
Playing in the street, gonna be a big man someday
You got mud on your face, you big disgrace
Kicking your can all over the place, singin'
We will, we will rock you
We will, we will rock you !

Nous nous joignîmes au public, qui tapaient du pied et dans les mains.

— Buddy, you're a young man, hard man
Shouting in the street, gonna take on the world someday
You got blood on your face, you big disgrace
Waving your banner all over the place..., poursuivîmes-nous

— We will, we will rock you  !
We will, we will rock you ! chantâmes-nous avec le public

— Buddy, you're an old man, poor man
Pleading with your eyes, gonna make you some peace someday
You got mud on your face, big disgrace
Somebody better put you back into your place ! reprîmes-nous

— We will, we will rock you ! nous exclamâmes-nous, en chœur avec le public

— Sing it ! chanta M. Ginsique

— We will, we will rock you !

— Everybody ! ordonna-t-il

— We will, we will rock you !
We will, we will rock you !

— Alright !

Le solo de guitare terminé, tout le monde applaudit, y compris nous.

— Eh bien, maintenant est venu le temps de la dernière chanson, reprit M. Ginsique. Eh oui, déjà ! Que le temps passe vite ! Et pour cette chanson aussi, vous pourrez participer ! Vous la connaissez tous, il s'agit de Let's Dance par David Bowie !

Et comme des murmures d'approbation parcouraient la salle, il ajouta :

— Je vous l'avais bien dit !

Puis, le silence se fit une dernière fois.

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— Ah, Ah, Ah, Ah ! Let's dance ! Let's dance ! débutâmes-nous, en dansant

— Let's dance, put on your red shoes and dance the blues !
Let's dance, to the song they're playin' on the radio ! continuâmes-nous, tandis que le public tapait dans les mains au rythme de la chanson. Let's sway, while colour lights up your face ! Let's sway, sway through the crowd to an empty space !

Au refrain, nous frappâmes dans les mains en même temps qu'eux.

— If you say run, I'll run with you ! And if you say hide, we'll hide ! Because my love for you would break my heart in two ! If you should fall into my arms and tremble like a flower !

Nous reprîmes, d'une voix encore plus forte :

— Let's dance ! Let's dance ! Let's dance, for fear your grace should fall !,Let's dance, for fear tonight is all ! Let's sway, you could look into my eyes ! Let's sway, under the moonlight, this serious moonlight !

M. Ginsique rit en nous entendant et prit un micro pour chanter le refrain et diriger le public.

— And if you say run, I'll run with you ! And if you say hide, we'll hide ! Because my love for you would break my heart in two ! If you should fall into my arms and tremble like a flower !

  M. Wiener secoua la tête en soupirant, renonçant à l'idée de nous empêcher de crier au lieu de chanter.

— Let's dance ! Let's dance ! Let's dance, put on your red shoes and dance the blues !
Let's dance, to the song we're playing ! Let's sway ! Let's sway, under the moonlight, this serious moonlight ! Let's dance ! Let's ! Let's ! Let's ! Let's sway ! scandâmes-nous, avec le public. Let's ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's sway ! Let's sway ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! Let's dance ! hurlâmes-nous, à nous briser les cordes vocales

Nous criâmes en même temps que le public qui applaudissait encore plus fort.

— Merci à tous ! s'époumonait M. Ginsique pour couvrir le bruit

— Merci aux professeurs ! nous égosillâmes-nous, alors que M. Ginsique nous souriait

Sous les applaudissements, la première ligne salua et quitta la scène. Je pris les mains de Lise et Solange, tandis que la deuxième ligne s'avançait à son tour. Elle quitta la scène puis la dernière ligne, la nôtre, à moi, Lise, Solange, Alice, Rachelle, Antoine, Judickaël, Ludovic, Emma, Lucie et Clara pour ne citer qu'eux, s'avança et salua sous les clameurs. C'est en souriant que nous partîmes.

Ça y était, c'était terminé. Mais pour l'instant, l'heure était encore à l'excitation dans les coulisses. La nostalgie pourrait bien attendre demain. Je rassemblai soigneusement mes affaires, pris une dernière photo avec mes amis, saluai ceux qui partaient tout de suite avec leurs parents. Solange partit avec sa grande sœur Eulalie, Ludovic avec son grand frère Olivier qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, Judickaël avec ses deux grandes sœurs Juliette et Aurore.

   Dehors aux côtés d'Alice, je patientai jusqu'à la venue de ma famille. Les parents d'Alice arrivèrent avant les miens et m'étreignirent, me félicitant pour chacune de mes performances.

— Tu vas me manquer ! murmura Alice en me serrant dans ses bras

— Toi aussi ! lui confiai-je

— Et prends soin de toi, hein ! On se revoit bientôt chez Solange, tâche d'arriver reposée ! me sermonna-t-elle, gentiment. Ça ira ? demanda-t-elle en regardant derrière elle

— Je crois que oui, répondis-je en apercevant mon frère et mes deux cousins se détacher de la foule pour venir vers moi

Elle suivit mon regard.

— Oh, je vois ! dit-elle en riant. À très vite ! Et appelle-moi !

— Compte sur moi !

   Ma famille me félicita, et je serrai contre moi mes cousins, qui m'avaient énormément manqué. Personne ne parla de Luke, mais tout le monde parla d'Alice, Ludovic, Solange, Antoine, Judickaël.

   Emmitouflée dans les draps de l'hôtel malgré la chaleur moite, l'adrénaline n'était pas encore redescendue. L'aube pointait tout juste lorsque je m'endormis, mon cousin Romain à mes côtés.

~

Hey ! Comment allez-vous ?

Merci d'avoir lu ce chapitre ! 🖤

Alors, que pensez-vous de ce spectacle ? J'ai fait mon maximum pour que ça soit comme si vous y étiez en vrai, mais si des choses m'ont échappé ou ne sont pas assez précises, n'hésitez pas à m'en faire part ! 😊

Quelle a été votre performance préférée et pourquoi ? Ça m'intéresse ! 🙈

Je vous souhaite une bonne semaine !

On se retrouve samedi 26 septembre pour le chapitre 71 ! 🖤🎶