➵ Chapitre 68
— Alors, j'ai fait un bon cadavre ? demanda Ludovic, dès la seconde où j'avais rendu le micro à Marine
— Plutôt, oui, acquiesçai-je en riant
— Toi, par contre... Tu m'as fait manger tes cheveux, à la fin, grimaça-t-il
J'éclatai de rire. Ça ne vaudrait pas la fois, où en répétition, j'avais involontairement effleuré ses lèvres avec mes doigts couverts de faux sang.
— Désolée...
Je sortis de mon sac ma chemise blanche tachée de faux sang et mon jean noir, puis passai successivement la tête dans la salle de la chorale et celle des danseurs. Mais où était donc passée Alice ?
— Tu cherches quelque chose ? questionna Ludovic, perplexe
Il avait déboutonné sa chemise pour enfiler l'autre et s'était stoppé dans son action.
— Euh oui, Alice...
Comme il avait l'air désorienté, j'ajoutai :
— J'ai besoin d'elle pour ouvrir la tirette de ma robe, elle se coince toujours quand j'essaie de le faire moi-même.
— Ah, d'accord ! Eh bien, si ça ne te dérange pas et si tu as juste besoin d'aide pour ta fermeture éclair, je peux le faire ! Baisser une tirette, c'est dans mes cordes ! affirma-t-il en souriant
— Dans ce cas..., répondis-je en me retournant
Je sentis son souffle dans mon cou, frissonnai, me mordis la lèvre et moins d'une seconde plus tard, c'était terminé.
— Merci ! dis-je en me retournant
Je remarquai que ses joues avaient rosi et masquai mon trouble par un sourire amical.
— Ravi d'avoir pu t'aider, déclara-t-il en se reculant, ses yeux bruns plongés dans les miens
Sentant que le moment s'éternisait, je m'éclipsai en précisant que j'allais me changer. Empêchant mon cerveau de tourner à deux milles kilomètres heures autour de Luke et de ce qui venait de se passer, je ressortis des toilettes avec mon jean noir et ma chemise sanguinolente.
Solange, Alice et Judickaël avaient réapparu, et toutes deux étaient en train de dessiner des blessures sur les visages de Ludovic et Judickaël. J'entrepris de retirer les épingles et les fleurs qui maintenaient mes cheveux. Une fois cela fait, je mis le chapeau noir venant conclure la tenue.
— Allez viens, Emmy ! A toi ! m'appela Alice
J'obtempérai et laissai ma meilleure amie me balafrer le visage à coups d'eye-liner noir et blanc et de faux sang.
— Et voilà ! On dirait le capitaine Albator ! Je suis fière de moi ! se congratula ma meilleure amie en me contemplant
— Wow ! Bien joué, Alice ! s'extasia Solange
— Photo ? proposa Judickaël
— Je la prends ! répondit immédiatement Solange en sortant son téléphone de la poche
Quelques secondes plus tard, j'étais entre Alice et Judickaël et Solange prenait un selfie de nous cinq. Puis, Lucie, Massilia, Théo et Quentin nous rejoignirent et Ludovic, Judickaël et moi les suivirent jusqu'à la scène.
Cette fois, je ne ressentais pas d'appréhension, seulement de l'excitation. Lucie prit la main de Ludovic et celle de Judickaël.
— Tiens, tiens, tu n'as pas l'air de vouloir rendre ton repas, cette fois, commenta Ludovic en me tendant son autre main
— Non... mais peut-on en dire autant de toi, cette fois ? répliquai-je en lui souriant narquoisement
— Pas faux, admit-il. J'ai juste peur de louper le début.
— Aucun risque, affirmai-je en serrant sa main plus fort
Il me sourit et je pris la main de Théo. Nous ne nous lâchâmes que quand Monsieur Ginsique nous annonça.
— Maintenant, j'ai le bonheur de vous annoncer que Ludovic est revenu d'entre les morts. Il s'est cependant vengé sur quelques un de mes camarades. Mesdames et Messieurs, je vous présente Thriller avec Ludovic, Émilie et Judickaël au chant, Lucie, Massilia, Théo et Quentin à la danse !
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Monsieur Ginsique nous apporta nos micros et nous attendîmes que la musique démarre. Le désagréable grincement d'une porte retentit et les danseurs entrèrent sur la scène. Quant à nous, nous entrions en chantant. En attendant, ils dansaient.
— It's close to midnight ! Something evil's lurking in the dark ! commença Ludovic en entrant
— Under the moonlight ! You see a sight that almost stops your heart ! continuai-je en marchant derrière lui
Je me positionnai à sa gauche, en exécutant une chorégraphie simplifiée de celle de Lucie et les autres.
— You try to scream ! But terror takes the sound before you make it ! poursuivit Judickaël en nous rejoignant
Il se positionna à ma gauche.
— You start to freeze ! enchaîna Ludovic
— As horror looks you right between your eyes ! précisai-je
— You're paralyzed ! compléta Judickaël
— 'Cause this is thriller ! Thriller night ! nous exclamâmes-nous, d'une même voix dansante
— And no one's gonna save you from the beast about to strike ! ajoutai-je, en dansant
— You know it's thriller ! Thriller night ! chantâmes-nous
— You're fighting for your life inside a killer thriller tonight ! termina Ludovic
Nous dansâmes comme des zombies, jusqu'à ce que Judickaël reprenne :
— You hear the door slam !
— And realize there's nowhere left to run ! compléta Ludovic
— You feel the cold hand ! enchaînai-je
— And wonder if you'll ever see the sun ! continua Judickaël
— You close your eyes ! chantai-je, avec Ludovic
— And hope that this is just imagination ! poursuivit-il
— Girl ! But all the while ! dirent-ils, tous les deux
— You hear a creature creeping up behind ! You're out of time ! ajoutai-je
— 'Cause this is thriller, thriller night ! nous exclamâmes-nous, encore, avec cette fois, Lucie, Massilia, Théo et Quentin
— There ain't no second chance against the thing with 40 eyes, girl ! reprit Judickaël
— Thriller, thriller night ! répétâmes-nous
— You're fighting for your life inside a killer, thriller tonight ! s'écria Ludovic
Puis, j'enchaînai avec le pont, en bougeant de la manière la plus saccadée qu'il soit :
— Night creatures call and the dead start to walk in their masquerade !
— There's no escaping the jaws of the alien this time ! continua Judickaël
— They're open wide ! chantai-je, avec Ludovic
— This is the end of your life, ooh ! acheva Judickaël
Ludovic remblaya avec le troisième couplet, après avoir imité la gestuelle de Michael Jackson :
— They're out to get you ! There's demons closing in on every side, ooh !
— They will possess you ! Unless you change that number on your dial ! continuai-je
— Now is the time ! murmurâmes Ludovic et moi, en fond
— For you and I to cuddle close together, yeah ! lança Judickaël
— All through the night ! chantai-je, cette fois avec Judickaël
— I'll save you from the terror on the screen ! I'll make you see ! s'exclama Ludovic
— That this is thriller, thriller night ! reprîmes-nous
Un sourire nous échappa en entendant le public chanter avec nous en battant dans les mains.
— 'Cause I can thrill you more than any ghoul would ever dare try ! affirmai-je
— Thriller, thriller night ! redîmes-nous
— So let me hold you tight and share a killer, thriller, chiller thriller here tonight ! clama Judickaël
— 'Cause this is thriller, thriller night ! réitérâmes-nous
— Girl, I can thrill you more than any ghoul would ever dare try ! rappela Ludovic
— Thriller, thriller night ! criâmes-nous
— So let me hold you tight and share a killer, thriller ! conclut Judickaël
Nous dansâmes quelques instants sur l'instrumentale et M. Ginsique prit une voix gutturale :
— Darkness falls across the land...
— I'm gonna thrill you tonight ! chantai-je
— The midnight hour is close at hand
Creatures crawl in search of blood
To terrorize y'all's neighborhood ! parlait notre professeur
— I'm gonna thrill you tonight ! répéta Ludovic
— And whosoever shall be found
Without the soul for getting down
Must stand and face the hounds of hell
And rot inside a corpse's shell !
— I'm gonna thrill you tonight ! redit Judickaël
— Thriller, ooh, thriller ! murmurai-je
— I'm gonna thrill you tonight ! chantonna Ludovic
— Thriller night, thriller, répétai-je encore
— I'm gonna thrill you tonight ! s'exclama Judickaël
— Ooh, babe, I'm gonna thrill you tonight ! dit Ludovic
— Thriller night, babe, poursuivis-je
Nos trois voix mélangées formaient un méli-mélo horrifique. Couplées à nos mouvements zombifiés et à la fumée sombre qui flottait sur scène, nous ressemblions exactement à l'idée qu'on se faisait des morts-vivants.
— The foulest stench is in the air
The funk of 40 thousand years, reprit M. Ginsique
— Thriller night, thriller, chantâmes-nous
— And grisly ghouls from every tomb
Are closing in to seal your doom
And though you fight to stay alive
Your body starts to shiver...
— I'm gonna thrill you tonight, conclûmes-nous, d'une même voix
— For no mere mortal can resist
The evil of the thriller !
Nous nous laissâmes tomber au sol et M. Ginsique éclata d'un rire sadique :
— AHAHAHAHAHAHAHAHA ! AHAHAHAHAHAHAHAHA !
Les lumières s'éteignirent, et ce fut le noir complet. J'avais la tête sur le torse de Ludovic et mes jambes sous celles de Judickaël. Le public nous fit un ban, un ange passa et les lumières se rallumèrent.
Nous nous relevâmes et nous saluâmes le public, toujours sous leurs applaudissements et leurs sifflements.
— C'étaient Ludovic, Émilie, Judickaël, Lucie, Théo, Massilia et Quentin ! répéta notre professeur en nous désignant un par un
Nous quittâmes la scène et retournâmes en coulisses.
— Alors, c'était comment ? questionna Solange, à la seconde où elle nous vit
— Génial ! m'écriai-je. Le public a chanté avec nous !
— C'est vrai ?! Wahou ! s'exclama Alice. Je suis tellement contente pour vous !
— Que veux-tu, le public nous adore ! répondit Judickaël en haussant les épaules
— Tu veux dire... le public M'ADORE ! corrigea Ludovic
— Bien-sûr, mais c'est parce qu'ils ne m'ont pas encore vue chanter Diamonds, rétorqua tranquillement Solange. D'ailleurs, à ce propos, Emmy, on est obligé de se prendre en photo avec nos perruques !
— Dans ce cas, je vais me changer ! annonçai-je, en farfouillant dans mon sac, en sortant ma robe argentée à strass
Quelques minutes plus tard, je ressortis des toilettes vêtue de ma robe bustier, que je trouvais un peu courte.
— Parfait ! s'extasia Solange, alors que je retirai mes chaussettes pour enfiler des sandales
Je coiffai mes longs cheveux en deux tresses avant d'enfiler le filet sous lequel mes vrais cheveux seraient.
— Attends Emmy ! Tu as oublié ton maquillage ! me retint Alice
Ah oui, je n'allais pas chanter Diamonds maquillée en zombie...
Elle me tendit son démaquillant et des cotons, et m'aida à retirer le faux sang, l'eye-liner sur mes joues. Puis, elle insista pour me remettre du fond de teint, de la poudre translucide, du blush et de la poudre bronzante. Je remis une couche de rouge à lèvres et enfilai ma perruque argentée. Solange avait exactement le même accoutrement, excepté qu'il était doré.
Dans la fièvre des coulisses, Alice nous photographia, immortalisant pour l'éternité ce fragment de sourires. Ensuite, il fallut retourner vers la scène. Sentant à nouveau l'excitation monter, je souris à Antoine, qui attendait pour chanter La Bohème, et à vrai dire il était bien la seule personne capable de captiver un public seul, sans aucun danseur. Massilia et Sofia ne tardèrent pas à nous rejoindre.
— Bon courage, chuchotai-je à Antoine, alors que Thomas et Timéo quittaient la scène
— Merci, Émilie !
M. Ginsique l'appela, il monta, sa voix de ténor retentit, Solange passa son bras autour de mes épaules, je passai le mien sur celles de Massilia qui clôtura notre cercle avec Sofia.
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J'écoutai la voix d'Antoine me transporter, profitant de ce moment hors du temps, durant lequel tout paraît possible. Antoine traduisait parfaitement la force de la nostalgie d'un temps révolu. Malgré moi, je me retrouvai il y a un plus d'un an, à New-York, avec Luke qui me complimentait timidement, Mike qui se moquait gentiment de moi, Caitlin qui me couvait d'un regard bienveillant et protecteur, John qui racontait de nombreuses blagues, Gaël qui regardait tendrement Caitlin quand elle avait le dos tourné. Je réprimai un sanglot, ce qui ne passa pas inaperçu.
— Ne sois pas nostalgique du passé, Emmy, murmura Solange. Tu n'as plus aucune influence dessus. Les choses sont ce qu'elles sont. Douloureuses. Vertigineuses. Éprouvantes. Terminées. Et il y en a tellement d'autres qui vont se produire, tellement plus belles, tellement plus puissantes que tu te diras que tout ça en valait la peine.
J'opinai de la tête, et Antoine acheva la chanson. Les congratulations fusèrent, j'effaçai de ma mémoire toute trace de larmes et M. Ginsique nous appela.
— Elles sont précieuses comme des diamants ! Voici, Diamonds avec Sofia et Massilia à la danse et Solange et Émilie au chant !
Un tonnerre d'applaudissements nous accueillit. Je montai sur scène et me dirigeai tout à droite, à travers une fumée grise à l'odeur de marshmallows grillés. Les premières notes retentirent, Solange me sourit, Sofia et Massilia dansèrent au centre de la scène.
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— Shine bright like a diamond ! Shine bright like a diamond ! entama doucement Solange
— Find light in the beautiful sea, I choose to be happy
You and I, you and I , we're like diamonds in the sky ! continuai-je, le visage tourné vers le public
— You're a shooting star I see, a vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive !
We're like diamonds in the sky ! enchaîna mon amie, alors que je pensais à Luke.
Comme si c'était le moment !
— I knew that we'd become one right away ! Oh, right away ! gémis-je
— At first sight I felt the energy of sun rays
I saw the life inside your eyes ! confia Solange
— So shine bright tonight, you and I ! m'écriai-je
— We're beautiful like diamonds in the sky !
— Eye to eye,
So alive !
We're beautiful like diamonds in the sky ! chantai-je, alors que les lumières projetaient des paillettes partout sur la scène
— Shine bright like a diamond ! s'exclama Solange
— Ooooooh ! laissai-je échapper
— Shine bright like a diamond !
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond !
— We're beautiful like diamonds in the sky ! solfiâmes-nous, à l'unisson
— Shine bright like a diamond ! repris-je, réfléchissant au sens des paroles
— Ooooooh ! fit Solange
— Shine bright like a diamond !
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond !
Brille comme un diamant.
— Ooooooh !
— We're beautiful like diamonds in the sky ! terminai-je, tandis que Solange se lançait dans le deuxième couplet
— Palms rise to the universe, as we moonshine and molly
Feel the warmth, we'll never die !
We're like diamonds in the sky !
— You're a shooting star I see, a vision of ecstasy !
When you hold me, I'm alive ! m'exclamai-je
Luke avait tout d'une étoile filante, fuyant la vie, les gens et tant d'autres choses encore. Sans réfléchir, je sortis le micro de son socle.
— We're like diamonds in the sky !
— At first sight I felt the energy of sun rays I saw the life inside your eyes ! criai-je, d'une forte, désespérée, penchée en arrière par l'émotion
— So shine bright
Tonight,
You and I ! reprit Solange
— We're beautiful like diamonds in the sky !
— Eye to eye,
So alive ! enchaîna mon amie
— We're beautiful like diamonds in the sky !
— Shine bright like a diamond ! s'exclama Solange
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond !
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond !
Nous brillerons pour l'éternité, dans le ciel.
— We're beautiful like diamonds in the sky ! nous écriâmes-nous
— Shine bright like a diamond ! répéta-t-elle
— Ooooooh ! fis-je
— Shine bright like a diamond !
— Ooooooh !
— Shining bright like a diamond !
C'est vrai, que pouvais-je bien risquer en m'attachant à elle ?
— We're beautiful like diamonds in the sky ! avouâmes-nous, au monde, à la vie
— Shine bright like a diamond ! rappelai-je, survoltée
— Shine bright like a diamond !
— Shine bright like a diamond ! redis-je encore, autant pour moi que pour le public
— So shine bright
Tonight,
You and I !
We're beautiful like diamonds in the sky !
Eye to eye,
So alive !
We're beautiful like diamonds in the sky !
M. Ginsique à ma droite, me jeta un regard impressionné.
— Shine bright like a diamond ! m'époumonai-je
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond ! m'égosillai-je
— Ooooooh !
— Shine bright like a diamond, oooooooooh yeah ! gazouillai-je, m'autorisant une longue et haute note qui aurait fait pâlir ma classe de troisième
— Shine bright like a diamond ! Shine bright like a diamond ! Shine bright like a diamond ! Shine bright like a diamond ! psalmodiâmes-nous, une dernière fois
Un silence nous accueillit. Puis, comme s'il sortait d'une lourde torpeur, le public commença à nous acclamer à tout rompre. Je reposai mon micro et pris la main de Sofia, avant de faire la révérence. Nous quittâmes la salle sous les approbations des spectateurs.
En silence, nous traversâmes à toute allure, perruque à la main, le couloir menant aux coulisses. Alice nous y attendait, nos cravates à la main, et la moitié de la chorale dans la pièce. Impossible d'accéder aux toilettes. Ça allait être compliqué de se changer en évitant les regards indésirables... Heureusement, Lise, Clara, Rachelle, Lucie et Emma aidèrent Alice à nous isoler quelques dizaines de secondes des regards, le temps d'enfiler le pantalon noir et la chemise blanche. Je pus même de remettre mes chaussettes et mes converses.
Nous nous glissâmes ensuite jusqu'à la scène où les deux premières lignes étaient déjà entrées. M. Wiener nous fit signe d'entrer.
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La première chanson démarra quelques secondes plus tard. Avant de chanter, je jetai un coup d'œil à Lise et Solange, mes deux voisines. Elles souriaient comme si elles ne réalisaient pas qu'elles étaient là, sur scène. Messieurs Ginsique et Wiener nous enjoignirent à commencer :
— Comme un enfant aux yeux de lumière
Qui voit passer au loin les oiseaux ! démarrâmes-nous, tous ensemble
Nous poursuivîmes, à deux voix, en bougeant au rythme de la musique. M. Wiener nous guidait, nous, le groupe des voix aiguës.
— Comme l'oiseau bleu survolant la Terre
Vois comme le monde, le monde est beau !
Beau le bateau, dansant sur les vagues
Ivre de vie, d'amour et de vent !
Belle la chanson naissante des vagues
Abandonnée au sable blanc..,
Blanc l'innocent, le sang du poète
Qui en chantant, invente l'amour !
Pour que la vie s'habille de fête
Et que la nuit se change en jour
Jour d'une vie où l'aube se lève
Pour réveiller la ville aux yeux lourds
Où les matins effeuillent les rêves
Pour nous donner un monde d'amour !
L'amour c'est toi, l'amour c'est moi !
L'oiseau c'est toi, l'enfant c'est moi !
Seulement les filles commencèrent le couplet suivant, tandis que les garçons faisaient un chœur.
— Moi je ne suis qu'une fille de l'ombre
Qui voit briller l'étoile du soir
Toi mon étoile qui tisse ma ronde
Viens allumer mon soleil noir !
Filles et garçons échangèrent leurs rôles pour la suite, alors que Solange se glissait discrètement au devant de la scène.
— Noire la misère, les hommes et la guerre
Qui croient tenir les rênes du temps
Pays d'amour n'a pas de frontière
Pour ceux qui ont un cœur d'enfant !
— Comme un enfant aux yeux de lumière, reprit Solange, sa voix vibrant au rythme de la chanson. Qui voit passer au loin les oiseaux !
Comme l'oiseau bleu survolant la terre
Nous trouverons ce monde d'amour !
Solange retourna à côté de moi, à mesure que nous entamions le dernier refrain, en exécutant une chorégraphie très simple qui consistait à imager le coeur, l'oiseau et à montrer du doigt tantôt le public, tantôt nous-mêmes.
— L'amour c'est toi, l'amour c'est moi !
L'oiseau c'est toi, l'enfant c'est moi !
L'oiseau c'est toi, l'enfant c'est moi !
L'oiseau c'est toi, l'enfant c'est moi !
Nous terminâmes la chanson en bougeant de droite à gauche en levant les bras en haut à gauche, puis à droite et en bas à gauche et à droite. Le public nous applaudit à tout rompre, puis M. Ginsique annonça Les Lacs Du Connemara, et Antoine, Ludovic, Judickaël et Thomas se faufilèrent jusqu'aux quatre micros. Le public applaudit et cria en les voyant, et je ne pus m'empêcher de sourire encore plus, heureuse de voir que les spectateurs les adoraient.
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— Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c'est pour les vivants
Un peu d'enfer, le Connemara ! commença Judickaël, sous les yeux subjugués du public
— Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières !
C'est le décor du Connemara ! continua Thomas
Même si je ne l'aimais pas, je devais admettre qu'il savait se mettre le public dans sa poche. Et qu'il chantait diablement bien.
— Au printemps suivant, le ciel irlandais était en paix
Maureen a plongé nue dans un lac du Connemara ! poursuivit Antoine, alors que nous bougions d'un pas à droite puis d'un pas à gauche
— Sean Kelly s'est dit 'je suis catholique', Maureen aussi
L'église en granit de Limerick, Maureen a dit oui ! compléta Ludovic
— De Tipperary, Barry-Connely et de Galway
Ils sont arrivés dans le comté du Connemara ! s'exclama Judickaël
— Y avait les Connors, les O'Connolly, les Flaherty du Ring of Kerry
Et de quoi boire trois jours et deux nuits ! acheva Thomas
— Là-bas au Connemara
On sait tout le prix du silence ! démarra Antoine
— Là-bas au Connemara
On dit que la vie, c'est une folie
Et que la folie, ça se danse ! enchaîna Ludovic
— Terre brûlée au vent, des landes de pierre autour des lacs, c'est pour les vivants ! reprîmes-nous, tous ensemble. Un peu d'enfer, le Connemara ! Des nuages noirs qui viennent du nord colorent la terre, les lacs, les rivières ! C'est le décor du Connemara !
— On y vit encore au temps des Gaëls et de Cromwell
Au rythme des pluies et du soleil
Aux pas des chevaux ! débuta Judickaël
— On y croit encore aux monstres des lacs
Qu'on voit nager certains soirs d'été
Et replonger pour l'éternité ! s'écria Thomas
— On y voit encore
Des hommes d'ailleurs venus chercher
Le repos de l'âme et pour le cœur, un goût de meilleur ! s'ouvrît Antoine
— L'on y croit encore
Que le jour viendra, il est tout près
Où les Irlandais feront la paix autour de La Croix ! lancèrent Judickaël, Thomas et Antoine
— Là-bas au Connemara
On sait tout le prix de la guerre !
Là-bas au Connemara
On n'accepte pas
La paix des Gallois
Ni celle des rois d'Angleterre ! conclut Ludovic, sa voix perçant, j'en suis sûre, l'esprit de chacun des spectateurs
Nous entonnâmes des « la-la-la » en dansant au rythme de la musique, alors que le public battait dans les mains. Nous hurlâmes le plus fort que nous pûmes, trop heureux d'être ici. Un tonnerre d'applaudissements et de sifflements accueillit la fin de la chanson. M. Ginsique applaudit avec les spectateurs tandis que les garçons faisaient la révérence.
Enfin, il annonça Tous les cris, les SOS et nous appela, moi, Marine et Eugénie à venir devant.
— Bonne chance, me chuchota Lise, alors que je slalomais jusqu'au micro.
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(NDA : ce n'est pas la version originale, mais c'est pour vous donner une idée de ce que ça donne ! :) )
Les projecteurs prirent une teinte bleutée.
— Comme un fou va jeter à la mer, entama Eugénie. Des bouteilles vides et puis espère qu'on pourra lire à travers S.O.S. écrit avec de l'air ! Pour te dire que je me sens seul, je dessine à l'encre vide un désert !
Marine continua posément avec le refrain :
— Et je cours ! Je me raccroche à la vie ! Je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent ! Comme des lianes nouées de tresses sans comprendre la détresse des mots que j'envoie !
A mon tour, je me lançai avec le troisième couplet, songeant que si Luke pouvait comprendre cette chanson, elle le toucherait en plein cœur.
— Difficile d'appeler au secours, quand tant de drames nous oppressent ! Et les larmes nouées de stress étouffent un peu plus les cris d'amour de ceux qui sont dans la faiblesse et dans un dernier espoir disparaissent !
Nous reprîmes toutes les trois le refrain dans nos micros, accompagnées par la chorale.
— Et je cours ! Je me raccroche à la vie ! Je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent ! Comme des lianes nouées de tresses sans comprendre la détresse des mots que j'envoie !
Je repris mon souffle avant de poursuivre la partie la plus impressionnante de la chanson, les yeux bien rivés sur la caméra en face de moi. Ce soir, les jolies fêlures de ma voix transparaîtront dans mes yeux.
— Tous les cris les S.O.S. partent dans les airs dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté ! Pris dans leur vaisseau de verre les messages luttent mais les vagues les ramènent en pierres d'étoile sur les rochers ! m'écriai-je, entendant M. Wiener marmonner « excellent ! » à côté de moi
Forcément, je chantais toujours cette partie en pensant à Luke.
— Et j'ai ramassé les bouts de verre
J'ai recollé tous les morceaux..., remblaya Eugénie
— Tout était clair comme de l'eau ! ajouta Marine
— Contre le passé y a rien à faire
Il faudrait changer les héros ! avouai-je à la caméra
— Dans un monde où le plus beau
Reste à faire ! terminâmes-nous, toutes les trois
— Et je cours ! Je me raccroche à la vie ! Je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent ! Comme des lianes nouées de tresses sans comprendre la détresse des mots que j'envoie ! chanta la chorale, sans nous
— Tous les cris les S.O.S. partent dans les airs dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté ! Pris dans leur vaisseau de verre les messages luttent mais les vagues les ramènent en pierres d'étoiles sur les rochers ! répétai-je, montant encore plus haut en intensité
— Tous les cris les S.O.S. partent dans les airs dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté ! Pris dans leur vaisseau de verre les messages luttent mais les vagues les ramènent en pierres d'étoiles sur les rochers ! terminâmes-nous, dans nos micros avec la chorale et les professeurs
Des cris fusèrent de toute part, certains tapèrent même du pied. M. Ginsique applaudit en riant et M. Wiener arracha un sourire. M. Ginsique fit ensuite saluer chacune des trois lignes sous les clameurs et nous renvoya gentiment dans les coulisses, M. Wiener restant à l'entrée. Nous y entrâmes en sautillant, guillerets...
~
Hello ! Comment allez-vous ? :)
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Que pensez-vous des prestations, pour le moment ? :) Comment imaginez-vous la suite ?
J'espère que votre rentrée s'est bien passée ! Vous entrez en quelle classe ? 🎶
J'espère que vos emplois du temps ne sont pas trop terribles et vous permettront de prendre un peu de temps pour vous ! 🖤
On se retrouve samedi 12 septembre pour le chapitre 69 !
Prenez soin de vous ! ❤️
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