— Emmy ? s'exclama-t-il, estomaqué

A son tour, Alice retira sa paire de grosses lunettes de soleil.

— Alice ?! s'étonna-t-il, les yeux exorbités, je vous reconnais à peine ! Ah non, toi par contre, je suis sûr de ne jamais t'avoir croisé auparavant ! ajouta-t-il à l'adresse de mon cousin qui avait aussi enlevé ses lunettes

— En fait si, à Noël il y a trois ans...

     Mike chercha quelques longues secondes dans son esprit. J'avalai péniblement ma salive, me demandant sérieusement quel était le pourcentage de chances pour que ça arrive. A moins que ... Emma !

— Euh Thomas ? tenta mon ancien correspondant

Mon cousin opina de la tête, souriant légèrement

— C'est vrai que tu as le même prénom que l'autre abruti, marmonna Mike, faisant rire Alice tandis que j'étais trop abasourdie pour réagir

— Mais que faites-vous ici ? interrogea-t-il, toujours sonné

— Et si tu te joignais à nous ? proposa Alice en poussant avec son pied la chaise entre Thomas et moi

— Avec joie, murmura-t-il en s'asseyant

— Pour répondre à ta question, on est venu ici en vacances, lui apprit Thomas

— Étudiants de luxe ! se moqua Mike

Thomas pouffa légèrement.

— Pas tellement ! En fait mon père travaille dans une compagnie aérienne, alors on a eu des réductions ! raconta-t-il, et c'était l'idée d'Alice !

— Vous avez une de ces chances ! souffla Mike

— Il en faut bien un peu, murmura amèrement Alice

— Comment nous as-tu trouvés ? finis-je par questionner, suspicieuse

Mike écarta les bras :

— Par hasard. Je viens souvent boire un café ici, et lire le New-York Times. Et comme vous l'avez constaté, je cherche un endroit où chanter...

Devant mon air dubitatif, il ajouta :

— Bon OK, hier soir John m'a envoyé un message pour m'informer de votre présence. Mais juste à moi. Je n'ai prévenu personne. Cependant je ne pensais pas vous trouver ici, je le jure ! Pour tout vous dire, je comptais passer à votre auberge de jeunesse cette après-midi et vous y attendre. John m'a dit où vous dormiez... Vous ne m'en voulez pas, hein ?

— Mais non Mickey ! le rassura affectueusement Alice

— Mais pourquoi, Mike ? lui demandai-je

— Parce que vous me manquez et que depuis deux ans je ne pense qu'à une chose. Vous revoir. Et là, le destin m'offre cette occasion sur un plateau d'argent ! Je ne pouvais pas manquer ça ! s'exclama-t-il, et vous, qu'est-ce que vous devenez ? Emmy ! Ta chanson préférée est-elle toujours Boulevard Of Broken Dreams ?

— Elle n'est pas prête d'être détrônée ! m'écriai-je

— Merveilleux ! Et puis, tu étudies quoi ? Attends, laisse-moi deviner ! Grâce à Sainte-Cécile tu as été remarquée et tu as décroché un contrat et tu nous prépares un album ? Et donc tu ne gâches pas ton talent dans une fac miteuse !

Mike avait les yeux brillants et un grand sourire. Mon air attristé éteignit sa joie.

— Alors même toi tu n'as pas eu cette chance, laissa-t-il échapper, morose

Je secouai la tête.

— Non. J'étudie la littérature, à Paris.

— Et toi, Alice ?

— Ne m'en parle pas, grogna-t-elle, mon deuxième vœu était de faire une école de design pour devenir tatoueuse. J'étais même prise à l'école ! Mais mes adorables géniteurs ont catégoriquement refusé. Pire encore, si j'allais dans cette école je n'avais pas un seul sou pour payer ma chambre dans mon foyer. Je me serais retrouvée à la rue. Ensuite, même si Emmy m'avait encouragée à faire ce qui me plaisait et voulait m'héberger, j'ai fait ce que mes parents voulaient que je fasse. Je ne pouvais pas travailler en parallèle de l'école de design, mais je pouvais travailler en faisant une licence. Donc je suis livreuse pour un service de livraison de plats, et je mets de l'argent de côté pour pouvoir être indépendante de mes parents. Et j'étudie l'économie. Berk, c'est vraiment nul ! Mais mes parents me fichent la paix.

— Ah, eh bien, tu as des parents très à l'écoute, ironisa Mike.

A ces mots, il appela le serveur et commanda un autre café. Un silence pesant s'était installé.

— Sinon, j'étudie la chimie et c'est mon choix, toussota Thomas

— Et toi, Mike ? lui demandai-je, que deviens-tu ?

— A l'issue de l'obtention de mon diplôme, j'ai été tellement dégoûté de ne rien avoir en lien avec la musique que j'ai pris une année sabbatique. De tout notre groupe, il n'y avait que Luke et moi qui n'avions rien. Caitlin a obtenu une place dans une prestigieuse école d'arts appliqués, John travaille pour une agence de mannequinat et il a même aidé à filmer et réaliser des films ! Gaël est actuellement à l'affiche d'un film ! Et Luke étudie les langues à l'université. Enfin, il ne travaille pas beaucoup, il s'ennuie. Et moi, je me suis créé une autre chaîne YouTube où je poste des covers, mais ça n'a pas, voire pas du tout, de succès. Et depuis un mois, j'essaie de trouver des cafés où chanter. J'enchaîne les refus car je suis seul.

J'avais tressailli à la mention de Luke, et Mike s'en était aperçu, mais n'avait rien dit.

— Mes parents en ont marre. En même temps, je les comprends, je ne suis bon à rien, ricana-t-il, nerveusement. Donc, à partir de septembre, je pars à San Francisco étudier les sciences biomédicales. Ce sont eux qui ont choisi, sans m'en parler, et je ne veux pas y aller ! D'ailleurs, je ne sais même pas comment ils ont fait pour m'obtenir une place, vu le prix !

Le serveur lui donna son café et j'ouvris la bouche pour contredire Mike et lui dire de ne pas se laisser abattre, mais n'en eus pas le temps, car il poursuivit :

— Depuis que je sais que vous êtes à New-York, une idée me trotte dans la tête. Je n'en ai pas dormi tellement j'espère que vous accepterez. Mais pour ça, il faudrait que vous veniez chez moi demain après-midi rejoindre les deux autres. Je veux reformer le groupe.

— On sera là ! acquiesça illico presto Alice, tandis que j'en demeurai sans voix

— Em ? Ça te va ? me demanda Mike, les yeux tout pleins d'espoir

C'était le seul espoir pour Alice. Je posai ma main sur son épaule :

— Compte sur nous, répondis-je sans hésiter la moindre seconde.

Mike baissa les yeux vers mon poignet sur lequel s'épanouissait son bracelet et me sourit faiblement.

— Avant que tu ne le vois demain, garde à l'esprit que vous étiez amis avant tout...

— Tu sais Mike, j'ai eu le temps de passer à autre chose, lui dis-je avec un sourire.

Finalement j'allais le revoir. J'ignorai la boule au ventre qui se forma instantanément. Comment sera-t-il ?

Les lèvres de Mike esquissèrent un grand sourire.

— Je suis vraiment content de te revoir Emmy, tu m'as manqué !

Il rapprocha sa chaise de la mienne avant de m'étreindre.

~

Hey ! 👋🏻 Comment allez-vous ? :)

Merci d'avoir lu ce chapitre ! J'espère qu'il vous a plu !

Que pensez-vous des retrouvailles avec Mike ? Vous ont-elles parues naturelles ? Ou plutôt fausses ? :)

Et vous, avez-vous déjà retrouvé un(e) ami(e) que vous n'aviez pas vu(e) depuis des mois ou même des années ? Si oui, comment était-ce ? Comme si vous vous étiez quittés la veille ? 😀

À vendredi prochain pour le chapitre 6 ! ❤️