➵ Chapitre 47

Je venais de rentrer à Paris, Alice à mes côtés. Je ne savais plus quoi penser de la situation. La première chose que je fis, une fois nos bagages récupérés, fut d'envoyer un message à mes parents pour les prévenir de mon arrivée. Je me mordis la lèvre, me rendant compte que je ne les avais pas vus depuis les vacances de Noël. J'avais mis l'accent sur Luke, Mike, Caitlin alors que ma famille était là avant eux, et... Non, mieux valait ne pas y penser et que j'arrête de me faire des idées. J'avais déjà eu de la chance qu'ils n'objectent pas mon voyage à New-York. Un de plus...

   Bref, Alice et moi grimpâmes dans notre bus, silencieusement. Le voyage nous avait épuisées, sans compter que l'heure de bus risquait d'être périlleuse. Merci les bouchons !

— Tu as l'air perplexe, commenta Alice, quelque chose ne va pas ?

— Je ne sais pas trop quoi penser, répondis-je en soupirant

— De Luke ? Je dirais qu'on a fait un pas en avant et que c'était sans doute le plus difficile. Emmy, ce n'est pas à toi de le sauver, tout simplement parce que tu ne peux pas. Tu as fait ce qu'il fallait. Tout dépend de lui, à présent. Il faut que tu te concentres sur autre chose.

— Je sais que tu as raison, soufflai-je, mais...

— Mais tu n'arrives pas à penser à autre chose, compléta-t-elle. Tu devrais te recentrer sur toi-même. Penser à toi. J'ai l'impression que tu t'oublies. Lundi, Monsieur Ginsique nous présentera le thème du spectacle de fin d'année, c'est l'occasion rêvée pour penser à quelque chose de positif ! Je te le répète, tu ne peux rien faire de plus, conclut-elle en me souriant légèrement

— Et toi, Alice, tu penses à toi ? questionnai-je, en retour, la sondant de mes yeux fatigués

— Moi ? Mais oui, ne t'inquiète pas ! mentit-elle

— Non, la contrecarrai-je avec un sourire piteux, je vois bien que non.

— OK, pas vraiment ces derniers temps, admit-elle. Mais j'en ai maintenant l'occasion ! Et puis, si je n'avais pas pensé à toi d'abord, qui l'aurait fait ?

   Une vague d'amour s'échoua contre moi. Qu'est-ce que j'aimais Alice ! Elle était une amie, une vraie, de celle qui ne partirait jamais, quoiqu'il advienne, qui n'hésiterait pas à me dire quand je faisais une erreur, quand j'allais trop loin, quand c'était de ma faute. Ses conseils étaient toujours avisés et elle ne pensait jamais à mal. De l'écume coula discrètement sur ma joue.

— Et toi, Alice ? repris-je, remise de mes émotions. Qui pense à toi ?

— Antoine ? risqua-t-elle, avec un air piteux

— Désolée Alice. J'ai vraiment dû être exécrable ces dernières semaines, m'excusai-je, platement

Contre toute attente, elle éclata de rire.

— Mon Dieu, Emmy ! Tu es un ange à côté de ce que j'aurais fait à ta place ! Tu as beaucoup intériorisé, en fait. Franchement, ne t'en fais pas pour ça !

Je baissai la tête, un sourire aux lèvres.

— Si tu le dis, murmurai-je, ma voix couverte par le bruit des klaxons

— Bien-sûr que je le dis ! D'ailleurs, la preuve que tu ne t'es absolument pas occupée de toi, c'est que tu as délaissé la musique, alors qu'elle est tout pour toi. Tout le monde l'a remarqué, y compris M. Ginsique. Oh, bien-sûr, tu chantais toujours aussi merveilleusement, mais le coeur n'y était plus. D'habitude, quand tu chantes, on a l'impression que tu vogues parmi les étoiles, mais là, tes pieds étaient fermement ancrés dans le sol.

— Oh.

C'est tout ce que je parvins à dire.

— C'est dommage, car se détacher des choses permet souvent d'y voir plus clair, affirma-t-elle tandis que le bus s'arrêtait non loin de Sainte Cécile. Mais tu sais quoi ? poursuivit-elle en se détachant, tu as maintenant l'occasion de tout rattraper, alors saisis-la à pleines mains !

J'hochai la tête, masquant mon soupir las par un rire silencieux. Je saluai le chauffeur d'un au revoir poli, et l'air glacé quoique pollué de Paris me frappa en plein visage. Je récupérai ma valise de la soute, méditant les paroles d'Alice. Elle avait raison, comme toujours. Seule la musique pourrait me sortir de cette écrasante morosité.

— Alice, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, lui avouai-je tandis qu'elle passait sa carte dans le détecteur à l'entrée, étant donné que les deux surveillants n'étaient pas là

— Des poissons en laine, sans aucun doute, répondit-elle, le plus sérieusement au monde

  J'éclatai de rire et la suivit jusqu'à la porte de l'internat. Nous saluâmes la secrétaire à l'accueil, récupérèrent nos clés et montâmes dans l'ascenseur. Studio 152, nous voilà !

— Je n'ai qu'une seule hâte, c'est de me mettre au lit ! commenta Alice en s'étirant et en observant son reflet dans le miroir de l'ascenseur

Je soupirai face au mien.

— Qu'est-ce qu'il y a ? questionna ma meilleure amie

— Je suis toute blanche ! expliquai-je

— Je ne vois pas en quoi ça change de d'habitude, me nargua-t-elle en plissant les yeux

— Fais attention à ce que je ne te prenne pas ton fond de teint pour être plus hâlée ! ripostai-je en sortant de l'ascenseur

— Pour que tu sois couleur carotte ?! Quelle horreur ! Berk ! répliqua-t-elle en mimant le dégoût

— Alors aide-moi à prendre des couleurs ! me plaignis-je

— Eh bien tu n'as qu'à prendre l'air plus souvent !

— Les deux heures de sport qu'on a chaque semaine me suffisent, grognai-je. La gym le mardi soir, berk ! Oh ! Mais non ! J'oubliais ! A partir de maintenant on a danse ! m'exclamai-je en sautillant sur place

— Eh bien tu vois quand tu veux ! rit Alice en me pinçant le bout du nez

    Je sortis les clés de ma poche et ouvrit la porte. Rien n'avait changé. Il y avait toujours la même odeur, un mélange de lessive, de parfum et de bougies.

— Ça fait du bien d'être chez soi, laissa échapper Alice en observant notre petit appartement

— C'est vrai que c'est agréable, commentai-je en retour

   Je suivis Alice dans notre chambre et nous entreprîmes de défaire nos bagages afin de ranger nos vêtements propres car non portés et de mettre de côté ce qui était sale. Une dizaine de minutes plus tard, c'était fait.

— Je suggère qu'on trie le foncé du clair et qu'on aille à la laverie lancer deux machines, proposa Alice

— On devrait plutôt le faire demain, objectai-je, ça va bientôt être l'heure du repas, et les lessives risquent de prendre un bout de temps. Il serait judicieux de nous coucher tôt ce soir.

— C'est bien vrai, appuya-t-elle, surtout qu'on doit être en forme demain pour finir ce satané devoir de maths !

— Tu plaisantes ? Luke et moi te l'avons fait aux trois-quarts ! me récriai-je. La physique par contre... Quel enfer ! Achève-moi, je t'en prie !

— Mais, je croyais que Mike t'avait tout expliqué ?!

— Eh bien la dernière fois que je croyais avoir compris, le contrôle m'a prouvé le contraire, grognai-je. Alice, je ne sais pas ce qu'il m'arrive ! A la maison, je sais faire, et au contrôle, je foire !

— Mh, c'est peut-être du stress, suggéra-t-elle. Et puis, tu as eu d'autres soucis ces derniers temps donc tu n'étais peut-être pas au summum de tes capacités. Ne t'inquiète pas, je suis sûre que ce n'est qu'une phase ! Ça ira mieux, et tu verras que tu vas tout déchirer au prochain examen !

— Depuis septembre, quand même, lui fis-je remarquer. On est en février, bientôt mars !

— Et alors ? Ça prend du temps de cerner ses problèmes et de les régler, rétorqua-t-elle.

   Je ne la contredis pas, sachant pertinemment qu'elle m'étranglerait si je lui disais que je n'avais peut-être tout simplement pas les capacités, que je n'étais peut-être pas faite pour ça.

— Ne te morfonds pas, reprit-elle en me tapotant l'épaule. Ça ne servirait à rien. Par contre ce qui serait utile, ce serait de réfléchir à ce que tu peux faire pour changer ça, tu ne crois pas ?

Un sourire peignit mes traits.

— Tu as raison, affirmai-je alors.

    Et c'était vrai. J'allais me donner les moyens pour réussir, m'accrocher comme une moule à son rocher, résoudre chacun de mes problèmes. A commencer par ce livre qui traîne sur ma table de chevet depuis des lustres...

~
Hey ! Comment allez-vous ? :)

Merci d'avoir lu ce chapitre ! Qu'en pensez-vous ? 😀

On se retrouve vendredi pour le chapitre 48 ! 🖤

PS : est-ce que ça vous dirait que pendant tout le mois de juillet (donc à partir de la semaine prochaine) je publie trois chapitres par semaine ? 😄

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