➵ Chapitre 31
Deux semaines plus tard
J'essayais d'écouter le plus attentivement possible le cours de Mme Schwarzwolk, qui était intéressant. Il portait sur le lien intime qui nouait ensemble les mots à la musique. Mais, étant rentrée il y a tout juste six jours, j'étais déjà épuisée, en raison du décalage horaire et de la reprise. Alice n'avait pas arrêté de me taquiner sur le fait que j'avais dormi avec Luke... Elle était incorrigible ! J'étouffai un bâillement. J'avais bien dormi, dans ses bras... Comme nous nous étions levés avant Simon, il n'en avait rien su...
« Une chanson est une nouvelle ; un album est un roman ; la poésie est la musique de la littérature, déclara Mme Schwarzwolk, en me jetant un coup d'œil avant de continuer.
Ce qu'elle venait de dire était vrai, et je m'empressai de l'inscrire sur ma feuille déjà emplie de notes. Je l'encadrai. J'oubliais presque que je l'avais tout de même "croisée" dans la rue où habitait Luke...
— Verlaine déclarait alors, que la poésie était « de la musique avant toute chose ». Alors, n'hésitez pas, lancez-vous et écrivez, jouez, composez ! termina-t-elle, alors que la sonnerie se faisait entendre. A la semaine prochaine !
Trop heureuse d'être en week-end et sachant que j'allais faire un Skype avec Luke ce soir, je m'empressai de fourrer toutes mes affaires dans mon sac en chantonnant Heathens. Alice fredonnait également l'air de la chanson et tapait aussi le rythme avec son pied. En mettant ma veste, je constatai que tout le monde avait déjà quitté la salle, et qu'il ne restait que nous deux et l'enseignante.
— Au fait, mademoiselle, m'interpela Mme Schwarzwolk, je vous ai vue et entendue chanter à New-York, au Modesty Café, si je me souviens bien.
Je lui jetai un regard étonné.
— Je ne vous ai pas vue, avouai-je, toute penaude
— Quoi ? Vous pensez vraiment que les profs' ne voyagent jamais et restent cloîtrés chez eux ? s'esclaffa-t-elle devant nos airs surpris. Dommage que vous n'ayez pas pu être là, Alice ! Enfin bref, laissez-moi vous dire que vous êtes douée. Vous êtes talentueux, vous et votre groupe. Des jeunes bien éduqués, qui ont de la voix et veulent faire quelque chose, c'est rare de nos jours ! J'espère que vous réaliserez votre rêve et deviendrez connus, car vous le méritez ! Et n'oubliez pas, rien n'est impossible quand on y croit ! nous complimenta-t-elle
— Merci, la remerciai-je, en rougissant.
Je ne savais pas si on en méritait tant.
— Ah mais ne rougissez pas ! Ne vous sentez pas gênée ! Je ne vous dis que la vérité ! Sur ce, bonne soirée et bon week-end ! Ah, et j'ai parlé de vous à mon entourage ! Alice, j'espère vous voir avec eux la prochaine fois !
Je la remerciai encore une fois et la saluai, avant de quitter la salle, Alice sur mes talons.
— Eh bah dis donc ! Vous avez dû être excellents pour qu'elle te dise ça ! s'exclama Alice, une fois que nous fûmes dans la cours du lycée
— Sûrement, fis-je, en haussant les épaules.
Ses compliments m'allaient droit au coeur et j'avais hâte de les répéter à Luke, pour qu'il les dise aux autres. J'osais à peine croire qu'une enseignante aussi dure et exigeante que Mme Schwarzwolk pût penser cela de nous...
— Dire que j'ai manqué ça, soupira Alice
— Tu viendras la prochaine fois, lui dis-je avec un sourire
Elle acquiesça.
— Oh ! Mais ça veut dire que vous vous débrouillez mieux sans moi alors ! s'écria-t-elle, en m'observant d'un air faussement blessé
— Mais non Alice, on a fait ce qu'on a pu sans toi, et on aurait été meilleur avec toi !
— Ah ! Je préfère ça ! répondit-elle, en m'offrant un large sourire
— Maintenant, on se dépêche de remonter ! Il faut absolument qu'on ait fini de manger avant vingt heures ! m'exclamai-je en accélérant le pas
— Tu ne peux l'appeler qu'à partir de vingt-deux heures, râla Alice, tu as le temps !
— Mais il fait que je recharge mon ordinateur, que je...
— Ça va, j'ai compris... Mais je te préviens, je veux lui dire bonjour ! Il est supposé être MON correspondant !
— Était, corrigeai-je, amusée
Elle roula des yeux et entra dans le bâtiment, ses longs cheveux blonds et roses au vent. Je la suivis jusque en haut, où nous déposâmes nos affaires pour finalement redescendre dans la salle commune, où nous rejoignîmes les autres, à savoir Emma, Lucie et Antoine. Je ne savais pas où étaient passés Lise et Thomas, non pas qu'ils étaient devenus ou redevenus mes amis, mais parce qu'ils avaient rompu dès notre retour en France, au mois d'août. Lise essayait de tenir sa langue, de ne pas lancer trop de piques, ignorait volontairement Thomas – et Clara faisait de même – et Thomas tentait de se faire pardonner auprès d'Alice et Antoine, qui étaient inséparables, tout en se faisant de nouveaux amis. Lucie était toujours aussi passionnée par la danse, et Emma était toujours aussi joyeuse, surtout que revoir John pendant ces vacances l'avait revigorée.
— Bon, alors, Emmy, raconte-moi tes vacances, je veux TOUT savoir, de A à Z ! m'interpela Lucie, en réajustant ses lunettes, alors que je venais à peine de m'asseoir en face d'elle
— Elle a la tête ailleurs, puisqu'elle appelle son chéri dans quatre heures, me railla Alice
— Justement ! Elle n'a pas passé les vacances chez lui ? Il a dû s'en passer des choses ! répliqua Emma
— C'est vrai, admit Alice, alors elle a dormi avec lui !
— Alice ! la réprimai-je
— Dormi ou... ? questionna immédiatement Lucie, en me jetant un regard pervers
— Juste dormi, non mais sérieusement, râlai-je
— Ça arrivera bien un jour, hein, rétorqua Lucie en haussant une épaule
— Et on a fait trois concerts ! continuai-je, la tête pleine de souvenirs
— Raconte !
Je lui narrai tout dans les moindres détails, les yeux brillants. J'avais hâte que nous en fassions un nouveau tous ensemble.
🎶🎶🎶
— Hey !
Le visage fatigué mais souriant de Luke venait d'apparaître à l'écran. Il avait déjà les yeux cernés et ses iris baignaient dans une mer de mélancolie. Néanmoins, il restait le plus beau garçon que j'eus vu.
— Hé, il faut dormir la nuit ! Non mais je rêve ! s'exclama Alice, à l'autre bout de la pièce
— Mais je suis insomniaque ! protesta Luke, et je ne suis pas fatigué ! J'en ai juste l'air !
Alice roula des yeux et se mit juste derrière moi, le détaillant à travers l'écran.
— T'as changé depuis la dernière fois que je t'ai vu, fit-elle en plissant les yeux
— Je sais, je suis à tomber, répondit-il en battant des cils
— Certainement pas ! Aïe !
Je venais de lui donner un coup de coude dans les côtes.
En face de nous, Luke éclata de rire.
— Merci Em ! Vous n'avez pas vu Mike, il a changé de couleur de cheveux !
— Quoi ? s'étonna Alice
— Non ! Il l'a fait ? Il a pris quoi alors ?
— Je blague, il n'a changé qu'à moitié, expliqua Luke, en souriant largement
— C'est-à-dire ? demandai-je, attendant le pire
— Il a fait des mèches noires dans ses cheveux rouges, juste après que tu sois partie, me répondit simplement Luke
— Ça va, je m'attendais à pire, commenta Alice, il est où d'ailleurs ?
— Sous la douche, tu veux le rejoindre ?
— Lucas ! s'exclama Alice, tandis que je partais dans un fou rire incontrôlé
— Il devrait bientôt avoir fini, je pense, continua Luke en m'adressant un clin d'œil
Comme s'il l'avait entendu, un Mike aux cheveux trempés sortit de la salle de bain et apparut à l'écran.
— Hello, ladies ! nous salua-t-il
— Heureusement que tu es là Mike, reprit Luke, Alice voulait tellement te voir qu'elle était prête à te rejoindre et...
— N'importe quoi ! coupa Alice en jetant un regard noir à Luke qui lui offrit son plus beau sourire
Mike leva les yeux au ciel.
— Alors, que pensez-vous de ma coupe de cheveux ?
— Tu as les cheveux mouillés, rappelai-je, on ne voit rien
— Mais si, on voit quand même !
🎶🎶🎶
— Tu me manques déjà, soupira Luke
Il n'y avait plus que nous deux. Mike et Alice nous avaient laissés seuls il y a quelques dizaines de minutes déjà. Je leur avait répété, mot à mot, ce que Mme Schwarzwolk m'avait dit aujourd'hui. Ils avaient été surpris et heureux. Luke avait même ajouté que ça ne valait pas la peine de l'éviter dans la rue.
— Toi aussi, soufflai-je
— Cette distance est ce qu'il y a de pire, déclara Luke
— Et on ne peut rien y faire, murmurai-je
Il me sourit tristement et je lui rendis son sourire.
— Mais il n'y a pas que ça, pas vrai ? repris-je, avec douceur
— Comment ça ? fit-il en fronçant les sourcils
— Il n'y a pas que ça qui fait que tu ne dors pas et que tu vas mal, expliquai-je en le détaillant
Il ne répondit pas et regarda ailleurs, avant de reporter ses prunelles bleues sur moi.
— J'ai un coup de blues par rapport à ma sœur, comme chaque année, comme toujours, finit-il par m'avouer, ça me pèse, ça me ronge et je n'arrive pas à y mettre fin. Je veux que ça s'arrête. Et le fait de ne pas te voir n'arrange rien.
— Oh Luke, commençai-je
— Mais comme on vient de se parler, ça devrait aller mieux, ce n'est qu'une mauvaise passe. Tu me fais tout oublier, je ne sais pas comment tu fais.
Je ne sus que répondre à cela. Je lui souris timidement et souhaitai que l'écran qui nous séparait disparut d'un coup pour que je puisse l'enlacer. Ne pas pouvoir le faire me faisait mal. Je sentais une déchirure, petite mais terriblement profonde, terrasser mon coeur.
~
Hey ! Comment allez-vous ? :)
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Qu'en avez-vous pensé ? J'ai tellement hâte de vous faire lire le prochain chapitre, c'est l'un de mes préférés ! 🙈
Prenez soin de vous et de vos proches ❤️
On se retrouve très vite pour la suite ! 🎶
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