➵ Chapitre 25

Le professeur déposa ma copie de sciences sous mes yeux. Je soupirai, encore déçue. Pourquoi est-ce que chaque effort se soldait pas un échec ? J'avais beau travailler d'arrache-pied, passer mes soirées à retravailler le cours, les exercices, en faire d'autres, approfondir,... Je n'y arrivais quand même pas. Mais malgré tout, j'espérais encore faire un bond et avoir de meilleures notes.

— J'ai eu un dix-huit ! s'exclama Antoine, à ma gauche, et toi ? Oh, je suis désolé !

— C'est rien, soupirai-je, en rangeant ma copie sur laquelle mon dix sur vingt semblait clignoter comme un phare dans la nuit

— Tu avais pourtant les mêmes notes que moi, l'année dernière, se souvint Antoine, en fronçant les sourcils

— L'année dernière, répétai-je, en insistant

— Ne t'en fais pas, je suis sûr que tu vas rebondir ! m'encouragea-t-il

— Si tu le dis, répliquai-je, sceptique, alors que le professeur rendait les dernières copies, expliquant que c'était globalement très bon, excepté pour quelques uns qui avaient obtenu la moyenne ou moins.

   Quoi de pire que de se rendre compte que tout le monde autour de vous réussissait sauf vous ? Je lâchai un soupir de lassitude.

  Découragée, j'ouvris mon livre à la page indiquée par le professeur et tentai de me plonger dans les exercices, ruminant mon échec. Si seulement mes moins bonnes notes se trouvaient dans une matière, et pas dans toutes... Car oui, mes mauvaises notes étaient générales.

Ce n'était pas le manque de sommeil qui causait cela : je m'étais imposée un rythme soutenu où je me couchais tôt et me levais tôt. Peut-être était-ce mon manque de travail ? Non, je travaillais toutes les matières toute les semaines et ce régulièrement, et lorsque je ne comprenais pas une notion, je m'empressais de la reprendre à tête reposée.

C'était sans doute ma méthode de travail qui posait problème... Non, je l'utilisais depuis des années, et elle m'avait, bien au contraire, aidée à m'améliorer.

C'était peut-être moi le problème, tout simplement. Pourquoi n'étais-je pas comme Antoine ? Ou Alice ? Ou Luke ?

Mon coeur se serra à la seule pensée de son nom. J'aimerais tellement qu'il soit là.

Je soufflai et tentai de chasser toutes mes idées noires de mon esprit. Mais à quoi bon ? À quoi bon essayer si je savais déjà que je n'allais pas y arriver ? Je dissimulai mon soupir en un toussotement et constatai que tout le monde dans la classe écrivait les réponses et semblaient comprendre, tandis que moi, je restais bloquée à la première question du premier exercice de la liste que l'enseignant avait donnée. Je me forçai à me vider l'esprit et à reprendre l'exercice, dont la réponse me sauta aux yeux, me faisant me sentir encore plus mal à l'aise et nulle.

🎶🎶🎶

Vingt-et-un jours, encore vingt-et-un longues journées à passer loin de lui. Je savais que mon comportement relevait de l'obsession, et je m'en blâmais. Mais je ne pouvais pas ne pas penser à lui.

  Les jours s'écoulaient, tous plus longs et plus horribles que les autres. Dans quelques matières, telles que les mathématiques et le français, mes notes étaient remontées. C'était bien ma seule satisfaction.

Je détestais cette impression de me sentir bonne à rien, et j'ignorais ce qui causait cette désagréable impression.

  J'avais également fait un bon prodigieux en lettres musicales, mais c'était grâce à Luke, qui m'apportait son aide dès qu'il le pouvait. J'avais conscience que je ne valais pas ces notes-là, et cela me pesait parfois sur la conscience. Je faisais de mon mieux pour aider Luke, quand il ne comprenait pas quelque chose, mais c'était toujours le contraire, d'autant plus que rien n'avait de secrets pour lui. Tout semblait inné chez lui.

  Je soupirai lourdement, et mon voisin, un grand brun aux yeux bruns avec des lunettes, me décocha un regard noir. Non, je n'arrivais toujours pas à suivre les cours de physique qui pourtant étaient importants.

La distance, ce simple nombre composé de plusieurs chiffres, était une véritable prison de pierre, qui nous maintenait éloignés, Luke et moi.

  Le professeur annonça qu'il était sur le point de nous rendre nos contrôles de cours –dont j'espérais une bonne note–, et je continus difficilement ma joie : j'avais fait un sans-faute. Au moins, apprendre mes leçons me permettait d'éprouver quotidiennement quelques petites joies...

🎶🎶🎶

  « Décrivez-vous en utilisant quelques adjectifs. Écrivez ensuite un poème ou un texte décrivant vos sentiments, qui pourrait être chanté. Inspirez-vous des textes étudiés en classe et utilisez des assonances et/ou allitérations afin de rendre le tout harmonieux. Durée de l'épreuve : quatre heures. »

   Je respirai un grand coup, soulagée. Le contrôle long de lettres musicales ne serait donc pas si insurmontable, étant donné que mon écrit devrait nous refléter, moi et mon esprit.

« Obnubilée, amoureuse, impatiente et découragée »

    C'étaient les mots qui me décrivaient le mieux. Ne restait plus qu'à écrire un poème ou un texte en prose, en mêlant amertume et ressenti, tout en évitant de citer Luke. Ce n'était pas si difficile que cela en avait l'air. Je pouvais le faire.

« Allez Emilie » m'encourageai-je, avant de finalement écrire quelques une de mes idées sur ma feuille de brouillon et de me lancer dans la rédaction de ce travail...

🎶🎶🎶

— Dray Emilie ? m'appela le professeur de physique-chimie

   La boule au ventre, je me levai de la chaise et me dirigeai vers le bureau du professeur, dans le silence le plus total. J'abhorrais la remise des copies des contrôles longs, qui se déroulait presque sur une heure de cours complète devant tout le monde...

— Vous pouvez mieux faire, déclara-t-il, simplement, en me tendant ma copie sur laquelle un huit sur vingt se dessinait.

    Encore une mauvaise note. Je déglutis et luttai pour garder contenance, ravalant les larmes qui menaçaient de couler. Je crus défaillir en lisant la remarque, placée en entête : « Décevant. »

    Je baissai aussitôt la tête et rejoignis ma place d'un pas rapide, honteuse et anéantie. La physique-chimie était la matière que j'avais le plus travaillée. J'avais revu le cours, refait les exercices et approfondi. Antoine m'avait même coachée avec l'aide à distance de Luke, tous deux m'ayant réexpliqué le cours et fait faire de nouveaux exercices. Et malgré cela, je me ramassais, encore une fois, lamentablement.

  Je retins encore une fois mes larmes. Hors de question de pleurer devant tout le monde ! Et surtout pour ça ! Je me mordis la lèvre et fermai les yeux en baissant la tête, me forçant à me calmer en respirant calmement.

Antoine prit ma copie et la passa au peigne fin :

— Je ne comprends pas, m'avoua-t-il en la regardant, tu semblais avoir tout compris !

— Je suis nulle, c'est tout, soupirai-je, amèrement

— Non, Emmy, tu n'es pas nulle ! Ce n'est peut-être juste pas ton truc ! me consola-t-il

Je soupirai.

— Je n'y arriverai pas, marmonnai-je, d'une voix blanche

La boule qui oppressait ma gorge se resserra.

— Si ! Je me souviens que tu n'étais pas très à l'aise avec cette partie du programme, l'année dernière, me réconforta-t-il, tu avais du mal à comprendre. Et comme maintenant nous allons plus loin, c'est normal –si je puis dire– que tu sois bloquée...

— Si tu le dis, murmurai-je, sceptique, en tentant de garder un visage impassible.

— Accroche-toi, ça va aller. Comme en maths et en français ! Ça a plutôt bien fonctionné, étant donné que tu as eu la meilleure note en dissertation et que tu n'as perdu que quatre points en maths ! m'encouragea-t-il

— C'est vrai, admis-je avec un demi-sourire, mais en maths c'est grâce à toi.

— Mon dix-sept en maths est aussi grâce à toi. On a travaillé ensemble ! Tu m'as expliqué des exercices comme une championne, souviens-toi ! On avait fait une sorte d'échange, on pourra recommencer. Et tu verras que cela finira bien par fonctionner en physique, conclut-il.

🎶🎶🎶

  Le soir même, je décidai de reprendre mon contrôle et le cours du jour avec la liste des exercices à faire pour le cours suivant.

  Je m'installai dans le mini salon du studio. A vrai dire, je ne savais pas pourquoi nous persistions à le nommer ainsi : en face du canapé il y avait désormais une table sur laquelle nous travaillions souvent, Alice et moi. Elle était encore en cours, et je sortis calmement mes affaires.

  Je défaillis en me rendant compte de la simplicité du contrôle. Qu'est-ce que j'avais fait ? J'aurais pu avoir une meilleure note ! Je pris ma tête entre mes mains et soufflai, à la fois excédée et déçue.

Je refis rageusement le contrôle, très énervée. Mes mains tremblaient et je m'en voulais d'être dans cet état pour cela.

Lorsque j'eus terminé, j'avais à nouveau la gorge serrée et les yeux brûlants.

  Je décidai de faire les exercices dans la foulée, histoire de terminer toute la physique. Je révisai le cours avec attention, ouvris mon livre et me concentrai, lisant l'énoncé du premier exercice, qui me parût dénué de sens. Je soupirai et repris mon cours, ravalant la boule qui étreignait ma gorge.

Cependant, même en relisant le cours je ne comprenais toujours pas. Je mordis ma lèvre tremblante et repoussai les larmes qui menaçaient de couler, tentant de me calmer.

  Je finis pas réussir à faire le premier, non sans difficultés, retenant toujours mes larmes. Je détestais ça : pleurer pour un oui ou pour un non.

  Je commençai le deuxième et bloquai dès la première question. Agacée, je relus fébrilement le cours, sentant des larmes de rage affluer, que je repoussai aussitôt.

  Je finis par trouver la solution et par m'empresser de rédiger la réponse, me traitant d'idiote, les larmes encore prêtes à couler. Je baillai un grand coup, lassée et continuai tout de même, m'insultant mentalement pour être dans cet état pour si peu. La fatigue y était sans doute pour quelque chose...

  Durant tout l'exercice, je bloquai un long moment pour chaque question, ce qui accentua ma mauvaise humeur et mon agacement. Je serrai les poings et me forçai à rester calme.

« Ne pas s'énerver pour si peu » me murmurai-je à moi-même, en me détendant.

  Mais, les exercices suivants en avaient décidé autrement, et je finis par me prendre la tête entre les mains, la respiration saccadée.

— Mais pourquoi ?! criai-je presque, les larmes dévalant mes joues

— Pourquoi je n'y arrive pas ?! répétai-je, d'une voix suraiguë

  D'un coup de bras, je fis violemment tomber mon livre de physique et toutes les feuilles de cours, qui s'éparpillèrent au sol. Je donnai rageusement un coup de poing sur la table en bois dur et éclatai en sanglots.

🎶🎶🎶

« Quinze jours, plus que quinze jours » pensai-je, en me levant pour récupérer ma copie de lettres musicales. Je me motivais comme je pouvais...

— C'est bien, commenta Mme Schwarzwolk, en me tendant ma copie

Un grand sourire étira bientôt mes lèvres : quinze sur vingt ! Enfin quelque chose de positif dans ma journée...

Je retournai m'asseoir, fière de moi. Je n'avais pas ressenti cela depuis si longtemps.

— Alors ? chuchota Alice, les yeux brillants, alors que je m'asseyais, souriant de toutes mes dents

— Quinze ! soufflai-je, joyeusement

Elle me sourit :

— Tu vois que j'aie raison, tu en es capable... Je suis certaine que tu peux viser plus haut ! affirma-t-elle en rangeant gaiement son quatorze sur vingt dans sa pochette

— Quand même pas, répondis-je, quelques peu gênée

Alice éclata de rire :

— Si je te le dis !

    Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit, annonçant la fin des cours. Je remballai mes affaires, plus longuement que d'habitude. Je gratifiais Mme Schwarzwolk d'un sourire et m'apprêtais à la saluer quand celle-ci me surprit d'une manière à laquelle je n'aurais jamais pensé :

— Comment va votre petit-ami ? questionna-t-elle, en rangeant son ordinateur

   Je m'arrêtai net et manquai de faire tomber toutes mes affaires. Comment était-elle au courant ? Elle était une enseignante, qui plus est, elle n'avait normalement pas à se mêler de la vie privée d'un élève, sauf en cas de problèmes graves, ce qui n'était vraisemblablement pas le cas. Je déglutis.

— B...bi...bie...bien, bégayai-je, d'une voix tremblante, en fixant le sol, les joues rouges

— Vous n'arrêtiez pas de murmurer son nom, dans le train, j'ai juste fait une déduction, ne vous mettez pas dans cet état pour si peu ! Et j'ai cru comprendre que vous aviez parler de lui dans votre travail ! dit-elle en s'esclaffant

— Oh, Emmy, murmura Alice en riant très fort

— Comment avez-vous su ? interrogeai-je, trop interloquée pour être confuse

— Oh, mademoiselle Dray, on a tous eu seize ans un jour ! Vous n'êtes pas la seule, Miss Dicfem ici présente en a fait autant !

Cette dernière ne parut pas le moins du monde mal à l'aise et lança, d'un ton tout naturel : 

— C'est exact. Veuillez par contre nous excuser, nous avons encore cours...

— Ah, oui ! Bonne fin de journée ! répondit-elle simplement

— ... bonne soirée ! balbutiai-je, prise au dépourvu, avant de quitter promptement la pièce, ayant un cours de musique qui n'attendait que moi...

~
Hey ! Comment allez-vous ? :)

Merci d'avoir lu ce chapitre ! :) Qu'en avez-vous pensé ?

J'espère que vous avez passé une bonne semaine ! ❤️ On se retrouve vendredi prochain pour le chapitre suivant ! :)

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