Quand Mike nous avait envoyé un message indiquant « Réunion de crise. 11h chez moi. », Alice et moi avions imaginé le pire. Il n'en avait pas dit plus, avait refusé de donner un quelconque indice expliquant de quoi il voulait parler. Alors, elle et moi nous étions précipitées au petit-déjeuner et préparées en quatrième vitesse. Mon cœur avait cogné si fort dans le tram, qu'il avait couvert le brouhaha de la ville qui ne dort jamais.

Lorsque nous étions arrivées, un peu avant 11 heures, Luke et Caitlin étaient déjà là, visiblement aussi alertes que nous. Mike nous avait tous installés dans le salon, mais curieusement, ses mains ne tremblaient pas.

— Arrêtez de me regarder comme ça, je ne vais vous annoncer que je vais mourir, lança-t-il en posant une carafe de café sur la table de salon.

Je m'empressai de m'en servir une tasse. Si la vie d'adulte m'avait bien appris une chose, c'est qu'on n'y survivait pas sans café ou sans thé. A part si on n'est pas faible comme moi.

— L'idée que j'ai eue cette nuit va carrément vous plaire. Thomas adore déjà.

Thomas, qui avait apparemment élu domicile chez Mike jusqu'à la fin des vacances, nous jeta un regard moqueur.

— Pourquoi c'est lui qui sait les choses en avant première et pas moi ? se plaignit Luke, en boudant.

— Parce que tu embrasses mal, Blondie, répliqua Alice sous l'air embarrassé de Mike.

— Tu n'en sais rien, rétorqua Luke, un sourire taquin sur les lèvres. J'ai embrassé tout le monde sauf toi et Thomas, ici.

Caitlin leva les yeux au ciel.

— Tu étais bourré, il n'y a pas de quoi être fier, le réprimanda-t-elle.

— Bref, j'ai eu une idée géniale, intervint Mike.

Il s'assit entre elle et Thomas.

— Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai quelques notions d'informatique musicale. Et John et moi, on en apprend toujours plus. Donc déjà, vous savez qu'on va enregistrer notre première chanson ici et la mettre en ligne sur YouTube. Mais cette nuit, je me suis dit qu'on pouvait faire carrément mieux. Taper plus fort, voir plus grand, créer plus gros.

Il marqua une pause et prit le temps de jauger chacun d'entre nous.

— Bon, accouche, râla Alice, en l'observant avec impatience.

Mike l'ignora.

— On pourrait carrément sortir une EP. De quatre ou cinq chansons. Sans se stresser, en travaillant dessus un peu tous les jours. Avec tout ce qu'on a, on devrait pouvoir aboutir à un projet avec des sonorités communes, argumenta-t-il.

— Une EP ? répétai-je, en première. Je... wouah.

— C'est le fait de travailler ensemble sur Les violons continuent de chanter qui m'y a fait penser.

— Mon père pourra nous aider, annonça Caitlin, les rouages de son cerveau s'actionnant déjà.

— Je suis sûr que John aussi, renchérit Luke. Bonne idée, Mickey ! le félicita-t-il.

— Tu voudrais qu'elle sorte quand ? questionna Alice, revenue de sa surprise.

— Fin août ou courant septembre, répondit Mike. Le but, c'est qu'on prenne notre temps pour faire les choses bien. Et pour la mettre en ligne, je n'ai besoin de rien d'autre que d'une connexion, donc même si je suis à San Francisco, tout ira bien.

— On s'y met quand ? demandai-je, la caféine courant déjà mes veines.

— Le plus vite possible, répondit Mike. Déjà, on va se concentrer sur les finitions des violons, et ensuite, on va faire comme on a fait. Chacun va à nouveau ramener ses textes et on va choisir. Il faut aussi qu'on continue nos covers et qu'on s'entraîne pour nos concerts.

— A ce propos, s'immisça Luke, j'ai eu une idée pour la cover suivante.

🎶🎶🎶

En quelques jours, nous avions réussi à enregistrer la cover de Warrior et à finaliser Les violons continuent de chanter. Pour cette dernière, nous nous y étions repris à plusieurs reprises : parvenir au résultat souhaité avait été plus difficile que prévu, surtout que la version que nous jouerions en live au café serait un peu différente de la version studio. Il s'agissait à présent de travailler sur les chansons présentes sur notre EP. Nous en avions un peu moins de dix et songions à ne faire notre choix final qu'après avoir terminé leur production. Mais avant cela, chacun devait enregistrer une démo sur chacune d'entre elles, ce qui allait s'avérer gourmand en temps, mais nécessaire.

Et aujourd'hui, nous enregistrions notre nouvelle cover : Burn It Down, du groupe Linkin Park. C'était bien-sûr Luke qui chantait la majeure partie, car j'avais trouvé horrible le résultat avec ma voix, bien que les autres m'aient assurée du contraire. Je n'avais pas la voix assez rauque pour ça, contrairement à Luke, qui était capable d'atteindre des notes très hautes et très basses. Caitlin avait refusé net de chanter aussi, jugeant sa voix trop peu puissante pour la chanson, si bien qu'il n'y avait que Mike qui chantait aussi.

Comme nous avions enregistré l'instrumentale un peu plus tôt dans la journée, nous étions tous au fond du garage à écouter Mike et Luke s'enregistrer avec l'aide de John.

— The cycle repeated
As explosions broke in the sky
All that I needed
Was the one thing I couldn't find, commença Luke, les yeux fixés sur Mike.

— And you were there at the turn
Waiting to let me know, enchaîna Mike, d'une voix bien plus grave que celle de Luke.

— We're building it up to break it back down !
We're building it up to burn it down !
We can't wait to burn it to the ground ! s'exclama Luke, les paupières closes.

Les écouter, c'était comme entrer dans le royaume qu'ils avaient bâti eux-mêmes. C'était une invitation à les suivre dans leur voyage au cœur de leurs émotions et de l'amitié qu'ils se portaient l'un l'autre.

Il y eut un silence avant que Luke ne reprenne :

— The colors conflicted
As the flames climbed into the clouds
I wanted to fix this
But couldn't stop from tearing it down !

— And you were there at the turn
Caught in the burning glow ! compléta Mike, nous prouvant qu'il avait bien plus de capacité vocale que ce qu'il croyait.

— And I was there at the turn
Waiting to let you know ! confirma Luke.

— We're building it up to break it back down
We're building it up to burn it down
We can't wait to burn it to the ground ! chantèrent-ils, leurs voix si mêlées qu'il me paraissait impossible de les séparer.

Venait maintenant le moment du bridge.

— You told me yes, you held me high
And I believed when you told that lie
I played soldier, you played king
And struck me down when I kissed that ring
You lost that right to hold that crown
I built you up but you let me down
So when you fall, I'll take my turn
And fan the flames as your blazes burn ! rappa parfaitement Mike.

J'écoutais, fière de les connaître et de pouvoir partager avec eux ma plus grande passion.

— And you were there at the turn
Waiting to let me know ! s'écria Luke.

— We're building it up to break it back down
We're building it up to burn it down
We can't wait to burn it to the ground ! reprirent-ils, encore.

— When you fall, I'll take my turn
And fan the flames as your blazes burn ! répéta Mike .

— We can't wait to burn it to the ground ! entonna Luke.

— When you fall, I'll take my turn
And fan the flames as your blazes burn ! acheva Mike, avec intensité.

— We can't wait to burn it to the ground ! clôtura puissamment Luke.

Et puis, ils posèrent leurs casques sur les micros avant de crier de joie. Nous applaudîmes à tout rompre et Caitlin glissa à l'oreille de Mike qu'il était capable de devenir tout ce qu'il avait toujours voulu être et qu'il avait largement les capacités pour. Je le serrai dans mes bras, fière du chemin parcouru, et cette journée se termina par un câlin de groupe.

J'aidai John à remballer ses affaires, Mike à tout remettre en ordre, et avec l'aide Luke, je remis les instruments à leur place. Il semblait préoccupé.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demandai-je, en empoignant un ampli'.

— Em, il... il y a un truc que je dois t'avouer..., répondit Luke en se tordant les mains d'un air gêné.

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Bonsoir ! Comment allez-vous ? :)

Merci d'avoir lu ce chapitre ! Que pensez-vous de leur projet d'EP, et bien sûr de la fin ? :)

On se retrouve samedi prochain pour le chapitre suivant !

Prenez soin de vous ! :) ❤️