Chloé Sans Thomas
Assise le plus confortablement possible sur une chaise d'un petit café dans le centre de Lisbonne, Chloé lisait un article de journal en ligne, une tasse de thé à la main.
L'article parlait d'un accident qui avait eu lieu le matin même, à bord d'un avion qui faisait le trajet New York-Lisbonne. Un fil électrique avait brûlé dans une partie du moteur. L'avion était tombé au beau milieu de l'océan.
On savait tout ça parce qu'un des passagers, un certain Thomas McCain, avait filmé les derniers instants de l'avion, puis envoyé la vidéo à un ami juste avant la chute.
Chloé cliqua sur le lien, ouvrit le fichier et regarda. Dans l'avion, c'était le chaos. Tout le monde hurlait, essayait d'appeler les secours. Des membres de l'équipage tentaient de les calmer, en vain. Thomas McCain répétait qu'il pensait à sa famille, à ses amis. Et "à l'âme sœur que j'aurais peut-être rencontré". Ensuite, il arrêta de filmer.
En entendant la dernière phrase de Thomas, Chloé frissonna : l'âme sœur qu'il n'avait jamais eue... Étrangement, elle se sentait concernée.
Peut-être parce qu'elle aussi cherchait une âme sœur.
Peut-être parce qu'elle se disait que ça aurait pu être son avion qui serait tombé dans l'océan.
Peut-être parce qu'elle aussi, elle aurait filmé ses derniers instants.
La jeune femme chercha le compte de Thomas McCain sur les réseaux sociaux. Trouvé. C'était un garçon de vingt-deux ans, petit, brun. Plutôt mignon. Sur son profil, il dénonçait l'injustice, les clichés, les préjugés, l'homophobie, le racisme, le sexisme et toute autre forme de discrimination. "Quelqu'un de bien", pensa Chloé.
Il disait aimer la mer, le théâtre, le sport. Tout comme Chloé.
Peut-être que si Thomas avait survécu, ils se seraient bousculés, dans un couloir de l'aéroport de Lisbonne. Ils auraient bredouillé maladroitement des excuses, puis auraient éclaté de rire. Ensuite, ils se seraient éloignés.
Quelques jours plus tard, Chloé se serait assise au comptoir d'un bar. Par coïncidence, Thomas y aurait pénétré aussi. Et la seule place libre au comptoir aurait été celle à côté de Chloé. Ils se seraient reconnus et auraient parlé. Ils auraient fait connaissance, se seraient rapprochés dans les jours qui suivraient, jusqu'à s'avouer leurs sentiments. Ils seraient alors sortis ensemble.
Quelques années plus tard, leur relation serait toujours au plus haut. Chloé sortirait une petite bague de sa poche et demanderait Thomas en mariage. Pourquoi Chloé ? Pour mettre fin aux clichés qu'ils détestaient tant tous les deux. Bien sûr, Thomas accepterait.
Quelques mois plus tard, tous deux prononceraient le traditionnel "Oui", se passeraient la bague au doigt et s'embrasseraient.
Thomas jouerait sur scène les pièces de Chloé, ils construiraient une troupe.
Cinq ans après, ils auraient une fille, Lisa. Jacob ne tarderait pas non plus, deux ans après sa sœur.
On pourrait continuer longtemps, à énumérer les passages importants de leur vie. Mais à quoi bon ? Tout cela n'arrivera jamais. Chloé restera sans Thomas. Elle rencontrera quelqu'un d'autre, plus tard. Mais ça ne sera pas pareil. Ça ne sera pas aussi beau que ça aurait pu être.
Parce que Thomas a chuté dans l'océan.
Parce qu'un fil avait brûlé.
Parce qu'un détail peut changer toute notre existence.
Parce que tout ne tient qu'à un détail.
Parce que tout ne tient qu'à un fil...
Parce qu'on ne peut dompter le destin. Comme l'eau, il est indomptable. On n'y peut rien, ça arrive, c'est tout. Certains diront que c'était écrit. D'autres qu'ils ne croient pas au destin, que c'est le hasard qui nous fait ou non rencontrer quelqu'un. Peut-être. Peut-être pas. Pour ma part, je crois plutôt à la vie. Et j'ai lu un jour que « la vie, c'est ce qui arrive quand on a autre chose de prévu ».
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bOnJoUr à tou.te.s !
Voici le dernier chapitre de ma nouvelle ! J'aimerais avoir votre avis ! Vous vous attendiez à la fin?
Merci ! ❤️
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