Chapitre 22 : Un masque si dure à conserver
Un rayon de soleil vint lui transpercer les paupières mais il ne put virer sur le ventre vu la douleur de son corps encore endoloris. Drago parvint à ouvrir les yeux au bout de quelques minutes et il distingua le corps allongé de sa voisine, endormie. Ce qui s'était passé quelques heures plus tôt lui revint très vite en mémoire et Drago ne put retenir un sourire en constatant la peau toute neuve de la jeune femme. Il n'avait aucune idée de ce qui s'était produit mais s'en fichait royalement, Hermione était en vie et il n'avait pas besoin de voir le verre d'eau vide posé sur sa table de chevet pour sentir qu'elle n'était plus dans le coma. Seulement alors il prit le temps de regarder son propre corps et fut heureux de le définir toujours aussi parfait qu'avant.
Drago dégagea énergiquement le drap blanc qui lui couvrait les jambes et sortit du lit pour aller s'asseoir sur celui de la Gryffondor.
Après l'avoir regardée dormir pendant plus d'une heure, il décida à contre cœur de retourner à la salle commune, mais pas avant d'avoir laissé une marque de son passage...
Quelques secondes plus tard, Drago sortit de l'infirmerie avec le sourire. Sourire qui disparut aussitôt qu'il aperçut Donovan se diriger vers la porte par laquelle il venait juste de sortir.
Le Serpentard resta planté devant celle-ci comme pour le mettre au défi d'essayer d'entrer. Courageux ou stupide, Donovan ne se laissa pas démonter et afficha un sourire provocateur avant de lancer :
- Tu comptes me taper encore une fois Malefoy ? Il faudrait que tu comprennes une fois pour toutes que ce ne ce sont pas tes coups de poings qui vont m'empêcher de l'approcher.
- Tu as raison je devrais te tuer...dit-il avec un petit sourire en coin.
Il avait sortit cette phrase avec un naturel déboussolant et le visage du Serdaigle semblait avoir perdu toutes traces d'amusement.
Drago quant à lui jubilait de le voir se demander s'il était vraiment capable de mettre fin à ses jours, et son sourire s'étira en voyant le jeune homme demeurer muet.
- Content de voir que tu commences enfin à te rendre compte à qui tu as à faire, dit-il dangereusement. J'ai laissé passer bien des fois à cause de ta naïveté qui te faisait penser que tu n'avais rien à craindre de moi...Mais tu t'approches beaucoup trop de Hermione, et là je t'assures que si tu franchis cette porte, c'est dans une zone redoutablement périlleuse et risquée que tu entres.
Donovan avait déjà eu à faire aux menaces du Serpentard, mais ce matin là elles paraissaient particulièrement sincères, et son teint blanc fatigué ainsi que ses yeux gris lui donnaient un réel air d'assassin. Mais Donovan, tout comme lui, avait grandi avec cet esprit de fierté qui vous pousse à agir de façon irréfléchie, comme ce fut le cas lorsqu'il tourna la poignée de l'infirmerie sous le regard meurtrier du jeune homme blond...
Le Serdaigle pénétra à l'intérieur en essayant du mieux qu'il pouvait de chasser la précédente conversation de sa tête. Mais il ne put faire plus de deux pas car à ses pieds s'étendait une multitude de bouquets de roses blanches recouvrant le carrelage blanc jusqu'au lit de la Gryffondor. La salle entière était submergée de ces grandes fleurs au blanc éclatant, divulguant un parfum doux et agréable, les fenêtres en regorgeaient et même le peu de meubles que contenait cette pièce en était couvert.
Encore endormie, Hermione reposait dans le lit au fond de la pièce, quelques pétales de fleurs dispersés sur ses draps. En prenant soin de n'en écraser aucun, Donovan enjamba les bouquets de fleurs sans vraiment de difficulté, puis vint s'asseoir sur la chaise qu'occupait Drago quelques minutes auparavant.
Il la contempla un moment...
Pourquoi faisait-il tout ça ? Oui bien sûr, son but premier était de s'amuser et de profiter de la vie, peu importe que la fille souffre après, tant qu'il obtenait ce qu'il désirait d'elle. Il faisait ça depuis quand déjà...depuis quatre ou cinq ans ? Lorsqu'il s'était rendu compte que les filles s'intéressaient beaucoup à lui, à son physique, lorsqu'il avait compris que, quoi qu'il arrive, il y aurait toujours une femme pour lui dans ce monde. Oui, c'est là qu'il avait commencé à jouer avec elles.
Mais Hermione méritait-elle ce même sort ? Cette jeune femme qui avait un cœur aussi pur que sa gentillesse et sa générosité, cette jeune femme qui n'avait jamais cherché à le séduire comme les autres cruches au décolleté plongeant.
Donovan prit sa tête entre ses mains quand l'image de sa mère lui apparut à nouveau. Il avait onze ans, il venait de tomber par terre en jouant dehors avec Samuel, il voulait se plaindre auprès de sa mère. Nue, avec un homme qui n'était pas papa, il referma la porte aussitôt et s'enfuit à toutes jambes.
Donovan releva la tête avec un air déterminé sur le visage. « Oui, toutes les mêmes, elle aussi mérite ce qui lui arrive ».
N'ayant pas la patience d'attendre qu'elle se réveille, le jeune Serdaigle sortit de sa poche sa baguette magique, puis lança sur Hermione un sortilège pour la réveiller lentement.
La main de cette dernière frétilla légèrement et Donovan s'empressa de s'adosser à sa chaise en prenant une position inconfortable, avant de fermer les yeux et de mimer une respiration reposée et régulière.
Hermione ouvrit les yeux et mit quelques secondes avant de se rappeler où elle était. Le blanc de la pièce l'aveugla longuement avant qu'elle ne finisse par se rendre compte qu'il était du au nombre incalculable de fleurs blanches autour d'elle. Il y en avait au moins une cinquantaine ! Puis ses yeux virèrent sur un beau garçon endormi à ses côtés, apparemment mal installé sur sa chaise.
Depuis combien de temps Donovan était-il là, à attendre patiemment qu'elle se réveille ? Hermione ne put retenir un large sourire, puis, tout doucement, elle posa sa main sur celle du Serdaigle qui finit pas ouvrir les yeux à son tour :
- Hermione ? s'étonna-t-il.
- Salut, dit-elle timidement. Ça fait longtemps que tu es là ?
- Heu...un moment oui.
- Tu n'aurais pas du, mais merci, ça me touche beaucoup. Les fleurs, ce sont toi ?
- Je n'aurais peut-être pas du en mettre autant, je ne savais pas si tu aimais les roses blanches...
- Ce sont mes préférées, le coupa-t-elle. Merci Donovan...
- C'est normal, je me suis énormément inquiété pour toi tu sais ? Non mais qu'est-ce qui t'a prit de vouloir sauver Malefoy ! Tu aurais pu y rester !
- Comment es-tu au courant de ce qui s'est passé à la Bibliothèque ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Oh c'est Mme Pince, elle hurlait son indignation partout dans les couloirs, et lorsque les élèves lui ont demandé ce qui se passait, elle a prit un plaisir fou à être le centre d'attention et a tout raconté.
En temps normal, Hermione aurait disparue de honte sous son drap, ses joues auraient prit une teinte rose vif et elle aurait souhaité ne plus jamais sortir de l'infirmerie. Mais voilà, elle s'en fichait royalement. Tout d'abord parce qu'elle n'était plus à une honte près, le collège entier étant au courant de ses moindres faits et gestes tels des journalistes assoiffés par sa vie privée, et ensuite parce qu'une discussion avec un certain Harry devenait indispensable et surtout prioritaire. Son emportement était-il réellement du au lien l'unifiant à Voldemort comme le prétendait Dumbledore ? En y repensant, elle se souvint avoir vu une lueur rouge dans ses yeux juste avant le combat...
Donovan la tira de ses pensées :
- Décidément tu n'es pas une fille comme les autres toi, dit-il amusé.
- Ce n'est pas la première fois que j'entends ça, dit-elle en lui rendant un sourire forcé tandis que ses pensées dérivaient une fois de plus vers Drago.
Donovan dû le comprendre car il demeura muet et se contenta de la regarder en train de se perdre dans ses pensées.
- Il faut que j'y aille j'ai un cours d'arithmancie à neuf heure, finit-il par dire.
- Oh oui bien sûr, répondit-elle en émergeant de ses songes. Eh attend, tu as dit...arithmancie ?
- Oui, avec le professeur Vector, pourquoi ?
- C'est trop beau pour être vrai, lâcha-t-elle dans un souffle.
- Pardon ?
- Non rien ! Je ne savais pas que tu avais choisi cette matière ! Tu aimes aussi alors ?
- Tu rigoles, j'adore !
- Harry et Ron n'ont jamais compris à quel point cette matière était intéressante...Mais je ne t'ai jamais vu en cours ?
- Oh heu, nos emplois du temps sont différents, moi c'est le matin.
Sentant que le terrain commençait à devenir glissant, Donovan se leva, se pencha vers elle et posa ses lèvres sur son front avant de lui sortir son plus beau sourire et de quitter l'infirmerie pour se rendre à son cours de botanique...
- Ah miss Granger vous voilà réveillée !
L'infirmière s'arrêta net lorsqu'elle vit l'invasion de roses sur son carrelage, mais Hermione fut heureuse de constater un sourire naissant sur son visage.
- Ce garçon est tellement romantique ! dit-elle d'une petite voix aigue.
- Il vient de quitter l'infirmerie à l'instant, dit tendrement Hermione.
- Seulement ? Il était déjà là il y a deux heures ! Assis sur cette chaise à attendre votre réveil...J'avais cru l'entendre partir, j'ai dû rêver comme d'habitude !
Mme Pomfresh commença à déplacer les bouquets de fleurs pour se créer un passage, tout en se demandant comment le pauvre garçon blond avait encore assez d'énergie pour pratiquer de la magie après la nuit qu'il avait passé.
Hermione quant à elle, réalisait la gentillesse de Donovan, réalisait sur quel homme adorable elle était en train de faire une croix pour un autre homme qu'elle ne pourrait plus jamais approcher...
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Hermione fut si heureuse de sortir enfin de l'infirmerie qu'elle ne prêta nullement attention aux regards curieux et malpolis des élèves. Arrivée devant le portrait de la salle commune des Gryffondors, elle respira un bon coup et ouvrit le passage. Ils étaient tous là, tous les lions de sa maison semblaient attendre son retour avec un air inquiet sur le visage, certain jouaient aux cartes, d'autres tournaient en rond, d'autres encore restaient assis, la tête dans les mains et le regard vide. Alors son état les inquiétait tant pour qu'ils l'attendent tous dans ce qui avait été sa salle commune autrefois ?
- Ne faites pas ces têtes d'enterrement, je ne suis pas morte, plaisanta-t-elle en brisant le silence.
Dès qu'ils l'aperçurent, les Gryffondors bondirent de leur chaise pour venir se jeter sur elle tout en hurlant de joie. Les phrases lancées telles que : « Ca fait du bien de te retrouver ! » ou encore « Ne nous fais plus jamais une peur pareille ! », lui réchauffèrent le cœur et elle se promit de retourner plus souvent dans cette salle chaleureuse où elle avait passé des moments uniques et inoubliables avec les siens.
Lorsque la masse d'élève se dégagea peu à peu et qu'elle commença à respirer de nouveau, ses yeux se posèrent sur Harry, planté au milieu de la pièce. Le silence se fit rapidement tandis que tout le monde appréhendait les retrouvailles des deux amis. Hermione s'avança lentement et s'apprêta à s'excuser, mais elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que Harry fit un pas vers elle et la serra contre lui de toutes ses forces. D'abord surprise, elle se laissa aller à cette étreinte en le serrant à son tour devant les regards bienveillants des rouges et or.
- Je ne sais pas ce que je serais devenu sans toi Hermione, lui murmura-t-il à l'oreille.
- Harry tu m'étouffe, ria-t-elle.
- J'ai eu si peur de te perdre, dit-il en se détachant d'elle. Ce qui s'est passé entre Cho et toi n'a plus aucune importance, je comprends à présent que tu ais gardé le silence, mais sur le coup j'étais tellement énervé tu comprends...
- N'en parlons plus, le coupa-t-elle. Mais promets-moi de ne plus jamais te mettre dans cet état là pour une fille !
- Il n'y a aucun risque, affirma doucement Ginny en prenant la main du jeune homme.
Un peu plus tard, Hermione descendit prendre l'air dans le Parc, avec un profond mal au coeur. En effet, la jeune femme venait d'expliquer à ses amis ce qui s'était passé à l'infirmerie, notamment ce qu'elle avait apprit au sujet de son pendentif. Si Harry manqua de tomber dans les pommes en apprenant que Malefoy était son âme sœur, ce ne fut rien comparé à Ron, qui s'était longuement forcé à sourire en assurant que ça ne lui faisait rien ; « J'ai bien fait de ne pas me battre pour toi », avait-il dit, « face à lui je n'avais aucune chance, j'en ai la preuve à présent ».
Hermione alla près du lac, s'asseoir tristement dans l'herbe fraîche du matin, puis regarda son reflet dans l'eau. Combien de cœurs allait-elle encore briser ? Cette histoire prenait des dimensions tellement importantes qu'elle peina à se souvenir du dernier instant de bonheur vécu.
Ah si...bien sûr, elle et Drago, enlacés dans son lit, le soir où il lui annonçait qu'il irait se battre contre Voldemort par amour pour elle.
La jeune femme porta la main à son cou et d'un coup sec, tira sur le pendentif pour lui ôter un poids trop lourd à supporter. Si elle voulait avoir une chance d'oublier l'existence de son âme sœur, chose qu'elle savait malgré tout impossible, mieux valait s'éloigner de tout ce qui pourrait la lui rappeler.
Hermione sentit soudain une présence qui la tira de ses pensées. Elle se retourna et faillit sursauter de voir Donovan adossé contre l'arbre.
- Je ne voulais pas te faire peur désolé, dit-il en s'avançant.
- Tu m'observais ? demanda-t-elle mal à l'aise.
- Oui je l'avoue, je te trouvais belle, perdue dans tes songes, je ne voulais pas t'interrompre.
Il vint s'asseoir près d'elle tandis que Hermione commençait à se demander s'il ne l'observait pas un peu trop souvent, étant donné que c'était déjà la deuxième fois qu'elle le voyait en une matinée. Donovan lui dit quelque chose mais elle n'entendit pas. Drago lui manquait trop. Lui, il n'avait pas besoin de lui dire qu'elle était belle pour qu'elle le sache, un regard doux de sa part suffisait amplement, un sourire de sa part traduisait tellement plus.
- Hermione ?
- Heu oui excuse-moi, je suis encore un peu fatiguée, tu disais ?
- Je voulais savoir, à propos de Malefoy...
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils, redoutant un sujet qu'elle ne désirait pas aborder, et encore moins avec lui.
- Eh bien, je me demandais, est-ce que tu sais s'il a déjà tué quelqu'un ?
Hermione se pétrifia devant une telle question, mais finit par reprendre ses esprits avant de déclarer d'une voix détachée :
- Je ne sais pas, ça ne me regarde pas, pourquoi ?
- Non pour rien, comme ça...
Ce fut à son tour de plonger dans ses propres songes, mais au bout de quelques instants, Hermione afficha un grand sourire avant de reprendre un air sérieux pour lui demander :
- Il t'a menacé c'est ça ? Il t'a menacé et tu te demandes s'il est capable de mettre ses menaces à exécution ?
Donovan parut surprit, puis sourit à son tour :
- Toujours aussi intelligente miss Granger. Mais surtout ne va pas croire que j'en ai peur ! Je voulais juste savoir, pour mieux me préparer c'est tout, j'en ai rien à foutre de ses menaces. Je te le dis, Malefoy je le bas où qu'il veut quand il veut !
- Ici et maintenant, ça te tente ? s'éleva une voix grave derrière eux.
Donovan fit volte face pour apercevoir Drago, adossé au même arbre que lui quelques minutes plus tôt.
Le Serdaigle regretta aussitôt ses paroles, devenu blanc rien qu'à l'idée de devoir se battre contre l'impressionnante silhouette qui s'avançait vers lui.
- A moins que tu ne veuilles pas te ridiculiser devant la dame ? poursuivit-il en désignant Hermione d'un léger coup de tête.
- Je...J'ai pas ma baguette sur moi, réussit-il à articuler.
Le sourire de Drago s'étira :
- Si tu veux que je fasse semblant de ne pas avoir vu le bout de bâton qui dépasse de ta poche, t'as intérêt à te casser dans la seconde qui vient.
- Malefoy ! s'écria alors Hermione en se glissant devant le Serdaigle effrayé. Laisse-le tranquille, c'est clair ?
Elle ne le supportait pas dans cet état là, près à se battre pour tout et n'importe quoi, avec ses yeux gris qui ne le quittaient pas depuis leur rupture.
- Sauvé par une femme, c'est pitoyable, dit-il en s'adressant à Donovan avant de reculer de quelques pas sous le regard meurtrier de la jeune femme.
- Hermione il faut qu'on parle, dit-il alors d'un ton sec.
C'était la première fois qu'il l'appelait à nouveau Hermione et non Granger, ce qui n'annonçait rien de bon puisque par cette appellation, il soutenait encore et toujours qu'il avait devant lui la femme qui l'avait aimé.
Mais au fond d'elle, Hermione le remerciait de s'acharner à vouloir croire que tout avait été vrai, lui prouvant ainsi qu'il tenait réellement à elle. Pourtant elle devait continuer cette comédie, jusqu'à qu'il se lasse, jusqu'à ce qu'il accepte...et elle allait frapper fort.
- Je ne veux pas te parler Malefoy, tu comprends ça ? Je n'en ai rien à faire de ce que...
- A la bibliothèque, l'interrompit-il brusquement.
Le cœur de Hermione se figea. Par ces simples mots il venait de lui remémorer son erreur fatale lorsqu'elle avait laissé parler son corps, entrant dans une transe aux baisers brûlants et aux gestes maladroits de désir...
- La...la bibliothèque ? répéta-t-elle bêtement, le ton de sa voix ayant perdu toutes traces de colère.
Son seul moyen de s'en sortir étant une fois de plus le mensonge, elle joua ses pions sur la case de l'amnésie, ne pouvant espérer lui faire croire une fois de plus qu'elle s'était simplement laissée emporter par le feu de l'action.
- Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé avant l'accident, dit-elle d'une voix qu'elle aurait voulu ferme. On m'a tout raconté, mais c'est le trou noir.
- Ah vraiment ? dit-il en s'approchant près d'elle. Laisse-moi te rafraîchir la mémoire alors...
Devant les yeux apeurés de la jeune Gryffondor, Drago lui prit délicatement le menton entre les doigts, puis déposa ses lèvres sur les siennes avec une délicatesse dont lui seul était capable. Hermione sentit aussitôt son cœur s'emballer, ses lèvres devinrent brûlantes et son corps n'allait pas tarder à répondre à l'appel ardent de son âme sœur.
Mais comme toujours, la seule et unique cicatrice qui demeurait en elle se réveilla pour lui rappeler qu'elle était prisonnière de ses sentiments. Avec toute la volonté du monde, Hermione rassembla ses esprits et se fit violence pour s'arracher de l'homme qu'elle aimait. Sans qu'il n'est le temps de comprendre quoi que ce soit, elle lui envoya sa main sur la joue et le bruit du claquement sec qui résonna, imposa aussitôt un silence incompris.
- Je t'interdis de recommencer, cracha-t-elle entre deux souffles. J'en ai assez de toi Malefoy, j'ai du te supporter trop longtemps, supporter tes baisers, tes paroles, tes caresses, tout ! Mais c'est fini maintenant, j'ai eu ma vengeance et dorénavant je ne veux plus rien avoir à faire avec toi c'est compris ? Par ailleurs...
Elle se dirigea vers un Donovan complètement déboussolé par la scène :
- ...il faudra bien que tu te fasses à l'idée que j'aime quelqu'un d'autre !
Sur ce, elle tira Donovan par sa robe de sorcier pour l'avoir à sa hauteur avant de l'embrasser avec fougue. Lorsqu'elle eut fini, elle prit le Serdaigle par la main et partit sans un regard en arrière pour Drago.
Ce dernier resta planté là quelques instants, la mine déconfite, puis remonta dans ses appartements non sans claquer la porte.
Et pour la première fois de toute sa vie, Drago Malefoy pleura. Oui il pleura de rage, de chagrin, d'incompréhension. Il envoyait balader tout ce qu'il pouvait, s'écrasait les poings dans les meubles, déchirait les rideaux, brisait les miroirs, hurlait comme un fou, et pleurait encore...
Ce corps avait tant de larmes à verser, il avait supporté tant de choses, tant de malheur sans jamais craquer, sans jamais faiblir...
Alors qu'il avait six ans, un gamin de la rue lui avait piqué sa veste toute neuve. A peine son père avait-il vu ses yeux devenir humide qu'une série d'endoloris lui fut lancée. Depuis Drago n'avait plus jamais pleurer, après avoir, sur ordre de son père, être allé récupérer sa veste de droit au petit garçon.
Ce dernier était subitement devenu fou du jour au lendemain, et passa le reste de sa vie dans un hôpital psychiatrique.
Fatigué par cet excès de violence, énervé contre lui-même à cause de ses joues trempées, Drago finit par s'endormir dans le chantier qu'était devenue sa chambre verte, avec pour seule pensée que peut-être, depuis le début, il s'acharnait à prouver une vérité qui n'avait jamais existée.
Peut-être, ne l'avait-elle jamais aimé...
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La nouvelle s'étendit aussi vite que les fois précédentes. Le tout nouveau couple que formaient la Gryffondor et le Serdaigle devint le centre d'attention et les paris ainsi que les commérages reprirent de plus bel. Si Hermione restait habituée aux nombreuses remarques et nombreux regards qui se permettaient de la juger sans arrêt sur ses actes vis-à-vis de Drago, ce ne fut pas du tout le cas de Donovan qui, malgré son légendaire plaisir à se faire remarquer, se retrouva emporté à son tour dans le tourbillon de critiques fatigantes dont lui-même faisait parti quelques temps plus tôt.
Il en venait presque à regretter le choix d'une proie quelque peu trop grande pour lui, mais la marche arrière restait tout bonnement impossible ; tout d'abord parce qu'il avait joué trop dur et attendu trop longtemps pour qu'elle tombe enfin dans son filet, mais surtout parce qu'il savait que s'il la quittait, sa souffrance, telle un aimant, attirerait vers lui un certain Serpentard auquel il refusait de se frotter, du moins tant qu'il en avait la possibilité...
Des mois s'écoulèrent ainsi, les sentiments de Hermione pour son petit ami ne cessaient d'augmenter, mais contrairement à ce qu'elle avait espéré, ceux qu'elle ressentait pour Drago ne diminuaient pas. Bien au contraire, chaque nouveau jour passé sans lui renforçait ce manque que même le Serdaigle ne pouvait, malgré tous ses efforts, combler. Le collège avait enfin fini par se lasser de commenter la vie trépidante de Hermione Granger, la fille au cœur de pierre.
Cette dernière avait beaucoup souffert de cette appellation qu'on avait souvent réservée pour l'unique Drago Malefoy, mais tous semblaient, comme le lui avait dit Donovan, oublier les sept années d'insultes qu'elle avait supporté sans jamais chercher à renvoyer la balle. Ainsi elle portait ce surnom injustifié pour avoir osé ridiculiser le Prince des Serpentards qui malgré toutes ses années de cruauté envers les élèves, n'avait fait que consolider leur respect pour lui, et de ce fait, le classer dans la catégorie de victime.
- Encore perdue dans tes pensées ?
Hermione, figée avec son toast à la main et la petite cuillère dégoulinante de confiture, leva les yeux vers Donovan qui affichait un sourire amusé.
- Désolé, dit-elle simplement.
- Oh j'y suis habitué ne t'en fais pas, dit-il dans sa barbe avant de reprendre un peu de bacon.
Mais Hermione ne semblait pas l'entendre de cette oreille et poursuivit la discussion qu'il aurait voulu achever.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lança-t-elle un peu agressive.
- Simplement que ce n'est pas la première fois que tu te perds dans tes pensées en pleine conversation, répondit-il un peu déboussolé.
- Ne me mens pas Donovan, j'ai senti dans ta voix un ton ironique !
- Mais non ! Je...
- Mais devant le regard meurtrier de sa petite amie, il dut se résoudre à faire baisser la tension électrique qui prenait un malin plaisir à s'installer un peu trop fréquemment à son goût.
- Ecoute Hermione, ce que je veux te dire c'est que chaque fois qu'on entame une conversation qui tourne un peu trop autour des Serpentards, tes yeux se perdent dans le vide et tu n'entends plus ce que je te dis. Je sais que ce qu'il s'est passé il y a quelques mois est encore frais et que tes actes ont été jugés je ne sais combien de temps, mais comprends moi, ça devient un peu agaçant de devoir toujours attendre que tu reprennes tes esprits !
- Comme tu l'as dit ce qu'il s'est passé cet hiver est encore frais, et si tu trouves agaçant le fait que je prenne du temps à m'en remettre, eh bien ne prends plus la peine de me supporter !
Donovan resta muet devant cet excès de colère matinal, et un sentiment de culpabilité envahit aussitôt la bonne conscience de la lionne :
- Excuse-moi...Je suis un peu sur les nerfs ce matin, j'ai cours de potion avec les Serpentards. Je vais encore devoir supporter sa présence...
- Tu es dans cet état avant chaque cours avec lui, tu ne crois pas qu'il serait temps de passer à autre chose ?
- On en a déjà parlé et tu sais très bien que tant qu'il se trouvera dans la même pièce que moi, je ne serai pas à mon aise.
Hermione faisait tout son possible pour continuer de lui faire croire qu'elle redoutait de voir Drago à cause d'une certaine honte vis-à-vis de ses actes, mais Donovan semblait de plus en plus douter de son comportement, et mieux valait changer de sujet avant qu'il ne finisse par découvrir que la seule raison pour laquelle elle évitait le Serpentard était la peur de ne plus répondre d'elle-même, vu le manque grandissant que lui faisait gentiment remarquer son corps.
- En tout cas, dit alors Donovan, tu n'as plus à te faire de soucis pour ce qui est de ses sentiments envers toi. Je pense qu'il ne t'embêtera plus.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle, inquiète pour la première fois que Drago ait fini par se lasser d'espérer, bien que ce fut une bonne nouvelle.
- Il a une copine.
Alors que Donovan essuyait rageusement le jus de citrouille que Hermione venait de lui recracher à la figure, cette dernière ne sembla pas s'en préoccuper le moins du monde et exigea d'en savoir plus :
- Il a une copine c'est tout, s'énerva Donovan.
- Oui mais depuis qu'on est ensemble toi et moi, personne n'ignore qu'il a recommencé à faire défiler les filles dans sa chambre, dit-elle avec un douloureux pincement au cœur, comme chaque fois qu'elle y pensait.
- La fille dont je te parle Hermione, il la tenait par la main ce matin.
Le cœur de la jeune femme se serra si fort qu'elle du puiser toutes les forces du monde pour ne pas verser les quelques larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux. Il tenait la fille par la main. Il n'avait fait ça qu'une seule fois dans sa vie, et c'était avec elle, Hermione Granger, celle qu'il aimait plus que sa propre vie, jamais avec une autre femme quelle qu'elle soit !
- Et c'est reparti, maugréa Donovan. Quand tu émergeras fais moi signe, en attendant j'ai un cours de sortilège dans cinq minutes.
Tandis qu'il prenait ses affaires et se levait de table, Hermione respira un grand coup et afficha à nouveau son masque qu'elle devait jouer en permanence, seule arme pour ne pas craquer. Elle n'avait pas tenu bon jusque là pour s'effondrer devant la première nouvelle sur la vie de Drago. « Tu t'attendais à quoi Hermione sérieusement ? A ce qu'un homme aussi beau et intelligent que Drago t'attende toute sa vie ? Non mais reprend-toi tu divague ! Bien sûr qu'il aura d'autres copines, des tas d'autres ! Même une femme et des enfants alors autant te faire une raison dès maintenant ! ».
Toujours aussi peu convaincue, Hermione se leva à son tour et courut rejoindre son petit ami qui l'attendait malgré tout dans le hall.
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Le courant d'air glacé qui traversa le couloir indiqua au jeune couple qu'ils approchaient des cachots. Donovan avait pour habitude d'accompagner Hermione à son cours avant de rejoindre le sien, mais la jeune femme s'étonna de sentir soudainement la main de son petit ami lâcher la sienne. Elle se retourna vers lui, sourcils levés en signe d'interrogation.
- Les cachots sont juste en bas de cet escalier, je peux te laisser ?
- Tu es pressé de partir ? demanda-t-elle, incertaine.
- Je vais être en retard pour mon cours, et puis tu es arrivé je te dis.
- Donovan, jusqu'ici ça ne t'a jamais dérangé d'arriver en retard, surtout en cours de sortilège. Dis-moi ce qu'il y a.
- Arrête un peu Hermione ! Tu es toujours en train d'essayer de trouver un sens caché à mes phrases ! Si je te laisse ici c'est parce que les cachots ne sont pas loin et que je ne vais pas rentrer en cours avec toi !
- De toute façon tu me fais le même coup à chaque fois que j'ai cours avec les Serpentards, dit sombrement Hermione.
Le jeune homme baissa les yeux, parfaitement conscient que son comportement laissait deviner sa crainte de croiser le Prince des verts et argents.
- Ce matin je t'ai dit que je n'étais pas à l'aise en sa présence, poursuivit-elle doucement, ne me laisse pas toute seule, s'il te plaît...
Contraint d'accepter devant de tels yeux suppliants, Donovan glissa à nouveau sa main dans la sienne et tous deux descendirent les escaliers de pierre, le cœur battant.
Elle ne l'avait pas encore vu qu'elle sentait déjà sa présence. Mais lorsque ses yeux gris se posèrent sur elle, Hermione ne put résister à l'attraction qu'ils généraient chez elle, et finit par croiser son regard.
La jeune femme lâcha instinctivement la main de Donovan, bien qu'elle savait parfaitement que Drago les avait vu arriver ensemble. Pour toute réponse, ce dernier prit la main de sa copine qui se trouvait à ses côtés. Les cheveux noirs de jet, longs, lisses et soyeux, des yeux bleus à se noyer dedans, la peau blanche et une tenue droite irréprochable...Hermione étouffa un cri.
Sans faire attention aux quelques têtes étonnées qui se tournèrent vers elle, la jeune Gryffondor dévisagea Lisa, puis regarda Drago sans comprendre, puis regarda à nouveau Lisa, et enfin leurs mains entrelacées. Pour la première fois, Hermione ne chercha pas à masquer sa peine et détourna la tête, les yeux fixés vers le sol, tentant de remettre de l'ordre dans ses milliers de pensées qui se bousculaient.
- Hermione ça va ? lui murmura Donovan.
Elle n'eut pas le temps de répondre car la porte des cachots s'ouvrit d'un coup sec et Severus Rogue fit un mouvement net de sa baguette, indiquant clairement aux élèves d'entrer sans perdre de temps. Hermione remercia Donovan d'un regard, mais rien de plus, le laissant repartir sans vraiment faire attention à lui. Alors qu'elle allait passer la porte, Drago arrivait au même niveau et, après quelques secondes d'immobilité, il finit par la fixer intensément non sans son petit sourire en coin, lui faisant comprendre qu'il avait la gentillesse de la laisser passer avant lui, avantage qu'il ne réservait jamais à personne d'ailleurs. Respiration retenue, poitrine bombée, c'est la tête haute que Hermione pénétra la première. Colère ou chagrin, tout ce qu'elle savait c'est qu'en ce moment même, elle détestait Drago Malefoy.
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