Chapitre 21 : Au delà de l'amour

Les actes du jeune Potter ne restèrent pas sans conséquences, et dès le lendemain, il fut convoqué au Magenmagot, emmené par plusieurs membres du ministère ainsi que Dumbledore en personne. Pour la deuxième fois de sa vie, Harry entra dans l'immense cour juridique s'apparentant à un cachot en pierre sombre faiblement éclairé par quelques torches, où une centaine de personnes, toutes vêtues de robes couleur prune, le dévisagèrent, lui ôtant tout espoir de revoir un jour Poudlard. Néanmoins la présence et l'apparente détermination qui se lisait sur le visage du directeur lui donnèrent espoir d'échapper à la prison d'Azkaban...

Rufus Scrimgeour, qui présidait le conseil, entama le procès avec les habituelles présentations dont le représentant de la défense, soit Dumbledore. Harry reconnut Amélia Bones, l'une des directrices majeurs du Département de la Justice Magique, présente à son ancien procès. Sorcière massive à la mâchoire carrée et aux cheveux gris coupés courts, elle entretenait une relation amicale avec Arthur Weasley, et Harry espéra de tout cœur qu'elle serait clémente une fois de plus.

- Monsieur Harry Potter, commença la voix grave de Scrimgeour, vous êtes accusé d'avoir attaqué un élève, Miss Granger, dans la bibliothèque de Poudlard à l'aide un sortilège mortel non déclaré : le Sectumsempra. La victime est actuellement dans le coma et les seuls témoins à charge ont refusé de témoigner. La cour a délibéré sur votre sort et propose un renvoie immédiat de l'école ainsi que, puisque récemment déclaré majeur depuis le trente et un juillet, six mois de réclusion à Azkaban. Nous écoutons à présent la défense, j'appelle Monsieur Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie Poudlard.

Le vieil homme se leva fièrement, une étrange lueur de malice divulguée derrière ses lunettes en demi-lune.

- Vous n'ignorez sans doute pas, dit-il de sa voix fatiguée, que monsieur Potter a été victime du sortilège de mort un trente et un octobre 1981, et que par conséquent...

- Pardonnez, coupa sèchement la voix aigue d'une grande femme brune aux traits sévères qui résidait à gauche du juge, mais bien que ce jeune homme ait été victime d'atrocités dans son passé, ses actes de la veille n'ont aucun rapport avec Vous-Savez-Qui et des arguments d'ordre personnel qui ont sûrement pour but de nous attendrir ne peuvent être pris en considération.

- Permettez-moi de vous contredire sur certains points cher Sinella, répondit calmement Dumbledore. Premièrement mon but n'est pas de créer un quelconque sentiment de pitié vis-à-vis de monsieur Potter, cela serait d'un niveau peu élevé vous en convenez...Mon deuxième point peut vous surprendre, mais Lord Voldemort en personne est une fois de plus, en parti, et j'insiste sur ce point, responsable.

Des murmures de protestation parcoururent l'assemblée à l'évocation du nom si redouté.

- Veuillez vous abstenir de prononcer son nom à l'avenir, ordonna Scrimgeour entre ses dents. Oser dire son nom n'est pas une marque de courage comme vous semblez le penser Dumbledore ; l'échiquier dressé par le Lord Noir est bien trop grand pour que votre « bravoure » fasse avancer nos pions.

- Sauf votre respect, répondit le vieil homme, continuez à craindre de le prononcer et ce seront ses pions qui prendront de l'avance...

- Cela suffit, déclara l'homme à droite cette fois-ci du juge. La défense a la parole et plus aucune intervention ne sera tolérée. Poursuivez...

Dumbledore le remercia d'un signe de tête. Rufus Scrimgeour avait toujours été en opposition avec Dumbledore et cela n'allait pas arranger les choses. Mais aux dernières nouvelles son poste était menacé pour cause d'absences répétitives. Selon Hermione, sa fille en était la responsable, l'amour que lui portait son père l'empêchait de la vendre à la justice en tant que partisane du Seigneur des Ténèbres, et la surveiller devenait vital pour sa protection. Harry se jura de les dénoncer s'il ne sortait pas de cette cour sans la confirmation qu'il n'irait pas à Azkaban.

- Comme je le disais, reprit le directeur, le sortilège de mort s'est retourné contre Voldemort mais cela ne fut pas sans conséquences. En effet, monsieur Potter s'est rendu compte au fil des années que Voldemort et lui étaient liés qu'ils le veuillent ou non. Lorsque le sort lancé envers Harry s'est retourné contre lui, une partie de ses pouvoirs a été transmise à ce jeune homme, notamment la capacité qu'il a à parler le Fourchelang, dialecte que seul les héritiers de Salazar Serpentard possédaient. Mais il y a deux ans, Harry a été victime de cauchemars horribles révélant les actes, les pensées, ainsi que les humeurs du Lord. Ceci vous sera prouvé par ce dossier.

Un dossier jaune apparut sur le bureau du juge.

- Il contient le témoignage de Monsieur Arthur Weasley qui a été sauvé grâce à la perspicacité de Harry après un cauchemar. Il contient également le témoignage de Monsieur Remus John Lupin qui vous confirmera l'appel de détresse que lui a lancé Harry après qu'il ait fait un cauchemar le prévenant de la mort de son parrain. Enfin, il y a mon propre témoignage, j'y affirme avoir vu Harry Potter se faire posséder par Voldemort lui-même quelques minutes avant l'arrivée de Cornélius Fudge. Tout cela pour dire que malgré lui, Harry est rattaché à Voldemort par un lien si fort que l'occlumancie pratiquée avec l'aide du professeur Severus Rogue n'a pas aboutie à l'effet désiré, et Harry ne peut fermer son esprit aux intrusions fréquentes du Mage Noir qui profite de cette situation.

- Certes, dit alors Scrimgeour, votre raisonnement suit une parfaite logique et nous ne doutons pas de vos témoignages, mais en quoi cela explique-t-il le comportement de monsieur Potter dans notre affaire ?

- Harry Potter est, pour des raisons personnelles, entré dans une colère noire et le lien les unissant fonctionnant dans les deux sens, Voldemort a ressenti cette état de haine et l'a exploité à travers lui, de façon à lui faire commettre l'irréparable.

- Avez-vous seulement des preuves de ce que vous avancer Dumbledore ?

- Il me semble que le fait que Harry Potter utilise le Sectumsempra, sort encore inconnu au monde magique, si ce n'est par une puissance détenant un contrôle parfait de la magie noire, est une preuve suffisante. Seul un être tel que Voldemort serait capable d'inventer de tels sortilèges et un garçon de dix-sept ans, aussi doué soit-il, en serait incapable.

Harry savait pertinemment que Dumbledore jouait ses atouts sur le fait que l'accident de l'année passée avec Drago n'était connu que par lui et Rogue. Le Sectumsempra avait été trouvé dans un livre et Harry avait parfaitement été capable de lancer le sortilège. Si le ministère croyait aux affirmations du directeur, il avait des chances de s'en sortir.

- De plus, reprit celui-ci, avouez que le célèbre Harry Potter, ennemi juré de Voldemort, se faisant renvoyer de Poudlard où il bénéficiait d'une sécurité assurée, pour se retrouver à Azkaban où il aurait pour seule protection des êtres maléfiques facilement influençable par le Lord, serait une occasion bien trop belle de l'éliminer définitivement, n'est-ce pas ?

L'assemblée murmurait des approbations qui donnèrent courage au Gryffondor. Dumbledore avait été impressionnant et si convaincant qu'il espérait même revenir à Poudlard.

Rufus Scrimgeour s'éclaircit la gorge pour faire taire le bruit naissant :

- Donc, dit-il, vous assurez l'innocence de monsieur Potter dont le comportement n'aurait été que manipulation préméditée du Seigneur des Ténèbre ? Avouez, bien que votre histoire suive une certaine cohérence, que vos affirmations restent faibles en matière de preuves...

Il regarda par-dessus ses deux épaules et fut surprit de voir une assemblée silencieuse et, apparemment, convaincue. Ce fut le moment du vote en faveur de l'inculpé et des mains hésitantes et peu nombreuses au départ se levèrent, bientôt suivies d'une très grande majorité.

- Enfin c'est grotesque ! s'écria la petite voix aigue de la voisine du juge, qui d'ailleurs grimaçait également.

- La cour annonce un changement de verdict, dit alors Amélia Bones d'une voix claire et forte. Monsieur Potter, sous influence du Lord Noir, a agit en état d'inconscience et son acte est donc considéré comme involontaire. Les charges retenues contre l'accusé sont retirées et monsieur Potter reprendra sa scolarité à Poudlard dès demain. Néanmoins, un membre du ministère lui enseignera correctement l'occlumentie trois soirs par semaine pendant deux heures jusqu'à vue de progrès. Je vous remercie.

Scrimgeour donna un coup de marteau enragé qui résonna longuement, le procès était fini.

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Le retour de Harry créa une véritable nuée de levé de chapeaux, le Héro dont on avait le plus besoin en ce temps d'avant-guerre était de nouveau parmi nous. Le ministère, du moins une partie, ne regrattait pas son choix car le jeune homme restait l'unique espoir de voir un jour la lumière revenir, il donnait aux gens l'envie de se battre contre ce qui avait pourri leur monde depuis bien trop longtemps.

Drago regardait cette scène pathétique depuis la fenêtre de l'infirmerie, les yeux cernés et le teint blafard. Les élèves venaient chaleureusement accueillir Potter avec des poignées de mains reconnaissantes, comme pour le remercier de ne pas les laisser tomber. Comment pouvaient-ils ne serait-ce qu'un seul instant le vénérer après ce qu'il venait de faire à Hermione ? Comment les gens pouvaient-ils continuer de sourire alors que la femme qu'il aimait était pendue par un fil au dessus du gouffre éternel ? Hermione avait pour meilleur ami un menteur et un profiteur de sa gloire s'affichant comme le pauvre petit orphelin, reniant toute aide pour n'en paraître que plus pathétique, se croyant supérieur aux autres et se permettant ainsi de négliger ses priorités. Sa légendaire bravoure n'était due qu'aux nombreuses coïncidences et à l'aide précieuse que lui portait la belle Gryffondor, sans elle il ne serait rien et comment l'avait-il remercié ?

La haine que Drago portait à Harry surpassait toutes raisons en lui qui hurlaient de ne pas tuer Potter au risque de perdre définitivement la jeune femme.

Le Serpentard se retourna vers elle et regarda pour la centième fois ses profondes cicatrices qui hachuraient son corps. La potion de Mme Pomfresh ne semblait pas très efficace et sa peau ne retrouvait toujours pas de couleur. Drago n'osait même pas s'imaginer ne plus jamais revoir ses yeux noisette le fixer avec reproche et amusement, ses lèvres embrasser les siennes avec fougue...

- T'es resté là toute la nuit ?

Drago fut tiré de ses songes et afficha à nouveau un air froid et sûr de lui :

- Je rêve ou t'essaies de faire la conversation après avoir essayé de me tuer Potter ?

Celui-ci, planté sur le pas de la porte, ne trouva rien à y répondre, mais sentit néanmoins le besoin de se justifier :

- Je n'étais pas moi-même hier et...

- Oh ta gueule Potter ! vociféra le jeune homme en se levant, faisant tomber sa chaise en un fracas assourdissant. Tu peux entuber tous tes stupides fans mais pas moi avec tes histoires de possession ! Toi et moi savons parfaitement que le vieux fou a dit ça pour te protéger, alors arrête tes conneries !

Harry se tut, mâchoires presque aussi contractées que celle de son ennemi, et vint se placer près du lit de Hermione sous l'œil assassin de Drago.

- Ça n'aurait jamais du être elle sur ce lit, ni personne d'autre d'ailleurs...dit-il sombrement.

- Si, toi tu y auras ta place si elle ne s'en sort pas, jura le Serpentard en toute sincérité.

- Pourquoi as-tu refusé de témoigner contre moi ? demanda alors le brun.

- Pour la même raison qui fait que tu es toujours en vie, dit-il avant de redresser la chaise et de s'y asseoir à nouveau.

Harry comprit l'allusion au fait qu'il ne lui nuirait pas tant qu'Hermione vivrait, il faisait ça uniquement dans son intérêt. Même s'il refusait de se l'avouer, Drago était bien plus puissant que lui, il savait à quoi s'en tenir dorénavant et fut soulagé de ne pas avoir à l'affronter, du moins pas encore...

Sentant qu'une présence était de trop et que le Serpentard ne semblait pas du tout décidé à partir, Harry quitta l'infirmerie à contrecœur.

Plusieurs minutes s'écoulèrent, Drago ne regardait même plus l'heure, mais ses gestes faibles et son teint blanc en disait long sur le temps passé à rester assis, espérant voir bouger ne serait-ce qu'un doigt de la jeune femme. Il aperçut alors, l'espace d'une seconde, une lueur briller au soleil près de son cou. Drago dégagea légèrement le drap et vit la chaîne en argent au bout de laquelle pendait paresseusement le pendentif qui avait changé sa vie. Il prit délicatement le petit cœur violet entre ses doigts et s'étonna de la chaleur qu'il dégageait, ce qui faisait contraste avec la roideur des membres de son propriétaire.

- Surtout ne prend pas ça pour de la faiblesse ou de la soumission Granger, s'amusa Drago avec un sourire, mais tu es la seule personne pour qui je ferais tout et n'importe quoi...

Il leva tristement vers elle ses yeux gris qui avaient perdu de leur intensité, fatigué de parler tout seul, ne sachant même pas si elle entendait des paroles qui n'auraient jamais été prononcées avec autant de facilité dans une situation autre que celle-ci.

Drago sentit tout à coup le cœur de Bulborbus chauffer entre ses doigts, jusqu'à atteindre une chaleur qui lui tira un cri de douleur. Il essaya de le lâcher mais constata avec effroi que sa main resta collée au pendentif qui atteignait à présent une température ardente, lui brûlant la peau. Les veines de sa main devinrent alors à visibles, comme si elles essayaient de trouer la peau pour sortir, puis ce fut au tour de celles de son bras avant que son corps entier ne soit secoué de violents spasmes, toutes veines discernables y comprit celles du cou et du visage. Le jeune homme, effondré par terre mais le bout des doigts toujours aussi fermement collés au pendentif, ne put crier sa douleur car un nœud serré lui nouait la gorge, et d'horribles bruits de battements sourds vinrent lui tambouriner l'intérieur du crâne, telle un cœur dont on tenterait de stopper les pulsations.

Mme Pomfresh sortit de son bureau et lâcha rapidement sa tasse de thé qui s'explosa contre le carrelage blanc, épouvantée par ce qui s'offrait à elle : le jeune homme blond qui était là depuis deux jours, au bord de l'agonie, les yeux grands ouverts, semblait rattaché au collier de sa patiente dont les cicatrices rougeoyantes disparaissaient lentement au fur à mesure que les veines du garçons apparaissaient.

Elle se précipita vers eux et tenta de dégager les doigts du pendentif qu'elle supposait comme la source de cette attraction, mais fut violemment expulsée contre le mur par une sorte de champ protecteur. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques instants et vit l'enchantement s'arrêter de lui-même, le Serpentard retomba lourdement sur le sol tandis que le petit cœur perdait peu à peu sa lueur rouge et sa chaleur.

L'infirmière accourut près de Drago après avoir attrapé un élève par le col dans le couloir, lui ordonnant d'aller chercher le directeur. La peau du jeune homme était aussi froide que la pierre mais les pulsions de ses veines paraissaient s'apaiser, au même rythme que son cœur d'ailleurs...En effet, Mme Pomfresh put facilement voir, grâce à un sortilège plus que difficile, le cœur, ou du moins une image, du garçon flotter au niveau ses yeux, lui révélant ainsi les battements cardiaques presque inexistants. Après l'avoir déposé sur un lit à l'aide de sa baguette, elle utilisa plusieurs sortilèges, potions et pommades magiques pour améliorer son état crucial. Dumbledore arriva en trombe suivit de près par la sous-directrice qui porta la main à sa bouche :

- Par Merlin que s'est-il passé !

- Oh Minerva vous n'allez pas me croire ! s'exclama l'infirmière en montrant Hermione du doigt.

La jeune femme reposait sereinement sur son lit blanc, sa peau aussi neuve qu'un enfant, toutes traces de cicatrices ayant disparues...

- Co...co...comment est-ce possible ? demanda McGonagall.

- Qu'est-il arrivé à Monsieur Malefoy ? demanda sèchement Dumbledore qui s'inquiétait beaucoup plus de l'état du jeune homme vu la couleur violine de sa peau.

- C'est cette chose, répondit-elle d'une voix tremblante en montrant le collier qui reposait sagement sur la poitrine de Hermione. Quand je suis arrivée Monsieur Malefoy était comme...électrocuté par le pendentif, c'était horrible. Les cicatrices de Miss Granger ont alors commencé à toutes s'effacer !

- Je crois reconnaître un cœur de Bulborbus ? demanda-t-il.

- En effet, approuva le professeur de métamorphose.

- Veuillez aller chercher Pomona s'il vous plaît, dit-il à l'adresse de McGonagall qui s'exécuta aussitôt. Comment est son état ?

- Critique pour le moment, déclara sombrement l'infirmière, mais il va s'en sortir je vous l'assure. Avec tout ce que je lui ai attribué je ne serais même pas étonné de le voir revenir à lui d'ici deux heures.

- J'en suis heureux, vous êtes admirable Pompom. Je vous demanderais de garder ce qui s'est passé pour vous.

- Cela va de soi.

Le professeur McGonagall revint quelques minutes plus tard accompagnée de Mme Chourave.

- Ah Pomona, dit chaleureusement le directeur, le cœur de Bulborbus aurait-il une fonction autre que celle servant à la potion du filtre d'amour ?

Celle-ci sembla surprise de la question mais se contenta de répondre :

- Eh bien oui en effet, mais c'est très rare, je dirais même impossible que...

- Quelle est-elle ? coupa-t-il doucement.

- Le cœur de Bulborbus réunit deux âmes complètement confondues dans une harmonie parfaite, et s'il arrive malheur à l'un des deux êtres, si leur amour est assez fort, alors l'autre a la possibilité d'absorber tout le mal, physique et moral, qui ronge sa dulcinée. Cet échange peut-être mortel si l'on n'intervient pas à temps. Mais comme je vous le disais, il est quasi-impossible que...

Mais Mme Chourave s'interrompit lorsque son regard se posa sur le collier d'une malade. Les yeux démesurément ouverts, on aurait pu croire qu'elle était morte debout si elle n'avait pas marché en direction de Hermione d'un pas prudent, comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Toujours sans un mot, les yeux pétillants d'adoration, elle approcha doucement sa main du pendentif, tremblante.

- Pomona est-ce que tout va bien ? s'inquiéta le professeur McGonagall.

- C'est impossible...souffla-t-elle dans un murmure sans lâcher sa cibles des yeux. C'est...c'est un miracle Merlin !

- Ne touchez pas le cœur de la plante, ordonna vivement Dumbledore.

- Oui, oui je sais, répondit le professeur de botanique qui parut sortir de sa torpeur.

- Professeur ? appela alors une petite voix timide.

Pendant l'étrange comportement de Mm Chourave, personne ne s'était rendu compte qu'Hermione s'était réveillée. L'infirmière poussa un cri de joie et s'empressa d'aller lui chercher une bonne tablette de chocolat pour lui redonner de l'énergie.

- Professeur, répéta-t-elle en regardant le lit voisin d'un air horrifié, que lui est-il arrivé ?

Dumbledore se chargea de lui expliquer ce qui s'était passé sous les fréquentes approbations du professeur de métamorphose, tandis que celui de botanique ne tenait pas en place, apparemment avide de leur révéler la source de son excitation. Lorsque le directeur eut finit, la première question que Hermione posa fut : « Va-t-il s'en sortir ? », et elle fut soulagée de voir que l'infirmière répondit affirmativement.

- Qu'y a-t-il de si merveilleux à cette situation Pomona ? demanda McGonagall qui commençait à être agacée par les sautillement frénétique de sa voisine.

- Comment expliquer voyons...Disons que sur Terre, chaque personne quelle qu'elle soit, détient une âme sœur. Lorsque vous naissez, votre âme sœur existe déjà quelque part dans le monde, elle est vous, et vous êtes elle, vous ne faîtes qu'un, unis par un amour indestructible et éternel. Mais il est impossible de la trouver ! Je veux dire par là que les chances de la rencontrer parmi des milliards d'humains sont très très faibles, pour na pas dire inexistantes ! Le cœur de Bulborbus est le seul et unique moyen de les reconnaître, de prouver que deux personnes sont complémentaires l'une de l'autre ! Le cœur de cette plante vaut des millions de gallions ! Le seul cœur de Bulborbus connût à ce jour repose en Grèce dans un endroit protégé par un nombre incalculable de sortilèges, retiré par un sorcier quelques siècles avant Jésus Chris ! Comprenez mon étonnement lorsque je vois que cette jeune fille porte de l'amour en or à son cou sans même en connaître sa valeur !

Tout le monde resta bouche bée suite au discours incroyable du professeur de botanique.

- Pourquoi ne pas nous l'avoir dit pendant le cours ? demanda alors Hermione.

- Le ministère a interdit de révéler ces informations pour la sécurité des élèves, expliqua-t-elle, vous imaginez s'ils leur prenaient de vouloir savoir si la personne qu'ils aiment est leur âme sœur ? Ou essayer de la retirer pour des raisons d'argent ? Je ne préfère même pas imaginer le nombre de mains qui resterait brûlées à vie...

Hermione regarda la petite chose pendue à son cou. Alors comme ça Drago et elle étaient des âmes sœurs, uni par un amour indestructible et éternel...Et dire que lui l'avait retiré inconsciemment en pensant aimer Lisa. Hermione réalisa que depuis sept ans, elle vivait avec l'homme de sa vie sous les yeux, et elle n'en savait rien, elle l'avait même détesté... Elle se souvint de cette soirée au nouvel an, lorsque leurs bouches s'étaient frôlées, le monde autour d'eux avait alors disparu et Hermione n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort. Le soir même fut leur premier baiser dans la chambre de Drago, et les sensations qui s'étaient éprises de son corps étaient semblables. Tout s'expliquait, ce lien entre eux, cette envie ardente d'aller embêter l'autre, de lui parler, ce besoin de le voir, de l'embrasser, c'était vital, c'était leur amour unique, c'étaient leurs âmes confondues.

Mais Hermione savait au fond d'elle que cette chance du destin qui lui fit trouver son âme sœur allait être gâchée encore et toujours à cause de cet être noir qui avait détruit sa vie et celle de Harry : Lord Voldemort.

Bien qu'elle ne connaisse toujours pas la réponse que Drago lui avait donnée, il n'était pas difficile de deviner qu'il avait accepté la marque puisqu'il était toujours en vie. Et ça uniquement grâce à elle...Mais il ne devait jamais le savoir, jamais. Il ne devait pas découvrir qu'elle était une partie de lui, qu'elle l'aimait comme il était interdit d'aimer. Hermione savait qu'elle n'aurait pas la force de vivre sans l'homme qu'elle aimait plus que sa vie elle-même, mais l'amour qu'elle lui portait dépassait tellement tout ça que lui seul comptait à ses yeux.

La jeune femme regarda tendrement Drago sur le lit voisin et, priant pour qu'il n'ait pas entendu la conversation avec Mme Chourave, elle s'adressa aux personnes présentes :

- Ne dîtes rien de tout cela à Drago Professeur...Je vous en prie.

Tandis que le directeur, son adjointe et l'infirmière approuvaient sans poser de questions à son plus grand soulagement, Mme Chourave la regarda avec des yeux ronds, outrée :

- Mais vous ne pouvez pas gâcher un tel prodige ! s'exclama-t-elle. Il a le droit de savoir et...

- Pomona cela suffit ! siffla Dumbledore, apparemment fâché. Miss Granger nous demande de tenir le secret et nous nous devons de respecter son choix...

- Mais...

- Est-ce clair ? demanda-t-il avec un regard perçant derrière ses lunettes.

- Oui, oui bien sûr...finit-elle par dire tristement.

- Bien. Je vous demanderai maintenant de sortir mesdames, Miss Granger a besoin de repos.

Les deux femmes s'exécutèrent tandis que l'infirmière regagnait son bureau, laissant Dumbledore avec sa patiente. Cette dernière savait parfaitement que, malgré son envie de connaître la vérité, il ne lui poserait aucune question qui la mettrait mal à l'aise, et elle le respectait vraiment pour ça.

- Vous savez Miss Granger, dit-il de sa voix cassée et fatiguée, le fait que monsieur Malefoy ait retiré le cœur prouve que vous l'aimez également au delà même de ce que l'on pourrait appeler l'amour. La raison qui vous pousse à refuser ce bonheur servi sur un plateau d'argent doit être extrêmement importante et grave...

Il s'approcha du lit et se tut un moment avant de dire :

- Vous pouvez me faire confiance, Miss Granger. Je devine que tout cela à un rapport avec une force si obscure que vous ne pouvez y faire face, je devine également que monsieur Malefoy doit être danger pour que votre coeur subisse une telle horreur.

Hermione hésita longuement, mal à l'aise de mentir à nouveau. Non elle ne pouvait pas lui dire, il ne comprendrait pas. Il chercherait une solution pour épargner Drago au mal plutôt que pour les réunir. Elle ne pouvait prendre le risque de le dire à un adulte car, intelligent ou pas, ils ne comprennent jamais vraiment que ce qui est le plus important pour eux ne l'est pas forcément pour un adolescent. Si Drago venait à apprendre la vérité elle mourrait, et il vivrait avec la haine et le chagrin de ne pas avoir su plus tôt. Non moins elle en parlait, mieux son secret serait gardé.

- Je crains de ne pouvoir vous révéler la vérité, dit-elle finalement, la gorge serrée. Je préfère vous avouez que je ne vous direz rien plutôt que de vous mentir professeur. Je suis désolée.

Dumbledore qui avait pour habitude de dissimuler assez ses sentiments, parût très déçu, il ne devait s'attendre à un rejet de la part de cette élève, lui qui avait toujours su trouver les bons mots. Il sembla soudain réfléchir aux dernières paroles échangées, puis son regard se posa vivement sur le poignet de la jeune femme, mais il était caché par le drap. Un sourire se dessina néanmoins sur son visage vieilli par les rides, puis il fixa Hermione avant de déclarer :

- Très bien c'est votre choix. Je comprends.

Puis sans un mot il repartit et sortit de l'infirmerie, comme soulagé d'avoir enfin comprit la source de son entêtement. Hermione se demanda s'il avait vu à travers le drap, mais elle pencha plutôt pour le côté très intelligent de son directeur. Elle leva son poignet à la lumière, et regarda intensément la cause de son malheur, la seule et unique cicatrice qui n'avait pas disparue, et qui demeurerait à jamais

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