La sonnerie retentit. Tel un seul homme, tous les élèves se lèvent dans un chahut total, se bousculant et rigolant, tout en sortant précipitamment de la salle. L'un d'entre eux sort de la pièce, d'un pas lent et triturant la chainette à son cou. Deux garçons se précipitent alors vers celui-ci pour lui donner un coup de coude. L'un d'eux s'exclame :

- « Enfin les vacances les gars !! »

- « Et surtout, bientôt noël ! »

- « Pas cool, je n'ai pas encore réussi à trouver un cadeau pour mes parents. »

- « Parce que tu en offres toi ? »

- « Ben ouais, pas toi ? »

- « Non, pas vraiment... »

- « Et toi Will, tu as prévu d'offrir quelque chose à ta famille ? »

Ledit Will, perdu dans ses pensées, n'ayant pas fait attention au dialogue de ses deux amis, croise les bras avant de répliquer :

- « Ouais, moi aussi j'aimerai bien manger une raclette. »

Ses deux amis se regardent, l'incompréhension se lisant dans leurs regards perdus. Devant l'expression qu'affiche les deux garçons, Will se met à rire.

- « Désolé les gars, je ne vous ai pas écouté. Tu m'as demandé quoi Jordan ? »

- « Si tu allais offrir un cadeau à ta famille. » Demande le jeune garçon.

- « Yes »

- « Et tu as trouvé ? »

Tout en marchant lentement vers la sortie du collège, Will secoue négativement sa tête en signe de réponse. Il ne reste plus qu'une semaine avant Noël, et le jeune homme n'a toujours aucune idée de cadeaux. Triturant de plus belle la chainette autour de son cou et les méninges, c'est alors, tandis que le petit groupe se dirige vers la place du village, lieu où ils se séparent pour retourner dans leurs maisons respectives, qu'il a une illumination. Ça y est, il a son idée de cadeau. Partant soudainement en courant, sous les protestations de ses amies dont il ne tient pas compte, il s'engouffre dans les petites ruelles de son village. Il faut qu'il rentre vite chez lui. Il doit partir. Maintenant, tout de suite. Son père n'allait pas être d'accord. Pas du tout. Mais il s'en fichait. Le cadeau qu'il souhaite offrir à sa maman est bien trop important à ses yeux, lui tient trop à cœur. Car sa maman pour lui, c'est son univers, son héroïne, celle qui lui a donné la vie, son tout. Tout ce qu'il veut, c'est qu'elle soit fière de lui et qu'elle soit heureuse, où qu'elle soit. Augmentant son allure, le jeune homme tourne dans une large ruelle, faisant attention à ne pas se tordre la cheville sur les pavés. Malheureusement, il ne voit pas le trou. Enfin si, mais seulement quand il tombe de tout son poids à terre, se cognant violemment la tête contre les pierres. Puis se fut le noir.

Rouvrant doucement les yeux, Will se met doucement dans la position assise, ce qui lui valut des petites étoiles devant les yeux. Se massant douloureusement la tête endolorie, il remarque une grosse bosse en haut de son front. Se remettant sur ses pieds, il fait quelque pas. Plus de peur que de mal. C'est sur cette pensée qu'il repart de plus belle pour rentrer chez lui et pour annoncer son départ.

- « Bienvenu en Irlande. »

Une hôtesse de l'air vient accueillir les passagers durant la descente de l'avion, de même qu'un froid glacial. Tout en sortant de l'aéroport, Will s'arrête, valise en main, pour contempler les lieux. Tout est recouvert d'une fine couche de neige. Des guirlandes vertes, rouges et blanches, des sapins décorés un peu partout dans les ruelles, des lampadaires où pendent des décorations diverses, tout ceci plongent le jeune garçon dans l'univers de Noël. Humant l'air frais, il semble sentir dans l'air, l'odeur de marron grillé. Son ventre se mit à gargouiller. Regardant sa montre, Will s'aperçoit qu'il est déjà presque 17h. Le ciel est sombre, la nuit ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. Et ses grands-parents aussi. Le jeune homme avait été surexcité quand son voyage avait été accepté. Et ni une, ni deux, il s'était retrouvé dans un avion, pour rejoindre ses grands-parents maternels à l'aéroport d'Irlande. Et le voici, frigorifié de la tête au pied à attendre en jetant des regards tout autour de lui. Quelques minutes passent, quand soudain des voix le hèlent. Se retournant, il aperçoit un couple d'un certain âge approcher vers lui, bras grands ouverts. Un câlin général s'imposa. Will fut mal à l'aise devant cet élan d'affection. Ce dégageant tant bien que mal, ils échangent par la suite politesses et banalités, puis rentrent tous ensemble se réchauffer dans la demeure du couple. Celle-ci, du point de vu de Will, ressemble bien plus à un manoir qu'à une simple maison. Petit, plus d'une fois il s'y était perdu, et plus d'une fois ses parents l'avaient retrouvé en larmes. Maintenant qu'il a atteint les 14 ans, cette vieille maison familiale ne lui donne plus des frissons de peurs. Enfin, c'est ce dont il essaie de se persuader.

Quand les lourdes portes de chaînes s'ouvrent, le jeune homme est ébloui devant les multiples décorations apportées. Du houx est posé un peu partout, assemblé par de petits rubans rouges, des guirlandes lumineuses sont accrochées sur plusieurs murs, plusieurs bougies sont positionnées sur chaque meuble de pratiquement toutes les pièces du rez-de-chaussée. Arrivé enfin dans la pièce principale faisant office de salon, Will reste bouche bée devant le grand sapin qui se présente devant lui, dans un coin de la pièce. Décoré tout de blanc, le sapin doit faire deux à trois mettre de haut. Des guirlandes lumineuses clignotent dans une cadence lente, des boules blanches et crèmes brillent sous la lumière, un petit père noël est accroché à l'une des branches du sapin, sourire aux lèvres. En tournant autour de l'édifice, le jeune garçon remarque un second père noël, faisant lui, de la luge. Sous l'arbre, une crèche a pris place, dont les personnages semblent se mouvoir au grès des ombres mouvantes des flammes provenant de la cheminée, non loin.

- « Tu peux poser tes affaires dans ta chambre Will, le temps que tu t'installes, je vais préparer le dîner. » Dit soudain la grand-mère du jeune homme, le faisant revenir à la réalité.

Acquiesçant, il se dirige vers sa valise, posée dans l'entrée, tandis que son grand-père s'affale dans le canapé. Un dernier regard lui indique que le vieil homme s'est assoupi, bras croisés, tête penchée en avant, un petit ronflement emplissant les lieux silencieux. Montant une à une les marches en bois de la maison, le jeune homme se dirige vers sa chambre, pose ses affaires, et redescend ensuite pour aller aider sa grand-mère à la cuisine.

Le repas se passe tranquillement, durant lequel ils échangent nouvelles et anecdotes. Puis, Will entre dans le vif du sujet, ce pourquoi il est venu rendre visite à ses grands-parents, quelques jours avant le réveillon de Noël. Une fois qu'il eut expliquer sa demande, ses deux grands-parents se regardent, penaud. Pourtant, c'est non sans mal qu'ils lui répondent que ce qu'il cherche se trouve dans le bureau, situé au rez-de-chaussée. Une fois la table débarrassée, Will se rend dans ledit lieu. Il fallut seulement quelques minutes à Will pour trouver son bonheur. Ou plus précisément une photo. Celle de ses parents, alors jeunes, entourés de leurs familles respectives, durant leur mariage. Will la contemple longuement. Il n'a aucune photo de sa mère chez lui quand elle était jeune. C'est pourquoi il avait fait tout ce chemin jusqu'ici. Pour cette photo. Pour elle. Une larme glisse sur ses joues. « Une larme de bonheur » se dit-il avant de l'essuyer en se relevant. La posant sur la seule table de la pièce, le garçon se tourne pour chercher un cadre, dans lequel il pourrait mettre son nouveau bien. Ce fut plus dur. Il demanda de l'aide auprès de son grand-père, et à deux, ils réussirent à trouver le cadre idéal pour mettre la photo. Une fois le travail achevé, Will se sent bien. Il est heureux. Très heureux d'avoir trouvé le cadeau parfait à offrir. Un cadeau pour sa maman.

Le jeune garçon resta encore deux jours auprès de ses grands-parents avant de rentrer chez lui, en France. Dans l'avion du retour, tandis que celui-ci survole l'Angleterre, le jeune homme sort le cadre de son sac à dos. Alors qu'il contemple la photo une dernière fois, son regard glisse vers la chaînette entre ses doigts. Il avait pris l'habitude de la triturer quand il était pensif. La faisant rouler entre ses doigts, le jeune garçon repense à ce noël, durant lequel sa maman lui avait offert cette chaînette, où pendait un petit médaillon, un signe celtique. Quand il l'avait vu, il avait aussitôt demandé la signification du dessin.

- « C'est le symbole de l'amour, mon ange. Et de l'union. Où que nous soyons, nous serons toujours réunis par les liens forts qui nous lient, par le sang, et par l'amour que nous portons envers chacun de nous. » Avait alors répondu sa génitrice, pleine de tendresse.

Cet objet n'avait depuis lors plus jamais quitté le cou du garçon. Mais quelques mois plus tard, Will perdit le médaillon, et ne le retrouva jamais. Ramenant son regard vers la photo, il la serre fort contre son cœur avant de sombrer dans les bras de Morphée.

Des sons secs et répétitifs, semblables à des bips, le fait se réveiller. Ouvrant un à un ses yeux, une lumière crue le fait grimacer et refermer aussitôt les yeux. Les bips à ses côtés se font plus bruyant. Cela l'agace. Un deuxième essai permet à Will de s'accoutumer à la lumière, et de ne voir, que du blanc. Un plafond blanc, des murs blancs, et de grosses machines qui l'entourent. Et un homme. Oui, un homme et assis près de lui, endormi. C'est son père. Tournant la tête à droite puis à gauche, Will s'aperçoit qu'il n'est pas dans l'avion, mais dans une chambre d'hôpital, sur un lit d'hôpital. Se tournant vers son paternel, Will commence à l'appeler. D'abord doucement, puis plus fort, jusqu'à parvenir à le réveiller. Celui-ci sursaute, regardant frénétiquement autour de lui avant de le regarder, lui. Et de fondre en larmes en se jetant à son cou pour le serrer, fort, dans ses bras.

- « Tu m'étouffes » parvient tant bien que mal à articuler le garçon.

- « Will, will... tu nous a fait une de ses frayeurs. »

- « Papa, je vais bien, je vais bien. Mais où suis-je ? Pourquoi je me retrouve ici ? »

- « Tu as fait une mauvaise chute, un passant t'a retrouvé, il y a de cela 4 jours, à terre, une marre de sang autour de toi. Il a directement appelé les ambulanciers, qui t'ont emmené ici. J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Les médecins m'ont dit que tu étais tombé dans le coma, à la suite d'une commotion cérébrale. Ils ne savaient pas si tu allais te réveiller. Je ne les ai pas cru. Je suis resté à ton chevet, Amanda est allée chez tes grands-parents qui l'ont gardé. Elle est venue te voir plusieurs fois, tu sais ? »

- « Et alors ? » Réplique Will en détournant la tête.

- « Tu devrais être moins dur avec elle, fiston, tu sais bien que.. »

- « Mais c'est de sa faute, c'est à cause d'elle que... »

Soudain, sa tête lui tourne. Il vient de se rappeler de quelque chose. De ce pourquoi il courrait dans la ruelle. Regardant droit dans les yeux son père, surpris par ce changement, il demande, inquiet :

- « Où est la photo ? »

- « Quelle photo ? » Demande inquisiteur son père.

- « La photo que j'ai ramenée, celle de votre mariage, je l'ai trouvé chez papi et mamie Sweeney, et... »

Le prenant d'un seul coup par les épaules, son père lui dit :

- « Will, tu es tombé dans le coma. Tu es resté alité durant 4 jours, tu n'es jamais partie en Irlande. Fils, tout vas bien ? »

La tête lui tourne. Beaucoup trop vite. La photo, son voyage, tout, rien n'avait donc existé ? Le monde autour du garçon s'effondre soudain. Laissant tomber sa tête en avant, une étincelle de lumière attire alors son attention. Sur la table de chevet, un petit médaillon scintille à la clarté du jour. Le prenant entre ses doigts, Will n'en croit pas ses yeux. Le médaillon, son médaillon qu'il pensait avoir perdu, est de nouveau dans ses mains. Le jeune homme fond en larme.

Quand plus tard, Will demanda si c'était son père qui l'avait retrouvé, celui-ci lui répondit par la négation. Un petit sourire avait alors naquis sur le visage du jeune Homme. Noël n'est pas simplement fait de fête et de cadeaux, mais aussi d'un brin de magie.

25 décembre

De petits flocons tombent doucement sur la terre déjà blanche. Des traces de pas dans la neige parmi les nombreuses tombes. Le trio arrivent enfin devant celle qu'ils sont venus voir. Will se penche pour déposer le bouquet de fleurs sur la pierre recouverte de neige. Reculant d'un pas, il attrape la main de sa petite sœur, à ses côtés. Puis, se tournant vers elle, il s'accroupi, défait sa chainette, et la passe autour du cou de la petite, en lui disant :

- « Joyeux anniversaire Amanda. »

Leur père les regarde, bienveillant et heureux que Will soit devenu plus attentionné et plus aimant auprès de sa petite sœur. Le jeune homme se redresse lentement, puis un dernier sourire à sa sœur, se tourne vers la tombe et dans un souffle, murmure :

- « Joyeux noël maman. »

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Voici donc notre première nouvelle, sur le thème de Noël. Cette idée nous est venue grace à Aidons_nous, qui a proposé de faire une guirlande de Noël, assemblant plusieurs parties, écrite par différents auteurs, créant ainsi une oeuvre complète pour Noël.

Nous y avons participé, et ce fut une expérience fort originale et agréable.

Pour cette première nouvelle, nous avons voulu faire quelque chose de concis et de court, c'est pour cela que nous avons évité de trop nous attarder sur des dialogues ou descriptions. Cette histoire recèle néanmoins des informations implicitement dîtes, nous apprenant certaine chose sur les personnages. Cela nous ferait donc très plaisir si vous nous laissez des commentaires en nous disant ce que vous avez compris ou mal compris, nous permettant par la suite de nous améliorer.

Merci d'avance, en espérant que notre première nouvelle vous ai plu.

Publié le 23/12/2018