Chapitre 25
Février apporta un timide soleil d'hiver, un de ceux qui ne vous convainquaient pas complètement mais que vous accueilliez avec gratitude après ses mois d'absence. Et avec février, se rapprocha l'inévitable fête des amoureux. Cette perspective semblait faire trembler Poudlard tout entier, se partageant entre les mines dubitatives de certains et les préparatifs fiévreux des autres. Les chuchotis dans les couloirs, les doigts pointés et les regards en coin se faisaient plus nombreux au fur et à mesure que les élèves espéraient, construisaient, manigançaient.
Le dortoir des gryffondors de septième année n'échappait pas à l'ambiance générale, au grand dam de Remus. James avait fini par leur raconter son moment avec Lily après qu'ils l'eurent harcelé pour savoir où il avait disparu pendant la moitié de la fête (absolument pas, il avait couru tout leur dire dès qu'il en avait eu l'occasion, et n'avait parlé d'absolument rien d'autre pendant les dix jours suivants). Les deux étaient plus ou moins ensemble, mais James avait souvent peur de tout gâché en allant trop vite et en se montrant trop présent. Peter était au contraire convaincu que s'il n'en faisait pas assez Lily serait déçue, Sirius lui disait simplement de lui demander ce qu'elle attendait de lui (« Comme si c'était aussi facile, Pads ! » « C'est aussi facile, Prongs. ») et Remus se contentait de regarder James perdre la raison à chaque petit évènement qui allait dans le bon ou dans le mauvais sens.
Il était tiraillé entre l'affection qu'il avait pour ces deux-là et leur maladresse éternelle, la fierté presque parentale qu'il avait en voyant à quel point James avait grandi et faisait les choses bien et un peu de jalousie, il fallait l'avouer. Lui -eux- n'avait jamais eu l'occasion de demander conseil à ses amis, de se poser la question de s'il devait lui tenir la main en public ou pas. Il avait toujours été seul avec ses doutes et ses questionnements, car à qui aurait-il pu en parler ? Le début de leur histoire avait été chaotique, parce que chacun d'eux était persuadé qu'elle était impossible, et surtout qu'elle n'avait pas lieu d'être. Qu'ils n'étaient pas fait pour aimer, et pour s'aimer tout particulièrement. Remus était toujours aussi impressionné qu'ils aient réussi à créer quelque chose, de réel.
Mais pour le moment, Remus était surtout légèrement agacé par la perte de sang-froid de James par rapport à la Saint-Valentin.
- Vous pensez que je devrais l'inviter à sortir à Pré-au-lard ?
- Ce serait cliché, répondit Remus avec honnêteté.
- Ce serait mignon, dit Sirius en même temps.
James soupira.
- Vous ne m'aidez pas, là. Peter, t'en penses quoi ?
- Hum... Ce serait un peu cliché, mais en même temps ce serait mignon.
- Sérieusement ? Argh. Qu'est-ce que je suis censé faire ?
- Développer un peu de libre-arbitre et prendre tes décisions tout seul comme un grand ? proposa Sirius.
- Tu ne m'aides toujours pas.
Pour être totalement transparent, c'est ce que Remus pensait très fort depuis quelques heures, mais il ne l'avait pas dit. Comme toujours, Sirius était celui qui balançait ses quatre vérités à James, sans que celui-ci ne s'en offusque ni ne s'en préoccupe. Il l'entendait, c'était déjà ça.
- Écoute, Jamie, invite la, faites quelque chose de mignon et cliché, et concrétisez votre relation. C'est bien ce que tu attends, non ? De toute façon, si tu ne le fais pas, on va en entendre parler jusqu'à la fin des temps, donc vas-y.
- Hum... Pas idiot. T'as probablement raison, Moony.
- Si tu m'écoutais un peu plus, tu saurais que c'est généralement le cas.
- Tu sais quand même que s'il le fait, on en entendra aussi parler jusqu'à la fin des temps ? fit remarquer Sirius.
- Peut-être. Mais autant entendre jusqu'à la fin des temps un James heureux qu'un James au coeur brisé.
- T'es sûr ? Je suis pas certain qu'il soit moins agaç-
Il fut coupé en plein milieu de sa phrase par un oreiller dans le visage.
- Vous êtes les pires.
- Nous aussi, on t'aime, Prongs.
James résolut finalement d'inviter Lily le lendemain, quitte à être un peu cliché. Il passa donc la pause à la regarder de loin, tandis que les maraudeurs l'encourageaient. À leur façon.
- Allez, James. Fais honneur à ta maison.
- Non mais j'y vais, là. J'y vais.
- J'ai comme l'impression que tu n'as pas bougé de place depuis quinze minutes, remarqua Remus en levant un sourcil.
- J'y vais.
Un silence.
- Tu es courant que tu es toujours au même endroit, James.
- Sans blague, Pads.
- Je suis très sérieux.
- Mais allez, Jamie ! le poussa Peter. Je ne vois pas ce qui te fais peur. Tu as déjà affronté mille fois pire, en partant de mille fois plus loin.
- Ce qui me fait peur ? C'est tout gâcher qui me fait peur ! Imagine que je rate cette opportunité ?! Il n'y en aura pas d'autres.
Remus jeta un regard vers Lily qui s'éloignait avec Marlene pour se rendre à leur prochain classe.
- C'est fou, parce qu'on dirait que tu es précisément en train de faire ce qui te fais peur.
- Hein ?
- Tu rates l'opportunité, là, fit-il avec un signe de tête vers les filles.
- Merlin. Merlin !
- De toute façon, dis toi que quoique tu fasses, ça ne pourra pas être pire que toi en quatrième et en cinquième année, rappela tranquillement Sirius.
- C'est fou comme tu peux être un ami en or, des fois, lui répondit le gryffondor avec une grimace.
- Toujours à ton service.
- Et... l'opportunité est passée.
En effet, les filles avaient disparu derrière l'arche de la cour.
- Oh, Morgane. Il faut que je la rattrape.
Le jeune homme se leva brusquement, renversa la moitié de ses affaires, ne prit pas le temps de les ramasser et courut en direction des deux filles.
- Je l'ai toujours dit, mais James fonctionne beaucoup mieux sous pression, sourit Remus en rassemblant ses affaires étalées.
- Comme s'il ne savait gérer que les situations de crise en urgence, approuva Sirius. Sacré Jamie. Il nous en fera voir de toutes les couleurs.
Ils coururent eux aussi rejoindre leur ami pour assister à son succès ou à sa ruine.
- Hey, Lily ! cria James en apercevant un éclat roux au coin d'un couloir.
La jeune fille se retourna vers l'interpellation, un peu surprise.
- Oh, salut James, répondit-elle, un sourire timide sur les lèvres.
Ça, c'est nouveau, pensa Peter. Et c'est très, très bon signe.
- Je me demandais si... commença-t-il.
Puis il lança un regard vers ses trois amis postés en retrait. Peter leva les pouces, Remus leva les sourcils et Sirius se contenta d'un sourire complice.
- Je me demandais si peut-être, tu pourrais, dans l'idée, avoir envie de venir avec moi à Pré-au-lard samedi prochain. Enfin, si tu voulais, quoi.
Il paraissait sur le point de s'évanouir ou de s'enfuir à toutes jambes, ce qui n'était ni très gryffondoresque ni très jamesque. Mais c'était mignon, pensa Remus.
- Oh, hum... commença Lily.
Sirius retint sa respiration. Il pouvait pratiquement voir l'espoir faire des étincelles dans les yeux de James, et malgré toute sa décontraction, il voulait vraiment que James soit heureux et il adorait Lily. Lorsqu'il vit la jeune fille baisser les yeux, il recula un peu comme pour encaisser le coup à venir.
- C'est que... j'ai déjà dit à Marlene, Mary et Dorcas qu'on-
- Quoi ? la coupa brutalement Marlene. Non. Absolument pas. Tu n'as rien de prévu ce weekend là, Lily.
- Mais tu... tenta de répondre la rousse, l'air confus.
- Je rien du tout. Tu es totalement libre ce jour-là.
Marlene hocha la tête d'un air convaincu, jusqu'à ce que Lily plisse les yeux d'un air mi-amusé mi-"je m'occuperais de ton cas plus tard", et se tourne à nouveau vers James.
- Bon, eh bien, puisque je suis totalement libre ce jour-là, j'imagine que... oui, je veux bien aller avec Pré-au-lard avec toi.
On avait pu voir passer un certain panel d'émotions dans les yeux de James au fur et à mesure de la discussion. L'espoir, la déception, l'incompréhension, l'espoir encore, et la confusion à présent.
- V-vraiment ?
James qui bégayait ? remarqua Peter. Merlin, cette fille lui faisait vraiment de l'effet, si le monde des sorciers entier n'était pas encore au courant.
- Oui, vraiment, James, confirma Lily en riant un peu. Mais pour l'instant, on devrait vraiment aller en Métamorphoses, ou McGonagall va nous fermer la porte au nez.
- Oui, bien sûr, évidemment, allons-y, la suivit James.
Marlene rejoint les trois garçons pour laisser le couple devant eux. Bientôt, Lily riait à une blague que James venait de faire, apparemment partiellement remis de ses émotions mais toujours les joues un peu roses.
- Tu as été royale, très chère, complimenta Sirius.
Marlene secoua la tête en souriant.
- J'ai fait ce que n'importe quelle amie digne de ce nom aurait fait. Lily aurait été capable de rater le rendez-vous juste pour passer une après-midi avec nous.
- Ce qui fait d'elle une amie plus que digne de ce nom, remarqua Sirius. Sans aucun doute. Mais il fallait bien que quelqu'un sorte ce pauvre James de l'embarras.
- Honnêtement, ça ne m'aurait pas dérangé s'il y était resté un peu plus, se moqua Sirius.
Peter rit un peu, mais pas trop fort. Mine de rien, ça faisait du bien de voir que James n'excellait pas en absolument tout. C'était rafraichissant, et surtout rassurant.
Les jours suivants, James passa plus de temps avec Lily, l'attendant à la sortie des classes, ne ratant jamais une occasion de lui glisser une plaisanterie, se mettant à côté d'elle dans la Grande Salle. Remus crut même un moment le voir effleurer sa main l'air de rien, mais peut-être n'était-ce que son imagination qui projetait un peu trop son histoire sur celle de son ami.
Enfin, après ce qui avait semblé une immense éternité à James, le jour tant attendu arriva. Le gryffondor mit une chemise repassée -élégant-, essaya de se coiffer -désastreux-, prit une grande inspiration -nécessaire.
- Prête pour le voyage, très chère ? lui demanda-t-il en inclinant la tête avec un sourire.
Elle répondit par un petit rire un peu gêné, mais lui tendit la main tout de même. James sentit son estomac faire un sursaut, et en retenant sa respiration, le coeur battant, il la glissa dans la sienne. Lily sourit et ils traversèrent la porte imposante de Poudlard ensemble.
Ils avancèrent pendant plusieurs minutes, qui semblèrent une éternité à James, à cause du silence beaucoup trop épais qui s'était installé entre eux. Leurs mains enlacées semblaient attirer toute leur attention et les empêcher de faire quoique ce soit d'autre. Ils sentaient tous les deux leur complicité habituelle se dissoudre dans une sorte de malaise appréhensif, et James détestait ça, et il se détestait de ne pas dire quelque chose qui détendrait l'atmosphère, et peut-être que -
- Donc, je me disais, on pourrait aller boire un verre aux Trois Balais, mais en même temps il risque d'y avoir plein de gens qu'on connait, après c'est pas forcément gênant, je veux dire, c'est comme tu veux, je ne sais pas, sinon on peut faire un tour à Honeydukes mais je me disais que -
- Hey, hey, hey. James.
- Oui ?
- Respire.
Le jeune homme s'arrêta et prit une grande goulée d'air frais, légèrement essoufflé.
- C'est une bonne idée, je pense. Respirer. Rappelle-le moi de temps en temps, si j'oublie, d'accord ?
- D'accord, dit-elle en riant, puis elle devint plus sérieuse. James... Tu n'as pas besoin de prendre ça tellement au sérieux, tu sais. Enfin, ce que je veux dire, c'est que tu n'es pas obligé d'angoisser pour que tout soit parfait.
James lui prit les deux mains, et les réchauffa entre les siennes. Il planta son regard dans celui de Lily.
- Mais je veux que tout soit parfait, Lily. C'est... Enfin, ça, maintenant, c'est important pour moi. Vraiment. Je veux le prendre au sérieux. Je veux te prendre au sérieux.
- Je sais, James. Pour moi aussi. Et j'apprécie beaucoup. Mais ne deviens pas une autre personne pour ça. C'est avec James que je veux passer la journée, et personne d'autre, d'accord ?
- Je... oui. Oui, d'accord, répondit le jeune homme, les joues rouges sans qu'on sache si c'était à cause du froid ou de Lily.
Il se passa la main dans les cheveux, sourit au ciel gris hivernal et reprit la main de la jeune fille.
- Tu veux que je te montre quelque chose ?
Une demi heure plus tard, James regardait Lily, un demi sourire aux lèvres.
- Mais ce n'est pas dangereux ? Je veux dire, il y a sûrement une bonne raison pour que ce soit fermé au public, non ?
- Aurais-tu peur, Lily Evans ?
La rousse se tourna vers lui, un sourcil levé.
- Je suis une Gryffondor, James Potter. Est-ce que j'ai l'air d'avoir peur ?
James partit dans un grand rire, parce qu'à ce moment précis, Lily avait l'air prête à renvoyer la Mort elle-même dans ses quartiers s'il le fallait.
- Très bien. Alors, allons-y.
Lily le suivit, la baguette levée pour faire face à toute éventualité. Même si elle avait confiance en James, elle préférait être préparée à se défendre elle-même.
- On ne peut pas passer par la porte, parce qu'elle est fermée par un sortilège que je n'ai jamais réussi à conjurer, malgré tous mes efforts, mais...
Il contourna le bâtiment et poussa une fenêtre de la main puis l'enjamba sans difficulté.
- Si vous voulez bien vous donner la peine, mademoiselle... dit-il en désignant l'intérieur. La Cabane Hurlante n'attend que vous.
Lily le rejoint en fronçant les sourcils.
- J'ai du mal à croire que la personne qui a si bien protégé la porte n'ait pas pensé aux fenêtres. Comment tu as fait pour réussir à entrer ?
- Oh, je ne vais pas te dévoiler tous mes secrets à la fois. Je suis un homme mystérieux, tu sais.
- Mais bien sûr, James, dit Lily en levant les yeux au ciel et en riant.
La jeune fille jeta un regard circulaire autour d'elle. La cabane était dans un état de délabrement avancé. Le sol de pierre était fendu en plusieurs endroits, et il y avait même des trous à certains endroits. Un bout de tissu dont on n'aurait su définir la couleur flottait tristement, par la fenêtre où ils étaient entrés, vestige d'un rideau. La pièce ne contenait aucun meuble et l'espace vide, sans vie, donna un frisson à Lily. Pas de peur, mais plutôt d'empathie. Pour ceux qui avaient un jour habité là, et dont le foyer avait été laissé dans un tel état.
- Il y a même un étage ! s'exclama James, ce qui fit presque sursauter Lily.
Le silence qui régnait dans la Cabane était presque total, si on omettait la plainte continue du vent qui jouait du violon avec les courants d'air. Mais évidemment, James n'était pas effrayé du silence. Le silence n'en était plus un quand on le remplissait de voix familières et de rires et d'exclamations. James venait colorer d'une touche de vie indélébile tout ce qu'il rencontrait. Et ça ne s'oubliait pas.
Lily prit sa main tendue, reconnaissante pour la chaleur relative que lui apportait ce contact, et ils montèrent les escaliers.
- Oh, fais attention à cette marche, elle est fragile.
- Ça fait combien de fois que tu viens ici ? On dirait que tu connais l'endroit par coeur.
James balaya la question d'un haussement d'épaules.
- J'ai une bonne mémoire des lieux.
L'étage n'était pas plus reluisant que le rez-de-chaussée. Le parquet s'était effondré en plusieurs endroits, et on se demandait si ce n'était pas le sol tout entier qui allait s'affaisser. Lily s'avança, faisant grincer vilainement les planches de bois usées. Un vieux lit à baldaquin se trouvait là, trônant comme un roi déchu dans son royaume condamné. Lily passa les doigts sur la couverture déchirée puis suivit avec sa main des traces de griffures profondes imprimées sur le mur à côté. De nouveau, elle eut un frisson.
- On dirait... que des choses terribles se sont passées, ici.
- Il y a sûrement une bonne raison pour que les gens disent que cette cabane est hantée, acquiesça James.
- Tu n'as pas eu peur des fantômes, la première fois que tu es venu ici ?
- Non. Pourquoi ? Les fantômes de Poudlard sont très gentils.
- Oui, mais les fantômes d'ici... Ils pourraient être moins bienveillants.
- Peut-être. Mais la plupart des gens malveillants sont des gens normaux à qui il est arrivé des choses terribles.
- Ça ne les rend pas moins malveillants.
- Non. Mais ça nous autorise à ressentir de la compassion pour eux.
- La méritent-ils tous vraiment ?
- Je ne sais pas. J'imagine que ceux qui ne la méritent pas sont ceux qui en ont le plus besoin. Je ne sais pas si c'est pour ça qu'il faut la leur donner. Je me pose plein de questions aussi, Lily.
- Est-ce que tu penses qu'on sera comme cette cabane, un jour ? Un souvenir en ruine, hanté par le passé ?
- Merlin, j'espère pas. J'espère qu'on vaut mieux que ça. Et j'espère qu'on nous accordera mieux que ça. Ou que sinon, on se battra pour avoir mieux que ça.
- Ça va être sombre, James. Ça l'est déjà. Qu'est-ce qu'on va devenir ?
- J'ai confiance. On saura trouver la lumière. Ou alors on sera la lumière.
Assis à une minuscule table dans un coin des Trois Balais, James et Lily se réchauffaient autour d'une Bièreaubeurre. C'était familier, chaleureux, et bienvenu après l'ambiance lugubre de la Cabane.
- Pourquoi est-ce que tu m'as emmené à la Cabane, James ? On ne peut pas exactement dire que ce soit le lieu le plus romantique de rendez-vous.
- Je voulais que ce soit quelque chose que tu n'aies jamais fait. Et puis j'aime bien l'idée qu'on partage un secret, toi et moi. Mais je n'aurais peut-être pas dû, maintenant que tu le dis, je...
- Non, non, vraiment pas. C'était... inattendu. C'est agréable d'être surprise. Même si parfois c'est un peu embêtant, j'aime que tu n'y réfléchisses pas à six fois quand tu as une idée.
- Vraiment ?
- Hum, hum.
- Tu ne trouves pas que ça fasse de moi un idiot ?
- Avant, peut-être. Ça fait de toi quelqu'un d'impulsif, c'est sûr. Mais aussi de confiant, en ce que l'instant a à apporter. Et quelqu'un qui ne rate pas les opportunités.
Il y eut un silence, intimidé pour James, doux pour Lily. Le Gryffondor leva sa main et la déposa sur la table, clairement hésitant à venir chercher celle de la jeune fille. Lily leva les yeux au ciel en souriant et emmêla ses doigts aux siens d'autorité. Puis elle leva un sourcil vers James, comme s'il n'avait pas fini.
- Peut-être aussi... reprit-il en contemplant leurs mains, un peu émerveillé. Que je voulais te montrer que même si tout laisse à penser que c'est une malédiction monstrueuse, parfois, quand on regarde derrière le rideau, c'est simplement de la malchance, de la douleur et des regrets.
Lily regarda dans les yeux de James. Elle n'eut pas besoin de lui demander de quoi il parlait. Il l'avait vu consulter les calendriers et regarder Remus avec appréhension à chaque fois qu'il revenait de l'infirmerie. Les griffures dans la Cabane, les hurlements que la population prétendait entendre. Et maintenant, le secret qu'ils partageaient... Ce n'était pas seulement celui de la Cabane hurlante, mais celui de leur ami commun.
- Je sais, James... Je sais. Merci, souffla-t-elle en lui caressant les doigts. Ça ne change rien. Ou ça me fait avoir un peu plus confiance en toi, peut-être.
James la regarda avec de grands yeux, et même s'il n'avait jamais été doué pour cacher ses émotions (il n'essayait d'ailleurs pas), à cet instant le flot d'amour qui coulait de son regard était tellement évident que c'en était presque douloureux. Lily fut un peu effrayée, mais elle était une Gryffondor, alors elle soutint vaillamment le regard de ce garçon qui ne faisait que réaliser un peu plus tous les jours qu'il aurait tout fait pour elle, parce qu'il l'aimait profondément, et qu'elle lui prouvait sans le vouloir qu'elle était plus que digne de son amour. James se demanda s'il en aurait assez, d'amour, pour aimer Lily aussi fort qu'elle le méritait et eut le coeur qui flancha légèrement à cette pensée, puis il se résigna à lui donner tout ce qu'il avait, jusqu'au bout, puisque de toute façon c'était la seule chose qui lui paraissait concevable.
***
Oui, James est un idiot. Mais ça ne dérange pas Lily.
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