Chapitre 10

James se retrouva face au château. Une fois de plus. La septième, et la dernière. Poudlard n'avait jamais perdu de sa magie, malgré les années passant. Le château était un immense terrain de jeu pour James, mais pas que. C'était aussi un foyer, dans lequel il se sentait à sa place. Il y était roi, mais aussi explorateur, élève, ami, frère, ennemi. Parfois, il avait un peu peur de l'après. Comme si en sortant de l'enceinte de Poudlard, tout changerait brusquement. Et que plus rien ne serait comme avant. Ce serait probablement le cas, d'ailleurs. Et James avait un peu peur de perdre cette bulle qu'il s'était créée années après années. Mais quand ces pensées lui venaient, il les repoussait bien vite, à la James Potter. De toute façon, il y avait au moins une chose dont il était sûre. Les maraudeurs resteraient toujours, toujours soudés. Ensemble. Et tant qu'il avait ça, James pouvait tout traverser. Alors il ne s'inquiétait pas trop. Car il était absolument certain de ne jamais les perdre.

En passant l'immense porte et en pénétrant dans le hall, il jeta un regard vers les maraudeurs. Ils avaient tous les trois l'air d'être perdus dans les souvenirs qui s'étaient accumulés dans leur mémoire, rentrée après rentrée. Remus avait l'air de boire tout ce qui passait dans sa vision, comme s'il n'aurait pas encore une année entière pour en profiter. James savait à quel point Poudlard était important pour lui. C'était le premier endroit où il avait été accepté tel qu'il était, même s'il devait cacher son « problème de fourrure », comme ils aimaient l'appeler. S'il y avait un bien une chose que James ne regretterait jamais, c'était d'être devenu un Animagus pour Remus. Il avait l'intime conviction que son ami méritait plus que ce qu'il ne pourrait jamais avoir, et devenir un cerf lui avait donné l'impression de faire quelque chose pour réparer cette injustice.

Se souvenant soudain de ce dont ils avaient discutés dans le train, il interpella ses amis :

- Hey, les gars, on a une mission, je vous rappelle ! On ferait mieux de ne pas trainer.

Ils acquiescèrent et commencèrent à se diriger discrètement vers un couloir adjacent. Malheureusement pour eux, Lily, qui les suivait de près, veillait au grain.

- On peut savoir où est-ce que vous allez comme ça ?

James se retourna pour répondre à la rousse, un sourire innocent plaqué sur le visage.

- T'inquiète, Lily, on sera de retour dans une minute.

- Ce n'est pas pour vous que je m'inquiète, Potter.

Elle avait lourdement insisté sur son nom de famille pour remettre de la distance entre eux. Bon sang, pensa James. Cette fille était impossible. Un pas en avant, trois pas en arrière. Qu'avait-il encore fait de mal ?

- Rien d'illégal, je te jure. De toute façon, Remus est préfet, et moi préfet-en-chef. On doit montrer l'exemple, pas vrai ?

- Ouais, c'est ça, je vais faire comme si je vous croyais.

- C'est parfait, fais comme si, et on sera revenu avant même que tu ne te sois rendue compte qu'on était partis !

- James, non-

Mais ils s'étaient déjà éclipsés, attendant cette fenêtre depuis le début. La jeune fille soupira. Puis elle se rendit compte qu'elle avait utilisé son prénom, et elle poussa un grognement. Avec un peu de chance, il ne l'aurait pas entendue. En levant les yeux au ciel, elle se plaça dans la file d'élèves qui avançait lentement vers la Grande Salle.

James, qui courait à travers les couloirs de Poudlard, avait bien entendu l'emploi de son prénom. Et cela le faisait indéniablement sourire.

- Allez, faut vraiment qu'on se dépêche si on veut que tout soit prêt à temps ! lança Sirius. Lily nous a mis en retard. Franchement, James, j'ai hâte que tu sortes avec elle, elle pourrait nous être tellement utile si elle ne passait pas son temps à essayer de nous stopper.

- À qui le dis-tu ! répondit son ami.

- Jamais elle ne marchera, répliqua Remus. Elle est bien trop intègre pour ça.

- C'est aussi ce que disait Peter de toi en première année, avant qu'on ne te convainque de nous aider grâce à notre immense pouvoir de séduction !

- Ce n'est pas la même cho-

- Bien sûr que si ! Tu verras, Moony. Tu verras.

Lily, attablée dans la Grande Salle, ne se doutait pas de la programmation de son enrôlement prochain chez les maraudeurs. Par contre, elle se faisait un sang d'encre.

- Où est James ? Et Remus ? Où sont les maraudeurs ? demanda Dorcas, définitivement la plus observatrice.

- C'est précisément la question que je me pose, répondit la rousse. Je les ai vu partir avant qu'on n'entre dans la Grande Salle, mais je n'ai aucune idée d'où ils sont allés.

- Si vous voulez mon avis, ça sent le mauvais coup à plein nez, renchérit Marlene.

- Sans blague, Mar. C'est bien pour ça que je m'inquiète.

- Mais arrête, Lils, ça ne sert à rien. Tu sais très bien que tu ne pourras pas les arrêter. Alors profite du spectacle ! J'ai hâte de savoir ce qu'ils ont préparé cette année.

- Eh bien pas moi ! Ils vont encore tout rendre chaotique.

Marlene leva les yeux au ciel.

- Mais Lily, tu n'as toujours pas compris ? Le chaos est leur façon de vivre.

En réalité, la jeune fille avait très bien compris, mais elle n'arrivait tout simplement pas à l'accepter. Elle se faisait un devoir de les empêcher de mener leur plan à bien, mais il fallait bien avouer que pour l'instant, ça ne portait pas vraiment ses fruits. Mais c'était plus fort qu'elle, elle continuait. En fait, elle détestait qu'ils, que James particulièrement, se prennent pour les rois de Poudlard, et fassent comme s'ils avaient tout les droits ici. Il y avait des règles à respecter, mince ! Pourquoi était-ce si difficile à comprendre pour eux ? Et pourquoi n'arrivait-elle pas à se sortir le sourire de James de la tête, pourquoi ? Parce que t'es amoureuse, idiote. Depuis le temps que je te le répète, se manifesta la voix sarcastique dans sa tête.

Elle secoua la tête, et essaya d'écouter la chanson du Choixpeau qui commençait. Même si c'était la dernière fois qu'elle en entendait une, Lily aurait été bien incapable d'en répéter un seul mot après l'avoir entendu. Les filles avaient retrouvé Mary, leur dernière compagne de chambre, avec qui elles étaient moins amies, mais s'entendaient tout de même bien. C'était une fille discrète, qui ne demandait pas grand-chose, à part un minimum de tranquillité.

La répartition commença, et toujours aucun signe des maraudeurs. La jambe de Lily tressautait nerveusement. Qu'avaient-ils fait ? Au fur et à mesure que le temps passait, elle devenait de plus en plus inquiète.

- Lily, calme-toi, bon sang !

- Je ne peux pas ! explosa la jeune fille. Je ne peux pas, parce que je ne contrôle pas ce qu'ils font, et que je déteste ça ! Je déteste être prise par surprise !

- Ça, on était au courant, ironisa gentiment Dorcas. Respire un peu, et essaye d'arrêter d'y penser. Ils seront bientôt là de toute façon, s'ils ne veulent pas rater le banquet.

Et en effet, lorsque Dumbledore se leva pour faire son habituel discours de bienvenue, Lily se retourna, et ils étaient là. Tous les quatre, rayonnants. Ce qui était logiquement impossible, puisqu'il y a un instant, ils n'y étaient pas. Arrête d'être logique, et sois plus magique, Lily. Tout est possible ici. Elle se rapprocha d'eux, et glissa à James :

- Qu'est-ce que vous avez encore fait ?

Ce fut Sirius qui lui répondit :

- Tu verras bien assez tôt. Et je ne pense pas prendre trop de risques en disant que ça va te plaire.

- Tu peux toujours rêver ! Non, mais franchement, vous croy-

- Chut, il a presque fini ! l'interrompit le jeune homme.

Le vieux directeur, dans sa robe couverte d'étoiles, avait en effet levé les mains vers les élèves, le sourire aux lèvres.

- Eh bien, il me semble que je n'ai plus qu'à vous souhaiter un bon appétit !

Et comme à chaque fois, les plats apparurent comme par magie sur les quatre tables des maisons. Par magie, en fait. Il y eut un moment de flottement, où chacun admira l'abondance de nourriture avant de s'y attaquer. Puis les élèves commencèrent à se servir, affamés après le long trajet à bord du train. Quand soudain, une exclamation retentit.

- Que la fête commence, murmura James un sourire presque maléfique sur le visage.

- Qu'est-ce que- commença Lily.

Mais ce n'était plus une exclamation qui retentissait mais de véritables cris de colère. Et ils venaient tous de la table des Serpentards. Une grande majorité des élèves se levèrent pour comprendre l'origine de cette perturbation. Les maraudeurs n'en faisaient évidemment pas partie. Un immense éclat de rire et de surprise parcourut la grande salle quand tout le monde comprit.

Tous les plats, sans aucune exception, sur la table des Serpentards, étaient jaune et rouge. Jaune et rouge. Les couleurs de Gryffondors. Il y avait des pâtes dorées, des bols de sauce tomate, des gratins recouverts de fromage, des viandes en sauce rouge, du poivron, de la semoule, des oeufs mimosa, du poulet au curry, des tomates fraiches, du jus de cranberry, des tartes au citron, des pommes rouge, bref, tout ce qu'on pouvait trouver de mangeable rouge ou jaune. Et au milieu trônait la pièce maitresse du tableau, un énorme gâteau recouvert de pâte d'amande rouge, avec écrit au glaçage jaune « Une petite attention de la part de vos meilleurs amis ».

Les élèves des trois autres maisons applaudissaient et riaient, admiratifs de la créativité des blagueurs, tandis que les serpents fulminaient. Dolohov, qui s'était comme par hasard retrouvé pile en face du gâteau, se leva et cria :

- C'est une insulte !

Ce fut à ce moment-là que les quatre se levèrent enfin, provoquant une véritable hola parmi la foule d'élèves. Si quelqu'un avait pris le temps de jeter un regard vers la table des professeurs, il aurait vu que McGonagall était tellement rouge qu'elle aurait pu être parmi les plats des Serpentards et que Dumbledore riait sous cape. Il aurait aussi pu voir Regulus, s'il avait regardé attentivement la table des serpents. Il ne criait pas, mais ne riait pas non plus. Silencieux, il observait simplement les évènements se dérouler avec une attention neutre. De loin, il était impossible de remarquer la minuscule étincelle d'envie et de tristesse qui brillait dans ses yeux. Si bien cachée sous une des couches de hauteur et de mépris qu'elle en devenait presque invisible. Presque. Si quelqu'un avait aussi tourné la tête un peu à droite, il aurait pu voir Lily, qui semblait scandalisée, mais aussi se retenir de toutes ses forces pour ne pas rire et acclamer avec les autres. Mais toute l'attention générale était accaparée par les maraudeurs. Évidemment. Ils montèrent sur la table des Gryffondors tous les quatre, attendirent que le vacarme se calme un peu. Puis Sirius prit enfin la parole.

- Ce que vous venez de voir, ce n'est pas une insulte. Pas du tout. C'est un simple... cadeau de bienvenue.

La foule fut secouée d'un éclat de rire.

- Une manière de commencer l'année sur de bonnes bases, si vous voyez ce que je veux dire.

Il prononça ces mots en regardant Dolohov dans les yeux, qui rougit de colère et d'humiliation, ce qui n'eut pour effet que de renforcer l'hilarité.

- Et maintenant, on va simplement vous rappelez quelque chose, au cas où vous nous auriez oublié pendant les vacances, reprit James. Remus, je t'en prie.

Ce dernier leva les yeux au ciel, mais leva tout de même sa baguette vers le plafond magique et lança un sort. Et tout à coup, les centaines de bougies qui éclairaient la Grande Salle se réagencèrent pour former un message.

Et ce fut là, sous les acclamations de la foule d'élèves qui riaient et les admiraient, les cris de quelques Serpentards, le regard complètement débordé des professeurs, en levant les bras en signe de victoire, que Sirius repensa aux mots de James : « Notre dernière arrivée sera triomphante ou ne sera pas ». Eh bien, il ne devait pas être déçu.

Au-dessus de leurs têtes, les bougies ensorcelées par Remus formaient simplement deux mots.

« We're back »

***

NDA : Je crois que je suis amoureuse de ces dramas qui ont trop besoin d'attention. Aidez-moi svp

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