- Salut.

Qu'est-ce qu'elle fait là ? Et pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi maintenant ?

Pourquoi le sort s'acharne sur moi ?

<< Ça va ? >>

Elle a l'air si calme...Peut-être qu'elle n'a rien vu ?

- Ouais, ça va. Et toi ?

<< Bien. C'est sympa de te croiser. >>

Je hoche la tête. 

<< Au fait...Il s'est passé quelque chose ? >>

J'ai rien dit, elle a tout vu. Comment je fais ? Je fais quoi, bordel ?!

- Je vois pas de quoi tu parles, lâchais-je d'un ton neutre.

<< Vraiment ? >>

Elle marqua une pause et se tourna vers moi, une pointe de crainte dans le regard.

<< Ryuki...C'est celui avec qui tu t'es battu, non ? >>

J'agrippe plus fortement la bretelle de mon sac, et me détourne.

- J'ai pas envie d'en parler.

Elle hoche la tête, mais j'ai l'impression qu'elle est déçue.

<< D'accord, je comprends. Mais tu- >>

<< Aïe ! Doucement, je vous ai dit ! >>

Oh non.

Ryuki grimaça tandis qu'une infirmière du lycée passait un désinfectant sur ses brûlures. Et bien évidemment, monsieur se permet de faire profiter les autres de ses cris de douleur.

<< Mais moins fort, vous voulez m'arracher la peau ou quoi ? >>

<< Il faut que le produit pénètre en profondeur, sinon ça risque de s'infecter. Maintenant, tenez-vous tranquille ou je me verrais dans l'obligation de vous sédater. >>

Je vois ses yeux dévier vers la source du bruit, je les vois s'écarquiller. Je ne peux plus prétendre qu'il ne s'est rien passé, maintenant.

Je tourne la tête vers Akane. Elle n'a rien à faire là, les gens risquent de se poser des questions si ils la voient avec moi après ce qui vient de se passer.

- Viens, tu dois pas rester là.

Je l'attrape par le poignet et l'entraîne un peu plus loin dans la rue, à l'abri des regards.

Je la relâche et vérifie que personne ne nous a suivit. Ça a l'air clean.

<< Tora, je- >>

- Non, la coupais-je. Rentre chez toi.

J'ai vu la peur dans ses yeux quand elle a réalisé que c'était moi qui avait blessé l'autre con. Elle était effrayé par moi et je déteste ça.

<< Quoi ? Attends, mais pourquoi ? >>

Ne fais pas mine de ne pas comprendre. Je sais ce que tu penses de moi, maintenant. J'ai eu tort.

- T'aurais pas dû voir ça, ok ? 

Je pensais que tu étais différente.

<< Qu'est-ce que- >>

Je t'ai accordé une partie de ma confiance.

- BORDEL, RENTRE CHEZ TOI ! TU COMPRENDS ?! T'AURAIS PAS DÛ ÊTRE LÀ ET VOIR ÇA ! JE SAIS CE QUE TU PENSES, T'AS PEUR DE MOI MAINTENANT ET TOUT ÇA À CAUSE DE CET ABRUTI ! ALORS, VA T'EN, OK ?!

Et tu l'as piétiné sans aucune pitié.

Tout mon corps tremble sous l'effet de la colère et du stress. J'aurais pas dû m'énerver comme ça...Et si je la blesse ? Et si je perds de nouveau le contrôle aussi près d'elle ? 

- Je t'en prie, va-t'en, murmurais-je en me détournant.

Je ferme les yeux et m'assieds par terre, la tête entre les jambes en refoulant un début de nausée. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi j'ai explosé comme ça ?

- Pars..., marmonnais-je en voyant qu'elle est toujours planté devant moi. Je vais bien.

Elle hésita encore un instant puis recula et s'en alla en me jetant un bref regard inquiet. 

Je n'ai pas besoin d'elle. Et elle n'a pas besoin de quelqu'un comme moi. Je suis dangereux. Ça vaut mieux pour nous deux.

Je déteste cette phrase.

~~~

Qu'est-ce qui s'est passé ? Son visage à l'instant, il était transformé. Je n'avais jamais vu personne avec une haine si profonde. Et ce qu'il m'a dit...

<< JE SAIS CE QUE TU PENSES, T'AS PEUR DE MOI MAINTENANT ET TOUT ÇA À CAUSE DE CET ABRUTI ! >>

Pourquoi ? Je ne comprends pas...qu'est-ce qui lui a fait penser ça ?

Je pousse la porte de la maison et me déchausse, des questions plein la tête. Je pose mes chaussures à côté de celles de ma mère et fronce les sourcils. Pourquoi il y a deux paires ?

- M'man, t'as invité quelqu'un ? lançais-je.

<< Je suis devenu " quelqu'un " maintenant ? Je me sens profondément vexé. >>

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et je lève les yeux vers l'entrée de la cuisine. Un homme est appuyé contre l'encadrement de la porte, un large sourire sur les lèvres. Pour être tout à fait précise, il s'agit de...

- Kaen ! 

<< Salut, crevette, sourit-il en s'avançant vers moi. >>

Je comble la distance qui nous sépare en quelques pas et me jette dans ses bras. Il m'enserre doucement.

<< Tu m'as manqué aussi. >>

- Espèce...d'idiot, parvins-je à articuler en m'efforçant de retenir mes larmes.

<< Attends, tu pleures ? >>

Il attrapa mes épaules et m'éloigna un peu de lui.

<< Ah oui, tu chiales, constata-t-il. >>

- Pas étonnant, tu sais depuis quand on ne s'est pas vu ? T'aurais pu donner des nouvelles !

<< On dirait maman. >>

<< Je t'entends, espèce de fils indigne ! >>

Il leva les yeux au ciel en étouffant du mieux possible son rictus.

<< Je m'excuse platement. La prochaine fois, je vous bombarderai de textos, histoire que vous sachiez que je suis toujours en vie. >>

<< Mouais. Peut-être que j'envisagerai de te reparler dans une dizaine d'années. >>

L'étudiant prit une expression offensée et enleva sa casquette pour recoiffer ses mèches écarlates d'un geste nonchalant.

( Admirez-moi ce BEAU GOSSE MAMA. On dit merci à @AoiNaraa x) ).

- Tu t'es laissé pousser les cheveux, fis-je remarquer en entrant dans la cuisine pour saluer ma mère. Ça te vas bien.

<< Meh, c'est mon fils, normal qu'il soit beau. >>

<< Mamaan, râla-t-il en s'asseyant à la table. >>

<< Quoi, c'est la vérité ! C'est beaucoup mieux que quand tu avais les cheveux courts. >>

<< C'est Tami qui aimait bien. >>

- "Aimait" ? relevais-je en haussant les sourcils.

<< Enchanté, Kaen Seishin, 20 ans, célibataire depuis bientôt huit mois. >>

- Qui êtes-vous, et qu'avez-vous fait de mon frère ?

<< C'est pas si étonnant...>>

- Si.

<< Si. >>

- Comment ça s'est finit, au fait ?

Le visage de Kaen se ferma soudainement, assombrissant ses yeux.

<< Disons qu'on a tous les deux choisi un...chemin différent, souffle-t-il après quelques secondes de silence. >>

Je n'ose plus parler. Je sens bien qu'il s'est passé autre chose que juste une divergence d'opinions, mais vu la mine défaite qu'il affiche, il vaut mieux ne pas poser de questions.

<< Tant mieux, je ne l'aimais pas trop, celle-là. Elle était trop "parfaite". >>

Je lève des yeux stupéfaits vers ma mère tandis qu'elle sourit en voyant l'air surpris de Kaen.

<< C'est vrai, mon bébé mérite mieux ! >>

<< MAMAN, ARRÊTE, J'AI 20 ANS ! >>

<< ET ALORS, JE FAIS ENCORE CE QUE JE VEUX, C'EST MOI QUI T'AI MIT AU MONDE SALE GOSSE !! >>

Je ris devant leur querelle. Je me demande parfois de qui je tiens dans cette famille. Entre ma mère qui s'enflamme dès qu'on touche à ses enfants et Kaen qui est la personne la plus extravertie que je connaisse, je ne me reconnais pas vraiment...

J'en viens à douter parfois d'être vraiment une Seishin...

<< En tout cas si y'a bien un truc qui a pas changé, c'est ta manière de te perdre dans tes pensées toutes les deux secondes. Wouhou, la terre appelle Akane, tu me reçois ? >>

Je sursaute et reprends mes esprits devant le regard moqueur du rouge.

<< Eeet elle est de retour parmi nous ! plaisanta-t-il en me collant une pichenette sur le front. >> 

- Arrête, grommelais-je en repoussant sa main. 

<< Oooh, elle sort les griffes, sourit-il en m'ébouriffant les cheveux. >>

Rien que le mot "griffes" me ramène à Tora. Il semblait si différent tout à l'heure. On aurait presque dit qu'il avait peur...Peur de lui-même.

Je ne comprends pourquoi. Je veux dire, j'ai vu ce garçon geindre comme si il lui avait arraché le bras, mais il avait un regard profondément mauvais. Je suis quasiment sûre qu'il voulait lui attirer des ennuis.

Je déteste les gens qui se cachent derrière les autres au lieu d'affronter les problèmes qu'ils ont créés, et j'ai le sentiment qu'il faisait parti de cette catégorie.

Je n'avais pas peur de Tora, j'avais peur de-

<< Et toi, chérie, les cours se sont bien passés ? demanda ma mère, coupant court à mes réflexions. >>

- Hum ? Ah, oui, ça va, on a fait de la pratique aujourd'hui, c'était intéressant. 

<< Vous avez toujours la juridiction Héroïque au programme ? >>

J'hoche la tête, et Kaen pousse un long soupir.

<< Si c'est aussi chiant que les cours d'apprentissage des articles de loi, je sais pas comment tu fais pour pas pioncer...>>

<< Langage, jeune homme ! >>

<< Pardon...Si c'est aussi peu captivant que mes forts agréables cours de blabla judiciaires, je ne comprends point comme ton auguste faciès fait pour ne pas s'effondrer sur ta table d'ennui. Est-ce plus à votre goût, mère ?>>

Elle secoue la tête l'air exaspéré, mais je vois bien qu'elle sourit. Il la fait rire depuis toujours. Même après la mort de papa, il réussissait à lui arracher quelques sourires tremblants. Je ne dis pas que mon frère est exceptionnel pour rien. C'est la vérité.

Il est la personne la plus solaire du monde. Le monde brille quand il rit, le monde devient sombre lorsqu'il pleure.

Oui, c'est vrai, Kaen Seishin illumine la vie de tous les gens qu'il croise, peut-être à cause de son alter, ou bien juste parce que c'est quelqu'un de fondamentalement pur.

Enfin, la plupart du temps...

<< On va passer aux choses sérieuses...T'as un mec ? >>

C'est bien ce que je disais.

- Quoi ? Non !

<< PARDON ?? Je suis pas revenu depuis 8 mois, Akane, et tu vas me dire qu'il s'est rien passé dans ta vie amoureuse ?! >>

<< Je vais préparer le dîner, moi... >>

Merci de respecter mon intimité, maman.

<< Mais je veux tout savoir ensuite ! lança-t-elle avant de s'éclipser. >>

Achevez-moi.

<< Alooors...COMMENT ÇA MA PETITE SŒUR EST TOUJOURS CÉLIBATAIRE, ÇA VA PAS DU TOUT ! ILS ONT QUOI À LA PLACE DES YEUX, LES MECS DE YUEI ?? >>

- Qui t'as dit que c'était eux qui ne voulaient pas de moi ? 

<< T'as reçu combien de demandes depuis le début de l'année ? >>

- L'année vient à peine de commencer !

<< Ça fait trois mois ! Tu va me dire que Saki t'as laissé tranquille pendant autant de temps ? >>

- Tu marques un point, reconnus-je. 

<< Donc j'ai raison ! Qui, quand, où, comment et surtout QUI ? >>

Je le regarde de travers.

- J'ai pas dit qu'il y avait quelqu'un.

<< Tu l'as sous-entendu ! Ose me dire que j'ai tort, ajouta-t-il devant mon mutisme. >>

- ... Tu as à moitié raison.

<< Quoi ?? Sérieux ? Je veux tout savoir ! >>

Je souris malgré moi. Il est adorable, on dirait un enfant de cinq ans.

- Ok. Il s'appelle Tora, il a 17 ans...

<< Tora comment ? me coupa-t-il. >>

Je grimace. Kaen n'est pas du style à juger les gens, encore moins les vilains comme Dabi, il n'empêche, j'ai un peu peur que la fac de droit et les deux ans passés à côtoyer des gens qui ont tous une vision étriquée de la justice ai émoussé ses opinions...

- Todoroki-Nekomura Tora.

<< Le petit frère de Touya ?! Mais c'est qu'elle a bon goût la frangine ! >>

- Moins fort...Tu le connais ?

<< Mmh ? Bah oui, papa l'adorait, il disait tout le temps que lui et Tora deviendraient le futur de notre société. Je crois bien qu'il est déjà venu une fois avec ses parents, mais il était tout petit, il avait quoi, quatre ans ? Moi j'avais joué avec Touya, et vous deux, vous vous étiez regardé sans oser vous approcher. Maman aimait beaucoup sa mère, Riku, je crois. >>

- Je savais pas...

<< C'est normal, après la mort de papa, maman a plus ou moins coupé les ponts avec eux, sans même s'en rendre compte...Elle était trop mal pour voir qui que ce soit. >>

J'ai quelques souvenirs de cette période, où maman pleurait sans cesse. Je sais qu'elle faisait de son mieux pour prendre soin de nous, mais à l'époque, c'était surtout Kaen qui s'occupait de moi.

<< Écoute, maman est triste à cause de la mort de papa, mais n'en parle pas à l'école, d'accord ? On te poserai trop de questions. Si on te demande pourquoi c'est moi qui t'amène, tu dis que maman est malade. Ok, Akane ? Ça va aller. Tout ira bien. >>

Je déteste me rappeler de ces quelques mois. Voir ma mère pleurer sans cesse, c'était un enfer pur et simple, et j'ai conscience de tout ce que je dois à Kaen.

<< Vous recevez bien les virements ? Elle s'en sort ? >>

- Ça va, mais tu sais ce qu'elle en pense...

<< Oui, « tu devrais profiter de ta jeunesse » et bla-bla-bla, mais tu sais ce que j'en pense, moi. Elle doit payer les factures, la bouffe et mes études, alors j'estime que je dois la rembourser au moins un peu pour tout ce qu'elle a fait pour nous. C'est normal, non ? >>

Oui.

Kaen Seishin est un vrai rayon de soleil.

À suivre...

~~~

Kaen supremacy, je veux rien entendre.

Vous avez même pas découvert 10% du personnage, mais je l'aime.

Il est ( presque ) parfait.

J'ai aussi modifié le chapitre de présentation.

Akane a finalement perdu son père à 7 ans parce que ça collait pas à l'histoire sinon. Elle aura aussi ma date de naissance maintenant.

Et il y aura les dessins magnifiques de Saki et Kaen.

Voilà, bisous et bonne soirée !