4| Sang écarlate
J-34 avant Noël.
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Je remonte ma capuche en m'assurant qu'elle cache bien l'entièreté de mes traits et me faufile parmi les groupes de lycéens en essayant d'atteindre la sortie sans me casser la gueule par terre.
Maman va me tuer si je rentre tard, songeais-je en repensant à la scène de mardi.
J'avoue, rentrer à minuit chez moi un soir de semaine sans prévenir personne, c'est peut-être pas la meilleure idée du siècle. Mais je ne regrette qu'à moitié.
C'était vraiment une super soirée, même si recroiser la fille de l'autre fois c'était...inattendu. Elle avait l'air surprise que je me souvienne d'elle, mais je ne trouve pas ça si étonnant. Des yeux pareils, ça ne s'oublie pas comme ça.
Ouais, on aurait dit qu'elle avait de l'ambre dans les iris.
Je slalome entre les élèves en voyant le portail se rapprocher. Plus que cent mètres. Cinquante, vingt, dix...
Je sens soudain une main retenir mon col, et ma capuche s'abaisse pour laisser mon visage exposé à tous les regards.
Et merde...
Je me retourne pour découvrir l'air profondément satisfait d'un des crétins de ma classe.
- Qu'est-ce que t'as encore, Ryuki ?
<< Moi ? Rien, voyons. Par contre, on se demandait...Il a tué combien de personnes ton géniteur ? Nan, parce que tu comprends, on a parié 3000 yen là-dessus. Perso, j'ai dit 150, mais y'a mon pote qui a dit qu'il était plus proche des 200. >>
Je laisse échapper un profond soupir, et me détourne. J'ai l'habitude à force, je ne vois même plus l'intérêt de répliquer. Ryuki est du type fils à papa élevé dans la soie et l'opulence, et bien évidement on lui a appris que si t'approche de Crématorium ou de ses gosses tu deviens un dangereux criminel.
Monsieur se croit plus fort que tout le monde, et depuis qu'il est arrivé au lycée, il prend un malin plaisir à essayer de me provoquer. Comme un touriste qui essaye de jouer avec un tigre, et qui finit par y perdre un bras...
Le truc, c'est que ses petites phrases à deux balles, je les ait entendu tellement de fois que ça ne m'atteints plus. Presque plus.
<< Oh, allez Todoroki, on plaisante ! s'écria l'autre idiot derrière moi. Vraiment aucun humour lui... >>
Il me barra la route avec un sourire provocateur.
<< Bah alors, tu t'en va déjà ? On a à peine commencé à s'amuser... >>
- Lâche-moi, t'es lourd. J'ai autre chose à faire.
<< Quoi, monsieur a un rencard ? Tu vas pas me faire croire qu'une fille veut de toi avec ta tête ? Ou peut-être qu'elle aime les bads boys style vilain qui se la joue, qui sait ? >>
- Rien à voir, je veux juste rentrer chez moi.
<< Ah ouais, dans le taudis où tu dois vivre ? Tu dors mal la nuit, non ? >>
Je hausse les sourcils.
- De quoi tu parles ?
Un rictus narquois s'étale sur son visage, et il recule d'un pas, les bras croisés.
<< À toi de me le dire, c'est pas moi qui me suis réveillé en plein milieu du cours pour appeler ma mère. >>
Devant ma froideur apparente, il éclata d'un rire moqueur.
<< Alors, t'as quatre ans ou quoi ? On aurait dit un gosse qui a fait un cauchemar. Maman ! Je voulais pas, pardon, maman ! imita-t-il. >>
Je prends une profonde inspiration. Pense à la neige qui tombe. Tout est blanc autour de toi, et il n'y a personne.
<< Il se passait quoi dans ton rêve, Tora ? >>
- La ferme.
Il me lance un regard étonné, puis s'approche jusqu'à ne plus être séparé de moi que par un mètre à peine.
<< Mais c'est qu'il est énervé le chatounet. T'ose pas admettre que tu fais des mauvais rêves, hein ? >>
- Si tu faisais les mêmes cauchemars que moi, je t'assure que tu serais pas là à l'heure qu'il est. Tu serais planqué sous les jupes de ta mère en pleurant.
Je lève les yeux, et les plantes dans les siens. Mais il a décidé de jouer jusqu'au bout aujourd'hui. Jusqu'à ce que son jouet se brise.
<< Mais toi tu peux pas. Ni même demander de l'aide quand ça va pas, j'ai raison ? >>
- Il y a une différence entre vouloir et pouvoir. C'est vrai, c'est pas mon genre d'aller chialer dans les bras de qui que ce soit à la moindre petite contrariété. J'en vois pas l'intérêt, c'est tout.
<< Tu te la joues gros dur ? 'Faut vraiment que je balance tout alors... >>
Il s'éclaircit la gorge et haussa la voix.
<< Ton père est l'un des plus grands vilains de l'époque. Il a massacré des innocents sans aucun remord, il a lutté contre des Héros qui voulaient simplement la paix. Il a rejoint l'Alliance, c'était l'un des sous-fifres préférés d'All For One et de Tomura Shigaraki. Et on veut que nous, simples citoyens sans défenses, on accepte parmi nous ses enfants, et plus précisément son taré de fils, avec le même alter qui a buté des gens ! Vous trouvez ça normal, vous ? Pas moi en tout cas. >>
- C'est marrant de voir des gens parler sans avoir la moindre idée de ce qu'ils racontent.
Il interrompt sa tirade et me fixe d'un air mauvais. Le pauvre, il a pas l'habitude que quelqu'un lui dise de se taire.
- Premièrement, mon père avait ses raisons de devenir un vilain et tu n'as aucunement le droit de les juger. Deuxièmement, moi j'ai gagné ma place ici, en passant un examen, je ne suis pas arrivé les mains dans les poches grâce à quelques billets et une position influente.
Il encaisse le sous-entendu à peine dissimulé sans rien laisser paraître, les mains dans les poches.
<< Moi, y'a surtout une question que je me pose. Il paye combien ton père, pour pouvoir se taper ta mère ? Sûrement plus que juste quelques billets, nan ? >>
Je me fige. La neige Tora, la neige...
<< Non parce que je l'ai vue une fois, elle est vachement jeune. 'Paraît que t'as plein de frères et sœurs en plus. Je veux bien son numéro moi, elle a l'air de bien s'y prendre si ton paternel en redemande si souvent... >>
Mon champ de vision s'obscurcit, j'entends le sang battre à mes tympans.
- Répète ?
Un ricanement s'échappe de ses lèvres tordues en un sourire grossier.
<< T'es sourd, Todoroki ? J'ai dit que je me ferais bien ta mè- >>
Mon poing s'écrase contre sa bouche, coupant sa phrase au vol. Il trébuche et tombe par terre, puis se relève en tâtant sa mâchoire du bout des doigts.
<< Non mais ça va pas, t'es malade ou quoi ?! s'écria-t-il >>
- Bats-toi.
<< Quoi ? >>
Je me débarrasse de mon sac et fais craquer mes jointures.
- Viens te battre sinon je te massacre. C'est pas compliqué à comprendre, si ?
Il s'approche d'un pas en gardant une certaine distance entre nous.
<< T'es un peu trop confiant à mon goût... >>
J'esquive sans mal son coup, et fauche ses jambes avant de me redresser pour le regarder s'écrouler au sol.
- Moi, j'ai des raisons de l'être.
<< Tu veux la jouer comme ça ? crache-t-il en se redressant. >>
- Oh, mais je joue pas. C'est loin d'être un jeu, Ryuki.
Je lève les yeux, et le vois déglutir. L'avantage d'avoir hérité des yeux de mon père, c'est que tu peux lancer les mêmes regards de psychopathe.
- Je répète : bats-toi, articulais-je d'une voix froide.
<< Je vois pas pourquoi je te donnerai ce que tu veux. >>
Dis plutôt que t'as la trouille, tu trembles comme un gosse.
- Simple, sois tu crève sans t'être battu, sois tu meurs avec le peu d'honneur qu'il te reste. T'as vu, je suis sympa, je te laisse le choix.
J'enflamme ma main, laissant les flammes illuminer mon visage histoire de rendre la menace un peu plus convaincante, même si je suis pas sûr qu'il y en ai vraiment besoin, vu sa tête.
Il finit quand même par faire quelques pas en avant, et s'arrête juste devant moi.
<< Si tu y tiens, mais vient pas chialer quand je t'aurais défoncé... >>
Je lui balance un coup de pied qu'il pare avec difficulté, puis frappe une nouvelle fois sa joue quasi au même endroit. Je le vois grimacer et un sourire malsain s'étale sur mon visage. Je profite de sa confusion pour le bousculer d'un coup d'épaule, qui le déséquilibre. J'attrape son poignet avec ma main encore brûlante et un cri de douleur sors de sa bouche. Il se tort dans tous les sens pour me faire lâcher prise, mais je tiens bon. Fallait s'entraîner au lieu d'attendre que tout tombe du ciel.
Le monde est dangereux, t'étais pas au courant ?
- Je t'interdis de parler de ma mère comme ça, pigé connard ?! hurlais-je en tordant son bras entre mes doigts.
Je le plaque contre le mur par la gorge, et pose mon autre main juste à côté de son oreille. Je l'enflamme et l'approche encore un peu plus de sa tête, tandis qu'il essaye d'éviter le feu.
- Maintenant, t'écoutes, parce que je le répèterais pas deux fois. Tu peux m'insulter, me parler mal, j'en ai rien à foutre, j'ai l'habitude. Mais si tu reparles une seule fois de ma famille comme ça, je te jure que je viendrais personnellement chez toi pour t'achever avec lenteur, histoire que tu souffre un max.
J'accentue la pression sur son cou.
- Compris ?
Il hoche frénétiquement la tête, et je le relâche enfin, puis récupère mon sac, et me barre au milieu des regards choqués.
Je passe la grille, et pousse un soupir. J'espère qu'il ne caftera pas, sinon je suis bon pour une autre engueulade. Ça devrait aller vu la trouille que je lui ai foutu, mais bon, on sait jamais.
<< Tora ? >>
Je tourne la tête vers la voix.
Oh non.
À suivre...
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J'ai eu mal pour Riku en écrivant.
Pardon ma belle, c'était pour le chapitre 😭
Mais sinon...
Ryuki est officiellement en lice pour le concours du personnage le plus détestable.
A part ça, ça va vous ?
C'était cool, Halloween ?
Bref, bisous et bonne soirée !
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