So we couldn't survive
Bad times can win
While good things can die

Hero - David Kushner

J-6 avant Noël.

PDV Akane 

J'ai la main de papa dans la mienne, grande et douce, qui tient délicatement mes petits doigts serrés. Il fait froid aujourd'hui. C'est normal, c'est Noël.

Pourquoi mes doigts sont si petits ?

On doit aller acheter les dernières décorations pour le sapin, ce soir, et demain le père Noël passera. Kaen m'a dit qu'il fallait que je dorme tôt pour qu'il ait plus de temps pour passer, alors j'ai hâte d'aller me coucher.

Pourquoi mes pieds s'enfoncent si peu dans la neige ?

Papa baisse les yeux vers moi, un sourire doux sur les lèvres et je souris aussi.

<< Tu voudras mettre l'étoile sur le sommet du sapin, ma puce ? demande-t-il. >>

- Oui ! 

Pourquoi ma voix est si aiguë ?

<< Alors, je te porterai sur mes épaules, d'accord ? >>

Je hoche la tête et me concentre sur mes pas pour éviter de trébucher sur le trottoir rendu glissant par le verglas.

<< Et qu'est-ce que tu dirais de-- >>

J'entends un bruit étouffé et je lève la tête vers papa, mais il n'est plus là. Il est devant moi, comme pour me protéger. Me protéger de quoi ?

Il y a quelqu'un devant nous, avec un masque qui fait peur, violet avec un bec pointu et des gants sur les mains. Il se gratte frénétiquement la peau, ça fait des marques rouges sur ses bras nus. Ça a l'air de faire mal...Pourquoi il fait ça ?

<< Une enfant, une fille ! Le grand héros a une fille, t'entends ça, mec ? Ouais, t'entends, hein, TU M'ENTENDS, PAS VRAI ?? rit-il en ouvrant d'un coup ses yeux. >>

Je me cache un peu plus derrière papa en l'entendant parler.

<< J'ignore qui vous êtes, mais je refuse de me battre en présence d'autant de gens. Soit vous me laissez évacuer les civils, soit j'appelle la police. >>

<< Parce que tu crois que t'as le choix ? Il pense qu'il peut CHOISIR ! Tu crois qu'on m'a laissé le choix, à moi, Kazuko Seishin ? TU CROIS QUE J'AI CHOISI D'ÊTRE LÀ ?! Oh mais il ne peut pas savoir, non, il ne peut pas, il ne peut PAS !! hurle-t-il en grattant toujours ses bras. >>

<< Qu'est-ce que vous voulez ? demande papa avec calme. >>

Je regarde sa main, juste devant mon nez. Elle tremble un peu, c'est parce qu'il fait froid, c'est ce que maman m'a dit l'autre jour.

<< Ce que je veux ? Voir ton putain de visage heureux se décomposer devant mes yeux parce que t'as tout perdu, comme moi. T'as une femme et des enfants, il paraît ? Ça te ferait quoi si tu les regardais mourir devant tes yeux, dis-moi ? T'aimerais pas ça, hein ? Nan, je crois qu'il aimerait pas ça, PAS DU TOUT MÊME ! >>

Il parle de nous tuer, nous ? Maman, Kaen et moi ? Mais pourquoi ? Il y a des gens aussi méchants dans le monde ? On a rien fait...

- C'est pas notre faute, monsieur, dis-je en passant la tête sous le bras de mon père. Papa a rien fait, c'est lui qui protège les gens, vous devez vous tromper...

Il penche la tête vers moi et je vois ses yeux se plisser, comme s'il souriait. Il est peut-être pas si méchant, finalement. Peut-être qu'il a cru que papa était une autre personne.

<< Est-ce que tu connais l'odeur du sang, petite ? me questionne-t-il d'une voix mielleuse. La sensation d'une nuque qui se brise entre tes mains ? Alors ? Non, pas vrai ? Ça, c'est parce que ton cher papa est un lâche et que tu es une privilégiée doublée d'une égoïste qui se permet d'intervenir pendant que les adultes discutent. Maintenant, tu te la FERMES, ou c'est ton joli cou qui va craquer. >>

Le bras de papa repasse devant moi, mais sa main ne tremble plus, elle est fermée en un poing.

<< Ne mêle pas une enfant à ça ou tu risques de le regretter. Je crois savoir pourquoi tu es là, Tetsuya Chisaki. Je n'ai jamais été des vôtres et tu le sais. >>

Le masque de corbeau se soulève un peu et je vois qu'il sourit vraiment, cette fois, d'un sourire qui fait peur. Je veux partir...

<< T'as pas oublié mon nom, finalement. Mais, c'est dommage, parce que toi et moi...je crois qu'on a pas la même version de l'histoire. Et, malheureusement pour toi, la mienne est ma préférée. >>

Sans que je comprenne ce qui se passe, papa me pousse brusquement en arrière et j'atterris sur le dos. Je me redresse aussi vite que possible et je vois le vilain foncer sur papa. Je ne veux pas qu'il le touche. Je sens que ce qui risque d'arriver est à la hauteur de ce qu'il a promis.

Maman a dit...elle a dit que mon alter devait servir à faire le bien, non ? Que je serai une super héroïne, un jour, si je m'en servais bien. Et là, papa a besoin d'aide, et les gens aussi, alors...

Je concentre mon regard sur celui que je veux arrêter, comme on m'a apprit, et je ne cligne pas des yeux.

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<< AKANE, NON ! >>

Instinctivement, je regarde papa. Il a l'air d'avoir peur, pourquoi ? Je veux juste l'aider...

Stop.

Sauf que ce n'est pas le méchant qui s'arrête. 

Je cligne des yeux, mais c'est trop tard. Le sang explose sur mon visage, repeignant tout en rouge.

« Tu connais l'odeur du sang, petite ? »

J'aurais préféré ne jamais avoir à le faire.

Au milieu des tâches écarlates, il y a mon père, et sa main bouge d'un coup, alors tout va mieux. Il va bien.

Je cours sur les pavés glissants et m'agenouille près de lui, sa main dans les miennes, cette fois. Tout va bien, il va arrêter le vilain et me gronder parce que je suis intervenue dans son travail, puis on rentrera à la maison, on mangera les sablés de Noël de maman et je raconterai tout à Kaen, pour qu'il sache que je suis aussi courageuse que lui. Que je vais devenir aussi forte que papa.

Puis, il tousse, et je sais qu'il ne se relèvera pas, parce que c'est du sang qui sort de sa bouche.

- Papa...? soufflé-je d'une voix tremblante. Papa, ça va aller, hein ?

Il lève une main et la pose sur ma tête, comme d'habitude. Mais c'est...c'est pas pareil, aujourd'hui.

<< Je suis désolé, ma puce. Je ne pourrai pas te porter sur mes épaules pour accrocher l'étoile, tu devras demander à ta mère...>>

- Mais maman est trop petite, ça marchera pas...j'ai besoin de toi, supplié-je en laissant couler mes larmes.

<< Je sais...Mais vous vous en sortirez très bien tous seuls, tu verras. Dis à ta mère que je l'aime plus que tout, et à ton frère qu'il va devoir veiller sur vous, maintenant...Tu veux bien faire ça pour moi, ma puce ? demande-t-il doucement. >>

Sa main est de plus en plus lourde, alors je hoche la tête pour qu'il sache que j'ai compris.

- Tu peux pas nous laisser. Maman sera pas contente si il y a trop de biscuits, et qui va protéger les gens si t'es pas là ? Ils ont besoin de toi, papa. Je suis désolée, je voulais pas faire ça, je...

Mais il tousse encore et ferme les yeux.

<< Je suis très fier que tu sois ma fille, Akane. >>

Il baisse la main et caresse doucement ma joue pour essuyer mes larmes.

<< Ne pleure pas. Tu es parfaite, sourit-il. >>

Et sa main retombe lentement sur le sol tout rouge.

- Non, non, non ! Papa, non, tu peux pas, t'as pas le droit ! T'as pas le droit de nous abandonner, t'as pas le droit de nous laisser tous seuls ! crié-je en le secouant un peu. On a besoin de toi, s'il te plaît ! S'il te plaît, papa, je t'en supplie, réveille-toi...

Je suis toujours en train de crier quand le vilain ouvre mon dos en deux.

Je me réveille brusquement et porte la main à mon dos, mais il n'y a rien. Ni sang, ni blessure, seulement les derniers vestiges de mon cauchemar qui s'estompent doucement et la peau légèrement rêche de...ma cicatrice.

C'est pas possible. Non. Je veux dire...ce n'est pas à cause de celui que j'ai vu en rêve que j'ai ça. C'était une opération.

Mais...juste avant la mort de papa.

Ou, c'était après ? Je ne sais plus. Enfin, c'est impossible, pas vrai ? Je n'ai pas...

<< Akane, tu es réveillée ? lance maman à travers la porte. >>

Je sursaute et baisse ma couverture pour aller lui ouvrir. Elle me jette un regard soucieux et je devine que mon trouble se voit sans peine sur mon visage.

<< Tout va bien, chérie ? Tu m'as l'air un peu... >>

- Est-ce que papa est mort à cause de moi ? la coupé-je d'une voix tremblante en serrant trop fort la poignée de porte. 

Ses yeux s'éteignent brusquement et je sens mon cœur s'arrêter.

<< Bien sûr que non, ce n'était pas ta faute...>>

- Mais j'étais avec lui, pas vrai ? Et...et il est mort parce que j'ai utilisé mon alter sur lui au lieu du vilain, murmuré-je en sentant les larmes monter à nouveau. 

Je n'ai jamais autant voulu me tromper de toute ma vie, mais le regard de ma mère parle pour elle et je sais que j'ai vu juste.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ??! JE L'AI TUÉ ! Il- il est mort à cause de moi !! 

<< Akane, non, ce n'était pas ta faute, tu n'étais qu'une enfant..., souffle-t-elle en essayant de me rassurer. >>

- Vous m'avez menti, pendant toutes ces années. Kaen le savait aussi ?? Est-ce que je suis la seule à penser qu'il est mort normalement ? pleuré-je en tremblant.

Elle baisse la tête, et pour la première fois, ma mère me semble presque faible.

<< Ton frère est au courant depuis ses 16 ans. >>

Ça fait 5 ans que les gens autour de moi ne portent qu'un masque de mensonges sur leur visage, et il m'a fallu à peine une dizaine de minutes pour le faire voler en éclats.

- La cicatrice dans mon dos, c'était pas une opération pour ma scoliose, hein ? On m'a recousu la peau.

Ce n'est pas une question mais elle hoche la tête et j'ai l'impression que quelqu'un est en train de me brûler vif.

- Tout ce temps, vous m'avez laissé croire que je pouvais devenir une héroïne, alors que depuis le début je devrais être de l'autre côté, lâché-je froidement. Je n'ai pas oublié pourquoi je voulais en devenir une. On ne peut pas oublier quelque chose qui n'existe pas.

<< Ne dis pas ça. Je t'ai laissé poursuivre sur cette voie parce que je savais que tu étais faite pour ça, peu importe le reste. Tu n'as pas tué ton père...>>

- Je crois que je le sais mieux que toi.

Et je referme la porte, m'habille en vitesse et attrape un petit sac que je hisse sur une de mes épaules.

<< Où est-ce que tu vas ? demande ma mère quand je passe devant elle. >>

- Essayer d'oublier de nouveau que je suis une meurtrière. Je n'irai pas au lycée, aujourd'hui. Je ne peux pas faire semblant d'être comme eux une fois de plus.

Et je quitte la maison avant qu'elle ai pu m'interpeller de nouveau.

* 

J'ai marché pendant des heures, juste parce que j'en avais besoin, avec de la musique dans les oreilles tellement forte que je n'entendais plus rien autour de moi. J'espérais que ça suffirait à noyer les voix qui hurlent dans ma tête, mais elles sont si fortes, aujourd'hui, que je crois qu'il faudrait que je me noie moi-même pour les faire partir.

Alors, je continue à errer dans les rues et finit par arriver un peu à l'écart du centre-ville, dans une petite ruelle à la fois lumineuse et sombre. Ou c'est juste moi qui imagine des choses, je ne sais pas. Je ne veux pas savoir.

Je m'assieds sur un escalier et enlève mon casque pour entendre un peu les bruits alentours, de toute façon je ne fuirai pas mes démons indéfiniment, ils sont toujours là, sur mon épaule et derrière moi, avec leurs mains sur ma gorge et leurs voix dans mes pensées.

J'observe les plantes grimpantes sur certains murs et j'essaie de vider mon esprit, mais c'est bien trop dur. Maintenant que je m'en suis souvenue, plus jamais je ne pourrai effacer ces souvenirs.

<< Akane ? >>

Je tourne la tête, même si je n'en ai pas besoin, j'ai déjà reconnu sa voix.

<< Est-ce que tout va bien ? me questionne-t-il d'une voix hésitante en s'approchant d'un pas. >>

Je tends un bras vers lui pour l'empêcher d'approcher.

- Mauvaise idée. Tu va mourir si tu restes trop près de moi.

Il suspend son geste sans me quitter des yeux.

<< Quoi ? >>

- Va-t'en, Tora. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, dis-je en détournant le regard. Je suis un poison.

<< Akane, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais tu peux... >>

-  J'ai tué mon père ! le coupé-je en me levant brusquement. Alors, est-ce que tu vas me dire, toi aussi, que tout ira bien ? Parce que, maintenant, je sais que c'est un joli mensonge et pas une règle absolue.

Il écarquille les yeux et je sens ce qui reste de mon cœur se fissurer encore un peu plus.

- En anglais, on dit jinx. Une malédiction. Tu vois, je ne sais pas pourquoi je veux devenir une héroïne, mais si par le plus grand des hasards j'en deviens une, j'ai trouvé mon nom de héros.

<< Tu dis n'importe quoi, t'es au courant ? >>

Sa voix déchire mes oreilles et éclate dans ma poitrine en un millier d'explosions.

<< Si tu es une malédiction, alors je suis quoi ? Un fléau ? Et ne me sors pas que je n'ai pas le contexte ou je ne sais quoi, me balance-t-il en s'avançant jusqu'à ce que ma main soit en contact avec son torse. Est-ce que c'est vraiment de ta faute, ce qui s'est passé ? Est-ce que tu es celle qui a ôté la vie de ton père de ses mains ? >>

Je lève le menton pour le fixer dans les yeux et il ne détourne pas le regard. 

<< Alors ? >>

Et je m'effondre, en pleurant pour la troisième fois de la journée. Mais il ne me laisse pas tomber, il passe ses bras dans mon dos et pose son menton sur mon crâne en me berçant doucement pendant que je trempe son tee-shirt avec mes larmes.

<< Peu importe si tu veux me repousser, ou si tu penses avoir fait quelque chose d'assez horrible pour que je ne veuille plus de toi, murmure-t-il en resserrant son étreinte. Je serais toujours là. >>

Alors, dans cette ruelle, hors du temps qui s'écoule partout ailleurs, je souffle une dernière phrase dans son oreille.

- Les gens ont tort de te considérer comme le fils d'un criminel, mais moi, je pourrais bien être l'enfant du Diable.

<< En admettant que ça soit vrai, je ferai brûler l'Enfer pour que tu sois traitée comme un ange. >>

À suivre...

~~~

Crions tous pour notre ship les enfants 😔✨✨✨

La dernière phrase blllblblblv, j'avoue je suis fière, j'aime plutôt beaucoup ce chapitre dans l'ensemble.

Moi, je le trouve extrêmement joyeux et positif ^^.

Donc, OUI, le père de Akane était dans la bande d'Overhaul avant (pas par choix mais soit) et s'est barré dès qu'il a pu avoir une opportunité (en l'occurrence dès que Kai a perdu ses bras) pour rejoindre Yuei et faire ses études.

Et Tetsuya est le fils de Chisaki si ça intéresse quelqu'un xD.

Encore un Oc avec un passé joyeux et innocent finalement, c'est cool.