20| Solitaire

They say, "How could you be depressed ?
You don't know how much you're blessed"

Happier By Now - Kai Wachi & Lø Spirit


J-9 avant Noël 

PDV Saki

Depuis l'autre jour, j'ai l'impression qu'Akane est...éteinte. Elle sourit moins qu'avant et me dit simplement qu'elle est fatiguée quand je lui demande si ça va. Je me doute qu'elle me cache quelque chose mais je n'arrive pas à savoir quoi, et j'ai peur de la brusquer si je lui demande trop directement...

Entre ça et la discussion que je dois toujours avoir avec Liloo, c'est le bordel dans ma tête.

Je m'installe à une table au réfectoire et attaque mon katsudon sans réelle envie. Akane a déjà mangé et est repartie étudier pendant la pause.

Je sursaute instinctivement en voyant quelqu'un s'installer à ma table et me détends en voyant les prunelles dorées d'Ace.

<< Je peux pas rester longtemps, mais Saki, t'as parlé avec Akane ces derniers temps ? Je veux dire, vraiment ? me questionne-t-il sérieusement, l'air inquiet. >>

Je baisse la tête en tripotant mon plat du bout de la fourchette, un peu honteuse.

- Je sais que je devrais, mais, non, pas encore. J'ai peur qu'elle se braque si j'y vais trop franchement...

<< Fais-le, me conseille-t-il en se relevant. Je suis inquiet pour elle. Elle a l'air...mal. >>

- Je le ferai, assuré-je en le regardant s'éloigner.

J'ai peur, maintenant. Il avait l'air si préoccupé que je me doute qu'il sait quelque chose que j'ignore. Mais elle m'aurait parlé, non, si c'était si grave que ça ?

*

Je sors de cours, le cerveau tournant à plein régime. Akane s'est encore esquivée dès que la cloche a sonnée, en prétextant une sortie avec Kaen ou je ne sais quoi.

Il ne reste que 4 jours de cours puisqu'on est lundi, donc je devrais pouvoir lui parler assez vite pendant la période des vacances de Noël, et je me doute que sa famille finira par remarquer quelque chose si ça continue ainsi.

Une main me tapote l'omoplate et je me retourne en sachant instinctivement de qui il s'agit.

<< Il faut qu'on parle. >>

Oui, il faut qu'on parle. Notre dernière discussion remonte à cette fois, sur le pont, après le baiser et les idioties qui sont sorties de ma bouche sans que je puisse les arrêter.

Je me contente d'esquisser un pâle sourire, et remonte la bretelle de mon sac sur mon épaule.

- Je te suis.

Et je la suis, à travers tellement de rues que je ne sais plus exactement où on est, jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant ce pont.

Elle inspire profondément et se tourne vers moi. Je déteste qu'elle soit si belle. Je déteste la peine dans ses yeux, et, plus que tout, je déteste qu'elle ait pu rallumer mes étoiles et qu'elle les tienne au creux de sa main, en pouvant les étouffer d'un simple geste.

<< C'était une connerie. >>

On l'a dit en même temps et elle sourit presque douloureusement en le constatant.

<< Je suis contente qu'on soit d'accord sur ce point. >>

- Difficile de ne pas l'être. Je veux dire, j'ai l'impression que ça a tout gâché entre nous.

<< Oui, moi aussi. Alors... >>

- Je pense qu'il vaut mieux tout arrêter là.

Je me mords la langue aussitôt les mots prononcés, mais le mal est fait.

<< Oh. >>

- Pas toi ?

Elle secoue la tête.

<< Pas vraiment, non. Je veux dire... >>

Elle s'arrête et cherche ses mots, la voix brisée par l'émotion.

<<...Je pensais que ce qu'on avait comptait davantage qu'un simple échec, souffle-t-elle, ses yeux roses lumineux dans le faible soleil du crépuscule. >>

Roses. Ce rose-là.

- Je suis désolée. Je sais que je t'ai dit que ça ne comptait pas, et j'aurais aimé pouvoir m'en satisfaire, mais je ne peux pas. 

<< Ça tombe bien, parce que-- >>

- Ne tombe pas amoureuse de moi, la coupé-je, la voix suppliante. Pitié, non. Je suis un poison, Liloo, et je ne veux pas te faire de mal. Tu mérites quelqu'un de mieux, quelqu'un que tu aimeras vraiment, pas...moi

<< Je crois que c'est un peu tard, lâche-t-elle en riant jaune. >>

- Non. Tu ne me connais pas vraiment. Tu ne m'aimerais pas si c'était le cas, crois-moi sur parole.

<< Alors, laisse-moi savoir qui tu es. >>

Je secoue la tête, les larmes aux yeux.

- Non. Si j'ai bien compris quelque chose, c'est que je suis à l'image de mon alter. Je détruis tout ce que je touche.

<< Je te touche, là, fait-elle remarquer en m'effleurant la main. Je te touche et je vais bien. >>

- Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles le sont déjà, supplié-je en retirant ma main. S'il te plaît. Laisse-moi une chance de te protéger.

<< Je suis une héroïne, Saki. Je n'ai pas besoin de protection. >>

Je recule d'un pas.

- Liloo, arrête. C'est fini et c'est mieux comme ça.

Elle détourne le regard et ferme les yeux un instant.

<< Je suppose que je dois respecter ton choix. >>

- C'est pas juste un choix, justifié-je. C'est...ça vaut mieux pour nous deux.

<< Si je ne le veux pas, ça ne vaudra jamais mieux, Saki. Tu ne veux pas sortir avec moi et c'est tout, mais ne te cherche pas d'excuses, s'il te plaît.  >>

Et elle s'en va, juste comme ça, en laissant des traces de pas sur le sol enneigé et l'ombre de mon cœur craquelé à ses pieds.

Les étoiles s'illuminent un court instant.

Et elles s'éteignent pour de bon.

*

PDV Akane

J'ai menti.

Je n'ai rien à faire de mes journées, personne à retrouver après les cours pour discuter. Kaen n'est pas là, maman non plus, Saki a mieux à faire.

Et Tora ?

Tora n'a pas besoin d'être dérangé par mes états d'âmes. 

Je me recroqueville un peu plus dans mon lit en retenant mes larmes tant bien que mal. J'ai envie de hurler ma peine au monde entier, et à la fois je voudrais que personne ne sache que je vais mal pour pouvoir les protéger de ce que je pourrais faire dans cet état. Je suis pathétique.

J'ai froid...

Je ne suis pas censée ressentir tout ça. La plupart des gens qui vont mal le font bien. Ils vont voir un psy, en parle à quelqu'un ou ne le montre à personne, selon les cas. Je n'arrive à faire rien de tout ça, seulement assez pour blesser les gens, sans leur donner la possibilité de m'aider.

J'ai mal...

Je demande juste à être aimée, est-ce que c'est vraiment si dur ? Est-ce que je dérange les gens à ce point ? Je veux juste quelqu'un pour m'enlacer et me promettre que tout ira bien assez fort pour que j'y croie vraiment. Une personne qui sera là pour m'aider, même si je suis moi. Même si tout est de ma faute.

J'ai peur...

Je suis un échec constant malgré tout mes efforts, alors qu'est-ce qu'il me reste vraiment ? Ai-je encore une réalité à laquelle me raccrocher ? La seule chose que je sais, est enfouie au fond de moi, et me ronge comme un poison sans même que j'en ai conscience.

J'ai tué papa.

À suivre...

~~~

I GUESS THEY DON'T SEE THE MONSTER WITH ITS HANDS ON MY NECK~

Pardon- j'ai découvert cette chanson cet été et elle me faisait trop penser à Akane, fallait que je la mette dans un chapitre.

Sinon, hum...Plot twist ?

NAN MAIS ATTRAPEZ PAS MA VESTE ORH, J'EXPLIQUE.

Elle n'a pas conscience de la dernière phrase, c'est son inconscient qui parle à ce moment, mais elle sait qu'il y a quelque chose qui la perturbe au fond ( le fameux "poison" dont elle parle.)

Le cerveau peut effacer certains épisodes traumatiques chez certaines personnes et c'est ce qui s'est passé ici (vous devinez que c'était pas joyeux-joyeux ce qui s'est passé 👀).

Sinon, les fan du Sakiloo (dites merci à natsumecheetadragon pour le nom de ship xD), vous allez bien ? ^-^


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