17| Saki
In the middle of the night, it's haunting me
Whispers in the dark won't let me sleep
Devil Inside - Citizen Soldier
La plupart des gens connaissent une enfance heureuse, grandissent dans de belles maisons, entourés d'une famille aimante et de parents amoureux.
Ça, c'est ce qu'on nous raconte dans les histoires.
La réalité est tout autre.
Oh, j'ai grandit dans une belle maison, ça oui. Pas une villa, mais un petit appartement lumineux et aéré, où on voyait les étoiles à travers les baies vitrées.
Mais je n'ai pas eu une enfance heureuse. J'ai évolué au milieu des cris et des disputes, réveillée tard le soir par ma mère qui rentrait de je ne sais où. Et j'ai beau avoir le plus tolérant et aimant des pères, un homme qui faisait énormément d'efforts pour préserver un climat d'amour chez moi, il y avait des désaccords. Des insultes.
Alors, un soir comme les autres, je me suis levée pour aller parler à mes parents.
J'aurais dû rester dans mon lit, cette nuit.
<< Tu m'étouffes ! hurla ma mère tandis que j'arrivais dans le salon. Je ne peux plus rien faire sous prétexte qu'on a eu un enfant, tout ça à cause de toi ! >>
<< Tu étais d'accord, répliqua calmement mon père. Tu m'as dit que tu voulais la garder. Et oui, tu ne peux pas sortir tous les soirs. Elle n'a que 6 ans je te signale, elle a besoin de sa mère. >>
J'étais cachée derrière le mur, épiant la conversation comme s'il s'agissait d'un jeu.
<< Elle peut se débrouiller. Et je n'ai jamais dit que j'acceptais de renoncer à ma liberté pour avoir cette...fille. Enfin, tu as vu son alter ? Elle détruit tout, Kyō, absolument tout. Elle est dangereuse, cracha-t-elle d'un ton amer. >>
<< Elle n'est pas dangereuse. Elle apprend encore à contrôler son pouvoir, et y arriverai sans doute mieux si tu étais là pour l'épauler. >>
J'ai vu la colère dans ses yeux. Si forte et froide que j'ai eu peur. Peur pour mon père.
Alors, j'ai essayé de détourner son attention. J'ai quitté ma cachette à petits pas, pour m'approcher d'eux.
- Maman, papa, vous pourriez faire un peu moins de bruit ? J'essaie de--
<< Tu y prends plaisir, hein ?! À me rappeler que je suis une sans-alter ! a-t-elle crié en attrapant le vase rose sur la table basse et en le lançant sur mon père de toute ses forces. >>
J'aimais vraiment ce vase. Papa y mettait beaucoup de fleurs, pour faire plaisir à maman. Et il était d'une belle couleur, rose vif comme le ciel au crépuscule.
Je crois que c'est la colère qui a fait trembler sa main. Ou un réflexe, un geste inconscient pour ne pas blesser celui qu'elle était censée aimer. Chaque jour, je prie pour que ce n'est pas été un geste délibéré.
Le vase a explosé sur mon front en un millier d'éclats scintillants. Il est devenu rouge, après ça.
Je pense vraiment qu'elle ne l'a pas voulu. Elle a eu l'air si triste après ça. Mon père a eu peur, au début. Puis, il m'a amené à l'hôpital, sa main rassurante dans la mienne tandis que le sang coulait dans mon œil et le long de ma joue, comme une larme écarlate.
La dame qui s'est occupée de moi était très gentille. Elle m'a donné un bonbon au citron, m'a caressé la joue et m'a demandé d'évaluer ma douleur. J'ai levé 9 doigts.
Juste avant que je m'endorme, elle m'a chuchoté dans l'oreille.
<< Tu sais comment je sais que tu es une battante ? Tu dis 9 quand c'est 10. >>
Elle se trompait. Je gardais le 10 parce que je voulais rassurer mes parents. Et parce que j'avais peur qu'il arrive un jour et que j'ai surestimé la brûlure de mon front et le trou dans mon cœur.
Après ça, les étoiles ont arrêté de briller.
*
Ils se sont séparés peu après. Papa a gardé l'appartement aux baies vitrées, et maman s'est trouvée une petite maison aux couloirs étroits et aux pièces minuscules plus loin du centre-ville.
Et en quatrième, j'ai changé d'école, pour me rapprocher de Yuei en vue de ma future carrière héroïque.
J'ai détesté ce collège à la seconde où j'y ai mis les pieds.
J'étais une attraction, là-bas, arrivée en octobre, au milieu de l'année scolaire, dans les meilleurs de chaque matière et avec une cicatrice qui mangeait la moitié de mon front exposé.
<< Allez, quoi, tu pourrais accepter, quand même ! C'est une faveur que je te fais là, t'en es bien consciente ? >>
Je reculais d'un pas en secouant la tête. M'inviter à leur prochaine soirée, en tant que sa cavalière ? Tu parles, ça va juste mal tourner...
<< Franchement, mec, t'as vraiment un kiff sur les moches, je te comprends pas, s'esclaffa un de ses amis à côté de lui. >>
<< Je suis une âme charitable, j'aime bien sauvé les cas désespérés, genre chaton en détresse, tu vois ? Et elle, c'est un chaton. Un chaton hideux, hein, mais un chaton. >>
- Le chaton, il a des griffes, et aucun scrupule à s'en servir, alors mesure tes paroles si tu veux pas te retrouver avec la même cicatrice que moi, lâchais-je en le regardant droit dans les yeux, les siens s'écarquillant de surprise.
Il éclata d'un rire sec, sans joie, avant de s'approcher d'un pas.
<< Tu crois que tu me fais peur ? Avec ta gueule défigurée combiné à tes yeux vides, on dirait un putain de zombie. T'impressionne personne, Kowasu, tu le sais ça ? >>
J'ai la gorge serrée...c'est comme ça que je me sens. Un zombie dans un monde sans lumière.
<< Laissez-la tranquille. >>
La voix venait de derrière moi, mais je n'osait pas le quitter des yeux pour regarder à qui elle appartenait.
<< Le club des tarées, se moqua-t-il en haussant les sourcils. On dirait que t'as bien choisi ta pote... >>
<< Lâche-la. >>
<< Sinon quoi ? >>
<< Je te force à trouver un ciseau pour couper tes bijoux de famille avec. >>
Un sourire incrédule se dessina sur mes lèvres. Elle peut vraiment faire ça ?
Manifestement, à voir le mouvement de recul du gars en face de nous.
<< Tu crois que tu me fais...commença-t-il malgré tout. >>
<< Peur ? J'en sais rien, par contre tu veux que je te rappelle ce qui s'est passé la dernière fois que quelqu'un harcelait un innocent ? >>
<< Si tu parles de ton frère...>>
Elle est plus petite que moi, pourtant elle s'approcha d'un pas supplémentaire jusqu'à se retrouver quasiment nez à nez avec lui.
<< Kaen a défendu les bonnes personnes. C'est pas ma faute si t'étais du mauvais côté. >>
<< Me chauffe pas, cracha-t-il en jetant un regard à leurs deux torses presque collés. >>
<< Va faire soigner ton cerveau de dégénéré et peut-être que j'envisagerai ne serait-ce que l'idée de m'approcher de toi. >>
Elle recula vers moi et me tendit la main comme une promesse.
<< Si tu veux voir un coin non pollué du collège...>>
J'ai entremêlé mes doigts aux siens et elle m'a lancé un petit sourire.
Elle avait les yeux pleins de soleil et de joie.
Ensuite, il y a eu Yuei.
Trois ans à apprendre comment aider les gens. À utiliser correctement mon alter. À partager ma passion avec d'autres.
Trois ans à regarder le soleil d'Akane s'éteindre doucement, comme un astre solitaire qui mourrait à petit feu sans que je puisse rien faire pour l'en empêcher.
Mais elle allait bien. Elle riait, elle souriait, elle me parlait autant qu'avant. Mais ça n'avait plus la même chaleur.
Et puis, j'ai rencontré Liloo.
Akane avait insufflé assez de lumière à mes étoiles pour les empêcher de s'éteindre complètement. Liloo...
Liloo en a allumé tellement d'autres, plus brillantes encore que quand j'étais enfant. Un millier de lumières dans mon monde.
Et je les sens pulser dans ma poitrine chaque fois que je la vois.
Akane m'a dit un jour qu'elle avait peur que mon cœur se brise pour de bon tant je voulais voir le bon en chaque personne.
Le problème, c'est que j'ai lancé mon cœur comme une grenade dégoupillée entre les mains de quelqu'un en espérant qu'elle m'aime assez pour ne pas le lâcher.
Je crois qu'elle a raison. Que ça risque de faire mal si elle le lâche.
Mais elle a rallumé mes étoiles.
J'en veux à ma mère. Je suis reconnaissante envers mon père. J'adore Akane.
Et j'aime Liloo Takami de tout mon cœur fêlé par la porcelaine du vase et les mots durs de ma mère.
À suivre...
~~~
La productivité a peur de moi, deux chapitres en moins de cinq jours.
Je vais regretter dans deux semaines quand je serai en panne de chapitres ? Oui. Pas grave.
BÉBÉ SAKI JE- 😭❤️
ALORS QUI AVAIT TROUVÉ ??
C'ÉTAIT SA CHÈRE MÈRE AHA- hum, espèce de grosse pouffiasse, hum.
Je vous invite donc à aller relire le chapitre 10 histoire de bien savourer la gentillesse de cette madame ^-^
Et Akane qui était franchement directe plus jeune et qui s'est refermée sur elle-même (comme moi ahahaha- pardon c'est pas un rantbook orh).
Saki la femme de ma vie, si vous l'aimez pas à ce stade, je peux plus rien pour vous.
J'ai une amie qui est au chapitre 5 et qui la déteste pour l'instant 🤡
Bref, bonne nuit, si vous êtes aussi insomniaques que moi.
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