Chapitre 23: Petite sœur
Je regarde mes enfants monter dans l'ambulance avec les larmes aux yeux. Un mélange de soulagement, de joie (parce que mes enfants peuvent me voir), de triomphe aussi se partagent mon être.
Je me sens également plus forte, moins en colère. Un peu plus paisible qu'au départ. Je commence à cerner mes nouvelles facultés, avec un peu d'entraînement, je pourrais accomplir des "miracles".
J'espère que l'inspectrice découvrira le petit mot que j'ai glissé dans la poche de sa veste, tout à l'heure. Il m'est parût ingénieux de l'envoyer sur la piste d'Isabelle Bulbé, j'espère qu'elle comprendra le message, elle a l'air, plutôt, perspicace.
Je ressens une présence dans mon dos.
- Caliel, tu vas bien ? Demandai-je, sans me retourner.
- Comment sais-tu que c'est moi ? Me demanda-t-il, surpris.
- J'imagine que si c'était Kéresse, elle ne m'aurait pas laissé le temps d'en placer une !
Je me tourne vers lui en lui souriant. Je constate qu'il n'est pas blessé, qu'il va bien.
- Simone ? Tu as l'air ... Différente, hésite-t-il.
Soudain, paniqué, il tourne la tête à gauche à droite, voltigeant sur lui-même.
- Où est-il ? Que s'est-il passé ?
Il semble, soudainement, prendre conscience de ce qui l'entoure. Les derniers véhicules de police viennent de partir, suivi de l'ambulance.
- Caliel, tout va bien !
Je m'avance vers lui, posant mes mains de part et d'autre de son visage, Je le force à se calmer, à me regarder. Je ne l'ai jamais vu comme ça... Bon, d'accord, je ne le connais pas depuis très longtemps non plus.
-Il n'est plus là ! Il ne pourra plus jamais faire de mal ! L'apaisai-je.
- Qu'est-ce que tu sous-entends par: "Il n'est plus là"? Paniqua-t-il, attrapant mes bras et les serrant fort.
- Caliel, lâche-moi ! Qu'est-ce qu'il te prend?
- Excuses-moi, dit-il en desserrant sa poigne, je me calme, je me calme.
- C'est ça ! Inspire ! Expire !
- Voilà, je suis calme ! Je t'écoute...
- Il a voulu s'en prendre à ma famille, expliquai-je, je n'ai pas eu d'autre choix que de l'aspirer pour l'en empêcher.
- L'aspirer ? Hurla Caliel, me faisant sursauter. Simone, tu as aspirer l'âme de ce type ?
- Heu ... Bah oui, je sais pas pourquoi j'ai fait ça, d'ailleurs. Je dirais que c'était instinctif.
- Merde ! Aboya-t-il. Merde ! Merde! Merde! Mais c'est pas possible !
- Caliel, c'est si grave que ça ? Je me sens bien, je t'assure. Il fallait que je l'arrête.
- Oui c'est grave Simone! Tu voulais sauver ta famille, je comprends, c'est normal ! Mais à cause de ça, je dois me trouver une nouvelle âme à sauver afin de réintégrer mon ancien statut !
- Quoi ? Je ne suis plus à sauver ?
- Bien sûr que non ! Tu as avalé une âme !
- Pardon, Caliel ! M'énervai-je. Je n'ai pas lu "les anges pour les nuls" ! Qu'est-ce que ça fait d'aspirer une âme ? Que va-t-il m'arriver ?
- Je me dévoue pour te l'expliquer, nouvelle petite sœur !
Erine apparaît dans un halo lumineux.
Je pense à leur offrir un petit bracelet avec une clochette, ça m'évitera de faire une crise cardiaque à chaque apparition. "Crise cardiaque" façon de parler: je suis déjà morte.
Le visage de Caliel s'assombrit quand la jeune femme vient se placer à côté de lui, me dévisageant tous les deux.
- Je n'ai pas l'habitude de prendre des pincettes, désolée. Les conséquences pour avoir avalé une âme sont les suivantes (elle les énumère avec ses doigts):
Conséquence numéro 1: Tu perds ton statut d'âme, impossible pour toi de passer de "l'autre côté".
Conséquence numéro 2: Tu es condamnée à errer éternellement dans ce monde et dans l'entre-monde. En gros, tu peux aller partout sauf de "l'autre côté", logique.
Conséquence numéro 3: Bienvenue dans la famille des sœurs infernales.
Conséquence numéro 4: Les anges d'élite vont chercher à t'éliminer.
Je la regarde, les yeux ronds ! Je suis pas certaine d'avoir tout saisi. J'ai la tête qui tourne légèrement, je ne peux plus passer de l'autre côté ? Condamnée à errer ?
- Simone ? Tu veux t'asseoir ? Me propose Caliel.
- Je ne peux plus élucider mon meurtre ? Je ne peux plus avoir les réponses aux questions que je me pose depuis des jours ? Demandai-je à Erine, sans répondre à Caliel.
- Bien sûr que si, tu peux continuer ta quête.
Elle porte un regard dédaigneux à Caliel.
- Fais juste très attention à qui tu décides de faire confiance. Les règles ont changées...
Sans plus d'explications, Erine s'évapore pour aller je ne sais où.
- Quoi ? Elle se barre comme ça ? Qu'est-ce qu'elle a voulu dire par "les règles ont changées"?
- Je ne suis plus sensé te venir en aide, Simone. Tu es devenue mon ennemie, dit tristement Caliel.
- Mais je ne veux pas être ton ennemie, je voulais simplement protéger ceux que j'aime. Je n'avais pas d'autres choix ! Qu'aurai-je dû faire ? Caliel, je t'en supplie, aide-moi ! Continuons à élucider ma mort.
- Je voudrais bien Simone mais je ne peux plus rien faire pour toi. Je veux réintégrer les anges d'élites, je ne peux plus aller contre leurs idées. Je te l'ai dis, une de nos missions est de détruire les sœurs infernales et tu en fais partie maintenant.
- Tu vas me détruire, Caliel ? C'est ça ? Je vais devoir te fuir ?
- Je ne sais pas, Simone. Je suis totalement perdu. Je t'aime bien mais ...
- Mais pas assez que pour ne pas me sacrifier pour ton fichu rang, c'est ça ? Le coupai-je.
Caliel me regarde, attristé. Je lis le combat intérieur auquel il se livre sur son visage.
Ne pouvant supporter son regard, je me détourne de lui. Regardant par la fenêtre de mon salon, les voisins rentrer chez eux. Je cherche désespérément une solution.
Un bruit métallique, dans mon dos, me fait sursauter. Je me retourne rapidement.
Caliel a revêtit son armure et sort déjà sa fabuleuse épée de son fourreau...
- Je suis tellement désolé, Simone. Pardonne-moi !
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En arrivant dans son bureau, une tasse de café bien chaude dans les mains, Maureen se sent épuisée. Elle n'a jamais eu autant de travail depuis son arrivée dans la police. Elle n'a même plus de temps à consacrer pour sa fille et son mari. Quoi que lui, il doit probablement s'en foutre. Elle culpabilise tellement de laisser à sa mère, déjà âgée, sa petite Zoé. Elle se promet, intérieurement, de prendre trois semaines de congés dès que son affaire sera réglée.
Elle va déposer sa tasse sur son bureau et retirer sa veste pour l'accrocher au dossier de sa chaise. Un petit bout de papier glisse de sa poche et atterrit au pied de son bureau. Intriguée, elle se penche pour le ramasser quand la porte d'entrée s'ouvre brusquement. Sursautant, elle relève la tête en se cognant contre le haut du bureau. Maugréant, elle interroge du regard la jeune fliquette qui vient de surgir, le diable aux fesses.
- Inspectrice O'Hara, nous venons de recevoir un appel qui pourrait vous intéresser !
- Allons bon ! C'est pas le premier de la journée ! De quoi s'agit-il cette fois-ci.
- Manon Steel a été agressée chez elle en fin de soirée. Un homme a tenté de l'assassiner avant d'être, d'après elle, sauvée par Simone Hardhell.
- Mais Simone Hardhell est morte depuis au moins deux jours. C'est quoi cette histoire ? Où est-elle ?
- Une équipe s'est rendue chez elle afin de prendre sa déposition. Un médecin a aussi été appelé. Je n'en sais pas plus.
- D'accord, laissez moi le temps d'avaler mon café et je me mets en route.
La jeune policière est prête à sortir quand son supérieur l'interpelle.
- La prochaine fois, veuillez frapper avant d'entrer. C'est plus civilisé.
- Heu... Bien sûr, inspectrice, excusez-moi, répondit-elle en sortant, le rouge aux joues.
Une fois seule, Maureen se permit de souffler un peu. Elle prit la peine de s'asseoir pour la première fois de la journée. Elle voulait appeler sa mère avant de partir, prendre des nouvelles de sa fille.
En attendant que sa maman décroche, elle était plutôt lente, Maureen en avait l'habitude, elle ouvrit le bout de papier qu'elle avait ramassé:
Cherchez Isabelle Bulbé. URGENT ! SH
La curiosité a toujours été son point faible ou son point fort, ça dépend de comment on voit les choses. Patientant toujours au téléphone, elle tapa le nom dans le moteur de recherche de la police.
Nom: Bulbé
Prénom: Isabelle
Née le 12 novembre 1972
Disparue le 7 septembre 1987 à Satbury en revenant d'un concours d'écriture.
Statut: Toujours portée disparue.
En charge du dossier: Inspecteur Mulongo
Un peu maigre comme dossier. Maureen tente d'accéder à d'autres fichiers pour compléter sa lecture mais elle ne trouve rien d'autre. Elle connaît bien l'inspecteur Mulongo, récemment retraité, c'est grâce à lui qu'elle a été promue. Elle note mentalement à lui rendre une petite visite.
- Allô, Maureen ? Tout va bien ?
- Coucou, maman. Je suis désolée de t'appeler aussi tard, je voulais prendre des nouvelles de Zoé.
- Tu lui manques, elle te réclame pratiquement tous les soirs. Tu devrais faire une pause, ma chérie. Tu rates les meilleurs moments de sa vie.
- Maman, elle n'a qu'un an. Elle ne peut pas me réclamer mais je promets de prendre de longues vacances prochainement. Je suis épuisée, vous me manquez (elle sent les larmes piquer le coin de ses yeux). Paul viendra la chercher demain matin pour l'emmener à la crèche.
- Je me doutais bien que tu ne rentrerais pas ce soir.
Maureen entend sa mère soupirer dans le combiné.
- Je ne vais plus savoir faire ça très longtemps, tu sais ? Vous allez devoir trouver une autre solution. Je suis de plus en plus fatiguée. Je suis désolée, ma petite fille. Je vais raccrocher et me reposer, il est tard. Bonne nuit.
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