Chapitre 22: Petite fille⭐
- Inspectrice O'Hara ?
Des petits coups discrets résonnèrent dans le bureau de l'inspectrice. Une tête émergea dans l'entrebâillement de la porte.
L'inspectrice décolla lentement les yeux du dossier qu'elle était en train de lire.
- Je suis désolé de vous déranger, madame, nous venons de recevoir un appel provenant des voisins des Hardhell. Ils ont entendus des cris et sont très inquiets, une patrouille a déjà été envoyée sur place. Je me suis dis que ça pouvait vous intéresser.
- Merci agent Path, dit-elle en enfilant, déjà, son manteau.
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Kéresse a juste eu le temps de fuir l'épée de Caliel. Une minute de plus et elle n'avait plus de tête.
Elle l'avait sous-estimé, il restait très fort malgré tout. Elle allait devoir se nourrir deux fois plus. D'un côté pour se soigner et de l'autre pour acquérir plus de force. Elle se devait de détruire Caliel. Elle se devait de venger sa sœur !
Recroquevillée dans un vieil entrepôt délabré, elle réfléchissait à la meilleure manière de capturer une âme afin de se régénérer au plus vite. Elle se sentait faible et fatiguée. Quand une vive lumière éclaira l'endroit.
- Ma sœur ! Enfin, je te retrouve !
- Erine ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Erine, dans sa belle robe bleue, s'agenouilla auprès de Kéresse, lui saisissant les mains, elle implora.
- Kéresse, je t'en supplie, rentrons chez nous. Il faut que ça cesse ! Il y a eu trop de morts, trop de douleurs. Retirons-nous et profitons de notre éternité, ensemble. Loin des hommes, des anges... Loin de toutes ces horreurs ! Trouvons la paix !
- Tu es bien trop naïve, petite sœur ! Jamais je ne pardonnerais Caliel pour ce qu'il a fait ! Il a tué notre grande sœur, tu t'en souviens ? Cracha Kéresse en tentant de se redresser. Je n'aurais de repos tant qu'il sera encore de ce monde.
Erine baissa la tête, les yeux baignés de larmes.
- Si tu continues, c'est toi qui risques de mourir. Tu n'as pas la force de Moïra. Tu es aveuglée par la colère et la vengeance. Il n'en ressortira rien de bon. Je te préviens, Kéresse, si tu persistes dans cette quête, tu y trouveras la mort.
Dans un faisceau de lumière, Erine disparu. Laissant Kéresse seule dans l'obscurité.
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Pas très loin de là, dans un appartement sordide, une petite fille s'est cachée en-dessous de son lit, serrant contre elle son vieil ours en peluche. Elle tente de se faire toute petite, de ne surtout pas se faire remarquer par les amis de sa maman. La dernière fois qu'elle s'est retrouvée nez à nez avec l'un d'entre eux, elle n'a plus su marcher pendant deux jours entiers.
Elle ne comprend pas pourquoi sa maman ne la protège pas. Pourquoi sa maman a cessé de l'aimer et de la chouchouter. N'est-elle pas assez sage ? N'a-t-elle pas ramené assez de beaux points quand elle allait encore à l'école ? N'est-elle pas assez gentille ? Pourtant, le matin, quand tout le monde est parti ou dort encore, elle se fait un point d'honneur de vider les cendriers, jeter les cadavres de bouteilles et cannettes qui jonchent le sol, de nettoyer et ranger l'appartement pour que sa maman soit fière d'elle. Pourquoi n'est-ce pas suffisant ?
La petite fille sent les crampes dans son estomac. Depuis quand n'a-t-elle pas eu de vrais repas ? Les quelques chips volés sur la table basse, cet après-midi, ne sont pas suffisant pour faire taire le grondement de son ventre. De plus, elle ressent le besoin pressant d'aller aux toilettes. Osera-t-elle s'aventurer dans le couloir pour rejoindre la salle de bain ?
Elle sortit timidement de sa cachette et s'approcha de la poignée quand celle-ci se tourna et la porte s'ouvrit lentement. Un des amis de sa maman, pas celui de la dernière fois, entra d'un pas lent dans la chambre de la gamine qui recula aussitôt, prête à rejoindre son refuge.
- Juliette ? Je suis venu voir comment tu allais ? Tu n'as pas faim ? Demanda-t-il en sortant un paquet de biscuits au chocolat du sac en plastique qu'il avait dans la main.
Pour toutes réponses, un gargouillis sonore envahit la pièce. L'homme sourit, bienveillant, il alla s'asseoir sur le lit de la petite en tapotant la place à côté de lui.
- Viens t'asseoir près de moi, Juliette, dit-il en retirant l'emballage.
Il prit un des biscuits chocolatés et le tendit à la petite qui s'approcha prudemment.
- Je ne vais pas te faire de mal, tu sais ? Je suis même plutôt triste pour toi. Aucun enfant ne mérite de vivre ce que tu vis.
La petite, en confiance, s'assit à côté de l'homme qui lui donna le biscuit. Elle le dévora et manqua de s'étouffer.
- Doucement, petite Juliette. Ne t'étrangles pas, prends le temps de mâcher.
L'homme caressa les cheveux emmêlés de la petite fille qui se raidit à son contact. Loin d'être découragé, l'homme déposa un léger baiser sur le haut de son crâne.
- Tu ne sens pas très bon, ma chérie. Depuis quand n'as-tu pas pris de bain ? Depuis quand n'a-t-on pas prit soin de toi ?
La petite, honteuse, regarda ses genoux. Les larmes lui montèrent aux yeux, elle ne se rappelait plus la dernière fois que sa mère lui avait brossé les cheveux ou l'avait lavé.
- Je peux te sortir de là, je vais t'emmener voir une assistante sociale et te retirer de ce trou. Tu veux ?
La petite le regarda, les yeux plein d'espoir, elle acquiesçât. Les miettes aux coins de ses lèvres tombèrent sur le sol quand ils se relevèrent du lit. Mains dans les mains, ils sortirent de l'appartement sans faire de bruit. De toute façon, la mère était bien trop loin, dans une autre galaxie, que pour faire attention à sa petite fille.
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Maureen O'Hara arriva chez les Hardhell en même temps qu'une ambulance. Elle laissa passer les urgentistes avant d'emboîter, à son tour, les marches menant à la salle de bain.
- Où sont les enfants ? Demanda-t-elle à un collègue tout en inspectant le désordre dans la pièce.
- Dans la chambre d'à côté. Le père a reprit connaissance, il est avec eux.
- Que sait-on ?
- D'après les enfants, un méchant fantôme a tenté de kidnapper le plus jeune mais leur mère, récemment décédée, les a sauvé. ils sont en état de choc. On a déjà fait appel à un pédopsychiatre, il les attend à l'hôpital.
- Que dit le père ? Continua l'inspectrice.
- Il se souvient avoir eu un problème avec la porte de la salle de bain. Elle s'est soudainement ouverte violemment et l'a projeté contre la baignoire où il a perdu connaissance. Quand il s'est réveillé, les enfants étaient dans les bras l'un de l'autre. Il les a entendu parler à leur maman.
- A-t-on relevé des traces d'intrusion ?
- La porte de devant était fermée à clé quand nous sommes arrivés. Nous avons dû faire sauter le verrou. La porte arrière est close.
Un brancard sortit d'une des chambres, Maureen reconnu Antoine Hardhell, un pansement ensanglanté autour de la tête. Elle regarda les brancardiers le descendre péniblement dans les escaliers. Elle profita de la porte laissée ouverte pour entrer et alla directement auprès des deux enfants.
- Bonjour, dit-elle en souriant, dure journée hein ? Je m'appelle Maureen, je suis inspectrice de police. Et vous, comment vous appelez-vous?
- Hugo et mon petit frère, c'est Valentin. Il ne parle pas encore très bien, il n'a que deux ans.
- Effectivement, c'est un peu jeune pour parler correctement et toi, tu as quel âge ?
La voix de l'inspectrice est beaucoup plus douce que d'accoutumé.
- J'ai huit ans.
- Tu es un presqu'un homme, dis donc. Dis-moi, Hugo, peux-tu m'expliquer ce qu'il s'est passé ici ?
Elle observe les deux petits fixer un point au dessus de son épaule, ils semblent anxieux mais, très vite, un large sourire illumine leur visage. Hugo hoche la tête à plusieurs reprises. L'inspectrice vérifie si personne n'est derrière elle. Quand elle regarde à nouveau les enfants, Hugo la fixe et déclare rapidement.
- Papa est tombé sur la baignoire et il s'est endormi.
- Tu sais ce qui a fait chuter ton papa ?
- La porte.
- Tu as vu ce qu'il s'est passé avec la porte ?
- Non, j'étais avec Valentin. Je ne regardais pas.
- Tu es sûr ? Tu sais que c'est mal de mentir, surtout à la police ?
- Oui, madame. On n'a pas vu la porte s'ouvrir brusquement.
Le petit mit ses deux mains devant la bouche. Les yeux grands ouverts.
L'inspectrice se releva délicatement. Elle fouilla dans une des poches de sa veste et en sortit deux caramels, son pêché mignon, qu'elle tendit aux enfants.
- Vous devez être épuisés tous les deux. Je vais vous laisser rejoindre votre papa et vous reposer. Je viendrai demain vous dire bonjour et je veux que tu me dises la vérité, Hugo. C'est très important, d'accord ?
Le petit fit signe que oui tout en fourrant le caramel dans sa bouche.
- Mmmh, dit-il en avalant sa salive, Je vais manger celui de Valentin, maman dit qu'il est trop jeune pour le caramel.
Le petit met le bonbon dans la poche de son jeans et serre son petit frère contre lui. Une dame entre dans la chambre et demande si elle peut les emmener à l'hôpital.
Reculant pour laisser les enfants passer, Maureen ressent une sensation de froid assez désagréable. Frissonnant, elle ressert les pans de sa veste autour d'elle et sort à son tour de la chambre.
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Du fond de son entrepôt abandonné, Kéresse entend des bruits de pas s'approcher d'elle.
- Pourquoi on est ici ? Entendit-elle.
- Ne t'inquiète pas Juliette, nous allons nous cacher ici en attendant que le jour se lève. Ensuite, nous irons voir l'assistante sociale. Tu ne crains rien avec moi.
- Je peux avoir encore un biscuit ?
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