Chapitre 20: le fantôme
- Erine ? Qu'est-ce que tu fais là ? Caliel semble abasourdi.
- Caliel, par pitié, ne complique pas plus les choses. Je recherche juste ma sœur. Si tu sais où elle est, dis le moi.
- Et si je ne le sais pas ?
- Dans ce cas, je m'en irai quérir mes réponses ailleurs.
Erine est de taille moyenne avec des longs cheveux clairs, tressés sur les côtés et de grands yeux limpides. Les traits de son visage sont délicats et d'une finesse irréelle. Elle porte une robe médiévale qui, j'en suis certaine, doit être bleue nuit. Elle a l'air d'être d'une douceur infinie malgré son visage fermé.
- Je ne sais pas où est Kéresse, reprend Caliel, je pense que tu devrais arrêter de courir derrière elle sans cesse et de tenter de réparer ses bêtises.
- Je me fiche de ce que tu penses, Caliel. Je t'ai posé une question, tu as répondu.
Elle se détourne de nous et semble prête à s'évaporer quand elle se tourne à demi vers nous pour me regarder.
- Simone, tu devrais faire attention à ce qu'il te promet. Sa parole n'a pas de valeur.
Aussitôt, elle disparaît dans un halo de lumière éblouissant.
- Charmantes retrouvailles, m'exclamai-je.
En observant Caliel, je vois qu'il a le visage fermé et beaucoup de tristesse dans ses yeux. Il secoue légèrement la tête.
- On ferait mieux de retrouver Manon avant qu'il ne lui arrive malheur.
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- Inspectrice O'Hara, que pouvez-vous me dire actuellement ? L'interpella son chef.
Maureen O'Hara inspira profondément, calma ses nerfs et répondit sèchement.
- Que voulez-vous que je vous dises, chef ? Nous avons trois corps, pas beaucoup d'indices et énormément de questions. Nous avons découvert une empreinte, tout de même, que nous sommes en train de faire analyser. Les corps de Pierre Lemaire et d'Edgar Wallace sont partis à l'autopsie. J'attends le rapport demain matin.
- Et concernant la tuerie dans le bar de la nuit dernière ?
- Chef, vous m'en demandez beaucoup, s'énerva-t-elle, je ne suis pas affectée sur cette enquête. Une chose à la fois!
- Bien, bien ! J'attends de vos nouvelles, inspectrice. Veillez à ce que je ne sois plus obligé de venir aux nouvelles, j'ai horreur de ça !
L'homme tourna les talons et sortit de son champs de vision. Son portable vibra dans sa poche arrière, d'une voix irritée, elle répondit:
- Allô ?
- Inspectrice, ici le laboratoire. Nous sommes confus mais il semblerait que l'empreinte de la main appartiennent à Simone Hardhell.
- Mais c'est impossible ! Elle est morte bien avant Edgar Wallace. Vous devez vous tromper.
- Il n'y a pas de doute, nous avons reçus les empreintes dès l'arrivée des corps. Il s'agit bien de la main droite de Simone Hardhell.
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Nous avons cherché l'appartement de Manon pendant une bonne dizaine de minutes. Pas facile de se matérialiser dans un endroit où l'on a jamais mis les pieds. Heureusement, les boîtes aux lettres nous ont été bien utiles.
Manon est en train de verser du Chardonnay dans deux beaux verres à vin lorsque nous débarquons.
- Je parie que c'est du cristal, dit Caliel.
- Je parie que je m'en fous, lui rétorquai-je.
- Voulez-vous un petit truc à grignoter avec votre vin, demanda Manon.
- Non merci. Pour être honnête, j'aimerais beaucoup passer directement à l'étape qui nous intéresse le plus, si ça ne vous dérange pas.
- Heu .. fit-elle en rougissant, c'est un peu précipité quand même. Ne pouvons-nous pas discuter un peu, avant ?
- Pourquoi tourner autour du pot, mademoiselle Steel ? Nous ne sommes plus des adolescents.
- C'est-à-dire que ... J'ai l'habitude d'un peu plus de romantisme avant, tout de même. J'ai besoin de me sentir désirée.
- Ne vous inquiétez pas pour le désir, murmura l'homme.
Manon déposa son verre de vin sur la petite table de son grand salon art déco. L'homme mit le sien tout à côté. Il commença par retirer sa veste légère tout en regardant Manon droit dans les yeux. Il s'approcha d'elle et l'embrassa délicatement.
Manon, puérilement chancelante après ce baiser, prit le chemin de ce que je soupçonnais être sa chambre. L'homme l'observa quelques instants avant de lui emboîter le pas.
- Tu crois qu'il va quand même la chevaucher avant de la tuer? Me demanda Caliel.
- J'espère que non ! Je la vois à poils, je vomis !
- Tu exagères encore, elle est pas si mal foutue que ça...
- Vas-y, Ange Pervers ! Rinces-toi l'œil, surtout !
- Je n'avais pas besoin de ton aval mais je suis content de l'avoir quand même, me dit-il avec son fameux petit clin d'œil.
Manon commence à se déshabiller tout en tournant le dos à son futur amant. J'avoue, jalousement, qu'elle est hyper sensuelle dans ses gestes. Je remarque la petite cordelette que l'homme tient entre ses mains qu'au moment où il l'enroule autour de la gorge délicate de Manon. Celle-ci, surprise, frappe maladroitement les avant-bras de son bourreau.
- Bon, à mon tour d'entrer en scène ! Soufflai-je.
Je me focalise sur les jambes du tueur, me concentrant de toutes mes forces. Je vois le visage de Manon devenir de plus en plus sombre, j'imagine qu'elle doit commencer à être cramoisie. Sadiquement, je suis tentée de le laisser faire encore un peu...
- Simone, me rappelle à l'ordre Caliel.
Ajustant ma cible, je lui donne un petit coup sec à l'intérieur de ses genoux. L'homme, déséquilibré, lâche Manon qui s'empresse de s'écarter le plus loin possible de lui.
- Mr. X ! Vous êtes malade ?! Le sado-maso n'est pas mon truc ! Je vous demande de partir, tout de suite! Hurle-t-elle.
Elle a bien dit Mr. X ? Je suis certaine qu'il n'est pas Mr. X ! Même si j'ai du mal à me rappeler de lui, je suis certaine que l'homme devant moi n'est pas Mr. X !
- Il n'est pas celui qu'il prétend être ! Il n'est pas Mr. X, Caliel. J'en suis certaine même si le physique de l'homme que j'ai rencontré est assez flou, ce n'est pas avec lui que j'ai déjeuné.
L'inconnu se ressaisit. Il s'avance vers Manon, les mains devant lui, un sourire sadique sur les lèvres. Manon, apeurée, recule le plus loin possible de lui mais elle se retrouve bloquée dans le coin de la pièce. Elle se saisit de sa lampe de chevet qui semble assez lourde et la brandit devant elle.
- Ne vous approchez pas ! Hurla-t-elle.
- Laisse toi faire ! Je te rends service, petite pute !
- Me rendre service ? En m'étranglant ? S'insurgeât-elle
Je regardai autour de moi afin de trouver quelque chose de contendant.
- Qu'est-ce que tu penses de ça ? Caliel me tend un énorme chandelier en fer.
- C'est parfait !
Sans sommation, je l'abattis de toutes mes forces sur la tête du tueur qui s'effondra sur le tapis plein de la chambre. Une large flaque de sang commença à se répandre sur le sol.
- Mais c'est quoi encore ce bordel ! Hurle à nouveau Manon.
Elle enjamba le corps de l'homme assommé et couru dans le salon, attrapa son téléphone dans son sac à main et tenta de joindre la police.
Je lui arracha le portable des mains et le balança contre le mur. Il éclata en petits morceaux sous les yeux ébahis de Manon.
- Que... Que... Balbutie-t-elle.
Elle galopa vers l'entrée. La porte s'ouvrit de moitié que, déjà, je la fît claquer férocement.
Manon recula dans le couloir la bouche grande ouverte.
- Qui est là ? S'égosilla-t-elle.
J'attrape un stylo et un bloc de post-it et écrivis:
𝑆𝑜𝑢𝑣𝑖𝑒𝑛𝑠-𝑡𝑜𝑖, 𝑙'𝑒́𝑡𝑒́ 𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟
Je ne peux m'empêcher de rigoler en voyant les yeux exorbités de Manon lisant mon petit mot.
- L'été dernier ? Quoi ? J'y comprends rien, bégaya-t-elle.
- Simone, je t'avoue que je ne comprends pas le sens de ton message, me dit Caliel, dubitatif.
- Tu peux pas comprendre mon cher Caliel, lui rétorquai-je en lui faisant, à mon tour, un petit clin d'œil.
Manon froissa le papier entre ses mains et s'assit par terre, tremblante.
- Êtes-vous un fantôme ? Demanda-t-elle.
Je m'assis face à elle, le bloc et le stylo devant moi:
𝑜𝑢𝑖
- Un gentil fantôme ?
𝑁𝑜𝑛
- Vous allez me faire du mal ?
𝑃𝑒𝑢𝑡-𝑒̂𝑡𝑟𝑒
- Oh mon dieu ! Couina-t-elle, les larmes aux yeux.
Elle se releva difficilement, tangua en se retenant aux murs. Elle se rendit dans la salle de bain où elle aspergea son visage d'eau bien froide.
- Je deviens folle ! J'ai dû être privée d'oxygène trop longtemps ! Se dit-elle.
Elle leva les yeux vers son grand miroir mais, au lieu de croiser son regard, elle ne vit que mon visage, lui souriant diaboliquement. Elle ne hurla même pas avant de s'éclater l'arrière du crâne contre le carrelage froid en s'évanouissant.
- Simone : 1, Manon : 0 !
Je fais ma petite danse de la victoire en faisant très attention à ne trébucher sur rien du tout.
- Simone, je pense que nous avons un petit problème. Juste derrière toi !
En me retournant, je me heurte au regard fou du faux Mr. X
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