Attendez-moi, j'arrive
Art by Spirit-Of-Alaska sur DeviantArt
« More Like A Time for Mercy »
Hey !
Oui, je suis là, c'est bien moi. Désolée pour cette si longue absence, j'espère que certains d'entre vous sont encore là. Je viens d'écrire ce chapitre à l'instant et vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis contente de pouvoir retrouver Museau de Craie et tout le Clan du Vent ! J'espère que ce chapitre vous plaira. Je reviendrai avec un autre chapitre dans pas trop longtemps je l'espère, mais en attendant je vous souhaite plein de bonheur, je vous envoie plein d'amour et de poésie. Prenez soin de vous ❤️
Il y avait des flammes partout et Nuage Alezan paniquait. Il ne faisait plus attention au crépitement du feu, à l'odeur de brûlé ou à l'herbe qui se noircissait. Mais il ne ressentait que trop bien la chaleur insupportable sur sa fourrure et entendait si fort les cris des chats autour de lui qu'il avait l'impression que plus jamais il ne profiterait du silence.
Peut-être qu'il allait mourir ici au milieu des cris et que ce serait la dernière chose dont il se rappellerait.
Non, non, il ne voulait pas mourir maintenant. Il devait encore devenir guerrier. Avoir son nom de combattant. Faire un voyage jusqu'à la source de Lune. Gagner une partie de chasse contre Nuage Minuscule. Se chamailler avec Nuage de Luciole. Raconter ses aventures à Nuage de Pomme. Rendre fier son mentor. Non, non, il ne pouvait pas mourir maintenant. Il avait encore trop de choses à accomplir pour mourir maintenant.
Ce n'était pas terminé. Il n'avait pas finit de se battre.
— Museau de Craie !
La discrétion importait peu maintenant. Il fallait sortir de l'île et vite.
Museau de Craie bougea une oreille ; Nuage Alezan ne le remarqua pas. Avec précipitation, il poussa l'ancien en avant, le forçant à avancer. Et tant pis s'il trébuchait. Ils n'avaient pas le temps de faire attention.
Rejoindre la rive la plus proche fut un trajet périlleux et terrifiant. Nuage Alezan fit de son mieux pour guider Museau de Craie, mais il fallait éviter les bousculades des autres chats, contourner les flammes grandissantes, chercher son souffle au milieu de la fumée, plisser les yeux pour distinguer ce qu'il y avait devant lui. La tâche n'était que plus dure lorsqu'on considérait que Nuage Alezan ne s'était jamais rendu sur l'île des Assemblées. Finalement, à force de se débattre dans la foule et de s'accrocher à la fourrure emmêlée de Museau de Craie pour ne pas le perdre, l'apprenti sentit l'eau venir entourer ses pattes. Ils avaient atteint la rive !
Et maintenant ?
Le cœur de Nuage Alezan tambourinait dans sa poitrine. On aurait dit que des milliers de lapins galopaient en rythme à l'intérieur de lui. Il se demanda si Museau de Craie pouvait entendre ces battement affolés. Dans les oreilles du jeune chat roux, ils étaient aussi forts que le grondement du tonnerre.
Museau de Craie n'entendait pas les lapins de Nuage Alezan. Mais si ce dernier le lui avait demandé, il aurait considéré cette possibilité ; lui-même avait son propre cœur qui battait à toute allure. Il ne savait plus comment il se nommait et peinait à marcher, sans cesse bousculé par la foule. Même sa toute première Assemblée n'avait pas été si terrifiante. Il voulait redevenir chaton et se blottir contre Petite Ombre et sa mère et retrouver l'odeur familière du lait. Revenir au moment de son premier secret. Il n'avait toujours pas oublié ce souvenir.
L'eau clapotait et éclaboussait leurs pattes. Les deux chats étaient figés. Autour d'eux, d'autres guerriers se jetaient à l'eau, s'entraidaient et s'appelaient. Nuage Alezan se sentait invisible pour la première fois ; du côté de Museau de Craie, ce n'était plus quelque chose qui l'étonnait. Auparavant, il avait été si souvent ignoré que ce ne serait de loin pas la première fois qu'on ne remarquait pas sa présence.
— Il faut nager, Museau de Craie. Tu sais nager ? Par le Clan des Étoiles, dit moi que tu sais nager. Montre moi que tu sais nager. Je sais pas nager, moi, et je pense pas pouvoir te porter. Qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que je dois faire ? Aide moi, Museau de Craie, aide moi !
Museau de Craie ne savait plus s'il pouvait nager. Il n'avait plus réellement conscience de son corps. Il flottait au-dessus et observait la scène d'un œil désintéressé. Il leva la tête vers le ciel. Est-ce que celui-ci l'observait en ce moment ? Était-il encore plus ébloui maintenant que le feu s'ajoutait à la lumière de la Lune ?
La Lune. Il voulait la voir encore une fois. Les flammes la cachaient. S'il devait nager pour revoir la Lune, il le ferait. Il ne mourrait pas sans avoir dit au-revoir au plus bel astre de la nuit.
Alors, sans apporter de réponse à Nuage Alezan, il avança. L'eau était froide contre sa fourrure, mais elle l'accueillait comme le vent l'avait fait tant de fois. Elle se refermait autour de lui et murmurait à son oreille. D'une voix enchantée, elle murmurait qu'elle le protégerait du feu. Elle lui souhaitait la bienvenue, chantait joyeusement, comme totalement imperméable face aux cris et à la panique.
Derrière, Nuage Alezan l'appelait. Sa voix trahissait sa peur. Museau de Craie l'imaginait sans mal trépigner sur place, jeter des regards en arrière, puis se tourner vers l'eau, observer les vagues du lac, chercher la rive de l'autre côté, gémir de terreur. Mais l'ancien avait confiance en lui. Il le suivrait. Le peu de temps qu'il avait passé avec lui assurait qu'il ne se trompait pas. Malgré la peur, Nuage Alezan saurait trouver les ressources nécessaires en lui et avancer. Il suffisait que Museau de Craie sache montrer l'exemple. L'inspirer assez pour le sauver. C'était tout ce qu'il avait toujours fait. Caché dans l'ombre, pousser les autres à devenir plus grands.
Et lui alors, qui pouvait bien l'aider, qui pouvait bien l'inspirer ?
La Lune.
Il devait voir la Lune.
Un léger grognement et quelques éclaboussures lui apprirent que Nuage Alezan se jetait à l'eau à son tour. Tous les deux, ils battirent des pattes, le museau tendu vers le ciel, poussé par les flammes hurlantes. Ils allaient réussir. Ils devaient arriver en vie de l'autre côté.
La nage était épuisante et surtout interminable. Rapidement, les mouvements de Museau de Craie se firent fatigués. Ce ne fut que lorsqu'il laissa s'échapper un gémissement plaintif que Nuage Alezan s'en rendit compte. Immédiatement, l'apprenti se rapprocha de son aîné, essayant de lui offrir un soutien comme il le pouvait. Mais les pattes du rouquin avaient été entraînées à courir, à prendre appui sur la terre ferme et se faufiler entre les bruyères. On lui avait apprit à étendre ses foulées, à planter ses griffes dans le sol pour augmenter son impulsion. On ne lui avait jamais enseigné la nage, encore moins sur une si grande distance, avec la panique et le feu dans son dos.
La première fois que Museau de Craie disparut sous l'eau, Nuage Alezan perdit tout le peu de sang froid qu'il lui restait. Il appela à l'aide le plus fort qu'il pouvait et cria fort le nom de son camarade. Lorsqu'il refit surface, un soulagement de courte durée l'envahit... avant qu'il ne disparaisse de nouveau. Les mouvements du plus jeune se firent de plus en plus précipités et il ne se rendit pas compte qu'il ne faisait que s'épuiser.
Peut-être allaient-ils mourir, après tout.
Peut-être était-ce la fin.
Museau de Craie inspira brusquement quand l'eau se sépara pour le laisser accéder à un peu d'air. Une bourrasque accompagnée par une secousse dans l'eau le submergea très vite ensuite. Mais il eut le temps d'apercevoir la Lune. Et ça lui suffisait.
Alors, ses pattes arrêtèrent de remuer inutilement et il se laissa sombrer. La Lune brillait. Elle était belle. Danse du Rapace était belle aussi.
Il envoya une pensée à ses deux amours quand le noir se fit autour de lui. Un au-revoir. Ou peut-être un bonjour. Un attendez-moi, j'arrive. Je vous rejoins enfin. J'ai tant attendu pour vous retrouver. J'espère que vous êtes encore là. J'espère que vous m'avez attendu. Désolé d'avoir pris autant de temps. Je suis un rêveur. Quitter la magie d'un monde, ça m'a toujours demandé du temps.
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