🍂30 - UNE MACABRE DECOUVERTE🍂
Les journalistes locaux furent les premiers sur les lieux afin de quadriller la zone bien avant que les premiers véhicules de la police n'arrivent à leur tour. Tous avaient déjà la tête aux gros titres, se battant pour essayer de gratter le petit truc en plus qui pourrait alors tout changer sur cette affaire sans avoir conscience qu'il n'y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Pas plus cette fois que pour les fois précédentes. Après tout, ce n'était que le septième corps que l'on retrouvait sans explications, comme si, à cette saison, les cadavres s'étaient subitement mis à sortir tout seuls de terre, à l'exemple des carottes arrivant à maturité.
De toute évidence, ce n'était pas un spectacle plaisant à voir, car les vers, toujours au rendez-vous pour ce genre de festin, avaient encore une fois fait des merveilles en rendant le travail d'identification ardu et certains petits brigadiers prenaient d'ores et déjà les paris quant à savoir combien de temps cela prendrait cette fois. Une semaine ? Deux peut-être ? Un mois ? C'était bien la seule chose qui allait alimenter les discussions pour la journée, au grand damne du commissaire Kylian, à peine plus frais aujourd'hui qu'il ne l'était la veille. Tout le monde au poste savait qu'il buvait et qu'il entretenait une relation toute particulière avec la bouteille, peu importe sa forme et son contenu, du moment que cela lui brûlait l'œsophage.
– Est-ce que l'on en sait plus sur les causes du décès ? demanda-t-il en s'accroupissant à hauteur du légiste en plein travail.
– Difficile à dire. Les vers et autres asticots ont savouré chaque petite partie de ce pauvre homme et je n'en saurais plus qu'à partir du moment où j'aurais amené cette pauvre âme sur ma table.
– Donne-moi quelque chose à dire à ces vautours qui attendent là-bas. Eux aussi ont faim.
– Je ne suis pas magicien, Kylian. Ne peux-tu pas te contenter de dire ton charabia habituel ?
Si seulement cela pouvait suffire et contenter ces messieurs les journalistes. Il fallait dire qu'en l'espace de trois mois, c'était déjà le septième corps retrouvé dans la région et certains esprits éclairés avaient, depuis longtemps, compris qu'il se passait quelque chose d'étrange dans le coin. Certes, des gens disparaissant dans la région, ce n'était pas ce qu'il manquait : des randonneurs faisant fi des mises en garde et des interdictions, des amateurs d'urbex, des touristes constamment à la recherche de lieux atypiques. Bref, des idiots pareil, la police en comptait à la pelle et il était fort probable que le "glaçon" ici présent en faisait partie, toutefois il y avait dans ce cas quelque chose d'étrange.
– Tu crois vraiment qu'ils vont se satisfaire de cela ? siffla le commissaire.
– Utilise donc ton charme naturel pour... Charmer cette bande de vipères, plaisanta le légiste en lui faisant de grands signes de tête, A ta place, je me dépêcherai, ils ont l'air avides de détails bien morbides !
– Je ne comprends même pas comment on peut vivre sur le dos du malheur d'autrui, pesta Kylian en se redressant. Ils se nourrissent de ça.
Ce n'était pas tant l'affaire qui fascinait l'assemblée de journalistes réunis, mais plutôt l'histoire qui l'entourait et la légende qui en naissait à chaque nouvel article sur le sujet. Retrouver un corps au beau milieu de la montagne, c'est une chose merveilleuse. Un corps que l'on ne peut identifier, une chose fascinante. Mais le septième d'une série ? Voilà un mystère qui valait bien la une et l'attention de tous. D'autant plus quand celui-ci se trouvait être le septième malheureux que l'on retrouvait non loin du manoir de Castelroc.
Le manoir étant tout ce qu'il reste d'une grande tragédie.
– Au fait ! Ça fait des mois maintenant que ton acolyte est partie, non ? Tu dois te sentir seul au poste, rajouta le légiste sans plus de tact.
– J'ai cru comprendre que c'était pour une affaire de famille, répondit le Commissaire en regardant vers les journalistes regroupés, Je n'ai pas posé de questions. Néanmoins, je ne suis pas mécontent qu'il soit partie, Grégory était vraiment...
– Spécial ?
– Collant.
Ils rigolèrent tous les deux comme si de rien n'était, mais sans en dire davantage, Kylian savait déjà que la montagne avait fait sa part. Il savait qui était là, à ses pieds, gisant. C'était ainsi que tout devait fonctionner : une fois satisfait, le manoir recraché ses restes comme un nourrisson déglutissant son repas. Ce n'était plus qu'un corps. Une enveloppe. Vidée de tout.
– J'ai ouï-dire que le maire avait demandé un permis de démolition. Pour le manoir.
– Peut-être qu'il est grand temps que la ville se débarrasse enfin de cette vieille bâtisse tombant en ruine. C'est bien pour le tourisme et les croyances populaires, mais regarde ce que les fous qui s'y rendent deviennent : des dîners ambulants pour les ours du coin. Les gens savent pourtant que c'est dangereux d'y grimper.
– Il faut croire que certaines têtes sont plus dures que d'autres, que veux-tu ?
– Tout ça parce qu'il y aurait un soi-disant "esprit" selon certains idiots ? Laisse-moi rire.
– Esprit ou pas, personne n'ira plus jamais là-bas une fois que le maire l'aura réduit en un tas de poussières.
Une chose était certaine en tout cas : personne ne saurait ce qu'il s'y est réellement passé.
– Dire que mon propre grand-père disait que c'était la demeure du diable ! plaisanta le légiste, bon, allez qu'on emmène ce pauvre gars même si je ne suis pas certain de savoir ce que je peux faire de plus.
Sans le vouloir et sans le savoir, il fut peut-être le seul à mettre le doigt sur quelque chose.
Peut-être que c'était la demeure du diable ou peut-être était-ce la demeure de quelqu'un d'autre si tentait que le diable existait.
Une chose était certaine : il y avait bel et bien un puits à souhait qui réclamait ses tributs pour chaque vœu exaucé et c'était peut-être lui, le vrai démon.
Et même quand la ville cessera d'exister, un jour, celui-ci sera toujours là, attendant qu'une nouvelle âme innocente croie en lui, car c'est tout ce qui lui suffit...
A SUIVRE...
Note de l'auteure :
Eh bien nous y voilà ! Le point final a été posé et je peux vous dire que je suis extrêmement fière de cette histoire car moi qui suis habituellement dans des histoires plus colorées et plus joyeuses, voilà que je m'essaie à un registre différent. Alors oui, il y a de petites imperfections et avant que vous ne me sautiez à la gorge, sachez qu'une réécriture de l'histoire est prévue. Déjà 5 chapitres supplémentaires sont prévus et pour cela, vous pouvez remercier le travail incroyable de Charlye_stories qui m'a accompagné durant l'écriture ! Je prévois de publier celle-ci d'ici mi-mai voire juin pour me laisser le temps de souffler (c'est important ahah)
Un grand merci à toutes celles et ceux qui s'arrêteront sur cette petite histoire, vraiment ça me fait plaisir de vous voir essayer autre chose également.
Et quant à savoir ce qui se cache réellement dans les murs du Manoir de Castelroc... Je vous propose que l'on retrouve très prochainement pour cela car comme je l'ai dis : ce n'est qu'une affaire à suivre.
Merci pour votre soutien,
Manon
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