Passer de ça à ça !
Aimé
La tête de Constance pèse sur mon bras, coupant la circulation. Les fourmillement gagnent mon bras tandis que j'élabore un stratagème pour m'éviter de perdre un membre. J'ai une vague réminiscence d'un épisode de Friends... Ross explique à Chandler ou bien est-ce Joey ? Bref il détaille comment faire rouler/bouler sa partenaire et se libérer. Un sentiment de culpabilité me saisit car je sais aussi comment l'épisode se termine, le roulé/Boulé envoie sa partenaire dans le mur.
Je suis face à un dilemme de taille soit je me résous à perdre mon bras - mort au combat de ma fierté et de mon romantisme - soit je lui accorde le respect que je lui dois et le libère. Pour en être rendu à parler de mon bras comme d'un soldat blessé je concède qu'il est grand temps de sauver l'infortuné quand la tête de Constance se soulève d'elle même et qu'elle me souffle dans l'oreille.
— C'est désagréable n'est-ce pas ?
J'hallucine ! Elle faisait exprès ? Mais pourquoi ?
— Tu as donc un vague aperçu de ce que tu m'infliges toutes les nuits depuis une semaine !
Hein ?
Elle a un sourire pervers et je tique. Il se peut que je sois "câlin" et qu'au final, ce soit sa façon de me dire qu'elle trouve ça "collant"
Vivre avec elle est un combat de chaque instant ! Je soupire, je n'ai même pas d'échappatoire car nous sommes à l'hôtel depuis quelques nuits pour aider au mieux Gerard à tout réparer.
D'humeur maussade, je ne me déride guère avec la suite des événements !
La porte s'ouvre à la volée sur un grand type furieux !
— C'est quoi ce merdier Constance ?
Gerard tente de retenir le molosse et affiche une mine sincèrement désolée à notre intention.
— Ce monsieur n'a rien voulu entendre !
— Ce monsieur t'emmerde, invective le type avant de repousser Gérard.
Je rencontre alors, le type le plus lunatique de la création car en une minuscule fraction de seconde, il change d'attitude du tout au tout.
— Oh j'ai compris ! Tu t'es pris un sex-friend pour te venger ?
Il s'assoit au bord du lit et fait un geste complètement incongru, il tapote mes pectoraux.
— J'avoue ... pas mal ! Lâche t'il en connaisseur.
Il soupire pendant que Constance l'envoi bouler.
— T'es con ou tu le fais exprès ?
— Je suis amoureux ! Il soupire à mon intention avec un sourire charmeur. Ça ne me dérange pas vous savez !
Ce qu'elle apprend ailleurs ne peut qu'être bénéfique pour nous. Elle est un peu rigide avec moi.
Puis il regarde Gérard resté dubitatif.
— Je suis désolé pour l'entrée en matière, Ce n'est pas mon genre mais il fallait "marquer le coup" !
— Peter ! Dégage !
Il se redresse et va dans la chambre voisine.
— Tant mieux elle est vide.
Je me demande ce qu'il aurait fait dans le cas contraire.
— Tavernier, crie t'il, je prends la chambre et je paie cash.
Il jète un billet de cinquante par l'embrasure de la porte.
Gerard qui ne sait pas comment réagir demande conseil à Constance.
— Tant qu'il est soûl... On ne peut rien faire !
La porte se referme et en moins de cinq minutes nous entendons ronfler.
Je lui jète un regard furieux.
— Comment tu as pu passer de ça à ça. Je désigne tour à tour le mur et moi. C'est super vexant, ça me pose question.
— Attends de rencontrer le vrai Peter, ton estime va remonter... ou chuter très bas.
Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire et la regarde se rouler en boule dans un coin en râlant.
*
Constance
Merde ! Merde ! Et re-merde.
Que fais Peter ici ?
Et c'était quoi cette entrée en matière ?
Je sais à l'avance le spectacle qui m'attend demain matin.
Et je ne me trompe guère. Il est là, passant de table en table, affable et charmant. Il a un petit mot pour tout le monde alors qu'il les connait depuis ... je regarde ma montre - une heure à tout casser. Mes lèvres blanchissent sous l'effet de la colère. J'aperçois les Mamies bigoudis toutes aux aguets de la petite phrase charmante et caustique qu'il s'apprête à leur lancer.
— Mesdames votre charme n'a d'égal que votre multitude !
Alors on est d'accord ça ne veut rien dire mais elles tombent en pamoisons et surtout dans le panneau !
Il me voit et leur chuchote un truc qui leur met des cœurs dans les yeux avant de s'avancer vers moi, une rose entre les dents.
— Belle dame, mon entrée en fanfare était déplorable. L'unique excuse étant mon amour pour toi.
Aimé arrive à cet instant et reste interdit.
— Oh ! Salut Musclor, désolé pour le dérangement hier. Je vais juste récupérer ma femme...
— Je ne suis pas ta femme !
— Ma fiancée ?
— Non plus.
— Ma dulcinée ?
Je secoue la tête à chacune de ses tentatives suivantes.
Il redevient sérieux et penche la tête.
— J'ai merdé ! Mais je veux que tu revienne, je t'ai laissé le temps de faire joujou avec ton gigolo.
Aimé se tend comme un arc derrière mon dos mais je réplique, mordante et peu soucieuse des regards appuyés que nous attirons.
— Tu as couché avec ma meilleure amie.
— Dis comme ça ! Forcément j'ai le mauvais rôle...
Il lève les yeux au ciel.
— Tu manques à ma vie Constance, je suis prêt à m'engager à fond avec toi. Tu veux te marier demain ? Faisons-le !
Un gosse ? Idem !
Aimé ne décolère pas dans mon dos, je lui prends la main et passe côté épicerie pour le semer mais l'autre emmerdeur nous suit et en profite pour commenter ce qu'il voit.
— Et dis donc, ils ont rêvé ou quoi ? C'est quoi ce prix ?
Aimé émet un rictus narquois mais avec le regard que je lui lance il s'abstient de tout commentaire.
Peter relève le nez.
— Je suis passé voir ta grand-mère et l'informer de mes intentions à ton égard !
Je fronce le nez de mécontentement alors qu'il continue sur sa lancée.
— Comme elle ne m'a ni dissuadé ni parlé de ta gravure de mode, j'en déduis qu'elle n'est pas au courant. Donc soit c'est secret pour une raison douteuse soit c'est que ça n'a juste pas "d'intérêt"
J'aurais dû voir venir le coup de poing d'Aimé en plein dans sa face et Peter aussi aurait pu s'en douter. Du moins à défaut de le voir venir l'a t' il senti.
Peter se masse le nez.
— Je ne m'y attendais pas ! À force de vivre avec l'autre "mannequin main" on en oublie que les gestes violents existent.
Aimé se tourne vers moi.
— Qu'est ce qu'il raconte ce crétin ?
— Il fait référence à mon assurance !
Je ne suis pas très fière de ça mais en tant que chirurgien réputé, aux Etats-Unis, la clinique avait souscrit une assurance juste pour mes mains et en France, idem peu de temps après. Et dans ma vie de couple j'avais longtemps usé de cet argument pour ne pas changer ne serait-ce qu'une ampoule. Si n'importe quel préjudice arrivait à mes mains j'étais remboursée mais les conditions étaient très lourdes et les experts avaient l'air tout droit sorti du film "le Parrain" j'avais donc évité soigneusement- jusqu'à l'accident - de les contrarier.
Bizarrement, le jour où tout bascula, ils ne firent aucune enquête et alignèrent les billets sans discuter. Cela explique entre autre que j'ai de quoi me permettre mon année sabbatique tout en ayant intégralement remboursé mes prêts étudiants et immobilier. Bref Peter, lui aussi chirurgien avait toujours eu en travers de la gorge que MES mains puissent valoir plus que les siennes. Et il se moquait en toute occasion, dispensant sa bile en blague graveleuse sur le sujet. Genre qu'il pourrait s'il voulait me frapper au visage sans préjudice car je n'étais pas assuré "de la face" je reprends ses propres mots - et qu'il n'y avait aucune chance que je réplique sous peine de me faire une éraflure aux mains !
Je sais qu'on pourrait carrément se demander ce que nous faisions ensemble mais Peter avait eu des bon côtés. Notamment celui d'être là depuis longtemps dans ma vie, de connaître beaucoup de chose sur moi et de les accepter et de m'aimer même si sa façon de le faire laissait franchement à désirer.
— De toute façon rien ne presse j'ai pris tous les congés que j'avais en retard.
Ma bouche se décroche ... et soudain j'ai une révélation.
— Tu t'es fais plaqué par Sofia, avoue !
— Quoi ? Non ! N'importe quoi ! Non.
Qu'est ce qu'on apprend dés la primaire en math déjà ? Que moins moins ça fait plus ... non ?
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