Casdler

Constance

J'ai décidé d'aider mon "homme de main" à faire la salle de bain. Mais très rapidement, Marco me fait comprendre ce que doit ressentir mon équipe quand nous sommes au bloc.

— Cruciforme rouge !

Je tends vers lui deux tailles et il tapote du bout des lèvres son index avant de se décider.

— Niveau !

Je m'exécute et me colle près de lui pour observer ses gestes minutieux mais il me chasse comme une vulgaire mouche.

— Silicone !

Je soupire, j'étais justement en train de jouer avec le pistolet et je m'appliquais à en mettre sur une arrête de mur. Il me jète un regard horrifié.

— Constance !

— Quoi ? Je m'ennuie et le coin de mur m'a attaqué.

— Je préfère solo ! Tu fais les bêtises.

Je danse un pied sur l'autre avant d'avouer piteusement.

— J'ai pas envie de voir Peter !

Amusé, il croise les bras sur la poitrine.

— Tu prendre moi pour una copine ?

— Je comprends rien quand tu parles Marco !

J'ai très bien compris mais je retourne ainsi la mesquinerie contre lui.

— Je suis pas ta copine.

— Ah ben tu vois quand tu veux !

Il secoue la tête.

— Pourquoi tu sortir avec Peter ?

Alors que je cherche moi même la réponse, Hervé passe la tête par l'embrasure de la porte.

— Salut copain, j'ai reçu ton texto, besoin d'aide ?

Marco sourit et me désigne.

— Oui ... Elle pas attentive.

— Parfait j'en avais marre de parler à Justine.

Avec Marco on s'interroge du regard mais Hervé nous perd dans son explication. Apparement Justine c'est le nom de sa bouilloire... Sans commentaires.

Je descends faire de la peinture et m'illustre par mon efficacité, je suis devenue une vraie pro.

Je repense à Peter, à ce "nous" qu'on ne sera jamais plus et inévitablement à ce "je" que j'ai cessé d'être. Et les questions se bousculent dans ma tête ? Voudrais-je vraiment à nouveau de cette vie de tarée ? Opérer, dormir et manger ? La réponse est là, tapie en moi depuis dès semaines ... Même si, je dois tout de même être honnête, opérer m'a manqué. Je l'ai su à la seconde ou j'ai passé les portes du bloc. Ça n'avait rien eu de traumatique, juste l'adrénaline vitale à ma survie et les palpitations irrégulières de mon cœur qui s'enflamme. J'étais dans mon élément pendant l'épisode Cévenol.

Une fois ma tâche finie, je prends ma caisse à outils et me dirige vers la dépendance que je retape seule. Pas celle dont le mur s'effondre. Celle que Mamé avait séparé de la parcelle et fait mettre à mon nom en donation.
Elle est en très bon état mais a besoin d'être remise au goût du jour et que je change les radiateurs et les fenêtres. Ce léger détail la rend à ce jour inhabitable. Et oui je sais que les fenêtres c'est utopique que ce soit moi, j'ai trouvé THE artisan que veut bien me le faire.

Je m'attelle à déposer tous les radiateurs et repense à mon appel de tout à l'heure à la maison de retraite. Mamé m'avait semblé ailleurs. Comme désintéressée de l'avancée des travaux qui avaient enfin repris. Peter m'a pourtant juré ne rien lui avoir dit de notre secret.

La lumière est tombée depuis longtemps quand Marco revient me chercher. Il a besoin d'aide pour ranger son chantier.

Je l'écoute me dire qu'il apprécie Hervé, il le trouve efficace et travailleur. Je le coupe.

— Tu m'as pris pour ta copine ?

Il rigole doucement dans sa barbe de quelques jours.

— Non, tu es mas importante que una copine.

Je minaude un "ah ouiiiii" qui l'amuse et il laisse tomber sa caisse à outils à quelques centimètres de mes pieds.

Il se passe la main dans les cheveux et désigne la dépendance.

— Tu es femme têtue et ça esta un beau projet.

Il est peut-être temps que je lui dise que je suis en train de mener un autre projet de front ...

— Je me suis mêlée de ce qui ne me regardait pas Marco... j'ai contacté ta femme.

J'attends l'explosion de colère qui ne vient pas et poursuit alors qu'il me dévisage, circonspect.

— J'ai expliqué tes projets ici et ton ... travail. Que je ne t'avais pas vu boire une goutte depuis deux mois... Bref ... Dona accepte que Giulia vienne passer les vacances de noël avec toi.

Il ne dit toujours rien pendant un long moment et je bafouille très rapidement pour devancer sa question.

— D'ici là, j'aurais finis de t'aménager la dépendance tu pourras la recevoir décemment. Aimé va m'aider à lui décorer une chambre, il a quelques meubles pour enfant.

— Quand tu partir Constance, qu'est-ce que je devenir ? Je retourne dans ma rue ? Je vois que la vie est belle puis plus rien ?

Je reste soufflée par sa pensée.

Et je le dévisage et l'aperçois pour la première fois tel qu'il est, un homme, pas un surhomme. Quelqu'un qui a peur et que je force à aller trop vite.

— Tu essayes de me sauver au lieu de t'occuper de ta vie.

La phrase est parfaite mais elle me fait mal, elle est d'un français très correcte, là n'est pas le problème ! C'est plutôt que je me rends compte dans le fond qu'il a raison.
Je déglutis et sens les larmes me monter aux yeux et réponds en sifflant, méchamment pour le défendre.

— Excuse-moi d'avoir voulu te remercier pour ton aide !

On est là comme deux titans, à se dévisager en chien de faïence quand la voix d'Aimé retentit.

— Besoin d'aide !

— Non c'est bon, grommelé-je dans sa direction sans quitter Marco des yeux.

— Non, c'est moi qui ai besoin d'aide si tu ne veux pas que je commette un meurtre.

La voix de Peter qui suit, me tire un sourire et aggrave encore plus l'expression de Marco.

— Et dis donc, tu es gonflé, tu étais bien content de me trouver pour récupérer ta commande à Point P.

— Non pas vraiment ! J'aurais préféré me vider le cerveau avec une petite cuillère.

— Aimé est un prénom qui ne te va pas du tout mon pote.

Je descends en quatrième vitesse avant qu'Aimé ne mette sa menace à exécution. Marco ne bouge pas.

En bas, Peter me nargue.

— Hé ... tu es une vraie cochonne toi ! Tu fricotais avec le bel andalou ?

— Mon poing dans ta figure Peter, ça te calmerait ?

Il se mord les lèvres et pose son chargement par terre.

— Il ne vaut mieux pas si tu veux que je serve à quelque chose ! Gerard m'a suggéré de t'aider à retaper ta dépendance.

— Quoi ? Non, hors de question.

Je le vois rire tout à coup et me rends compte qu'il se fiche de moi.

Marco descend, maussade et baragouine un "merci mais non" très convainquant à Peter avant de s'en aller en claquant la porte.

Je raconte aux gars notre différent et surprends un regard équivoque entre eux. Mon ex s'esclaffe et sort de la pièce à son tour en lançant:

— Bon courage avec Casdler.

Ça m'horripile au plus haut point et j'alpague Aimé.

— Je te laisse une journée avec et vous êtes potes ?

— Ça va pas, non ?

— Alors qu'est qu'il sous-entendait ?

— Il te trouve castratrice avec les hommes.

— En quoi aider un ami est castrateur ?

Il hausse les épaules et grimace. Bon sang, il est d'accord avec Peter ! La honte suprême.

— Tu as demandé à Marco son accord pour contacter sa famille ?

Je me renfrogne et lui signale que ce soir il dormira seul.

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