-I-

Je cours, doucement. Je ralentis de plus en plus. Je suis au bout de mes forces. Je crois les avoir semés. Je l espère. Je m autorise alors une pause. Je n en peux plus. Mon coeur bat fort dans mes oreilles, il résonne dans tout mon être. Rien ne semble pouvoir le retenir, ni stopper sa course effrénée. Il m empêche de réfléchir, ne serait-ce que d aligner une pensée sensée. Je suis fatiguée. Mes yeux veulent se fermer, mes oreilles bourdonnent, je n entends plus que le sifflement haché  de ma respiration. Mes jambes ont lâché, je suis effondrée, contre ce que je crois être un rocher où s accrochent désespèrement quelques coquillages. Je me trouve sur une plage, je sens du sable fin sous mes doigts tremblants. Je parviens, non sans difficulté, à relever ma tête, essayant d identifier le paysage qui se dresse  devant moi, de donner un nom à cet endroit. Rien de familier, un ensemble inconnu. Une mer en colère, pleine de haine et de rage, une plage grise, immense, désertique. Toute forme d énergie semble me quitter, l inspection et la reconnaissance des lieux attendront. Je repose ma tête au creux de mes bras et je ferme mes yeux rougis par le froid. Un froid glacial qui me fige. Je ne dois plus y penser, faire abstraction de la douleur, ne plus ressentir, ne plus me dire que je ne sais même pas où je suis ni même d où je viens de partir, de m enfuir.

Cependant, je me souviens de Léena, mon adorable petite sœur, une vraie diablesse au passage, de mes parents étrangers à mes yeux, à mon sang, à mes gènes. Je me souviens de ce monde où je vivais, plein de gaité et d ignorance. Certainement pas innocent. Je vivais paisiblement, je croyais le connaître mais, comme tout le reste, je me trompais, me fourvoyais.

Le vent se lève. Une tempête se prépare. Je dois bouger. Me cacher. Ils me retrouveront sûrement, ils me retrouvent toujours.

Je rouvre les yeux et m arme de courage. Je m arrache du sol, j ai du mal à tenir debout sous la pluie cinglante, sous le vent qui me fouette, me bouscule contre la roche. Je ne vois rien, je n ai plus de repères. Je m accroche désespèrement au rocher  qui ne se trouve pas tout seul sur cette mystérieuse plage grise cendres. En effet, un gigantesque amas vient me semble t il d "apparaître ". Comment ai je fait pour ne pas le remarquer? Je suis leurs contours jusqu'à me retrouver miraculeusement au pied d un renfoncement juste assez grand pour m accueillir. Une coïncidence? Je l espère. Je me glisse à l intérieur, m encorchant, déchirant mon jeans élimé et ma simple chemise, jadis blanche. Mes pieds, nus, me font souffrir, même si, avec le froid, je ne les sens presque plus. Je ne me rappelle plus où j ai perdu mes chaussures. On a du me les prendre. Dommage je les aimais bien ces bottines, elles m étaient utiles. Tant pis je ferai sans.

Il fait noir en plein jour. Le vent redouble d ardeur. J ai réussi à rentrer complètement, je me sens a l étroit...ma claustrophobie me reprends. Non!! Pas maintenant!! Ce n est pas le moment mais c est incontrôlable. Je sens l oppressement insistant sur ma cage thoracique et la panique me gagner. En plus de la peur, de la fatigue et du stress constant. J avance à tâtons dans le néant. Mon pied se pose alors sur...du vide!! Je tombe. Ma chute s étire, semble durer des secondes entières. Mon cri aussi. La réception est rude, j atterris violement. Ma jambe se brise. Ma tête se cogne sur la paroi.

Il me reste un nom. Marcus. Puis le noir.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top