4/ Inverser les rôles
Ça nous est tous arrivé d'être en tort. C'est une expérience qui peut être assez désagréable. Et ce, pour plusieurs raisons : la peur que l'autre s'en serve pour nous enfoncer, le fait d'être en faute, ne pas avoir envie de se remettre en question, etc.
Une personne normalement constituée reconnaîtra ses torts, car dans 90% des cas, il n'y a rien de très grave. Par exemple, on peut avoir affirmé à tort quelque chose et on est repris. C'est assez courant, personne n'a la science infuse. On se corrige, et on passe à autre chose.
Une personne toxique ne le fera pas. Son image se construit autour d'une assurance très marquée, mais illégitime. C'est un leurre, qui demande d'en céder le moins possible. Vous aurez beau lui dire, lui montrer qu'elle est en tort, elle reniera tout en bloc, jusqu'à vous accuser vous. Si la personne toxique sait que vous n'aimez pas la mettre en difficulté, par contre, ça ne lui posera aucun problème de vous mettre au pied du mur.
Et c'est là qu'il y a déséquilibre, et que vous ne devez pas céder.
Vous n'êtes pas en tort, vous n'êtes pas en tort. C'est tout.
C'est pas en se disant "oui, mais si j'avais réagi comme ça, ou si j'avais pas dit ça..." que ça va changer quoi que ce soit. Factuellement, la personne en face de vous a commis une erreur, et si elle ne le reconnaît pas, vous n'allez pas prendre la responsabilité de son erreur. Ça n'a aucun sens, et c'est très mauvais pour votre confiance en vous. C'est aussi prendre le risque de s'auto-accuser de tout et n'importe quoi, juste pour satisfaire les humeurs désobligeantes de la personne toxique.
Par définition, une personne toxique est instable psychiquement : elle vous donnera toujours du fil à retordre, quoi qu'il arrive, quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez. Donc la meilleure solution, c'est d'abord de se préserver soi. Et de tenir face au chantage affectif que vous pourriez recevoir.
Je vous donne un exemple concret qui m'est arrivé, entre autres dingueries incompréhensibles. Accrochez-vous car c'est du lourd.
Petite mise en contexte. Après avoir raté 3 fois mon permis, j'ai demandé à la gérante de l'auto-école, par SMS, de me réinscrire sur un créneau (après un délai de quelques semaines, bien sûr, le temps de m'entraîner, et de toute façon ils ne suivaient même pas ma progression).
Voici ce qu'elle me répond : mon moniteur lui a dit que je devais faire encore beaucoup d'heures, voire reprendre des leçons avec lui. Je ne comprends pas l'intérêt de reprendre des leçons (je suis à +40h). A cela, la gérante m'a répondu : "si tu n'as pas le niveau, ce n'est pas la peine". Puis, elle a terminé par "reviens vers moi dans 3 ou 4 semaines".
Ah.
J'étais furieuse. Typiquement, c'était une situation anormale, où je n'avais rien à me reprocher, mais où l'auto-école me mettait sciemment du pied du mur.
Et j'avais peur. J'avais peur de confronter la gérante, j'avais peur de me retrouver exclue de l'auto-école, j'avais peur de devoir passer en candidat libre et que ça prenne des mois pour que j'aie ce foutu permis. J'étais tellement dégoûtée... j'avais fourni tellement de travail. Apprendre à conduire a été pour moi une expérience très difficile, qui m'a demandé de prendre énormément sur moi et de me faire violence à chaque leçon. Ça allait vraiment finir comme ça ?
Puis j'ai compris quelque chose. Je me suis dit que c'était ce que la gérante voulait. Me pousser dans une situation désespérée pour m'obliger à payer des leçons. Car je ne devais plus être assez rentable pour eux... et encore moins pour leur taux de réussite.
Alors j'ai mis de côté ce que je ressentais, puis j'ai réfléchi. Des situations de merde, j'en avais déjà vécu des tonnes. J'allais pas me laisser arrêter par ça.
Ce qu'il y a de bien avec les SMS, c'est qu'il y a une trace écrite. C'est toujours utile de garder des preuves. J'ai donc répondu factuellement à la gérante : je lui ai rappelé que si, j'avais bien le niveau, confirmé par elle-même et mon moniteur. Et lui ai demandé pourquoi ils m'avaient présentée 3 fois au permis si j'avais pas le niveau. Aussi, que je n'étais pas libre de mes horaires. J'aurais pu lui rappeler enfin, que j'étais prioritaire...
Enfin, elle m'a inscrite sur un créneau. Mais là encore, ça ne s'est pas fait en bonne intelligence. Malheureusement.
Voici ce qu'il s'est passé avant ça. Tout d'abord, la gérante a cessé de me répondre. Elle m'a littéralement ghostée. J'ai alors pris sur moi. Elle m'avait fait une proposition, même si elle ne promettait pas d'issue : elle m'avait dit d'attendre 3 semaines. Donc j'allais attendre.
Au bout des 3 semaines, je suis allée la voir directement à son bureau, avec mon superviseur. Et là, bizarrement, son discours a changé. Non non, ce n'est pas que je n'avais pas le niveau, voyons. C'était une question de me donner toutes les chances de réussir... ce que j'aurais pu entendre dès le début. Pourtant, ce n'est pas l'argument qu'elle avait choisi à ce moment-là. Étonnant tout de même. J'ai réussi à obtenir un créneau, avec en prime une leçon bilan pour faire le point sur ma conduite (ce qui n'était pas déconnant, mais une fois encore, ce n'était pas ça qu'elle m'avait proposé initialement).
La suite allait définitivement me convaincre de leur mauvaise foi.
Donc, je passe mon bilan de conduite. Rien à redire de la part du moniteur. Il reconnaît que des leçons en plus ne serviraient à rien, que c'est surtout pour que je sois à l'aise avec la voiture. Et que l'auto-école reviendrait vers moi pour poser un créneau avant l'examen. Ce qu'elle a fait, un vendredi soir, 18h, et que je devais absolument les rappeler le samedi matin... pour prendre un créneau la semaine suivante. Super, l'anticipation. Comme le gestionnaire m'a laissé un SMS le lendemain matin, je lui réponds, en lui disant que la leçon avant l'examen n'est pas nécessaire pour moi. Que je n'ai pas le temps de prévenir mon employeur. Il insiste, et intime que je l'appelle. Je les appelle donc.
Je me fais littéralement descendre. Et bien comme il faut.
S'ensuit une conversation à charge contre moi. Selon eux, c'était à moi de les appeler, je leur dis que je ne suis pas d'accord, car je les paie pour qu'ils gèrent mon dossier. Le gestionnaire dévie rapidement sur des accusations totalement injustes (c'est ce qui arrive quand on n'a pas d'argument). Le permis, ça se mérite, je suis à plus de 40h et à un 4ème passage, ce qui serait rare chez eux (j'en doute beaucoup, je connais beaucoup de personnes qui ont eu leur permis au bout de la 5ème fois). Enfin, il n'y aura pas de 5ème passage pour moi, si je rate, je serai radiée de l'auto-école.
Par conséquent, si je ne veux pas prendre de leçon avant l'examen, mon créneau saute. Avec mon superviseur, on s'énerve, car la situation est injuste. Tout le monde n'a pas un don inné pour la conduite, je n'ai jamais loupé une seule leçon, et je m'entraîne beaucoup sur ma propre voiture. Je finis par dire au gestionnaire qu'ils sont incompétents. Ce qui n'est pas faux... mais il me raccroche au nez en disant qu'ils annulent mon passage à l'examen.
Oups.
Ni une ni deux, on fonce au bureau. Je commence par m'excuser pour le terme que j'ai employé (même si je n'ai pas à m'excuser), car je dois rouvrir absolument le dialogue. Le gestionnaire reste hargneux, il se met à tutoyer mon superviseur et lui dit de partir, car je suis "son élève et majeure", moi je dis non car c'est mon superviseur, il est aussi légitime que moi à être là merde. Le gestionnaire n'en démord pas, il monte d'un ton et s'exclame "soit tu sors, soit tu t'assois et tu ne dis plus rien. Ici, c'est MOI qui décide".
On est parvenus à calmer la situation, et j'ai réussi à conserver mon créneau. Mais j'ai été obligée de reprendre une leçon.
Pendant toute la conversation, le gestionnaire n'a rien cédé. Il n'a rien reconnu de ses torts, il n'a pris aucune responsabilité. C'était complètement hallucinant et violent. En grande victime, il s'est même plaint que tout le monde l'agressait (tu m'étonnes). Le spectacle d'un pauvre type qui, avec son petit pouvoir de merde, s'en sert pour te marcher dessus. Inhumain, haineux et injuste.
De cette expérience, j'en retiens ceci : il ne faut pas se laisser marcher dessus quand on n'a rien à se reprocher. Il faut toujours essayer de négocier, et si ce n'est pas possible... eh bien au moins, on se sera défendu. C'est toujours ça de sauvé sur l'intégrité psychique.
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