Toutes ces...
"Les souvenirs refont surface lorsque le présent n'est pas à la hauteur du passé."
-Frank Nicolas-
Nathan n'aime pas la pluie, il ne l'a jamais aimé. L'eau qui s'engouffre dans les habits et les cheveux, qui mouille et qui donne froid, il ne supporte pas ça. Par contre ce qu'il aime c'est l'odeur de la pluie après l'averse, quand le soleil pointe son nez, quand Nathan ressort dehors il y a cette odeur que l'on respire à plein poumon qui sent le doux amer comme la respiration d'un enfant après une crise de larmes. Cette odeur-là, parfois Nathan aimerait la mettre en bouteille, la capturer pour pouvoir la respirer quand il en aurait besoin et pouvoir se rappeler que la pluie finit toujours.
Mais pour l'instant la pluie tape toujours contre les carreaux dans un boucan infernal et rend Nathan morose derrière les fenêtres à regarder le paysage pleurer. Son père relit des mails derrière son ordinateur et se passe une main fatiguée sur son visage de temps à autre, sa sœur, elle, pianote sur son téléphone sans prêter attention à ce qu'il se passe autour d'elle.
Seule sa grand-mère est d'humeur joyeuse, sifflant tout en préparant un gâteau pour le goûter. Aussi énergique que si elle avait vingt ans, Nathan a l'impression que rien ne peut l'ébranler ni la surprendre et il l'admire pour cela, lui qui a peur de tout.
Nathan pousse un soupir : ce dimanche comme tous les dimanches qu'ils passent ici, va être long et la pluie n'arrange rien. Son téléphone n'a plus de batterie et bien sûr il n'a pas pris son chargeur (sa sœur lui a certifié qu'elle n'avait pas non plus pris le sien) et il a déjà lu et relu tous les livres éparpillés dans la maison. Une voix le coupa soudainement de ses pensées.
- Nathan chéri, lui dit sa grand-mère, pourrais-tu aller dans ma chambre me chercher mon pull qui est posé sur mon lit.
Nathan se lève, content d'avoir quelque chose enfin à faire. Le grand escalier qui le mène à l'étage grince toujours autant sous ses pas, comme quand il était enfant et qu'il descendait sur la pointe des pieds le matin pour ne pas réveiller sa grand-mère et sa petite sœur qui dormaient encore. Il passe devant la chambre où il dormait il y a encore quelques années avec Abigail, aperçoit les rideaux bleus et le lit superposé par l'entrebâillement de la porte, passe les doigts sur la reliure des vieux livres dans la bibliothèque du palier, ne regarde pas la chambre où dormait sa mère quand elle était jeune, et arrive devant la chambre de sa grand-mère. Mais alors qu'il pose la main sur la poignée, son regard capte une trappe en hauteur un peu plus loin. Le grenier. Cela fait des années qu'il n'y a pas mis les pieds.
Quand il avait sept ans et sa sœur seulement quatre, il montait là-haut et se plongeait dans un monde remplit de fées, de pirates et de dragons, un monde qui n'appartenait qu'à lui. Il essaye de résister à l'envie qui le prend de s'aventurer là-bas, dans son monde d'enfant, que déjà il lâche la poignée et déplie l'échelle. Rien n'a changé, les mêmes cartons, les mêmes malles sont toujours à la même place, Nathan se met à quatre pattes et rentre dans cet endroit qui respire encore la magie de la tendre enfance, en faisant attention de ne pas se cogner aux poutres basses. Son regard dérive sur la pièce et il vit avec amusement une épée de bois, quelques Playmobil et un chapeau de pirate qui trainent au sol recouvert d'une fine couche de poussière, sûrement oublié par l'enfant qu'il était.
Ses yeux s'arrêtent sur un coffre en bois entreposé derrière des cartons de vieux habits que Nathan est sûr de ne jamais avoir vu. Quand il y accède et pose ses mains dessus il ne se doute pas de ce qu'il va trouver. Ce qu'il voit en premier c'est une très belle robe verte datant à peu près des années 40 que sa grand-mère aurait pût porter quand elle avait une quinzaine d'années. Sous ce vêtement est caché des lettres, quelques photos et quelques livres... Nathan a le sentiment de violer l'intimité de quelqu'un mais il ne résiste pas longtemps à la tentation de prendre une lettre. Le papier est jauni, l'encre est un peu délavé mais la belle écriture ronde est encore bien lisible.
Ma chère Rose,
C'est ainsi que commence la lettre mais Nathan bute contre le prénom ; celui de sa grand-mère.
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