Ils marchèrent ainsi en silence pendant trois heures, avec une pause d'à peine 10 minutes pour boire et manger une maigre ration de survie. Quinnan donna une barre énergétique à Hélèna qui n'avait rien. Mais il leur en restait peu et il était temps que les secours arrivent. Hélèna avait mal à son épaule, et son dos la faisait souffrir, même si il fallait bien reconnaitre que Quinnan ne s'appuyait que très peu sur elle et marchait même par moment tout seul.

Pendant leur marche silencieuse, elle essayait de mettre les choses au clair dans son esprit. Elle avait toujours considéré ces expériences génétiques comme inférieures et inutiles. Pas si différents des droïdes. Conçus pour faires les boulots trop ingrats que personne ne voulait faire. Mais les droïdes ne réfléchissaient pas à leur condition. Et il semblait que les clones soient très différents en cela.

Elle avait compris qu'ils avaient été formatés pour tuer ou être tués et cela lui faisait peur. Lorsqu'elle sentait l'énorme main de Quinnan se presser sur son épaule pour s'aider à marcher, elle frissonnait. Elle avait envie de se trouver très loin d'ici, en meilleure compagnie. Ou même seule.

Mais elle savait qu'elle ne quitterait pas cette planète seule si elle ne trouvait pas de ville assez évoluée, avec des vaisseaux et pas trop de forces de l'ordre pour surveiller... Et elle ne pouvait pas décemment compter là dessus. Trop de paramètres hasardeux qui risquaient de lui valoir une vie entière seule sur une planète boueuse.

D'un autre côté elle avait terriblement pitié de ces gamins. Qui pouvait mettre un fusil dans les mains de si jeunes garçons et leur ordonner de se battre ? Qui pouvait être assez cruel pour leur faire... Elle ne savait pas exactement ce qu'on leur avait fait à vrai dire, mais elle savait que cela dépassait son imagination et que ça hanterait toutes ses nuits si elle l'apprenait...

Perdue dans ses pensées, elle eu à peine le temps de voir Ebonn devant elle faire une roulade au sol pour aller se cacher derrière un grand arbre sur sa gauche. Tout se passa très vite. Tous les clones, étaient prêts au combat. Des décharges fumantes traversèrent la forêt. Comme nés pour cette situation, les hommes se mirent en formation. Chacun protégeait les arrières d'un autre. Tous se mirent à l'abri. Elle se sentit tirer par Quinnan, qui inversa les rôles et la porta à moitié dans un fossé. Un homme, sorti des fourrées était déjà étendu par terre alors qu'elle sortait à peine ses blasters. Elle entendit Ajok lui lancer "reste là et ne fait pas de bêtise" tout en sortant la tête du fossé pour tirer une nouvelle salve. Elle regarda à gauche et vit Ebonn, caché derrière un tronc d'arbre, en sortir pour tirer également. Mais elle eu à peine le temps de voir cet autre homme qui avait fait le tour et se tenait plus loin derrière lui. Elle vit l'éclair fugace d'une décharge dans le dos du commandant. Une odeur de métal brûlé lorsque l'impact lui défonça son casque à l'arrière, faisant tomber Ebonn. Elle tira dans la direction de l'homme. Mais elle n'avait pas prévu que l'à coup provoqué par le tir lui désarçonne le blaster de son bras droit, encore trop douloureux. Son arme lui échappa des mains, alors que son premier tir brûla l'écorce d'un arbre non loin.

Elle était maintenant visée par l'homme. Elle tira avec le blaster qu'elle tenait au poing gauche. Moins précise de cette main, le tir effleura simplement l'épaule de l'homme. Il lâcha néanmoins son arme. Profitant du répit, elle se concentra pour viser le mieux possible de sa main gauche. Mais l'homme s'était déjà jeté sur elle, et le coup parti dans les airs lorsqu'elle bascula avec lui.

Son autre arme perdue, elle sortit sa dague courbée de sa ceinture avant même d'avoir touchée le sol. L'homme lui tenait fermement le bras d'une main et commençait à serrer sa gorge de l'autre. Hélèna commençait à voir des taches noires et entendait le sang tambouriner à ses oreilles. Elle réussi à lancer ses pieds en avant pour le faire basculer par dessus elle, tout en toussant et crachant. L'homme n'eu pas le temps de se relever que la dague s'était fichée en plein dans son cœur.

Elle se releva, chancelante. Elle avait du mal à respirer et avait l'impression que sa trachée était enfoncée. Mais elle aperçut tout de même 6 ennemis étendus par terre. La tête vacillante, elle chercha ses blaster par terre mais ne les vit point. Elle sortit donc trois petits couteaux d'une poche de sa ceinture et lança le premier dans le dos d'un homme qui cognait sur Ajok, étendu par terre. Ce dernier se releva, repris son arme, tira dans la tête du pauvre poignardé et se remit accroupi en position de tir en moins de deux secondes. Elby semblait bien s'amuser avec le grand canon lourd, comme s'il s'agissait d'un simple jeu distrayant. Elle eut du mal à trouver Quinnan, étendu par terre, qui se tenait le côté gauche du bras droit et rampait vers son arme par terre, le bras gauche tendu pour l'attraper. Elle lança son second couteau sur l'homme qui se rapprochait dangereusement de lui. Raté, elle lui avait à peine effleuré la jambe, parvenant juste à lui décrocher un cri de douleur qui prévint néanmoins Quinnan du danger. L'autre couteau alla se ficher en plein dans se gorge, juste avant que Quinnan ne se retourne, l'arme au poing. Il le visa mais ne tira pas, étonné du sang qui lui coulait sur les jambes et des bruits monstrueux que faisait l'homme en essayant de crier. Il porta son attention plus loin et tira sur un autre homme, avant même que le premier ne tombe par terre à ses pieds.

Pas de doute, ils étaient doués pour ça. Ils étaient entrainés dans ce seul but.

Toujours par terre, il se tourna vers Hélèna, restée plantée là à regarder le spectacle et lui hurla "rattrape le droïde avant qu'il ne s'enfuit !" en lui montrant la forêt derrière lui. Elle n'avait rien vu. Elle partit cependant en courant dans la direction indiquée, baissant la tête pour éviter des tirs et espérant qu'il la couvrait. Elle aperçut enfin une forme bouger à travers les arbres. Tout en courant le plus vite possible, elle sortit un autre couteau et le lança de son bras droit. Elle était plus précise de celui-là. Bien que balancer le couteau lui sembla horriblement douloureux, comme si son bras se détachait de nouveau de son corps, le métal se planta dans le droïde, lui faisant cracher quelques étincelles.

Elle récupéra son couteau avant de repartir sans réfléchir en courant dans l'autre sens. Le chemin lui parut bien plus long en sens inverse, et, alors qu'elle s'inquiétait pour les soldats, elle eut peur de s'être trompée de chemin. Mais elle finit par voir des corps par terre. Les tirs ne résonnaient plus et la fumée nauséabonde se dissipait doucement dans l'air. Son cœur se serra en cherchant les clones. Puis elle distingua du mouvement entre les volutes de fumée. Ajok était déjà sur Ebonn, lui retirant son casque. Elle l'entendit grogner et le vit bouger les jambes en essayant de se relever.

"Il n'est pas mort !?" S'étonna-t-elle en courant à ses côtés.

"Nos armures sont très résistantes. Il a été sonné. Ça fait mal, mais il s'en tirera !"

Le casque était largement défoncé à l'arrière et du plastoïde fondu s'échappait en filaments. Mais le tir n'avait pas traverssé, même à si courte portée.

Alors qu'elle allait s'éloigner pour voir les autres, soudain inquiète pour Quinnan qu'elle avait aperçu rampant par terre plus tôt, Ebonn lui attrapa le bras et la tira vers lui, lui faisant perdre l'équilibre. Alors qu'elle se trouvait à quelques centimètres de son visage, elle l'entendit lui souffler "merci" avant de la lâcher et de laisser retomber sa tête en arrière dans un râle. Il avait dû rester conscient assez longtemps pour la voir tuer son assaillant avant qu'il n'ait le temps de finir son travail.

Elle se dirigea vers Elby, qui soutenait Quinnan assis, tout en touchant sa peau sous sa combinaison déchirée et brulée à plusieurs endroits. Sans armure, il s'était un peu trop exposé aux tirs ennemis.

Il émit un grognement avant  de la voir s'approcher et lui demanda d'un souffle "Tu l'a eu ?" Elle fit oui de la tête. "As-t-il eu le temps de signaler notre position ?" Elle le regarda décontenancée et fronça les sourcils.

"Comment veux-tu que je le sache ?" La question était sincère. Elle n'avait pas un de leurs casques hautement évolué qui permettait de signaler toute transmission de code passant par là...

Il haussa la voix, en tournant la tête, pour que Ajok l'entende également "On doit décarrer d'ici, et vite !"

Alors que Elby pansait les brulures les plus graves de son compagnon sans armure, Quinnan fit signe à Hélèna d'approcher. Elle s'exécuta, et s'accroupit près de lui, avant qu'il lui prenne l'idée de la déséquilibrer à son tour. Il lui tendit le bras, elle s'approcha encore et tendit son bras, sans savoir ce qu'il voulait.

Il lui attrapa fermement le bras au niveau du coude et serra "Bien joué, ner vod, tu te bats comme une vrai"

Elle le regardait sans comprendre ce qu'il voulait dire et lui fit un sourire gênée, comprenant qu'il devait s'agir d'un compliment, à sa manière.

Elby rajouta "ner vod c'est frère."

"Ou sœur" s'empressa-t-il de rajouter.

"Tu fais parti du clan maintenant" dit Quinnan avec un large sourire avant de se relever, soutenu par son frère.

Après avoir récupéré les armes et pansé le gros des blessures, ils repartirent le plus silencieusement, mais le plus vite possible. Cette fois-ci Ajok ouvrait la marche, ne boitant presque plus. Puis Elby soutenait Ebonn qui vacillait par moment et semblait perdre ses esprits. Hélèna soutenait Quinnan, une arme au poing, tendue et prête à faire face à une nouvelle attaque. Elle ne cessait de regarder derrière elle. Mais c'était inutile, Elby avait mis le casque de leur commandant et affirmait surveiller derrière grâce aux senseurs à 360°. Bien que le casque soit partiellement défoncé, il affirmait que les systèmes internes étaient intacts. Elle n'était cependant pas rassurée.

Ils arrivèrent au point de rendez-vous moins d'une heure après l'attaque.

Ils ne virent tout d'abord personne et le découragement les gagna. Puis un bruissement de feuilles les inquiéta au dessus de leur tête. Deux hommes en casque et armure blanche de l'armée descendirent de l'arbre. L'un aidait l'autre, qui avait le bras bandé prés de son corps. Lorsque leurs bottes touchèrent le sol, Hélèna fut horrifiée de constater que son bras gauche était coupé au niveau du coude. Les deux hommes saluèrent d'une seule voix le commandant qui ne vacillait presque plus.

"Soldat Z6B12 de l'escouade Toguel"

"Soldat 857E3 de l'escouade Hariss".

Le commandant regarda le bras en écharpe du premier. "Que vous est t'il arrive soldat ?"

"Mon bras était coincé sous un moteur auxiliaire renversé, chef, Huit-Cinq m'a sorti de là à temps."

Ils toisèrent tous 85, se demandant probablement s'ils auraient eu les tripes d'amputer un frère pour lui sauver la vie. Hélèna pensait qu'ils l'auraient tous fait ici. Tous sauf elle peut-être.

"Quel est le plan, commandant ?"

"On envoie un signal à la flotte et on se trouve un coin tranquille pour passer la nuit, en espérant que d'autres survivants nous rejoignent."

Ils bidouillèrent le casque d'Ajok et y branchèrent un morceau de métal, emprunté à son arme lourde. Ce petit atelier dura à peine 10 minutes et paru amuser tous les garçons qui se tenaient accroupis autour du casque, chacun y allant de son petit conseil.

Hélèna resta debout, elle scrutait les arbres avec méfiance et maudissait intérieurement tous ces gamins pris au jeu d'un nouveau puzzle.

Mais le signal fut rapidement envoyé et conclu par un "Bien reçu. Terminé." Plein de bruits parasites.

Ils cherchèrent ensuite un coin pour installer un campement en attendant et soigner les blessés. L'idée de se rapprocher de nouveau du ravin pour n'avoir que 3 côtés à surveiller les séduit tous. Au moins, on ne les attaquerait pas dans le dos cette fois-ci.

Lorsqu'ils se dirigèrent vers le ravin, les deux nouvelles recrues dévisageaient sans cesse Hélèna. Celui valide aidait Quinnan, et l'autre se trouvait juste à côté du premier. Hélèna, un peu plus loin, son blaster toujours à la main, ne parvenait pas a se sentir à l'aise. À chaque fois qu'elle regardait vers eux, elle sentait leurs regards posés sur elle sous leurs casques. Elle en vit un bouger la tête vivement, comme pour lui faire croire qu'il ne regardait pas dans sa direction.

Elle entendit celui qui n'avait plus qu'un bras parler faiblement sous son casque en lui tournant le dos mais ne comprit pas ce qu'il disait. Elle vit cependant le commandant Ebonn se retourner d'un bond vers eux et dire d'une voix audible :

"Elle est avec nous, soldats, et si ça vous pose un problème, vous réglez ça avec moi !"

Alors qu'il se retournait pour continuer d'avancer, les autres se cofondèrent en "aucun problème, chef" "c'est OK, chef" à peine audible, l'air penaud.

"Vous avez des surnoms soldats ?" leur lança-t-il sans se retourner.

"Non, chef" répondit celui qui n'avait plus qu'un bras.

"Trouvez-vous en avant ce soir, il est hors de question que je vous appel par vos matricules, soldats ! Et oubliez le "Chef" à chaque phrase. Pendant qu'on ajoute des politesses, on à le temps de se faire descendre..."

"Bien, chef" dit le premier un peu trop précipitamment, faisant pouffer de rire Ajok.

"Merci" ajouta l'autre.