28- Re'turcye mhi


« Sprinter ? » Dit Hélèna en s'adressant au commando qui poussait son fauteuil à répulseurs le long du chemin fraichement dégagé qui menait à la cabane.

Il s'arrêta et pencha la tête au dessus d'elle.

« oui ? » Fit-il alors que T'ad les dépassait sans se retourner.

« Je les aurait pas laissé me prendre vivante. » Dit-elle avec la gorge nouée.

Le commando ouvrit la bouche, puis la referma, visiblement ému. Il lui avait lui-même demandé avant de partir pour Kaliida Shoals.

« Je sais, ner vod... Je sais. » Murmura-t-il en posant son front contre celui de la contrebandière, à la manière d'un baiser fraternel.

« Je tenais à ce que tu le sache. » Dit-elle.

Sprinter acquiesça dans un sourire navré avant de se remettre à la pousser.

Ils arrivèrent à la vieille cabane de bois que les hommes avaient trouvés. Elle était franchement délabrée et le toit manquait sur un coin, mais en faisant le tour, Hélèna trouva l'endroit charmant. La cabane était posé sur le bout d'un grand lac à moitié mangé par la végétation, et un ponton en bois partait de la porte de la cabane et s'étendait au dessus du lac sur quelques mètres. Une barque à moitié coulée y était attachée.

A l'intérieur, Larièn s'activait à nettoyer tant bien que mal, tandis qu'Olan, rejoint par T'ad préparait à manger pour tous. Le commandant vint la saluer, suivi de Larièn à qui tout le monde semblait encore en vouloir.

Sprinter amena Hélèna dans la chambre aménagée pour Ajok. L'enfant clone était à son chevet. A leur approche il se leva et vint les saluer.

« Je suis désolé que vous ayez été blessée à cause de moi, madame » Dit le jeune enfant qui lui faisait face.

Il avait un œil complètement vitreux. C'était pour ça qu'il aurait été tué. Ou 'reconditionné'.

« Non, c'est pas ta faute, gamin »

C'était la faute de Larièn. Mais sans elle ce gamin serait mort à l'heure qu'il est. Et la contrebandière se sentait coupable d'avoir voulu le laisser. Il était si jeune...

« Quel âge tu as ? »

« 4 ans, madame »

« Quatre années standards, mais 8 ou 9 ans pour un clone » Intervint Sprinter.

'Bien sur, la croissance accélérée', pensa-t-elle.

« Oublies le 'madame', veux-tu ? » Dit Hélèna avec un léger sourire avant de se concentrer sur Ajok.

Son vod avait salement morflé. Il avait la moitié du visage brûlé jusqu'au cou, ses cheveux, toujours mi-longs d'un côté, avaient été carbonisés de l'autre et il ne restait plus grand-chose de son oreille.

Le gamin était sorti et Hélèna fixait Ajok depuis trop longtemps.

« Il a... été gravement blessé au combat » Dit Sprinter, toujours à ses côtés, en semblant chercher ses mots. « On ne peut pas savoir quels organes internes ont été touchés... Il a surement subit un choc traumatique... Mais même si il se réveillait un jour... Après avoir passé autant de temps dans le coma... Il ne sera plus jamais le même. On ne peut rien faire d'autre pour lui. » Conclu-t-il en posant sa main sur l'épaule de la contrebandière dans sa chaise à répulseurs.

« Je sais » se contenta-t-elle de répondre en serrant sa main.

T'ad fini par venir pour les inviter à passer à table et annonça à Hélèna qu'ils partiraient tous le lendemain matin. Elle n'était pas préparée à ça, elle n'avait pas compté les jours. Elle avait beaucoup dormi pour récupérer depuis Kaliida Shoals et le regretta amèrement. Depuis le temps qu'elle désirait se débarrasser des insupportables commandos... Maintenant elle sentait son cœur se serrer à cette annonce. Elle avait appris à aimer T'ad et Sprinter. Elle respectait beaucoup Olan. Et même Haro, dans une moindre mesure...

Ils l'emmenèrent à la grande planche disposée sur des rondins qu'ils avaient dressés en office de tablée géante au milieu de la pièce principale. Ils avaient aussi fabriqués grossièrement deux bancs sur lesquels ils étaient un peu à l'étroit.

La soirée fut largement arrosée par des futs de bière corélienne que T'ad avait gardés dans leur vaisseau 'au cas où'. Haro avait chassé de nombreuses bêtes dans la forêt pour que les femmes soient tranquilles pour quelques jours, le temps qu'Hélèna se remette. Ils avaient aussi réparés la roue à aube qui entrainait le générateur sur lequel la cabane était branchée. Ce qui permettait de faire fonctionner les machines nécessaires à Ajok, ainsi que le générateur d'ultrasons qui éloignait les animaux sauvages. Et à entendre les commandos, il y en avait qu'il fallait mieux éviter la nuit.

C'était surement pour ça que la cabane avait été abandonnée d'ailleurs, le générateur étant tombé en panne, les habitants avaient dû fuir en urgence... Enfin, s'ils avaient eu de la chance.

Pendant le repas, les conversations étaient nombreuses et se croisaient, les commandos parlait fort et riaient. Hélèna ne les avaient jamais vu comme ça. En mission ils étaient parfaitement calmes et concentrés. Là, ils profitaient simplement de la vie. Ils fêtaient la nouvelle vie qui s'annonçait à eux, cette promesse d'avenir que leur offrait l'organisation de leur désertion.

« à la liberté ! » Avait même crié T'ad en levant son verre, forçant tout le monde à se resservir à boire une énième fois pour trinquer avec lui.

Il servit également une bière à l'enfant, que Larièn intercepta au passage.

« Ça va pas non ? Il a quatre ans ! » Dit-elle, incrédule.

« Et alors ? » Demanda T'ad, sérieux.

« Oui, mais quatre ans de clones, ça fait deux fois plus pour les... heu, vous. » Essaya d'argumenter Sprinter, un peu ivre.

« Il pourrait avoir 12 ans que ce serait pareil ! Il est trop jeune ! » Dit calmement la twi'lek en tenant fermement la choppe.

D'un même mouvement de tête, les commandos se tournèrent vers Olan.

« Non, elle a raison, les enfants ne boivent pas. » Dit le chef avant d'ajouter à voix basse « Je suppose » en regardant sa propre choppe.

« Ah ? Tant pis pour toi gamin ! » Conclu T'ad en récupérant le verre de bière corélienne en trop.

« Gal'gala ! » Dit-il en claquant l'énorme choppe sur celle de tout le monde à table.

Les commandos parlaient aussi à Larièn. Ils semblaient toujours lui en vouloir mais avaient arrêté de la bouder tout de même. Elle était beaucoup restée avec l'enfant, aussi il parlait surtout à la Twi'lek, mais il n'avait pas peur d'adresser la parole aux commandos non plus.

« Au fait, quel est ton nom, gamin ? » Demanda Olan en lui servant de l'eau qui venait du système de filtration de la rivière.

L'enfant fixa son verre un moment, avant de répondre « J'en ai pas, m'sieur » Puis il leva la tête et soutint le regard du commandant, de son œil vitreux « Juste un matricule, mais je ne m'en servirais plus ! »

Les commandos rirent.

« Je l'aime bien, ce petit ! » Annonça-T'ad entre deux gorgées.

« Alors il te faut un surnom ! » Dit Olan.

Le gamin réfléchit un moment.

« J'avais pas d'espoir. Mais vous étiez là. Maintenant j'ai une seconde chance. Comment on dit 'espoir' dans votre langue ? »

« Vercopa » dirent Sprinter et T'ad en même temps avec un regard complice.

Le gamin acquiesça.

« Tu veux t'appeler 'Vercopa' ? » Dit Haro, un brin méprisant.

« Moi je trouve ça bien ! » intervint Olan.

« À l'espoir ! » Cria t'ad un peu trop fort en se levant et en tentant de resservir tout le monde alors qu'il n'y avait que lui qui avait fini les choppes devant lui.


Plus tard, Hélèna demanda qu'on l'emmène dehors, sur le ponton pour prendre l'air. Elle avait un peu trop bu et T'ad n'arrêtait pas de vouloir remplir encore son verre, or elle n'avait pas envie de se battre contre lui. Pas ce soir.

Olan la conduisit dehors et s'assit par terre sur le ponton près d'elle. Ils restèrent là de longues minutes, à apprécier le silence interrompu par des créatures aquatiques qui sautaient dans le lac et le vent qui se levait.

« Hél'ika » Fini par dire Olan.

La jeune femme se tourna vers lui, intriguée. Seul Quinnan l'avait appelé comme ça jusqu'à présent, avec ce suffixe affectueux.

« Je sais qu'on est censé avoir réglé nos dettes... Mais, je crois que je te suis redevable tout de même »

« Non, Olan... »

« Laisse-moi finir s'il te plais. Quelqu'un t'avais imposé à nous pour la première mission. Et même si on était pas chaud, avec les gars... Tu t'es avérée très courageuse et tu t'es admirablement battue. » Devant le rouge qui lui montait aux joues il ria. « Enfin, pour une aruetii quoi ! »

Elle leva les yeux au ciel, faisant semblant d'être vexée.

« Non, vraiment, tu t'es bien battue » Dit-il en redevenant sérieux. « à mes yeux t'es une Mando. Et tu fais partie de la famille » Ajouta-t-il vivement.

« Merci » Répondit-elle, touchée.

« Enfin voilà. J'ai enregistré ma fréquence sécurisée sur ton holocom, et si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout n'hésite pas. Enfin, ne nous contacte qu'en cas d'urgence... Tu sais, on est des fugitifs maintenant... C'est dangereux. Mais si tu as besoin, appelle et on rapplique ! »

« Merci Olan ! Je... Je sais pas quoi dire. Ça fait bizarre que vous partiez demain. » Dit-elle en fixant le lac.

« Je sais... » Murmura-t-il en regardant dans la même direction.


Le lendemain, Hélèna se réveilla sur une des couches d'une chambre de la cabane. Son bras avait récupéré assez de mobilité pour se hisser seule sur le fauteuil à répulseurs et le commander elle-même. La cabane était vide et elle eut soudainement peur qu'ils soient déjà partis. Mais elle entendait rire dehors.

En sortant elle vit Larièn et Olan jouer avec Vercopa. Olan voulait visiblement lui apprendre à tirer avec son fusil, et Larièn refusait de lui confier une arme au vu de son âge et de son handicap. Alors ils se poursuivaient en riant. Quand Olan aperçu Hélèna, il lui indiqua le chemin du menton. Elle se dirigea dans la direction indiquée et croisa Haro qui s'arrêta devant elle.

« Salut. » Dit-il un peu froidement, comme à son habitude.

« Salut. »

« Je voulais te dire : merci pour avoir aidé le commandant l'autre jour »

Il était dans le cockpit de son vaisseau, juste derrière, lorsqu'Olan avait été projeté de la rampe d'accès et qu'Hélèna avait utilisé ses dernières forces pour le hisser.

« Porte-toi bien. » Lança-t-il en la dépassant et en s'éloignant.

« Wow... » Ne put s'empêcher de marmonner Hélèna. C'était ce qui ressemblait le plus à des excuses de la bouche d'Haro.

Elle suivi les bruits dans la forêt et se dirigea vers son vaisseau. T'ad et Sprinter étaient perchés sur la coque, debout sur l'aile asymétrique du cargo.

« Qu'est ce que vous faites là haut ? »

« Oh nan, c'est une surprise ! » se plaignit T'ad.

Elle vit qu'ils peignaient le nouveau nom du G9 Rigger sur le flanc. Le Soldat Affranchi. Le T, entouré de deux A, imitait la visière des casques mandaloriens. Le tag était parfait et il plaisait beaucoup à Hélèna qui félicita les commandos alors que ce n'était pas encore terminé. Elle les regarda peindre les dernières lettres et ils descendirent.


Alors qu'ils furent tous de retour devant la cabane près du lac, l'ambiance devint soudainement tendue, presque palpable.

T'ad s'immobilisa face à Hélèna, qui sentit les larmes lui monter à la gorge.

Ça y était. Ils partaient.

Tout d'abord, Olan s'adressa à Vercopa « Bon, tu reste bien avec les filles, ok ? Elles vont te protéger. Nous, on est dangereux. Et on va être recherchés maintenant. Il faut pas que tu restes avec nous, mais ici vous serez en sécurité. »

L'enfant acquiesça tristement.

« Larièn... Prend soin de toi » Dit-il en serrant la main de la Twi'Lek.

Pendant ce temps, T'ad agrippa le bras d'Hélèna à la manière d'un salut guerrier. Elle le tira à elle et l'enlaça complètement.

« On se reverra » Souffla T'ad.

« Re'turcye mhi » Répondit Hélèna. Les mots en Mando'a firent craquer T'ad qui versa une larme.

Olan l'enlaça à son tour et lui embrassa le front.

« Prend soins de toi, Hel'ika, et n'oublies pas ce que je t'ai dis » Dit-il avec un clin d'œil.

Haro leur fit un signe de tête avant de s'éloigner seul dans la forêt, là où se trouvait leur vaisseau.

Sprinter se pencha et posa son front contre celui de la contrebandière.

« Vor entye, ner vod. Merci pour tout » « On ne t'oubliera pas » Ajouta-t-il avant de s'éloigner à son tour.

Les commandos s'enfoncèrent dans les bois, et bientôt Hélèna, Larièn et Vercopa entendirent les moteurs du vaisseau s'éloigner.

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