Vœux de mariage ?

NORA : Il vaut mieux que tu le saches. Avant de faire la promesse d'y résider pour toujours.

JULES : Parce qu'on va vivre dans ta tête à toi ? Pas dans la mienne ? Je n'y crois pas qu'on n'ait pas encore décidé de ça ; la cérémonie est dans deux jours !

NORA : Je crois qu'on est bien forcés de constater qu'on va devoir continuer à vivre chacun dans notre propre tête. Et puis de temps en temps tu viendras séjourner dans mon esprit, et de temps je viendrais séjourner dans le tien.

JULES : Au fond, même si on pouvait n'en avoir qu'un pour deux, on ne voudrait pas.

NORA : Ah ça non ! Non, non, non ! Tu peux visiter chaque recoin de mon esprit. Et tu peux emporter tous les objets que tu voudras, vu qu'il m'en restera toujours une copie. Mais il est hors de question que ton nom soit sur la porte. Ce qui est à moi est à moi.

JULES : Heureusement que tu n'écris pas toi-même tes vœux de mariage : « Jules, je partagerais presque tout avec toi. Je partagerais ma vie avec toi. Tout ce qui est à moi est à toi. Sauf mes pensées ! »

NORA : Ah non non justement ! Mes pensées sont la chose que je tiens le plus à partager avec toi. Comme tes pensées sont la chose que que je tiens le plus à ce que tu partages avec moi.

JULES : Mais tu resteras l'auteure de tes pensées. Il est hors de question que je t'en vole le brevet.

NORA : Ça c'est certain. Enfin ça dépend quelles pensées. Je suppose qu'il y en pas mal dont on ne sait plus trop si elles viennent de toi ou de moi. Les pensées, prises individuellement, n'ont pas forcément de propriété. Mais ma façon de penser reste ma façon de penser. Et ta façon de penser reste ta façon de penser.

JULES : Sinon on s'ennuierait.

NORA : Si le but était de partager sa vie avec quelqu'un qui pense exactement comme soi, je m'épouserais moi-même.

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