Une demande en mariage ?

EMILE : Je te promets ; je n'en ai aucune idée.

JULES : On était en vacances ici. Elle était venue passer l'été avec moi. Quand elle est arrivée le premier soir au dîner, mon petit cousin a demandé qui elle était. Je lui ai répondu que c'était mon amoureuse. Et là, le petit Charles, qui avait quatre ans à l'époque, m'a demandé « Vous aller vous marier ? » Et tu vois je devais lui répondre « non », parce que bah c'était la vérité, la réponse factuelle à la question. A la rigueur j'aurais pu répondre « Peut-être un jour », je crois que c'est ce que j'ai fait d'ailleurs. Mais quand même, ça sonnait comme un mensonge. A ce moment là il y avait ce gamin de quatre ans devant moi, et j'avais l'impression d'être en train de lui mentir. Je ne pouvais pas lui répondre « Peut-être». « Peut-être » c'était pas la vérité, c'était pas ce que je ressentais au fond de moi. Je mourrais d'envie de lui répondre « Oui ». Mais je ne pouvais pas parce que j'avais pas demandé à Nora, et je pouvais pas répondre « Oui » sans avoir demandé son avis à Nora. Ça semblait plus ou moins aller de soi, pour moi comme pour elle, qu'on se marierai un jour. Enfin je crois. Mais il fallait que je lui demande. Alors le lendemain matin je suis parti acheter une bague, et dès que j'ai pu, j'ai demandé à Nora.

EMILE : Donc t'as rien préparé du tout ?

JULES : Non, c'était spontané en quelque sorte. Je veux dire déjà j'ai eu du mal de me retenir de le dire à Nora sur le moment, de me retenir de lui dire ce que j'avais pensé quand j'avais répondu « Peut-être », de lui dire à quel point je ne le pensais pas. Mais j'ai attendu un peu quand même, un minimum pour pouvoir faire les choses dans les règles. Le lendemain midi on est partis pique-niquer dans le jardin, juste tous les deux : c'était son idée à elle, et ça semblait tellement parfait. Alors on était là, près de cet arbre que tu vois là au fond du jardin, sous lequel on s'est mariés se matin. Et je lui ai demandé si elle se souvenait de ce que mon cousin Charles avait demandé. Elle s'en souvenait, elle m'a dit qu'elle trouvait ça mignon mais que ça lui avait fait tout bizarre et j'ai dû lui couper la parole parce que pendant un moment j'ai vraiment cru qu'elle allait juste voler mon texte. Parce qu'elle avait ressenti ce que j'avais ressenti. Je lui ai dit que moi aussi ça m'avait fait bizarre, je lui ai expliqué pourquoi, à quel point ça sonnait comme un mensonge. Et en même temps j'ai sorti la bague.

EMILE : Et qu'est-ce qu'elle a répondu ?

JULES : Elle a répondu « C'est ce que j'allais dire ! » Puis elle s'est mise à pleurer et à rire en même temps, et à répondre « oui ! » un millier de fois. Et moi aussi je pleurais et je riais et je disais « oui ? » un millier de fois. Et ensuite elle a dit «il faut qu'on aille le dire à Charles », et on a couru le dire à mon petit cousin.

EMILE : C'est vraiment trop mignon.

JULES : Parce que c'était pas planifié. C'était juste sincère.

EMILE : Ça veut dire que si je planifie ça ne sera pas sincère ? Que c'est déjà fichu pour moi ?

JULES : Non pas du tout. Ça veut dire que peu importe la façon dont tu le lui demandes, ce sera touchant parce que ce sera sincère.

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