NORA : Je n'y crois pas que tu dises ça. C'est moi qui aurait dû dire ça. Je le sais. Je me le dis tous les jours. Crois pas que je n'en avais pas conscience ; parce que c'est le cas. C'est juste que des fois je me demande si je ne suis pas dans l'erreur. Ou s'il n'y a pas un moyen de faire autrement ; pour pouvoir avoir le beurre et l'argent du beurre.

NATHAN : Je dirais que tu as déjà le beurre et l'argent du beurre.

NORA : C'est juste que ton discours ! Ça m'a tellement ramenée en arrière. Je m'en rendais plus compte depuis que j'ai Jules. Mais j'ai toujours eu cette peur là. D'être juste trop, trop, trop. Trop je ne sais pas quoi mais trop compliquée. Que personne ne veuille se charger de tout ça, que personne ne trouve ça intéressant ou amusant mais que tout le monde trouve juste ça trop contraignant, trop embêtant. Et c'est comme si tu me disais que j'ai de la chance, que c'est un miracle et que je suis passé à peu de choses de ne pas l'avoir parce que c'est si extraordinaire et si rare. Et ça pourrait me rendre heureuse de savoir que j'ai cette chance mais en vrai ça me rend juste triste, comme si quelque chose n'allait pas chez moi.

NATHAN : Tu vois c'est exactement ça dont je parle. Moi je fais juste une plaisanterie en pointant un aspect de ton caractère : exactement ce que toi tu fais tout le temps avec tout le monde. Mais quand c'est envers toi, au lieu de le prendre comme une gentille moquerie et un signe d'acceptation, tu le prends comme une source de remise en question existentielle.

NORA : Les sources de remise en question existentielle sont le trésor que je passe ma vie à chercher.

NATHAN : Mais moi c'est pas vraiment ma tasse de thé les remises en question existentielles. Si je t'ai donné de quoi nourrir tes réflexions tant mieux. Mais vraiment ne te sens pas obligée de les partager avec moi. Parce que moi j'ai rien de plus à te dire. Je sais pas si c'est bien ou pas, si ça pourrait être mieux ou pas, je sais juste qu'à toi ça te convient et qu'à moi ça ne me convient pas.