VANESSA : C'est parce qu'Emile avait craqué pour elle quand il avait dix-sept ans ?

FLORIAN : Dix-huit.

VANESSA : Et toi aussi Florian ! A l'époque. Mais ça fait loin.

ROSE : C'est pas de la jalousie. Je ne vais pas dire que ça n'entre pas en jeu. Forcément que ça rentre en jeu. Je l'ai détestée à l'époque parce qu'Emile n'avait d'yeux que pour elle et moi j'étais invisible. Je sais ce que tu vas dire Vanessa : que je suis partie dès le départ sur l'idée de la détester, et que je ne peux plus faire autrement maintenant. Mais c'est pas ça. Je ne la déteste même-pas. Je peux admettre qu'elle a des qualités. Mais je pense que quand même, quelque part c'est un peu une personne toxique quand même.

EMILE : Rose pense que Nora est une sorcière qui collectionne les âmes dans sa cave. Qu'en fait-elle ? Cela reste un mystère. Peut-être des potions dont elle se nourrit pour s'approprier les plus belles qualités des individus qu'elle rencontre ? Peut-être des poupées vaudou qu'elle modifie ensuite pour forcer les gens à changer ; en les façonnant selon l'image qu'elle aura désirée pour-eux.

ROSE : Gnagnagna, moque-toi de moi Emile. Tu sais ce que je pense. Oui, elle collectionne les âmes. Ce n'est pas une blague. C'est une métaphore si tu veux. L'un comme l'autre, elle vous a complètement embobinés. Elle savait que vous l'aimiez bien ; plus qu'un peu. Et elle en a profité. Elle a fait quoi avec toi Emile ? Elle a passé du temps avec toi, elle t'a écouté, elle a été sincère. Authentique c'est ça ; c'est là tout le secret de sa sorcellerie. Elle te montre son âme, ou te fait croire que c'est ce qu'elle est en train de faire. Et c'est grisant comme elle te fait confiance. Alors tu lui fais confiance toi aussi, tu crois que tu ne risques rien. Et ça semble tant lui faire plaisir de se dévoiler ainsi, que tu commences à avoir envie d'en faire autant toi aussi. Alors tu révèles ton âme, petit à petit. Elle pose des questions, elle creuse. Et tu commences à te sentir spécial, et à sentir que votre relation est spéciale. Mais surtout à sentir à quel point elle est spéciale elle. Et tu croyais que tout ça voulait dire quelque chose, que ça signifiait plus, que ce que vous aviez était spécial. Et dès que tu lui as dit que tu l'aimais elle a fait quoi ? Elle a dit « Merci mais non merci » et elle s'est éloignée. Parce qu'alors il n'y avait plus rien à gagner. Ton amour, ton admiration ; elle les avait. Alors, tu ne présentais plus aucun intérêt.

EMILE : La sorcière collectionne les âmes. Que peut-elle en faire ? Les villageois mènent leur enquête, mais impossible de trouver la solution du mystère : elle ne fait que les entreposer. Pourquoi les villageois ne trouvent-ils pas la solution ? C'est parce qu'ils regardent au mauvais endroit. La sorcière ne s'intéresse pas aux âmes. Elle s'intéresse à la fumée. La fumée qui s'échappe d'un corps au moment où son âme s'en écarte pour être exposée aux yeux de tous. Cette fumée qui vient directement nourrir l'égo de la sorcière.

FLORIAN : C'est ton prochain projet d'écriture Emile ? Tu as décidé de t'essayer aux contes de fées ?

EMILE : Je ne voudrais pas plagier Rose. Tout le mérite de cette histoire lui revient.