Chapitre 31 - Vie normale ?
Après presque quatre jours entiers à attendre Siyeon, elle s'était réveillée. Voici la nouvelle que Bora venait de recevoir en début de soirée par la sœur de sa petite amie.
Elle était si excitée et ravie. Tellement soulagée. Mais la danseuse avait passé un très long temps à pratiquer sa passion dans l'après-midi et devait au moins se changer. Elle prit une rapide douche et se maquilla. Puis, elle dévala les escaliers pour rejoindre la rue.
Bora allait revoir Siyeon.
Ses jambes endurantes gardaient un rythme rapide pour accéder le plus vite possible à l'hôpital. Le bus qui s'arrêtait trop souvent l'aurait frustrée et elle n'avait aperçu aucun taxi sur son chemin. Alors, elle courait.
La ville était occupée à cette heure donc la danseuse ne pouvait pas trop se défouler à travers sa course sinon elle prenait le risque de déranger voire heurter les passants.
Après plusieurs minutes à courir, elle eut une envie idiote. Bora sortit son téléphone portable de sa poche pour écrire à la chanteuse. Cette dernière n'avait peut-être pas encore récupéré ses affaires et donc ne verrait peut-être pas son message avant de la voir. Mais ce n'était pas grave. Plus rien n'était grave pour elle aujourd'hui. Tout irait bien, tout irait mieux.
Ses doigts tapotèrent sur quelques touches et elle envoya le message.
"Siyeon, j'arrive."
Cependant, cette action était une erreur. Les yeux de Bora étaient fixés sur son écran au mauvais moment. Quand elle écrivit, elle traversa la route, sans entendre la voiture qui roulait dans sa direction.
Siyeon était toujours dans son lit et était dorénavant seule à nouveau. Handong, Dami et Gahyeon venaient juste de quitter sa chambre.
Néanmoins, la chanteuse n'eut même pas le temps de se replonger dans ses pensées alors que Minji, paniquée, ouvrit la porte.
« Siyeon ! Viens voir ! »
C'était une urgence. Sa meilleure amie était choquée. Les autres s'agitaient aussi. Même si elle n'avait pas tenté de se lever depuis son réveil, elle n'avait pas le choix.
Elle déposa ses pieds par terre et perdit tout de suite l'équilibre. Mais elle ignora son absence de force et fonça hors de sa chambre en se soutenant sur tout ce qu'elle pouvait. Essoufflée d'avoir parcouru ces quelques petits mètres, elle jeta un œil tout autour d'elle pour être mise au courant de ce qu'il se passait.
Et la vérité était difficile à voir.
Ses yeux agités prirent du temps à lui faire comprendre qui se situait sur le brancard qui passait devant sa chambre. Initialement, elle fut perplexe en voyant des cheveux noirs. Toutefois, elle connaissait ce visage par cœur : Bora était là, inconsciente, amenée précipitamment à l'hôpital.
Ses genoux lâchèrent sous elle et se cognèrent contre le sol, sa main toujours autour du cadre de la porte de sa chambre. Elle avait reconnu son visage, certes, mais il était déformé. Ses yeux clos étaient gonflés, sa joue éraflée. Mais le pire résidait sur son corps : des entailles que Siyeon devinait sous ses vêtements avaient fait couler du sang qui tâchaient ses vêtements. La chanteuse n'eut même pas le temps de pleurer que le brancard était déjà hors de son champ de vision.
Aucune larme ne coula. Elle était sous le choc. Non... Bora devait venir la voir. Ce devait être un moment heureux, qui aurait marqué le début du retour à une vie normale. Et la danseuse était arrivée à l'hôpital, mais pas dans l'état qu'elle devait être.
Minji la prit dans ses bras. La brune ne sut pas si c'était pour l'enlacer ou simplement la relever mais elle fit les deux. Une fois debout, dans ses bras, elle craqua. Sa respiration irrégulière faisait autant que bruit que ses pleurs étaient denses. Cela lui brûlait les yeux et le cœur.
Elle supposa que ses autres amies, qui étaient toujours là, avaient vu la même scène et devaient être dans le même état. Mais elle était trop étourdie pour se rendre compte de quoi que ce soit. Peut-être ne devait-elle pas trop s'inquiéter. La chanteuse était elle-même passée par cette case et tout allait déjà mieux. Elle pouvait garder espoir.
Au bout de plusieurs minutes, Siyeon fut prise d'une étrange détermination. Peu importe où était sa petite amie, elle voulait la voir. Alors elle lâcha sa meilleure amie et tenta de regarder le bout du couloir de ses yeux brouillés.
Elle décida de traverser ce couloir, d'une marche cependant hésitante car ses jambes n'étaient toujours plus habituées à supporter son poids.
« Bora... » murmura-t-elle en chassant ses dernières gouttes d'eau salées.
Ses amies l'avaient suivie et se forçaient à marcher à son rythme même si elles auraient sûrement couru.
Après avoir tourné à gauche, une salle se présentait aux six jeunes femmes.
« Urgences — Chirurgie »
Bora était à l'intérieur, Siyeon en était persuadée.
Elle posa son corps déjà fatigué sur l'un des nombreux bancs proches de la grande porte. Gahyeon se rapprocha de celle-ci pour tenter de voir à travers ou avoir des informations mais cela était impossible. Aucun personnel ne traînait dans le coin et elles ne savaient même pas la cause de son état. Était-ce encore à cause de Jisung ? Non, ce n'était pas possible, il était enfermé. Alors quoi ? Un accident ?
Ce qui parut une éternité pour la chanteuse passa, avant qu'un homme ne les rejoint. Il était hésitant, semblait presque effrayé. Une petite quarantaine d'années commençait à durcir ses traits qui restaient pourtant assez doux. Il était assez bien habillé, mais n'avait pas l'air à l'aise dans son costume sombre légèrement trop grand, comme s'il portait rarement ces vêtements. Ses chaussures, à l'image du reste, étaient parfaitement cirées et impeccables, comme neuves. Plus Siyeon le regardait curieusement, plus elle le trouvait fatigué.
Il se planta devant les jeunes femmes sans ne rien dire. Sa tête était baissée et ses bras honteusement cachés derrière son dos. Finalement, il osa parler :
« B-Bonjour. Je pense que je m'adresse aux bonnes personnes, on m'a dirigé jusque-là. »
Personne ne répondit mais elles le fixaient toutes, ternes mais curieuses. Comme le silence s'installa à nouveau, il se racla la gorge et continua :
« Vous attendez pour une jeune femme aux cheveux noirs ? »
Le regard de Siyeon se noircit à ces mots. Comment savait-il ?
« Qui êtes-vous ? l'interrogea-t-elle très sèchement.
- Je m'appelle Choi Seongin. Je... suis celui qui a causé l'accident de la jeune femme. »
Silence. Choc.
Elles devinèrent toutes un accident de voiture, ce qui était le plus probable. Siyeon décolla du banc et se précipita sur lui en attrapant les pans de sa veste délicatement repassée. Cela lui permettait aussi de garder l'équilibre.
« Eh, connard ! Comment tu peux dire ça aussi calmement ?! Comment t'as pu faire une erreur pareille ?! »
Elle lui hurlait dessus tandis que ses larmes reprirent leur course le long de ses joues.
« Je... Je suis sincèrement désolée, annonça-t-il doucement sans la regarder, se laissant faire. J'ai quitté la route des yeux seulement un seul instant et... J'ai pas eu le temps de la voir traverser, je...
- Putain, mais t'avais qu'une seule chose à faire correctement ! Regarder la route, c'est si compliqué ?
- Je suis désolé..., répéta l'homme, les yeux brillants.
- Ta gueule ! Tu m'écœures à t'excuser comme ça ! Ta gueule !
- Siyeon ! »
La voix de Minji avait coupé ses cris glaçants. Ses deux mains étaient toujours serrées autour de la veste de l'homme, et elle s'effondra malgré son appui.
De longs bras l'entourèrent en glissant doucement par derrière elle. C'était Minji. Cette dernière essaya de la relever mais ses membres appuyaient sur sa plaie, alors elle gémit au moment où elle pressa trop dessus.
Sa meilleure amie la lâcha donc, en s'excusant, puis recula. Il était certain que l'homme aurait pu se défendre, ou au moins la repousser. Mais il l'avait laissée l'accuser et l'insulter; il s'était complètement laissé faire.
La chanteuse se releva seule et tourna le dos au dénommé Seongin après lui avoir jeté un regard noir. Elle rejoint alors Minji en la serrant à nouveau fort dans ses bras. La brune semblait si fragile : elle était plus fine qu'avant, pleurait, et portait toujours les vêtements de l'hôpital.
Yubin, celle qui avait le plus réussi à contenir ses émotions, se leva et invita l'homme en face d'elles. Elles attendaient de lui des explications, et d'éventuelles justifications.
« La semaine dernière j'ai... J'ai perdu ma mère, » commença-t-il à raconter.
Les poings de Siyeon se serrèrent après qu'elle se soit assise. Elle ne comprenait pas le lien entre la mort de sa mère et l'accident. Tentait-il d'attirer leur pitié ?
« Je suis installé en province pas loin mais on a décidé d'organiser son enterrement à Séoul. Il se passera demain matin. Depuis sa mort, j'ai vraiment du mal à dormir. Tout à l'heure, dans la voiture, je parlais avec ma femme alors j'ai détourné les yeux un seul instant... J'ai même pas eu le temps de klaxonner que je la percutais déjà... Je me sens tellement coupable... »
Tout le monde l'écoutait en silence, respectant son récit.
« J'ai vraiment paniqué en la voyant au sol et j'ai tout de suite appelé les secours. Ils ont refusé de me faire monter avec eux mais je les ai suivi. Ma femme ne voulait pas que je vienne, elle pensait que c'était du gâchis de temps et que j'avais d'autres choses à faire. Et c'est vrai, j'étais censée retrouver ma sœur ce soir. Mais je peux pas ignorer ce que je viens de faire... Je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un et je voulais m'assurer qu'elle allait le mieux possible. »
Malgré son hésitation et son embarras, ses mots étaient très bien choisis et aucune des amies de Bora n'osait parler. Comme pour répondre aux interrogations du conducteur, un chirurgien sortit de la salle d'urgences. Une combinaison recouvrait tout son corps et un masque chirurgical était baissé sur son menton.
« Vous êtes les proches de Kim Bora ? demanda le médecin en regardant tour à tour les sept personnes devant lui.
- Oui ! »
C'était Gahyeon qui avait le plus vite répondu. Alors, son aînée était bel et bien ici. Tout le monde se leva brusquement et Minji continua à soutenir Siyeon le temps qu'elle s'habitue à marcher.
« Nous avons fait de notre mieux et stabilisé son état. Elle est plongée dans le coma. Nous ne sommes pas sûrs qu'elle se réveillera mais nous gardons espoir. »
À l'exception de Siyeon, toutes les autres amies de la danseuse entendaient la différence de certitude entre ce discours et celui entendu après l'opération de Siyeon. Pour cette dernière, les médecins savaient qu'elle allait se réveiller. Pour le cas de Bora, ils n'étaient "pas sûrs".
Avant de retourner dans la salle, le chirurgien précisa :
« Vous pourrez sûrement lui rendre visite ce soir. »
Siyeon était installée au chevet de sa petite amie. Elle ne se rendait pas compte de la cynique ironie de la situation : quelques heures plus tôt à peine, leurs places étaient inversées. Mais l'état de Bora était bien pire. La brune tenait sa main bandée très doucement, par peur de la blesser plus.
Le soir s'installait de plus en plus et le soleil venait de se coucher. La chanteuse avait fermé ses yeux. Son statut de résidente à l'hôpital lui avait permis de rester dans cette chambre. Toutefois, plus tard dans la soirée, elle serait redirigée dans la sienne. Alors, elle voulait profiter du temps qu'elle avait auprès d'elle.
« J'ai prévenu mes parents à propos l'accident. Ils ont vraiment l'air de t'apprécier. Je sais pas si tu sais... Mais je leur avais dit ce que tu représentais pour moi et ils étaient heureux. Tu étais censée les rencontrer pour ton anniversaire mais je n'ai pas pu... Je suis désolée pour ça. Mais maintenant c'est toi qui ne peux plus... Quand tu te réveilleras, tu verras comme ça fait bizarre de rester comme ça longtemps. »
Elle ria presque de l'ironie de la situation.
« Tu sais... On a rencontré l'homme qui était dans la voiture... Je pensais que les conducteurs fuyaient à chaque fois mais apparemment c'était un cliché. On est dans la réalité, nous. Et c'est peut-être ça le pire... »
Siyeon sentait que ses émotions étaient réelles. Elle n'était pas dans une œuvre de fiction ou une histoire inventée. Son histoire à elle était bien plus sombre et effrayante. Son histoire à elle la faisait pleurer. Elle ne pouvait pas tout arranger miraculeusement et c'était douloureux.
« Le gars j'ai failli lui péter la gueule ! expliqua la chanteuse avec un demi-sourire. Mais il réagissait même pas, ça m'a fait me sentir coupable. Il était vraiment gentil et très compatissant. Un peu plus tard, il nous avait même demandé quelle genre de personne tu étais. Je crois qu'il veut même te rencontrer maintenant ! Tu pourras peut-être le voir à ton réveil. On lui a dit comment tu es dynamique, solaire, confiante, honnête et... carrément chelou. Il avait l'air triste, ça a vraiment l'air d'être un bon gars. »
Siyeon ouvrit les yeux pour les poser sur ce qu'elle détestait voir. De plus près, avec la lumière de la chambre, elle voyait chacune de ses blessures présentes sur les parties découvertes de sa peau : des plus petites égratignures aux plus grandes entailles.
« Les médecins ont raconté que tu t'étais cassée une côte et que ça t'empêchait un peu de respirer mais que ça allait. T'as été beaucoup touchée lors de l'accident. J'aime pas te voir comme ça, Bora... »
Sa voix se mit à trembler et son regard recommença à luire.
« Tu me manques, Bora... J'avais vraiment hâte de te retrouver... Et c'est que comme ça que je peux voir ton visage... »
Ses sanglots la coupèrent mais elle reprit tout de même la parole une dernière fois :
« Je t'aime, Bora. »
Biiiiip.
Comme un au revoir, le cœur de Bora avait cessé de battre.
La respiration de Siyeon se coupa. Elle était choquée. Non. Non, non, non, non, non...
Elles ne pourront jamais aller au restaurant avec ses parents. Elles ne pourront jamais fêter son anniversaire. Elles ne pourront jamais finir leur série. Elles ne pourront jamais se retrouver sur leur lieu de travail ensemble. Elles ne pourront plus se retrouver à sept au café de Minji.
Bora était morte et Siyeon était déchirée.
La chanteuse ne pleurait même plus, ne sentait plus son propre cœur battre. Elle se sentait coupable que le sien était capable de fonctionner encore, quand celui de sa petite amie s'était stoppé.
Elle ne pouvait pas y croire. Elles s'étaient promises des tas de choses. Elles voulaient vivre encore des tas de choses. Elles devaient vivre encore des tas de choses. Ensemble. Toutes les deux. Siyeon et Bora.
Mais Bora était morte et Siyeon était déchirée.
Siyeon détestait cette situation.
Bora n'avait pas le droit de mourir.
∆
06.11.22
Coucou les copaaains :DDD
J'espère que vous pleurez (me détestez pas trop)
C'est possiblement la fin de l'histoire. Mais, si jamais vous voulez un épilogue pour clore entièrement l'histoire, j'en écrirai un. (Quelque chose en mode quelques mois ou années plus tard)
Avec ça, vous pouvez parfaitement finir vos vacances lol :'D en plus je suis en retard car on est dimanche mais m'en voulez pas, je vous offre 2500 mots
Maintenant que c'est terminé, je peux vous raconter les petites histoires derrière l'écriture :
- Dans le scénario original, Siyeon devait mourir après avoir été poignardée.
- Finalement, je me suis dit "faisons une happy end"
- Et j'ai changé d'avis car je ne savais pas comment terminer autrement. C'est plus facile de clore de cette façon plutôt qu'avec une fin heureuse
Malgré tout j'espère que vous avez apprécié l'histoire, car c'était un réel plaisir de l'écrire :)
C'est ma toute première alors elle est évidemment très imparfaite mais je suis tout de même fière ! La prochaine sera meilleure ;)
De gros gros bisous !
On se retrouvera bientôt :))
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