9 - Les photos

Une semaine plus tard...

Point de vue Sada


Les médecins les plus performants m'ont débarrassé des machines tôt ce matin. J'ai eu de la chance d'être prioritaire. Je suis encore fatiguée, mais la douleur a presque disparue. On m'a seulement conseillé de prendre deux semaines de congé pour me rétablir, alors ça me donne une bonne excuse pour m'exclure de la société pendant deux semaines à rester enfermée chez moi, devant une bonne série ou un bon film avec des gâteaux à volonté. Je ne suis pas très aventurière, pour moi partir en vacances ne m'intéresse pas vraiment. J'ai toujours peur de m'éloigner trop loin de chez moi.

Je masse ma cage thoracique pour me détendre et regarde dehors, il fait un temps magnifique. Idéal pour aller manger au restaurant, et moi je suis à l'hôpital. Tant pis...

<< Monsieur, ce n'est pas encore l'heure des visites ! >>

- Hum ?

Je me retourne vers la porte et sursaute en voyant Bakugou forcer le barrage des infirmiers pour s'approcher de moi en jetant une grande enveloppe sur mes jambes.

<< Tu m'expliques ce que c'est tout ça ? grogne-t-il. >>

Pourquoi il est aussi remonté...? Qu'est-ce que j'ai fais encore ?

- Heu... T'expliquer quoi ?

<< Ouvre cette putain d'enveloppe et tu verras ! T'as intérêt à avoir de bonnes raisons ! >>

Vraiment, je ne comprends pas si ce n'est peut être qu'il a tout découvert à propos du réseau... Cette pensée m'angoisse déjà. J'ouvre alors l'enveloppe avant de me décomposer en voyant les photos de lui que j'avais pourtant caché dans un dossier de mon téléphone. Il les a pratiquement toutes imprimé... D'un côté, je suis plutôt soulagée qu'il ne sache toujours rien, mais c'est aussi un problème d'avoir autant de captures d'écrans sous les yeux.

- ... Tu as fouillé dans mon téléphone...

<< Ouais et j'ai bien fais visiblement. Alors ?! >>

Je me pince la lèvre alors que mon coeur se met à battre plus vite. Les plus anciens clichés dataient de l'époque où le réseau surveillait ardemment Bakugou, à ma demande, parce qu'il se rapprochait beaucoup trop du QG. Alors il fallait le garder à l'oeil, ce pourquoi du comment je savais autant de choses sur lui. Puis, depuis notre rencontre et depuis qu'on se connait... J'ai flashé sur lui...

Disons que Dynamight est un peu mon type, je l'avoue ! J'ai craqué voilà tout !

Je me tape le front et cache mon visage dans mes mains. Il ne devait pas voir ça ! Oh j'ai hoooonte !!

<< J'attends !! >>

- J'ai... Je vais les effacer...

<< C'est pas ce que je te demande !! Je veux des réponses Shiro' !! >>

- Arrête de crier, c'est déjà assez gênant !

<< Gênant pour "quoi", hein ?! T'as un fétichisme c'est ça ?!! >>

- Non...

<< Alors quoi ?! Pourquoi je suis dans ton putain de téléphone ?!! Je peux porter plainte contre toi pour voyeurisme !! >>

- Dans ce cas, t'as qu'à faire condamner toutes les filles qui te prennent en photo dans la rue et achètent tes posters !!

<< Sauf qu'elles me demandent la permission !!! >>

- Oh pas toutes, tu connais très mal les femmes crois moi !!

<< Ta gueule tu réponds toujours pas à ma question !!! POURQUOI TU AS CES SALOPERIES DANS TON TELEPHONE ?!!! >>

J'ai clairement pas envie de répondre...

<< T'essaies de me faire chanter, c'est ça ?!! >>

- Hein ?? Et pourquoi je voudrais faire ça ?!

<< J'en sais rien, c'est toi qui es chelou, pas moi !! >>

- Franchement t'es gonflé de me reprocher de fantasmer sur toi, alors que t'es une PUTAIN D'ATTRACTION DEPUIS QUE T'ES DEVENU UN HEROS !!!

Il recule en me voyant bondir de mon lit et l'agresser avec mon doigt qui s'écrase sur son buste.

- 80% du Japon te court après pour avoir un autographe, dont 70% sont des filles, pour prendre des photos avec toi ! Il y a même des filles qui veulent se coller à toi juste pour sentir ton parfum et se vanter de t'avoir touché, d'autres qui cherchent ton adresse personnelle et ton numéro de téléphone, dont certaines sont encore plus tordues que moi et qui veulent te séquestrer dans leur cave, mais tu es écoeuré juste parce que j'ai des photos NON OBSCÈNES de toi ?!!

Oh merde... J'ai vraiment dis ça...?

Il me regarde, abasourdi... ou plutôt sous le choc.

<< T'as... dis quoi juste avant ?? >>

J'ai tellement les joues en feu qu'on pourrait faire cuire des oeufs, mais foutu pour foutu, autant dire la vérité !

- Oui je fantasme sur toi et c'est tout ce qui te choque ?!!

Par pitié, qu'on m'enterre sous 50m de profondeur !!!

Je lui tourne le dos en me cachant entre mes mains, tandis qu'il tourne vivement les talons pour quitter la chambre limite en courant. Il était tellement choqué qu'il n'a rien osé répliquer pour me contredire... Bravo Sada, comment il va te regarder maintenant ?! S'il me regarde un jour, du moins...














J'ai supprimé toutes les photos après cet incident et n'ai plus du tout cherché à revoir Bakugou depuis deux mois entiers. Je lui en veux d'avoir fouillé dans ma vie privée mais je suis surtout morte de honte d'avoir tout dis. Il me prenait déjà pour une folle, mais alors là c'est le bouquet...

Je continue toujours de le regarder à la télé et suis de près ses interventions, mais j'ai "coupé" tout lien avec lui et il n'a pas cherché à me revoir non plus. C'est ce qui s'appelle "se vautrer en beauté"...

Mon téléphone sonne alors que je me faisais à manger. C'est Dabi.

- Hm, ouais ?

<< T'es où ? >>

Sympa l'accueil, quand je suis dans un jour de profonde déprime parce que mon héros préféré me fait la tronche... J'arrive même pas à savourer mon plat.

- Bonjour Dabi, ravie de t'entendre, je vais très bien merci de demander... Je suis chez moi, pourquoi ?

<< À qui t'as donné nos numéros ? >>

- Hein ? De quoi tu parles ?

<< Ramène toi, faut qu'on parle. >>

Il me raccroche au nez. Bizarre tout ça... Qu'est-ce que j'ai fais encore ?? Ils me soûlent tous à m'engueuler alors que j'ai rien fais de mal !





Je me suis alors pointée chez Dabi, il m'attendait avec une pointe de colère que je ne comprenais pas. Riku m'a invité à m'asseoir dans le salon et offert à boire, sans oser parler dans cette ambiance ma foi tendue.

- ... Alors, c'est quoi cette histoire ?

<< À toi de me le dire, ton gars nous a appelé tout à l'heure. Tu nous expliques ? >>

Je blêmis en regardant Riku qui se contente de s'asseoir à côté de lui, la tête basse.

- Je... Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

<< Il m'a d'abord contacté et a commencé à me poser des questions à ton sujet, répond-t-elle. Bien sûr, je suis restée vague dans mes réponses, mais il avait l'air de te soupçonner... Il demandait principalement ce que tu faisais dans la vie et avec quelles autres personnes tu étais en contact. Je lui ai seulement répondu que j'étais une de tes clientes régulières dans ton café et il a voulu avoir l'adresse de ton lieu de travail, mais j'ai fais mine d'être débordée pour raccrocher. Ensuite, il a voulu appeler Dabi sur son téléphone, mais il n'a pas répondu. >>

<< Je peux savoir comment il a eu nos numéros ? demande Dabi en croisant les bras. >>

Je baisse la tête en me tortillant les doigts, avant de me lever du canapé pour m'incliner.

- Je suis désolée... C'est ma faute, j'aurais dû faire attention. Bakugou a fouillé dans mon téléphone pendant que j'étais à l'hôpital. Il a dû prendre vos numéros en même temps...

<< Et comment il a fait pour avoir accès à ton tel' ? >>

- Je ne sais pas, mais il est loin d'être idiot... Tu le connais aussi bien que moi.

<< Tch... Super, maintenant on fait quoi ? On change de num' en espérant qu'il nous chope pas ? >>

Même si Dabi n'est plus un Vilain aujourd'hui, il ne tient pas à avoir affaire aux héros une seconde fois. Il veut simplement qu'on le laisse tranquille pour mener sa vie de famille... Rester en contact avec moi n'arrange pas les choses, malheureusement.

<< Dabi c'est bon... soupire Riku. Shiro-chan, qu'est-ce qu'il s'est passé ? >>

Je me rassois et commence à tout leur raconter, depuis mon "accident" jusqu'à notre dispute.  J'ai mal au coeur rien que de repenser à ma crise cardiaque de ce jour là...

<< Vous ne vous voyez plus du tout, alors ? demande Riku. >>

Je dis non de la tête.

<< Mais ça n'empêche pas ce petit con d'enquêter sur toi, peste Dabi. Je t'avais dis de laisser tomber le réseau, pourquoi tu l'as toujours pas fais ? >>

- Je ne peux pas abandonner plus de 200 000 personnes qui ont de l'espoir--

<< Putain Sada ! crie-t-il en se levant. Ces gens ne sont pas des gamins, s'ils se font choper c'est leur problème ! Arrête ton altruisme, ça va t'apporter que des emmerdes et nous aussi on sera impliqués ! >>

- ... Je sais...

<< Je te préviens que si ma famille se retrouve dans la merde à cause de tes conneries, je te tue sans hésiter ! >>

<< Dabi ! coupe Riku, horrifiée. Comment tu peux dire ça ?! >>

<< Tu vois pas à quel point c'est grave, Riku ?! J'ai prêté serment devant toi, ta famille et les juges pour ne plus faire de conneries, mais si les héros découvrent que je suis en contact avec "The Boss", ils vont emmener les gosses et t'arrêter toi aussi ! C'est ça que tu veux ?! Tu pourras pas me protéger cette fois et plus jamais tu reverras les petits ! >>

<< Arrête, je ne suis pas aussi faible que tu le penses ! Tu serais prêt à tourner le dos à Shirosaki pour sauver ta peau ?! >>

<< Pour protéger ma famille je serai capable de laisser le monde brûler sans aucun remord, grogne-t-il en pesant ses propos. >>

Je souris malgré l'allusion qu'il pourrait m'abandonner à la moindre occasion, mais je ne lui en veux pas de privilégier la sécurité de sa famille. Depuis son mariage et la naissance de son fils, Dabi a acquis la maturité d'un véritable chef de famille et son honneur dépasse l'imagination. Et dire que j'avais des vues sur lui à l'époque où on était que tous les deux... Riku est la plus chanceuse du monde.

- Je règlerai cette histoire.

<< Comment ? >>

- T'inquiète, tu peux dormir tranquille. Pour ce qui est du réseau, j'ai pris mes précautions pour que rien ne vous lie à cette affaire. Le seul problème est devant vous, je suis la seule tâche au tableau qui relie tous les points clés.

<< Qu'est-ce que tu comptes faire, Shiro-chan...? Ne fais pas des choses que tu pourrais regretter. >>

Je souris.

- Je crois que vous avez raison. Je vais décrocher le réseau.

<< Hallelujah, souffle Dabi en se tapant le front. >>

- Hé, rêve pas trop c'est seulement pour quelques temps. Je vais bientôt partir en vacances, alors vous serez tranquilles.

<< Je vais te tuer. >>

<< Dabi... grogne Riku. On devrait peut être réfléchir à déménager aussi, non ? >>

<< Hein ? Et où tu veux aller ? >>

<< N'importe où sauf ici. Tu te souviens de la maison de mon grand père ? >>

<< C'est pas une maison, c'est un château ! >>

<< Ca, c'est l'hôtel. Je te parle de la vieille maison traditionnelle dans la montagne, sourit-elle. J'ai pensé que les enfants seraient plus à leur place dans la nature... >>

- C'est génial ! En plus c'est pas comme si t'avais des attaches ici Dabi, hein ?

<< Hmm... Ok. >>

<< À condition que Shiro-chan vienne passer ses prochaines vacances chez nous. >>

<< Nan ! >>

Je fusille Dabi du regard, quel goujat ! Il dit non juste pour avoir Riku pour lui tout seul !

- Sainte Riku a parlé, tu peux pas refuser mon cher !

<< Alors tu dormiras dans le grenier avec les araignées. >>

- Uuugh !! T'es dégoûtant !

<< Rien à foutre. MON toit, MES lois, compris ? >>

- D'où t'es "chez toi", la maison est au nom de ta femme espèce de clochard !

<< Pfeuh ! Je suis plus riche que toi ! >>

- Sous le nom de ta femme !

<< Mais je t'emmerde ! >>

<< Vous ne vous arrêtez jamais... soupire Riku, exaspérée. >>


















Une semaine après, j'avais déjà préparé mes affaires. Je pars deux semaine en bord de plage, dans un village à thème. J'ai réservé une chambre d'hôtel à l'avance, il ne me reste plus qu'à trouver le moyen de transport le plus fiable...

Je surf sur mon portable en cherchant la ligne de TGV la mieux placée dans la région, quand mon interphone sonne deux fois. Je devine qu'il ne s'agit pas de Dabi qui vient me rendre visite, je lui ai donné le code de l'immeuble alors il n'aurait pas besoin de sonner. Mais à part lui, qui viendrait à 22h...?

Je décroche le combiné de l'interphone.

- C'est qui ?

Pas de réponse, seulement le bruit blanc de l'appareil. Je fronce les sourcils avec un mauvais pressentiment, mais je dois quand même aller voir. On ne sait jamais, ça pourrait être un membre du réseau qui m'aurait trouvé.

- C'est peut être Mila...

Je prends l'ascenseur après avoir enfilé un gilet en laine et me fige en voyant la silhouette d'un homme encapuchonné, de dos, m'attendre devant la porte de l'immeuble, éclairé par un lampadaire. Les lumières du hall sont éteintes, alors il ne m'a pas encore vu. Je ne vois pas qui ça peut être et j'ai un très mauvais pressentiment...

J'ouvre doucement la porté vitrée sans le quitter des yeux. Bien sûr, j'ai pris un couteau de ma cuisine au cas où ce serait un piège. Un mec qui se pointe chez moi comme ça et sans se présenter, tous les éléments pour un guet apens sont réunis--

<< Shiro' reste où tu es ! >>

- Eh ?

Alors que l'inconnu louche s'était tourné vers moi, Bakugou a surgi de la pénombre en courant pour le choper en flagrant délit. L'homme détale en le voyant, mais je me suis permise de ralentir sa course en retardant le temps autour de lui, ce qui a suffi à l'attraper et le plaquer au sol. Bakugou lui a explosé le bras pour le forcer à lâcher un couteau qu'il avait sorti de sa poche et l'a immobilisé. 

<< Lâche moi, bâtard !!! >>

<< Ta gueule. >>

Deux voitures de flics sont ensuite arrivées avec les gyrophares et ont encadré le chemin pour finir le travail. Je reste surprise de ce qui vient de se passer et mes yeux ne veulent plus se détacher de mon héros, qui fait son rapport auprès du chef de brigade. Il est venu pour me sauver ou est-ce qu'il était seulement là au bon moment ?

<< Merci, nous ferons le reste, remercie le flic. >>

<< Hm. >>

Je frémis en le voyant pivoter vers moi et me regarder de la même façon qu'il le fait d'habitude, puis ferme mon gilet pour me couvrir un peu plus. Je suis descendue en "pyjama", soit un top bretelles usé - à la limite du transparent et je n'ai même pas de soutif - et un mini short noir... Pas très présentable, quoi. Pire encore, je ne sais plus comment lui parler. Est-ce qu'il a envie de me parler d'ailleurs...?

Je déglutis en le regardant s'approcher de moi et me désarmer de mon couteau que je cachais dans mon dos, avant de me faire rentrer dans l'immeuble.

<< T'aurais pas dû sortir avec ça, peste-t-il. >>

T'aurais préféré que je me laisse planter ou quoi ? T'as cru que j'allais t'attendre s'il m'avait attaqué ?

- Mais... Qu'est-ce qui s'est passé ?

J'ai compris dans son silence que ce n'était pas un sujet à aborder en public, alors je l'ai invité à monter chez moi pour en discuter. Je suis un peu nerveuse de me dire que quelqu'un a peut être cherché à me tuer juste en bas de mon immeuble...

Une fois à mon étage, Bakugou m'a alors tout raconté. Il suivait cet homme depuis plusieurs jours et s'était aperçu qu'il rôdait souvent autour de l'immeuble, alors il campait non loin pour mieux l'attraper. Apparemment, ce type avait réellement l'intention de me tuer ce soir, mais personne ne peut déterminer sous les ordres de qui ni pourquoi. Une histoire de fou...

- Comment tu as su que c'était moi qu'il visait...?

<< Il te suivait aussi. Il attendait le bon moment pour t'avoir. T'as jamais rien vu d'inhabituel ? >>

- Non. Enfin... Je ne vois pas ce que j'ai pu faire de mal.

J'ai bien ma petite idée quand même... Quelqu'un a dû savoir que j'étais la fondatrice du réseau et si c'est le cas, alors il y a une taupe dans le groupe. Evidemment, le réseau est devenu l'ennemi de certains gangs de Vilains qui continuent leurs commerces illégaux, même quatre ans après la guerre. Ca ne m'étonnerait pas qu'ils cherchent à éliminer la source... qui est censée être anonyme.

<< T'as eu des embrouilles avec quelqu'un récemment ? >>

- Non. À moins que ça ait un rapport avec mon pouvoir...

<< Comment ça ? >>

- Le jour de mon accident, tout le monde a vu l'étendue de mon pouvoir. Cet homme avait sûrement des mauvaises intentions pire qu'une tentative de meurtre...

<< Et pourquoi il en voudrait à ton Alter ? >>

- Parce que mon Alter est unique. Théoriquement.

Il fronce les sourcils et je soupire longuement.

- Je maitrise le temps...

Vu son expression et son long silence, il n'est pas surpris de le savoir. Je souris nerveusement sans trop savoir quoi dire ensuite.

- ... Tu le savais déjà, hein...?

<< Je l'ai deviné. >>

- Perspicace...

<< Bref, j'ai fais mon boulot. Fais gaffe quand tu sors la prochaine fois. >>

Il se lève du canapé et commence à partir, tandis que je reste affalée dans mon gros coussin en guise de fauteuil. Je n'ai pas pu m'empêcher de contempler sa démarche virile et sa morphologie ma foi très loin d'être désagréable à regarder. J'ai déjà eu le privilège de toucher ses larges épaules carrées et... cette sensation me manque.

<< Tu es mon héros, Dynamight. >>

Il sursaute et me regarde du coin de l'oeil, visiblement furieux. Pourquoi d'ailleurs ? 

- Je t'ai fais un compliment, tu sais.

<< Je suis pas con, je sais ! >>

- Alors pourquoi tu fais la gueule ?

<< Maintenant que je sais que--! Tu...! Rah bref, je me méfie de toi ! >>

Je surprise de le voir rougir et ne tarde pas à l'imiter en comprenant qu'il parlait de mes... aveux... On est comme deux ados en plein malaise, sans oser se regarder dans les yeux. Il est aussi timide que moi en vrai...

- Je... Pour les photos...

<< C'est bon j'ai pas envie d'en parler, peste-t-il en tournant les talons. >>

- Je les ai toutes supprimé !

<< Hein ? >>

Je me lève en me tordant les doigts, je n'arrive plus à m'arrêter de rougir !

- Désolé si ça t'a mis mal à l'aise... Tu peux regarder dans mon téléphone, il n'y a vraiment plus rien. Mais voilà... Je t'ai un peu menti sur mes raisons, en réalité je t'admire beaucoup.

C'est à moitié vrai, je veux essayer de rattraper le coup.

<< Hein ?? >>

- J'essaie juste de prendre exemple sur toi, je te jure...

<< Comment ça ? >>

J'allais répondre, mais les mots s'entremêlent dans mon esprit. L'ambiance a aussi changé et les traits colériques de Bakugou ont disparu de son visage. Il est plus à l'écoute et semble curieux de mes explications. C'en est perturbant, notamment qu'il a des yeux magnifiques... Je n'ose pas le regarder en face et mon coeur palpite beaucoup trop fort. Les souvenirs que je voulais tant effacer se bousculent dans ma tête.

- ... Toute ma vie, je n'ai jamais vraiment eu de modèle sur lequel m'appuyer pour évoluer. J'ai grandi par mes propres moyens en faisant des choix que j'ai toujours regretté. Des choix qui m'ont fait souffrir pendant des années et j'en ai gardé des séquelles... Mais toi, tu es l'image à laquelle j'ai toujours voulu ressembler.

<< Fais plus court. >>

- ... Je ne fantasmais pas sur toi dans le sens que tu croyais, mais plutôt en admiration... Alors je fantasme sur ce que tu reflètes...

Il a un mouvement de recul.

- Ton charisme, tes paroles, ta façon de penser... Tout en toi m'inspire à la personne que j'ai toujours être... J'ai longtemps eu peur de m'affirmer telle que je suis, par peur des jugements et d'être vue comme une fille qui prend tout le monde de haut, mais te voir te battre sans jamais te détourner de ta voie m'a donné une force que tu n'imagines pas... J'ai suivi chacun de tes pas pour me donner du courage et abandonner celle que j'étais autrefois... Dans un sens, tu n'as pas arrêté de me sauver sans le savoir.

Il ne dit rien et me fixe sans me laisser savoir ce qu'il pense. Je déglutis en osant enfin le regarder dans les yeux. Je dois ressembler à une tomate...

- Je ne le montre pas, mais je suis une trouillarde qui fuit son passé en créant une nouvelle identité. J'ai encore beaucoup de chemin à faire... Tu sais tout, maintenant.

<< Non, pas tout. Pourquoi tu m'en as pas parlé, au lieu de me stalker ? >>

- Est-ce que tu m'aurais écouté ?

<< ... J'en sais rien... >>

- Et toi... À cause de ces photos, je pensais que tu ne voulais plus me parler. Pourquoi tu m'as sauvé ? Ne dis pas que c'était ton devoir, tu aurais pu simplement fermer les yeux pour une fois.

<< Quel héros ferme les yeux sur une personne en danger ? peste-t-il. J'ai signé pour être le meilleur et si je t'avais pas sauvé, qu'est-ce qu'on aurait dit de moi, hein ? >>

- Arrête, tu te fiches pas mal de ce que pensent les autres sur toi.

<< Putain Shiro', tu--! >>

- Mais je ne te dérangerai plus, parce que je m'en vais.

Il se fige, prit de court. Je vais juste partir en vacances, mais je voulais voir sa réaction si je lui disais que je partais. Il est surpris, mais sans plus. Je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il rampe à mes pieds en me suppliant de rester hein...

<< Heu... Ok. >>

- Alors oublie toute cette histoire, ce n'est plus important. 

<< Bah... Ce sera compliqué. >>

Je pouffe de rire.

- Je t'ai traumatisé tant que ça ?

Il se contente de hausser les épaules en regardant ailleurs.

<< Faut dire que t'es un cas... >>

Je souris avant de l'embrasser sur la joue, ce qui le surprend évidemment.

- Merci de m'avoir sauvé...

<< T'aurais pu prévenir ! peste-t-il en partant en vitesse. >>

Il est tellement mignon, il s'essuie la joue comme un enfant ! Quel dommage, je n'avais pas mis de rouge à lèvres. Bakugou Katsuki... Nos petites conversations font des étincelles dans mon petit coeur. Il n'y a qu'avec lui que je ressens un tel bien être, où j'ai l'impression d'être dans un rêve.

C'est ça, d'être heureuse...?



Ce qui est sûr, c'est qu'en sa présence, j'oublie tout ce qui me fait mal...



À suivre...

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