42 - L'origine d'une haine

Point de vue Sada


<< Il peut être bruyant et silencieux, il peut se couper mais aussi monter vite et très haut. >>

- Hm... Le son ?

<< Ouiii ! Encore une fois ! >>

Comme promis, je suis revenue voir Velvet pour jouer avec elle et elle a l'air de se tenir tranquille. Mes contacts dans la police disent qu'elle n'est plus une menace et va purger sa peine convenablement après son procès, mais la possibilité qu'elle aille en hôpital psychiatrique est très forte. J'ai également eu écho de la raison de ses crimes et j'avoue que ça me révolte pour elle... Je préfère ne pas y penser.

- Il s'écoule lentement et peut tuer le temps, mais n'a aucune valeur.

Velvet réfléchit quelques secondes.

<< Hum... Il est dur celui là. >>

Je souris en lui laissant un peu plus de temps.

- Tic tac, tic tac.

<< Argh ! Attends... Le sable ! C'est le sable hein ?? >>

- Rah t'as encore gagné...

<< Yaaay ! >>

Un flic rentre pour me dire que la visite va bientôt se terminer et Velvet tire la gueule.

<< Déjà ? >>

- Ouais... Mais je reviendrai avec des énigmes plus compliquées.

<< Cool ! Alors, t'as trouvé All for One ? >>

- Il nous nargue par ci et là, mais s'envole aussitôt...

<< Et... Il s'est approché d'Izu-kun...? >>

- Hm, non pas que je sache. Pourquoi ?

<< Tu me le dirais si De-kun était en danger, hein ? >>

Je fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que tu veux faire, Velvet ?

<< Je peux aisément sortir d'ici sans être vue si je le voulais, hausse-t-elle les épaules. Mais bon, je n'ai aucune raison de sortir, la bouffe est pas mal et le lit plutôt confortable. Je m'ennuie juste... >>

. . .

<< Mais... S'il devait arriver quelque chose à Izu-kun, je le protègerai. >>

- Tu l'aimes vraiment beaucoup, hein ?

Elle rougit en détournant les yeux.

- Non... T'es amoureuse de lui ???

<< Je sais pas ce qu'on ressent quand on est amoureux, alors je sais pas mais je l'aime beaucoup, oui... >>

- Aww t'es trop mignonne ! Tu as pu lui dire ?

<< Heu... Non... Comment on fait ? >>

- Heu... Chacun sa méthode je crois.

Mais elle baisse la tête.

<< Il est venu qu'une seule fois. On a discuté mais... Il était vraiment déçu et triste. Il ne va pas me pardonner. >>

- Je ne te garantis rien mais je sais qu'il le fera un jour. Laisse lui du temps, d'accord ? Midoriya est la personne la plus gentille que je connaisse, il comprendra ton histoire.

<< Mais je l'ai vraiment déçu et je crois qu'il est toujours en colère pour ce que j'ai fais. >>

- Hm... Je t'avoue que je t'en veux encore, mais c'est du passé et on y peut rien. Katsuki va mieux maintenant et on a d'autres priorités. Pour Midoriya, je ne pense pas qu'il soit du genre rancunier et je suis même sûr qu'il reviendra vers toi.

<< D'autres priorités ? De quoi tu parles ? >>

Je rougis en tournant la tête et caresse mon ventre. Velvet pouffe de rire en comprenant tout de suite.

<< Eh ben, vous avez pas trainé ! Alors c'est quoi, garçon ou fille ? >>

- On ne sait pas, c'est encore récent.

<< Hm... Et il est au courant pour...? >>

- ... Non...

<< Tss... Tu dois t'attendre à te faire engueuler. >>

- Il ne voudra plus jamais me voir ni me parler si je lui dis la vérité.

<< C'est le risque mais je crois pas que tu puisses lui cacher ça pour toujours. Puis même, s'il te largue à cause de ça, alors c'est un gros con. >>

- Velvet...

<< Je suis sérieuse. Le mec vit et couche avec toi, il est même pas capable de savoir qui tu es vraiment alors que ça crève les yeux et il va en plus faire sa drama queen parce que tu lui auras dis la vérité. Au vu de son caractère, c'est cramé d'avance comment ça va se passer. >>

- Mets toi à sa place aussi... Je lui ai menti et maintenant il va avoir un enfant sans rien savoir de moi. J'abuse clairement de sa confiance mais je ne sais pas comment lui expliquer...

<< Je crois que t'as pas de solution à part lui dire que tu es The Boss tout court. >>


. . .

Je ne sais plus quoi faire... Avec le bébé au milieu, ça va être compliqué...
















Les premiers mois de la grossesse ont été compliqués pour moi, au point que Katsuki a réaménagé son emploi du temps pour s'occuper de moi le plus souvent possible. Il arrivait des matins où je n'avais pas la force de me lever et mes nausées m'achevaient dès le réveil. C'est quand mon ventre a commencé à bien s'arrondir que j'ai réalisé que j'étais bien enceinte et au début du cinquième mois, j'ai éclaté en larmes devant le miroir.

<< T'as encore mal au dos ? >>

- Non... Je suis juste contente...

Katsuki sourit en regardant mon reflet et pose ses mains sur mes flancs. C'est vrai qu'il m'arrive d'avoir de plus en plus mal au dos à mesure que le bébé grandit et prend du poids. Je n'ai toujours pas le courage de lui dire la vérité et la peur me ronge les os, mais ce n'est pas le moment d'aborder le sujet. J'aurais dû lui en parler plus tôt... Mais maintenant que le bébé est en chemin, je vais devoir attendre sa naissance pour prendre une décision. Quitte à prendre des risques...

<< Je t'avais dis que rien n'était impossible. >>

Je souris en me blottissant contre son coeur, autant profiter de tout ce bonheur que l'on m'accorde enfin. Tout va si vite...
























Beaucoup trop vite...















Tout aurait pu être parfait jusqu'au terme, mais à la veille du sixième mois de ma grossesse, j'ai eu une grave montée de fièvre. Dabi a dû faire venir sa marraine pour m'ausculter au beau milieu d'une tempête...

<< La température n'a pas l'air de baisser... dit-elle. >>

<< Je vais devoir l'amener à l'hosto ?? s'inquiète Katsuki. >>

<< Avec le typhon, tu ne prendras pas la voiture ! sermonne Rosa. >>

Il peste en tenant ma main si faible, mes forces m'ont abandonné peu à peu. Mon corps est en nage mais convulse de froid, ma gorge me brûle et j'ai des sueurs froides... C'est à peine si j'arrive à garder les yeux ouverts, la moindre petite lueur m'aveugle.

<< Qu'est-ce que tu peux faire ? demande Dabi. >>

<< Je recommande de préparer un bouillon de poule. Je peux pas lui donner des médicaments au risque de blesser l'enfant. >>

Katsuki embrasse sa main et s'atèle à la tâche de préparer à manger. Dans mon état, je n'ai pas la force d'aller à l'hôpital et aucun médicament n'est compatible avec ma grossesse. Que ce soit une gastro ou une grosse grippe, Rosa pense que c'est une grippe bien carabinée mais que le bébé va bien. Au moins c'est positif... Elle éponge mon front avec un linge froid, quand la tempête fait disjoncter l'électricité et plonge dans le noir complet.

<< Bah voyons, manquait plus que ça ! râle-t-elle. Vous les rangez où les bougies ? >>

<< Dans la malle de la deuxième chambre ! répond Katsuki depuis le rez de chaussée. >>

Inutile de rétablir le courant avec un déluge pareil... Rosa rajoute des couvertures pour me tenir au chaud tandis que Dabi allume les bougies en claquant des doigts. Les flammes au départ bleues reprennent lentement une teinte plus chaude.

<< Putain c'est pas vrai ! râle Katsuki. La tête brûlée, ramène ton derch ! >>

Eh oui... Qui dit plus de courant, dit plus de quoi chauffer le bouillon. Dabi peste en silence et descend en restant calme par respect pour moi. On va les entendre s'engueuler dans deux minutes de toute façon...

<< Je suis pas un micro onde, marmonne Dabi. >>

<< Bah tu vas me servir de gazinière, donne tes flammes. >>

<< Le mot magique ? >>

<< Ta gueule et fais ce que je te dis bordel, j'ai pas le temps de jouer avec toi ! >>

<< Depuis quand on joue ? >>

<< ABOULE PUTAIN !!! >>

Qu'est-ce que je disais...

- Rosa, tu ne devrais pas les laisser tous seuls ces deux là...

<< Oh les gamins, vous croyez que c'est le moment de vous disputer ?!! crie-t-elle à la porte. Un bouillon de poule et que ça saute !! >>

Plus un bruit, comme c'est étonnant... J'aimerais avoir un fou rire incontrôlé mais je me sens trop fatiguée pour le moindre effort. Je réussis à m'endormir un peu, le temps que les garçons finissent de faire à manger, mais...



J'aurais aimé rêver de l'avenir plutôt que du passé...
















J'ouvre les yeux dans mon corps de l'époque de mes 15 ans. Je suis recroquevillée dans ma chambre plongée dans le noir, les rideaux tirés. Mon coeur est lourd et mes yeux irrités comme si j'avais pleuré. Après un long moment à rester par terre sans rien faire, je me rends dans le salon où ma mère s'occupe de faire à manger, dépitée comme toujours. Je vois bien qu'elle est dans son quart d'heure insupportable, alors je ne dis rien et me contente de fouiller dans le frigo pour grignoter quelque chose.

<< Tu prends quoi là ? >>

- Un yaourt, pourquoi ?

<< Et tu manges pas avant ? >>

- J'ai pas faim.

<< Pff... Je me demande pourquoi je fais à bouffer dans cette baraque. T'as intérêt de te bouger avec les cours parce que sinon tu vas m'entendre. >>

Et ça recommence... C'est toujours les mêmes paroles depuis cinq ans. Depuis la quatrième au collègue plus précisément, l'année où mon bulletin scolaire a fait une chute libre du jour au lendemain. Au lieu de te plaindre et me faire des menaces, t'as rien d'autre à me dire ? T'as jamais su remarquer que ta propre fille était en dépression. Tu t'en fous, c'est pas la vie que t'as voulu de toute façon, tu fais que t'en plaindre... Evidemment, il n'y a que toi qui souffres dans cette maison.

L'instant d'après, ma porte s'ouvre sur une scène où mes parents ne se parlaient plus. Le silence était plat à la maison, mais je n'en faisais pas cas et m'enfermais dans ma chambre. Je n'ai jamais voulu me mêler de leurs problèmes de couple, déjà qu'ils ne sentent pas ma détresse, pourquoi je devrais me soucier de la leur ? Qu'est-ce que je peux faire de toute façon, hein ?

Entre un père narcissique et une mère hystérique, qu'est-ce que je peux faire de plus ? Mais sinon c'est moi qui ai un problème...

J'ai toujours senti que je n'étais qu'une naissance en trop dans cette famille. On ne me prenait jamais au sérieux et ma parole était sans importance, tellement sans importance qu'on me coupait la parole sans cesse. Mon père ne me voulait pas, c'est ma mère qui a insisté pour avoir une fille. Mais bon, c'était à une période où ils avaient déjà perdu un bébé avant moi... Et quand je suis née, en fin de compte je n'ai servi qu'à renouer les liens entre mes parents qui étaient proches du divorce. Ils auraient dû... Ca aurait évité des problèmes...


Je n'ai jamais pleuré devant ma propre famille, je me cachais pour me soulager. Je voulais leur dire les quatre vérités en face, mais à quoi bon quand ma parole et mes pensées n'ont jamais été entendues ? Ils ne sont pas ouverts à ce genre de conversation et nient toujours les faits en disant que c'est faux, que j'invente ou grossis la chose. Comme si je pouvais mentir sur un truc pareil... Ils ne savent même pas ce que je ressens et ne me connaissent pas. Ils ne m'ont jamais connu même et n'ont jamais su que leur fille nourrissait une haine profonde envers le monde dans lequel elle est née, une haine envers elle même et envers tous ceux qui l'ont fait souffrir.

J'ai souffert de cette solitude, mais j'ai préféré me taire et attendre l'occasion de disparaitre...

Plus d'une fois, jusqu'à partir définitivement pour le Japon, j'ai pensé à me suicider pour me libérer. J'y ai aussi pensé après ma rupture avec Jun, mais ça lui aurait fait trop plaisir de croire que je pouvais mourir pour lui, alors qu'il n'y avait déjà plus d'amour d'entre nous. J'étais au fond du gouffre et émotionnellement à bout. En plus de ma dépression, et j'en garde encore des séquelles, je voulais vraiment mourir... Je me disais que peut être dans une prochaine vie, j'allais renaître dans une belle famille et connaitre la douceur du foyer.

Mais j'ai juste décidé de disparaitre jusqu'à effacer mon propre nom de tous les registres et couper tout lien avec ceux qui me connaissaient. Puisque ma naissance ne valait rien, je voulais que ma "renaissance" prenne enfin un sens. J'étais encore mineure, seule au monde, mais plus rien n'avait d'importance pour moi à cette époque.




Jusqu'au jour où, six mois après mon exil au Japon, j'ai croisé la route de Dabi...








<< T'es pas d'ici toi, hein ? >>

- Et toi t'en as bavé, ça se voit à ta dégaine.

<< Oh et tu parles japonais... Qu'est-ce que tu fais ici, à ton âge ? >>

- En quoi ça te regarde ?

<< Je veux savoir à qui j'ai affaire. >>

- Et tu poses la question à tout le monde ou c'est juste moi ?

<< Seulement à ceux qui ont le même regard que moi. >>

Et par "regard", j'ai compris qu'il entendait par "émotion" et je ne pouvais pas le contredire. On avait la même expression dans nos yeux, vide et haineuse. Je savais alors que cet homme qui aurait pu me tuer s'il avait voulu -pour l'avoir offensé- pouvait comprendre ce que je ressentais.

Après plusieurs rencontres, la confiance l'un envers l'autre s'est forgée et je me suis confiée à lui. Il ne s'est pas moqué de moi une seule fois et m'a écouté sans m'interrompre. Ca me faisait plaisir de parler à quelqu'un qui m'écoutait vraiment, même si je savais déjà qu'il était un Vilain. Enfin à l'époque où je l'ai connu, il était encore au stade de "jeune adulte délinquant", mais je me fichais de son statut et je l'ai plutôt aidé à s'endurcir. Mais quand son nom a commencé à faire du bruit en tant que Crématorium...

- Je ne t'ai pas aidé dans ce but là, Dabi !

<< Tu ne comprendrais pas si je te disais pourquoi je le fais. >>

- Il suffit que tu m'expliques ! Je t'ai confié mon histoire et mes secrets, à ton tour maintenant ! Les vrais amis se disent tout, non ?!

Je ne m'attendais pas à ce moment là qu'il accepterait de me dire toute la vérité et les choses étaient plus claires pour moi. J'ai alors compris pourquoi Dabi est venu vers moi, nos histoires se ressemblent et on souffrait tous les deux de la solitude et de l'invisibilité aux yeux de nos familles. Personne n'écoutait nos souffrances qu'on voulait crier sans savoir comment les exprimer. Dabi ne m'a pas jugé, alors je ne l'ai pas jugé en retour et me suis mise que trop bien à sa place. Alors mon envie de l'aider à exorciser ses démons s'est accentué et en même temps, je me suis rendue compte de ma propre ambition. J'aurais pu le suivre dans la voie du Vilain, mais mon empathie m'a toujours empêché de prendre plaisir à faire le mal. J'ai essayé, mais j'en faisais des cauchemars et des insomnies. Alors, j'ai pris une décision dans laquelle je pouvais aider les gens comme moi d'une autre manière...

Grâce à Dabi, j'ai décidé de créer le réseau.

Bon... Aussi, j'ai commencé à être attirée par lui. Notre amitié avait évolué jusqu'à devenir une "famille" l'un pour l'autre, c'est un lien qui ne peut plus se défaire. Peu après la création de mon réseau, j'étais prête à avouer mes sentiments à Dabi, mais... À la même période, il avait rencontré Riku. Pour autant, je n'étais pas jalouse et ce n'était qu'un petit béguin. J'ai préféré le considérer comme un grand frère plutôt que de chercher à casser son couple que J'AI créé tant bien que mal.

Non, ce n'était pas gagné d'avance entre ces deux là... Entre le statut social de Riku et Dabi qui faisait son mec solitaire, c'était dur de les faire se rencontrer alors que monsieur a clairement eu le coup de foudre pour madame. Il ne voulait juste pas admettre qu'il était amoureux. Il étaient comme Roméo et Juliette !




Mais maintenant que je suis enceinte, je pense à l'image que j'avais de ma famille... Est-ce qu'on sera comme ça aussi ? J'en ai marre des conflits, c'est une perte de temps et d'énergie. Je ne veux pas terminer comme mes parents qui en sont venus à se haïr en restant mariés par manque de moyens.

<< Comment t'as pu me faire ça ?!! >>

J'ouvre les yeux sur une vision qui risque d'arriver sous peu, devant Katsuki. Il est furieux...

<< Je te faisais confiance !!! Après tout ce que j'ai fais pour toi, tu m'as quand même trahi !! Qui es tu réellement Sada ?!!! >>

Je voulais répondre, mais ma voix reste éteinte.

<< En fait, j'ai connu qu'une façade... >>

 - Non j'ai toujours toujours été sincère envers toi ! Mes sentiments pour toi n'ont jamais été des mensonges, je voulais tout te dire mais est-ce que tu m'aurais écouté ?! Est-ce que tu m'aurais aimé ?! Je... ne voulais pas te faire souffrir--

<< Peu importe la raison pour laquelle tu m'as caché la vérité, tu l'as fais !! >>

- Katsuki !

Mes mains tremblent en le voyant partir en poussière devant moi. J'essaie de le toucher, mais il est devenu immatériel...

- Je n'ai jamais voulu ça !

<< Tu me dégoûtes... >>

- Katsuki écoute moi !





- Katsuki !!

Je me redresse vivement et en larmes, de retour à la réalité. Mon pouls est vif et mon souffle est rapide, l'adrénaline refuse de redescendre...

<< Hé je suis là ! s'inquiète Katsuki en me rallongeant. Qu'est-ce qui t'a pris d'un coup ? >>

Tout le monde me dévisage d'un air un peu confus de me voir pleurer sans raison. Sauf que pour moi, ce n'est pas sans raison... J'ai mal à la tête...

- Désolé...

<< Bah alors, t'as vu Bloody Mary ou quoi ? suppose Dabi, perplexe. >>

- Non... Ce n'était rien...

<< Alors pourquoi tu m'appelais ? demande Katsuki. >>

Je me blottis à sa main posée sur mon front. Un jour, je devrais tout lui dire... Mais comment ?



À suivre...

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